horreur

Effroyable territoire que celui ci! Comment pouvait on loger dans un endroit pareil? C'est tellement...sinistre!
Je ne pouvais comprendre comment certains pouvaient se complaire dans la nuit éternelle. Et puis tous ces recoins, toutes ces ruelles...il devait y avoir tout un tas de bandits près à détrousser la pauvre servante que je suis ! Oh ma Reine ! Quelle curieux sens de l'humour vous pouvez avoir parfois ...

"Allons allons...ne te laisse pas...effrayer pour si peu..p..pe.pense à ta mission " Disais-je tout haut , tentant de me rassurer.

Mais ce réconfort,aussi faible soit-il fut de courte durée .
En effet, à peine une minute après m'être parlé à moi même , j'entendis le son d'un pas derrière mon dos.
Je me retournais vivement,mais ne voyais personne. L'ouïe développé au maximum par l'adrénaline , et tentant de ne pas prêter attention aux battements de mon cœur , je tendais l'oreille, prête à débusquer un éventuel assaillant.

"Par les dèesses jumelles, pitié,faites que ce ne soit que mon imagination" suppliais-je mentalement

- "Si je ne suis que le fruit de ton imagination, fillette, permets-moi de te dire que tu dois avoir un esprit particulièrement pervers, pour rêver d'êtres tels que moi..." dit Alucard, soudainement apparu en face de la jeune fille, accroupi de façon à ce que son visage soit à la même hauteur que celui de l'enfant.

Les battements de coeur accélérés de la fillette sonnaient comme un air de musique à ses oreilles.
Depuis son arrivée sur Calypta, il n'avait pu s'en prendre qu'à des animaux au sang fade, et voila que le premier humain qu'il rencontrait se présentait sous les traits d'une innocente jeune fille. C'était presque trop beau pour être vrai !
Son sourire avait creusé des fossettes sur ses joues blanches, et ses sourcils s'étaient froncés sur ses prunelles rouges.

- Ah, mais j'ai l'impression de t'avoir effrayée. N'aies crainte : je ne suis pas suffisamment assoiffé pour goûter à ton sang sans que nous ne nous soyons correctement présentés !
Je suis très intrigué par ta présence en ces lieux si peu appropriés pour les mortels de ton âge, et de ta race surtout...
Mon nom est Alucard, et je suis arrivé sur Calypta il y a peu. Ta compagnie me ravit sincèrement, tu es la première enfant à venir "partager" mon repas ! C'est un réel plaisir de faire ta connaissance, demoiselle... ? s'exclama joyeusement le vampire, attendant poliment que l'enfant se présente.

Alors que je scrutais encore les environs , l'homme apparut devant moi , si rapidement que je n'avais pu en déceler les mouvements.
Mes stupides réflexes d'humaine m'obligèrent à bondir littéralement en arrière , causant ainsi ,par un mouvement disgracieux de la cheville ,ma chute. Forte heureusement , le premier membre à toucher le sol fut mon fessier , qui par sa caractéristique rebondie,amortie ma chute .
Mais ce ne fut pas à mon derrière auquel je songeais à cet instant, mais plutôt à la possibilité de voir ma vie s'écourter.
La terreur enveloppait mon corps tout entier , et je fus secouée de violents tremblements. Ma tête hurlais "vas t'en ! sauve toi!" mais mes jambes refusaient d'obéir et restaient bêtement inertes sur le sol.
" je ..je..je.." tentais-je en vain, les mots restant coincés dans ma gorge.
S'en était fini de moi ! Il allait me tuer , c'était certain! Oh ils n'auraient pas de mal à me remplacer au château ! Personne ne viendrait me sauver! Après tout ,je n'étais qu'une servante.

Je me cachais les yeux derrière les mains et attendais le coup fatal , celui qui me renverrais vers ma mère et qui m'éloignerais à tout jamais de la princesse .

"Pitié..."

La chute de la fillette amusa Alucard, que ses réflexes surhumains auraient pu permettre de rattraper. L'idée ne lui était tout simplement pas venu à l'esprit et il s'était contenté de l'observer avec intérêt en train de tomber.

" je ..je..je.."

La jeune fille, prise de tremblements, ne pût que bégayer en réponse à la présentation du vampire. Alucard leva un sourcil, l'encourageant à poursuivre, mais l'enfant se cacha les yeux derrière les mains.

"Pitié..."

N'ayant pas menacé d'enfant depuis quelques décennies maintenant, Alucard, qui avait eut l'impression d'avoir fait preuve de retenue et de douceur, s'étonna un peu de l'état de frayeur dans lequel était la jeune fille. Il lui avait pourtant précisé qu'il n'avait pas l'intention de la tuer tout de suite...

Il se releva et s'avança jusqu'à l'enfant, pour finalement s'asseoir à ses côtés, avant d'enlacer d'un bras ses épaules, comme pour la réconforter.

"Allez, remets-toi, je t'assure que ma soif ne me préoccupe pas plus que cela. Je me sens tout à fait capable de converser quelques instants avec toi sans faire couler la moindre goutte de ton sang", dit-il d'un ton qui se voulait rassurant.

Comme son petit discours ne parût pas avoir calmé la jeune fille, il décida d'une autre approche.
Un courant d'air frais souffla dans sa direction, et en un clin d'œil, il prit l'apparence d'un jeune garçon. Alucard avait reprit les traits de l'enfant qu'il avait été, espérant que ce nouvel aspect sortirait la fillette de son mutisme, qui ne la rendait franchement pas appétissante.

Cette nouvelle forme aurait put inspirer plus de confiance que la précédente si Alucard avait été capable de rajeunir sans conserver, comme c'était le cas, ses canines anormalement longues et ses yeux rouge sang. En fait, le contraste entre son visage enfantin et ses traits vampiriques le rendait peut-être même encore plus inquiétant.

"Comment t'appelles-tu ?" demanda-t-il de sa voix d'enfant afin d'attirer l'attention de sa petite camarade.

Persuadé d'avoir trouvé un compromis satisfaisant, il lui adressa un grand sourire, découvrant de longues canines aiguisées.

Le visage caché derrière les mains,je n'entendais plus que le son doucereux de la voix du vampire. Son ton se voulait tellement réconfortant que je commençais à douter de ses mauvaises intentions . Peut être après tout qu'il ne me voulait pas de mal..
Lentement , j'écartais mes doigts afin de voir le visage de mon agresseur . Ce fut comme un coup poignard en plein cœur ! Son regard luisait d'une lueur si démoniaque qu'elle me figea sur place .

"Vous..vous..êtes un démon?..vous êtes venu m'emporter....?" bafouillais-je difficilement , la peur compressant mes poumons.

"Je n'ai rien fait..je je ne suis que la servante de la princesse.."
Je levais vers lui de grands yeux mouillés , des yeux d'une innocence parfaite ,l'opposé exact de ceux du vampire (qui aurait pu effrayer une vache avec un regard pareil.)

"ne me mangez pas.."

Oui, il était bien un démon venu l'emporter, et à fortiori si elle était la servante de la princesse. Il ne connaissait pas cette dernière, mais l'idée de s'en prendre à l'un des sujets personnels d'un membre de la famille royale l'excitait.

Alucard ouvrit la bouche pour répondre et, dans un élan de sagesse, la referma précipitamment. Il ne pouvait pas lui dire tout cela. L'enfant tremblait à la moindre petite taquinerie, lui dire la vérité de façon si directe la rendrait définitivement muette. Or, Alucard avait envie de jouer un peu avec elle avant de diner. Toutefois, de nature franche, le vampire n'avait pas non plus envie de mentir à l'enfant...

- Les vampires ne se comportent pas tous en démon, tu sais ... dit-il en prenant un air vexé.
Alucard connaissait en effet quelques représentants de son espèce qui se refusaient à prendre des vies humaines et que le qualificatif "démon" ne caractérisait pas tout à fait. Bien sûr, lui ne faisait pas partie de ces végétariens à l'âme sensible, mais l'omettre ne rendait pas pour autant l'affirmation mensongère.

- et je n'ai pas l'intention de te manger...
La chair humaine lui était indigeste. Il se contenterait simplement d'une petite beuverie à l'hémoglobine.

-Servante de la princesse, alors ? Parle-moi d'elle. Êtes-vous proches ? Est-ce sur sa demande que tu t'es rendue ici ?

Il avait prit un ton léger, espérant s'être montré suffisamment habile dans son changement de sujet pour détourner l'attention de la fillette quant à ses intentions.

- Dois-je continuer à te nommer "servante" ou bien vas-tu te décider à me donner ton nom ?

†Mais avant que la jeune fille n'ai pu répondre , une voix grave et autoritaire se fit entendre .†

Tayla! Qu'est ce que tu viens faire ici?! Le sahoc n'est pas un endroit pour les petites filles ! Tu n'a pas ta place ici . Déguerpie! Oust!

† Afin d'illustrer mes propos ,mes yeux se mirent à briller d'un éclat malveillant. Mon regard perçant semblait pouvoir embraser quiconque ayant le malheur de le croiser. Contrarié je découvrais mes canines ,luisantes à la lumière de la lune , prêt à lui sauter à la gorge si elle ne m'obéissait pas.
Bien sur,je n'avais aucune intention de lui faire du mal , mais les enfants sont tellement impressionnables , ça en est même trop facile de les effrayer.†

En découvrant la présence d'un congénère, Alucard reprit instantanément sa forme adulte habituelle, retrouvant également son expression démentielle. Puis, il applaudit en éclatant de rire, la tête rejetée en arrière.

- "HAHAHAHAHAHAHAHAHAhaHAhaHA ! Magnifique ! Merveilleux ! Un collègue !"

Craignant alors que "Tayla" ne suive les directives de l'inconnu, Alucard saisit la main de la fillette et la tira brusquement vers lui. Il la rattrapa en l'enlaçant, sa tête posée sur l'épaule de l'enfant, contre sa joue, de façon à observer le nouveau venu tout en gardant sa camarade serrée contre lui.

- "Alors comme ça tu t'appelles Tayla ? Adorable ! " s'écria-t-il à l'adresse de l'enfant bien qu'elle soit suffisamment proche pour l'entendre parler sans qu'il ait besoin de hausser la voix. En fait, il avait parlé près de son oreille, tellement fort que la pauvre dût en être assourdie.

- "Tu m'excuseras si je ne partage pas, cher collègue ? Elle est un peu petite pour deux... "dit-il en caressant doucement les ailes de Tayla. "J'espère que tu ne m'en tiendras pas rancune au point de rejeter mon amitié. Je suis si content de croiser enfin un autre représentant de mon espèce !"

"ADORABLE!" , dans la bouche d'Alucard sonnait à mes oreilles plus comme une arrêt de mort que comme un compliment. Sa voix grinçante retentissait désagréablement dans mes oreilles et s'évanouissait en échos.
Avec toute la force que mes petits bras frêles et fragiles me permettaient, je tentais de me débattre,mais en vain, car grâce à la force décuplé propre aux vampires, Alucard me retenait apparemment sans aucuns efforts.
Mesurant ma faiblesse et ma mort prochaine , je redoublais de sanglots et implorais William.

" Je suis désoléééeee , on ne m'a pas laissé le choiiiixx maître William *renifle* j'ai un messaaaaage *renifle* pour voouuus. pitiiiiéééé le laissez pas me maaaaanngeeer"

† De toutes les longues années que j'avais vécu, je n'avais encore jamais été accueilli avec autant d'entousiasme :
" HAHAHAHAHAHAHAHAHAhaHAhaHA ! Magnifique ! Merveilleux ! Un collègue !"

Cela ne faisait aucun doute : ce vampire est completement fou! Et a en juger par sa tenue pour le moins disproportonné et anachronique , ainsi que son chapeau miteux , c'était certainement un vampire-clochard rendu fou à force de boire du sang de rat.

Je considérais mon collègue avec pitié. Son créateur devait avoir l'esprit perdu quand il a engendré cette créature , car la grande majorité des vampires séléctionnent leur "enfant" par leur beauté,leur charisme et leurs performances. Ce pauvre homme n'avait rien pour lui.
Quelle tristesse de vivre éternellement le visage hideux et le cerveau rabougri.

""Tu m'excuseras si je ne partage pas, cher collègue ? Elle est un peu petite pour deux... "
Oh ,ça ,je pouvais le comprendre! Apparement,le sang frais lui avait manqué . Peut être valait-il mieux lui laisser son repas.

"Bien que je ne peux que comprendre que son hémoglobine soit alléchante..mais en tant que congénère , je vous conseille de pas point habimer son délicat cou de jeune fille car vous tenez là la servante personnelle de la princesse. Et notre reine n'est pas réputé pour sa bienveillance. Une atteinte à sa cour ne manquera pas de la mettre en colère."
Pauvre de moi! J'en étais réduit à retirer son pain à un affamé!Ce qui était malheureusement nécéssaire.
Cependant ,un sombre pensé me traversa l'esprit : Et si son état de délabrement avancé ne lui permettait pas de prendre le chemin de la raison ? Ainsi se pouvait-il qu'il gôute tout de même au fruit défendu.

"J'ai chez moi un assortiment de flasques de sang de la haute! Que diriez vous de m'accompagner dans une petite scéance de beuverie?"