Deux vampires enfermés

Alucard atterrit avec grâce sur un sol de pierre sur lequel était tombé un vampire blond aussi troublé que lui. Derrière lui, le portail avait disparu. Il examina l'endroit les sourcils froncés d'incompréhension. Ils étaient dans une petite salle grisâtre et sombre, vide et poussiéreuse. A terre, des flaques de sang coloraient les pierres de part et d'autre et à la place d'un quatrième mur, de fines colonnes de pierres noires rapprochées les unes des autres s'élevaient pour les enfermer.

- Tu as de drôle de goût en matière de décoration... Est-ce vraiment là ta chambre ? Non, je n'ai pas dû suffisamment me concentrer sur mon sort, nous sommes sûrement dans une salle proche de ta chambre. Hm, je me suis peut-être surestimé pour mon premier essai, de toute évidence j'ai mal visé...

Le vampire aperçut alors la petite ouverture protégée au devant des mêmes colonnes de pierre rapprochées que celles de l'un des côtés de la pièce. L'aube commençait à y laisser filtrer les premiers rayons de soleil, et Alucard écarquilla les yeux devant la lumière grandissante qui emplissait la salle. Il se pressa alors vers les colonnes qui les séparaient d'un long couloir sombre et tenta de passer au travers. Sonné, le vampire rouvrit les yeux et se releva péniblement, étonné d'avoir échoué. Il observa alors les colonnes noires, et grimaça en réalisant le mithril dont elles étaient constituées, seule matière empêchant toute traversée immatérielle telle que celle qu'il venait de rater.

Le dragon avait eu à peine le temps de souffler après la dernière trouvaille d'Alucard que celui-ci les envoya vers une autre aventure au grand damne du pauvre blondinet. Il fut poussé violemment dans une espèce de portail qui l'envoya tout droit vers un sol humide et poussiéreux, bref un endroit qu'il aurait préféré ne pas être, le relevant péniblement son ami fini bien vite par le rejoindre et alors qu'il examinait les lieux sous les sarcasmes toujours présents du vampire il commençait à se sentir étrange, comme si quelque chose le vidait de ses forces.

- Tu as de drôle de goût en matière de décoration... Est-ce vraiment là ta chambre ? Non, je n'ai pas dû suffisamment me concentrer sur mon sort, nous sommes sûrement dans une salle proche de ta chambre. Hm, je me suis peut-être surestimé pour mon premier essai, de toute évidence j'ai mal visé...

- Mon bon ami je crains en effet que votre petit tour n'ai pas eu les effets escomptés et que vous soyez vous aussi victime... car je ne reconnais aucunement mes doux appartements, normalement ils sont un peu mieux décorés et pleins de vie... pas comme ici. On croirait que nous sommes arrivé dans des cachots...

Après sa phrase il alla s’asseoir, un nouveau malaise le prit et alors qu'il s'écroulait au sol, celui-ci sembla s'éloigner de lui alors que les murs, eux, se rapprochaient dangereusement tout comme le plafond d'ailleurs. Fermant quelques instants les yeux pour reprendre son souffle, il découvrit avec effroi que les lieux annihilaient toute fore de magie et que par conséquent le voilà privé de ses charmes le faisant passer pour un humanoïde. Mythril venait de reprendre son apparence de dragon d'or et écrasait son pauvre compagnon d'infortune sous son poids désormais imposant.

- Excusez-moi Alucard mais il semble qu'ici les lieux sont tels qu'ils perturbent ma magie de sorte que je ne puisse prendre volontairement une apparence et qu'ils me contraignent à cette imposante forme... Mais voyez le bon coté, vous ne risquez plus la lumière du soleil avec mon corps pour protection hahaha!

Les lèvres du dragon n'avaient pas bougé sauf lorsqu'il sourit pour laisser apparaître un faciès joyeux de la part de l'animal qui tenta de trouver une position plus confortable pour les deux prisonniers, il parlait encore une fois dans la tête de son ténébreux ami, tout en tournant sa tête dans tous les sens, cherchant un indice qui pourrait lui faire comprendre où il étaient.

- Par contre avez-vous une petite idée de là où vous nous avez envoyé mon bon ami?

Il avait ouvert l'une de ses ailes pour cacher l'entrée par laquelle filtraient les rayons du soleil et l'autre était recroquevillée sur son corps, évitait ainsi qu'il ne l’abîme compte tenu de l'étroitesse des lieux.

A peine s'était-il relevé, sonné par son entrée directe dans les colonnes qui le retenaient prisonnier, qu'il fut de nouveau violemment précipité contre ces dernières, poussé par le corps nouvellement écailleux et imposant de son guide. Sa tête se cogna dans un bruit sourd, ouvrant une large plaie sur son front. Lâchant un juron, il attendit que la blessure guérisse et interrompt le flot de sang qui s'en écoulait, mais rien ne se produisit.

Il se serait bien retourné pour se rendre compte de la forme qu'avait pris Mythril, mais le corps de ce dernier était si volumineux qu'il le maintenait fermement plaqué contre les colonnes, lui enfonçant le visage entre les barreaux et entravant tout mouvement.

- Excusez-moi Alucard mais il semble qu'ici les lieux sont tels qu'ils perturbent ma magie de sorte que je ne puisse prendre volontairement une apparence et qu'ils me contraignent à cette imposante forme... Mais voyez le bon coté, vous ne risquez plus la lumière du soleil avec mon corps pour protection hahaha!

- OUCH ! Une chance que je sois déjà mort, autrement j'aurais très sûrement succombé sous ton poids démesuré, mon corpulent amant ! Décidément, tu es de plus en plus lourd, et je précise que là encore, c'est dans les deux sens du terme... Pourrais-je savoir en quelle autre monstruosité la magie de cette pièce t'a transformé ?

Tandis qu'il s'intéressait au sort de son compagnon, il se demanda s'il avait également été touché par cette étrange magie, et si c'était elle qui était responsable de sa perte du don de guérison. C'est ainsi qu'il se rendit compte de la longueur effarante de sa chevelure désormais ondulée qui pendait devant lui. Et il comprit alors que ce n'était pas seulement son don de guérison qui lui avait été ôté, mais tous ses pouvoirs, y compris celui de conserver une apparence rajeunie...

Il se débattit violemment et réussit à passer une main sur sa joue, faisant cliqueter bruyamment l'armure qui avait remplacé son manteau préféré, et constata le retour de la courte barbe qu'il avait eu l'habitude d'arborer les quelques années précédant sa première décapitation. Il soupira, embêté de retrouver son physique de comte quadragénaire, qu'il ne dévoilait que très rarement.

- Comment veux-tu que je devine notre position actuelle, je n'ai connu de ton empire que le désert d'herbes, que je viens seulement de quitter ! Ce serait plutôt à moi de te poser cette question, guide incompétent... Aperçois-tu un endroit familier au travers de la fenêtre ?

Il attendit la réponse de son compagnon avant de reprendre d'un ton faussement inquiet :

- Dis-moi, tes sentiments à mon égard perdront-ils leur intensité si je t'avoue avoir pris quinze ans d'un coup, mon aimé ? Pour ma part, je dois admettre avoir un peu de mal avec ton énorme postérieur qui m'écrase lourdement... Enfin, si c'est bien ton postérieur: de ma position, je ne peux pas voir grand chose... Bon, comment comptes-tu nous faire sortir d'ici ? Ce n'est pas qu'être écrasé par un horrible monstre ultra-volumineux me déplaise, mais j'aimerais bien dormir dans un endroit digne de m'accueillir...

Le vampire, totalement étranger à l'empire, s'imaginait tout naturellement que son guide saurait les faire sortir tous deux de cet étrange cachot dans lequel ils avaient atterris. Sa surestime de Mythril lui permettait un calme et une assurance qu'il n'aurait pas ressentis s'il avait mieux compris leur situation.

Voilà maintenant quelle était la taille du dragon par rapport au petit vampire qui était écrasé contre sa patte arrière, un effort et une contorsion de faites et voilà qu'il avait maintenant tout le loisir de pouvoir se sortir de sa prison de barreaux et d'écailles, mais encore eut-il à se dépêcher car cette position ne plaisait guère au dragon qui risquait d'avoir une crampe à rester ainsi, d'ailleurs le voilà qui reposait sa patte maintenant douloureuse au sol, en espérant que son compagnon ait eu le temps de grimper sur sa cuisse.
Il avait tenté d'oublier l'inconfort en regardant un peu partout, enfin de ce que son corps imposant lui permettait de faire et put entrapercevoir dans une cellule à proximité un petit groupe de gobelins terrorisés, dans l'autre cellule n'ayant que des humains dont on semblait avoir effacer la bouche puis en avoir fait une nouvelle à l'aide d'un couteau. Il questionna alors les pensionnaires qui hésitèrent longuement avant de lui répondre, n'oublions pas qu'ils avaient comme interpellant un immense dragon d'or, puis ragaillardis par la distance et les barreaux qui les séparaient, il lui apprirent qu'ils avaient tout droit atterri dans l'endroit où personne n'aurait jamais voulu mettre les pieds : les cachots de la plus sadique, la plus folle et la plus terrifiante des femmes... euh nous voulons dire de la toute puissante reine Angélique!
A ces mots le dragon ne se sentit plus de joie et pour cacher sa belle voix *SBAF*, il ne put garder son sourire et son ton enjoué bien longtemps. Il venait de tomber dans l'antre de la personne la plus puissante qui lui voulait du mal et tout ça grâce à Alucard, il lui ferait payer cela cher si un jour ils arrivent à sortir de cet endroit maudit. Il regarda alors l'auteur de ce désastre, une expression de colère se dessinant sur l'imposante tête et maintenant des crocs se laissaient apercevoir aisément car l'animal fronçait son museau pour montrer son humeur.

- En temps normal mon "cher" ami, je t'aurais répondu que cela ne m'importe peu la différence d'âge avec mon amant, ma fiancée a été d'ailleurs plus vieille que moi de quelques années. Mais l'heure n'est pas aux plaisanteries Alucard! Me voilà transformé en dragon d'or dans les cachots d'Angélique la reine du Sahoc et il n'est plus temps de s'amuser! Si elle nous trouve, nous sommes morts!

Son ton ne laissait pas transparaitre sa colère mais il était froid et cassant, on aurait dit un tout autre Mythril qui se dressait là. Soupirant pour reprendre son souffle et son calme, il s'excusa ensuite de son attitude vis à vis du vampire et replia sa tête pour être plus proche de celui-ci.

- Excusez-moi mon ami de m'être ainsi déversé sur vous... on peut dire que je ne sais pas comment sortir d'ici privé de mes pouvoirs... et la reine ne me porte pas vraiment dans son cœur, si elle nous croise et nous fera subir les pires châtiments plutôt que de nous sortir d'ici... Pour sortir d'ici il faudrait un vrai miracle...

La tête du dragon d'or n'affichait plus le faciès de menace qu'il avait arboré il y a quelques minutes et le dragon fixait le vampire droit dans les yeux, espérant que celui-ci aurait une meilleure solution à lui proposer. Mais il écarquilla grandement les yeux à la vision qui s'offrait à lui, "l'homme" qui se dressait devant lui était bien différent de celui qui l'avait accompagné lorsqu'ils étaient en dehors du château, et comment se faisait-il qu'il se retrouvait en armure? Penchant la tête sur le coté, il laissa alors sa curiosité prendre le dessus et en voulu savoir plus, de toute façon il ne pouvait pas faire grand chose de plus que d'attendre un éventuel renfort de la part de la princesse Amélia, d'un garde passant par là ou d'un serviteur en ces lieux.

- Wow! Je ne savais pas du tout que vous étiez en réalité plus vieux que moi! Et moi qui me croyait le plus vieux des deux, me voilà bien remis à ma place... mais eu... et l'arme comment est-elle arrivée ici?

Alucard lâcha un soupir de soulagement en sentant son guide se contorsionner pour lui permettre une position moins désagréable. Profitant du court instant que lui laissait ce dernier pour se déplacer, le comte s'empressa de bondir sur son ami. Mais, surpris par le manque de puissance de son saut du à la perte de ses pouvoirs, il manqua le dos de l'animal et se raccrocha de justesse à sa cuisse.

Enlaçant la patte de l'animal, Alucard put enfin se rendre compte de la nouvelle forme de Mythril, dont les écailles d'or illuminaient son visage stupéfait. Émerveillé par la monture fantastique, le vampire leva les yeux vers le visage reptilien et murmura dans sa langue natale le nom de la créature.

- Balaur !

Ne partageant apparemment pas le ravissement du comte, le "balaur" lui renvoya un regard noir avant de tempêter :

- En temps normal mon "cher" ami, je t'aurais répondu que cela ne m'importe peu la différence d'âge avec mon amant, ma fiancée a été d'ailleurs plus vieille que moi de quelques années. Mais l'heure n'est pas aux plaisanteries Alucard! Me voilà transformé en dragon d'or dans les cachots d'Angélique la reine du Sahoc et il n'est plus temps de s'amuser! Si elle nous trouve, nous sommes morts!

La colère soudaine de son guide enchanta plus encore le vampire, qui éclata de rire.

- PFFFFUHAAAHAHAAAAHAHAHAHA ! Oh nonnnn, je ne veux pas mourir si tôt !

Lorsqu'il parvint à rouvrir les yeux malgré ses éclats de rire, son hilarité le quitta soudain, s'évanouissant devant l'expression furieuse de son compagnon, que son humour noir au sujet de sa mort vampirique ne semblait pas avoir amusé. Alucard le fixa d'un air renfrogné, vexé que sa plaisanterie n'ait pas été aux goûts du dragon.

Spoiler:

Mythril dut s'en apercevoir, car il s'excusa vite de son emportement. Le vampire l'écouta expliciter la situation et commença à se sentir mal à l'aise, comprenant enfin la gravité de son erreur.

- Les cachots de la reine Angélique ?

Il n'était arrivé que depuis quelques semaines à peine, mais déjà la réputation de la déesse du Sahoc était parvenue jusqu'à lui, véritable légende démoniaque. Il se demanda si son statut d'Esper et son appartenance au domaine du Sahoc le protégerait de la cruauté de la reine, puis se rappela la haine de la déesse envers son guide, que celui-ci venait d'évoquer. La situation de danger dans lequel il avait mis son compagnon l'inquiéta et un léger sentiment de culpabilité s'insinua en lui.

Les yeux du dragon s'écarquillèrent, celui-ci semblant ne réaliser qu'à l'instant le visage vieilli du vampire.

- Wow! Je ne savais pas du tout que vous étiez en réalité plus vieux que moi! Et moi qui me croyait le plus vieux des deux, me voilà bien remis à ma place... mais eu... et l'arme comment est-elle arrivée ici?

Alucard laissa échapper un petit rire, amusé par la réaction du dragon qui était aussi étonné de l'aspect du vampire que le vampire de la forme de son guide.

- Je suis mort à l'âge de 45 ans, mais je ... "vis" maintenant depuis près de six siècles. Quant à mon armure, elle m'est revenu en même temps que ma véritable apparence. Ce sont les vêtements de mon dernier affrontement, je les ai portés jusqu'à ce qu'on me prépare à mon exécution... Tu me vois donc sous l'aspect de l'homme que j'ai été juste avant ma première mort. Je préfère habituellement me présenter sous des traits un peu moins matures, par soucis d'esthétisme.

Il s'était senti obligé de justifier la raison pour laquelle il se choisissait d'ordinaire un profil plus jeune, et son mensonge lui était venu tout naturellement. Il n'aurait pas aimé que le dragon devine la peine et les regrets dont les souvenirs rattachés à son apparence de seigneur de Valachie l'accablaient. Voulant changer de sujet, il poursuivit :

- En ce qui te concerne, je serais bien incapable de te donner un âge. Est-il indiscret de ma part de te le demander ? Je pense que nous allons rester ici un moment, autant en profiter pour faire connaissance. Je ne sais de toi que ton caractère désagréable et niais. Ah, et ta passion pour le travestissement, aussi. Répond donc à ma question et pose m'en une en retour, nous nous répondrons mutuellement sans mentir jusqu'à ce qu'une idée pour nous échapper nous vienne. Il faut que tu restes éveillé, dragon d'or : tu risquerais de bouger dans ton sommeil et de laisser filtrer la lumière du jour...

Le comte s'était efforcé d'entretenir la conversation afin d'endormir la prudence du dragon tandis qu'il essayait de monter discrètement sur son dos.

Le dragon écouta attentivement le récit du vampire, très intéressé et heureux d'en apprendre un peu plus sur ce drôle de personnage qui tentait de monter sur son dos. Car oui il avait bien compris ses intentions et le fait qu'il soit un peu trop gentil lui avait mis la puce à l'oreille, son ami préférait l'embêter normalement mais là à se dévoiler ainsi, ne pouvant pas utiliser son sort de détection des mensonges à cause des lieux. Il ne pouvait donc que croire son ami sur parole et ce petit jeu pourrait faire passer le temps et tenter de changer ses idées.

- En ce qui te concerne, je serais bien incapable de te donner un âge. Est-il indiscret de ma part de te le demander ? Je pense que nous allons rester ici un moment, autant en profiter pour faire connaissance. Je ne sais de toi que ton caractère désagréable et niais. Ah, et ta passion pour le travestissement, aussi. Répond donc à ma question et pose m'en une en retour, nous nous répondrons mutuellement sans mentir jusqu'à ce qu'une idée pour nous échapper nous vienne. Il faut que tu restes éveillé, dragon d'or : tu risquerais de bouger dans ton sommeil et de laisser filtrer la lumière du jour...

Il fit cependant croire à son vis à vis qu'il n'avait rien remarqué de son petit manège, et afficha un large sourire tout en fixant le vampire de ses grands yeux reptiliens. Puis il fit mine de réfléchir quelques instants avant de dire d'une manière détachée, tout en balançant l'une de ses pattes avant en arrière.

- J'ai le corps d'un grand ver de mille ans mais mon esprit n'en a que cent... On va dire que j'ai eu un long sommeil de neuf cent ans! J'avais vraiment besoin de dormir hahaha!

L'imposant animal se mit à rire d'un grondement qui se mélangeant au rire de l'elfe en parfaite harmonie, faisant ainsi croire à Alucard qu'il avait complètement baissé sa garde et si celui-ci faisait mine de vouloir s'approcher de son dos, il n'aurait plus qu'à l'attraper et le garder dans l'une de ses mains.

- Donc à mon mon bon ami! Alors réfléchissons... pourquoi vouloir devenir un vampire? Par vengeance pour vos exécuteurs?

Il fixait maintenant le vampire droit dans les yeux, une étrange lueur dans les yeux, une lueur qui n'apparaissait que lorsque sa curiosité était piquée à vif.

Alucard regarda le dragon d'un air surpris. Ainsi Mythril était son ainé de quatre siècles ? En revanche, la mentalité plus jeune de son compagnon ne l'étonna pas, et il eut un petit ricanement moqueur qui fut couvert par le rire de son interlocuteur. Profitant de l'inattention de ce dernier, Alucard se rapprocha de quelques avancées rapides vers le dos de la monture ailée, et interrompit son escalade avant de renvoyer un sourire innocent au dragon qui avait cesser de rire pour lui poser une question.

Son sourire fondit tandis qu'il réfléchissait à sa réponse. Il ne s'était pas attendu à une question aussi intime et aurait préféré que son guide ne s'interesse pas à cette partie de son passé. D'un autre côté, il avait lui-même suggéré cette conversation et était d'un naturel trop franc pour songer à mentir. Fronçant les sourcils d'un air sérieux qui s'accordait mieux à son aspect plus mature que son habituel sourire narquois, il expliqua :

- Je n'ai pas vraiment souhaité devenir un vampire... J'ai été damné pour avoir renié mon Dieu, ma nature ne relève pas d'un don offert par un autre vampire. J'ai été mon seul maître, et pour autant que je sache, je suis le premier de mon espèce. Tout du moins l'étais-je dans le monde duquel je viens...

Son regard s'était figé dans le vide, son esprit concentré sur un passé lointain, et un silence pesant s'installa. Revenant à la réalité, il se força à sourire et reprit d'un ton faussement nonchalant :

- C'est mon tour, n'est-ce pas ? Tout à l'heure tu as évoqué ta fiancée, et tu l'as fais au passé... Que lui est-il arrivé ? La demoiselle s'est-elle rendu compte à temps de ton caractère insupportable ou bien lui est-il arrivé malheur ?

Le comte avait supposé toucher un point sensible et espérait que cette diversion serait suffisante pour que la reprise de son escalade passe inaperçue. Tandis que le dragon lui répondait, il monta les écailles d'or pour se hisser à cheval sur son guide, tout en prêtant une attention particulière à sa réponse. Il voulait savoir s'il avait deviné juste en s'imaginant le sujet délicat, qu'il avait lancé autant par ruse que par vengeance, rancunier de l'embarras dans lequel l'avait mis la question sur sa naissance vampirique. En outre, il était aussi réellement curieux d'apprendre ce qui avait bien pu arriver à la fiancée de son compagnon...

Arrivé en haut de la cuisse du reptile, il s'accrocha fermement au dos écailleux, y prenant appui avant de lever une jambe, prêt à chevaucher son compagnon.

La réponse d'Alucard gêna un petit peu le dragon, qui senti tout à coup que sa curiosité avait été un peu trop placée mais la question du vampire lui fit comme une gifle en plein visage. Son sourire disparu aussi sec et de son regard plus aucune lueur de malice ne brillait dans ses grand yeux reptiliens.

- C'est mon tour, n'est-ce pas ? Tout à l'heure tu as évoqué ta fiancée, et tu l'as fais au passé... Que lui est-il arrivé ? La demoiselle s'est-elle rendu compte à temps de ton caractère insupportable ou bien lui est-il arrivé malheur ?

Grondant dans sa barbe, il détourna le regard et c'est à moment-là que le vampire en profita pour grimper sur son dos. Il fit tout à coup un brusque mouvement pour attraper l'importun par le col de sa cape et le mit juste devant son imposante gueule draconienne. Il avait été terriblement blessé aussi bien par les paroles de son compagnon captif que par sa tentative de monte. Il avait pourtant dit que peut de gens étaient autorisés à le chevaucher (et ne voyez par de double sens là où il n'y en a pas bande de pervers!). Il souffla alors dans un long soupir pour ne pas cramer son ami mais le garda à distance raisonnable.

- Pour vous répondre monsieur Alucard, ma tendre fiancée a été assassinée par mon oncle... devant mes yeux... nous allions nous marriez mais le sort en a choisi autrement...

Il reposa alors le vampire, trop meurtri pour le punir puis posa ensuite sa question. Pour se changer les idées il était préférable de continuer leur petit jeu qui semblait tout à coup bien moins rigolo.

- Donc à mon tour il me semble, donc j'aimerais savoir si vous comptez un jour boire de mon sang?

Surpris d'avoir été repéré si vite par le dragon à qui il avait pourtant servi une parfaite diversion, Alucard lâcha une exclamation d'étonnement lorsque la patte immense se saisit de lui. Il s'apprêta à lui donner l'ordre de le relâcher, mais son guide s'exécuta avant, sans qu'il n'ait besoin de s'énerver. Le vampire leva la tête pour dévisager la créature dorée, dont l'indulgence lui paraissait déroutante... et frustrante.

Réalisant l'état dans lequel sa question avait mis son compagnon, le comte se retînt de toutes moqueries, pris d'une soudaine compassion que lui-même ne comprenait pas. Embêté de cette émotion, il s'empressa de se constituer un air arrogant pour répondre :

- Quelle bêtise que de gâcher son tour pour une pareille question ! Évidemment, que j'ai l'intention de boire ton sang ! Enfin, peut-être pas "un jour", je pense plutôt te rendre une visite nocturne improvisée. Mais pas pour les nuits à venir. J'attendrai d'avoir rencontré les dix femmes qui feront de toi mon esclave, avant... Quant à ce soir, n'aie crainte : je ne profiterai pas de ton invitation pour t'attaquer, j'ai tout de même des principes.

Il sourit au dragon, se réjouissant à l'avance du moment où il s'abreuverait à la gorge de son petit guide. Mais la tête lui tourna et il grimaça, s'appuyant contre le dragon pour garder l'équilibre. Cet imbécile de monstre jaune ne l'avait pas raté, lorsqu'il l'avait précipité contre les barreaux. Le sang d'Alucard avait continué à couler de son front pendant leur conversation et, habitué aux régénérations spontanées, il ne s'était pas inquiété de sa plaie et n'avait pas songé à la couvrir pour en ralentir le saignement. Démuni de ses forces vampiriques, il était aussi vulnérable qu'un être humain et ressentait pareillement la douleur, s'affaiblissant tout autant.

Prenant enfin conscience de son état, le vampire déchira la cape qui couvrait son armure et se servit du tissu pour éponger sa plaie. Sentant la fatigue, autant due à sa blessure qu'au levé du jour, il essaya de poursuivre la discussion.

- Par quel moyen est-il possible de te débarrasser de ton sort passe-muraille, poney couard ? Ou en tout cas de t'empêcher de l'utiliser ?

La tête reposée contre les écailles d'or, Alucard avait fermé les yeux, la paume toujours appuyée contre son front duquel s'écoulait toujours son sang au travers du tissu déjà complètement imbibé. Malgré son épuisement, il restait avide de nouveaux combats et espérait que le dragon répondrait à sa question, lui fournissant les moyens d'un affrontement forcé. Enfin, peut-être pas pour tout de suite, l'affrontement... Bien qu'intéressé par la réponse de son compagnon, le vampire se sentait déjà sombrer dans un sommeil léthargique. Tentant de combattre sa somnolence, il ordonna :

- Ne t'endors pas...

L'esprit confus, Alucard s'était adressé à lui-même aussi bien qu'au dragon, se sommant de ne pas céder à la fatigue tout en interdisant à Mythril un repos qui pourrait lui être fatal si celui-ci lui découvrait involontairement- ou pas?- la lumière du jour.

Une terrible douleur au niveau du thorax le réveilla soudain. Paniqué par le coup interne, il lança au dragon un regard empli d'effroi, faisant appel à un secours que son compagnon ne pouvait lui apporter. D'autres coups, de plus en plus forts et réguliers, le firent alors se crisper de douleur contre son guide, serrant si fort les écailles d'or que ses mains s'y entaillèrent. Puis, Alucard sentit son corps réclamer un besoin qu'il ne comprit pas, jusqu'à ce que ses poumons ne se gonflent d'eux même pour le faire inspirer, lui apportant de force l'oxygène qui lui permettait désormais de vivre.

Recroquevillé sur lui même et les doigts toujours fermement resserrés autour des écailles d'or, Alucard gardait la machoire serrée, s'efforçant de ne pas crier sa douleur. Ses poumons étaient en feu et son coeur s'affolait tandis que ses canines reprenaient une taille normale et que ses yeux rouges s'éclairaient d'une teinte azure. Enfin, ses sens perdirent en précision, et il finit par s'habituer à ses changements physiques. Il releva des yeux humides vers le dragon, l'interrogeant du regard sur son état, les mains tremblantes contre la cuisse de son ami.

- Il n'y a aucun moyen de se soustraire au passe-muraille, seules les reines le peuvent et toutes les créatures pouvant touche les êtres immatériels, rien de plus. Autant dire qu'il vous serait difficile de pouvoir m'atteindre monsieur Alucard.

La réponse du dragon n'allait très certainement pas plaire au vampire mais au moins il était prévenu, c'était au tour du dragon de poser sa question mais les agissements de son allié détenu lui firent oublier le petit jeu auquel il c'était volontiers plié. Le vampire n'allait très certainement pas bien car le voilà qui lui obligeait à ne pas dormir.

- Mais il est évident que je ne vais pas m'endormir ainsi mon bon ami! Surtout si votre vie est entre mes mains.

Il fixait inquiet le chevalier qui se refermait de plus en plus sur lui, s'aggripant de toutes ses faibles forces sur les écailles du dragon d'or. Un gémissement et ses gestes commencèrent à réveiller le dragon, ils étaient dans les cachots d'Angélique qui faisaient disparaitre toute magie, même malédiction ce qui fit donc disparaitre le coté vampirique d'Alucard. Il regarda incrédule la nouvelle naissance de l'homme qui se cloitrait sur lui, incapable de pouvoir l'aider.

- Monsieur Alucard! Tenez bon monsieur Alucard, je vais tout faire pour trouver un moyen de nous sortir de là!

Il se leva doucement pour faire en sorte que l'humain puisse être mis dans un coin le plus doucement possible, puis commença à se jeter sur les barreaux pour tenter de les faire céder mais malgré toutes ses tentatives il n'y arriva pas et c'est essoufflé et son coté droit meurtri qu'il s'écroula à terre, tournant sa tête pour voir si son compagnon était toujours vivant.

Pendant un instant, Alucard crut en son compagnon, dont il s'attendait à un coup suffisamment violent contre les barreaux pour renverser ces derniers. Mais leur prison ne céda pas, et il baissa la tête, résigné. Réfléchissant à sa nouvelle nature, l'ancien vampire se cacha le visage dans les mains, désespéré. Il avait tant espéré un jour se défaire de sa malédiction, retrouver une humanité délivrée de la damnation à laquelle il avait été condamné. Et maintenant, ce n'était pas le pardon salutaire du dieu qu'il avait renié qui lui avait été accordé, mais le simple résultat d'une bêtise découlant de ses nouveaux pouvoirs...

Aucune rédemption, juste une nouvelle punition. Désormais aussi faible que le plus banal des humains, le comte se sentait plus fatigué encore, et sa blessure l'inquiétait. Il avait envie de dormir, mais craignait de ne plus se réveiller s'il cédait au sommeil.

- Ne me laisse pas m'endormir, s'il te plait, Mythril...

Prostré, Alucard s'était sans même s'en rendre compte adressé au dragon comme à un ami, l'appelant par son nom sans aucune intonation ironique ou méprisante dans la voix. Il n'était plus d'humeur à jouer, mais son besoin de rester éveiller le fit réclamer au dragon le prolongement de leur discussion. Ses yeux bleus fixèrent le regard azur et or de son compagnon, son visage triste désormais empreint d'une expression résolue.

- C'est ton tour...

Le dragon regarda l'humain un pincement au cœur, il était sincère cette fois et le savoir ne détresse sans qu'il puisse vraiment rien faire l'énervait au plus hait point. Il avait tout tenté et maintenant il ne savait plus que faire c'est pourquoi résigné il accéda à sa demande.

- Alors... quelles sont vos impressions sur le fait de devenir humain?

Il n'avait pas vraiment de questions à poser à l'ancien vampire, c'est pourquoi se fut la seule chose qui lui passa par la tête. De toute façon c'était bien plus pour le faire parler, le garder éveillé plus que de vraiment avoir de réponses. Il apporta alors sa gueule près d'Alucard pour le secouer et pour le réconforter. Le souffle chaud de l'animal pourrait peut être réveiller ou réchauffer le mourant. Il n'avait vraiment plus d'idées pour l'empêcher de sombrer dans les sommeil.

- En tout cas j'espère que le fait que vous soyez humain ne changera aucunement vos sentiments envers moi!

Il avait rigolé mais on sentait facilement que ce rire était plutôt pour cacher l'inquiétude grandissante du dragon ainsi que la colère contre lui-même. A chaque fois qu'il avait du sauver quelqu'un il n'avait jamais réussi et il commençait à se maudire de son inutilité.

Le comte posa une main sur son coeur et l'y laissa un instant, savourant les battements si vifs qu'il pouvait les sentir, bien que faiblement, au travers de son armure. Il se confia à son ami.

- C'est... tellement inattendu. Je ne sais si je redoute plus la perte de mes pouvoirs vampiriques, sans lesquels je me sens sans défense, ou bien la perte de ma nature humaine une fois cette prison quittée, à supposer que j'en sorte. L'idée de profiter d'un don que je n'ai pas mérité et qui me sera bientôt retiré est tout simplement insupportable.

Il se redressa et, en contradiction avec sa réponse affligée, trahit un petit sourire émerveillé. Son regard s'était perdu dans les rayons dorés du soleil qui filtraient désormais dans la cellule, inoffensifs. Il ne pouvait vraiment en sentir la chaleur, refroidi par la perte du sang qui s'était écoulé de sa blessure, mais le simple fait de pouvoir observer à nouveau la clarté du jour le ravissait.

Un rire sincère et dénué de sa démence habituelle s'échappa des lèvres du comte.

- Bien sûr que non, mon tendre amant. Ma loyauté est indéfectible, quelle que soit ma forme. De toute façon, il serait naïf de ma part d'espérer trouver un autre soupirant dans les circonstances actuelles. Et puis, je ne suis pas si mal accompagné : le dragon était une créature fictive dans mon monde, et je ne pouvais qu'en rêver. Aujourd'hui, l'animal dont ma famille arborait l'emblème me soutient dans mon agonie ! Quelle merveilleuse fin !

Il avait refermé les yeux, naturellement, avant de les rouvrir en sursaut, combattant la fatigue qu'il redoutait tant. Il réfléchit et tenta de trouver un nouveau sujet de discussion.

- Après que j'aie essayé de te tuer, que je t'aie délibérément envoyé un homme aux intentions malhonnêtes dans la taverne et que je t'aie soumis au sortilège de sang-noir avant de t'envoyer dans les cachots de ton ennemie jurée, tu sembles ne me porter aucune rancœur. Si j'étais aussi crédule que toi, j'aurais même pu croire que tu t'inquiètes sincèrement de mon sort. Pourquoi ?

Ses yeux bleus s'étaient de nouveau perdu dans ceux de son guide, son visage trahissant une franche curiosité.

La question du vampire amusa grandement le dragon, lui-même ne savait pas pourquoi il l'aidait mais sa nature l'obligeait à aider toute créature en danger et il s'amusait beaucoup avec le vampire.

- Hum pour être honnête je ne le sais pas moi même, mais je peux dire que je me suis énormément amusé avec vous malgré vos quelques écarts et je n'ai vraiment aucun ressenti de maléfique émanant de vous monsieur Alucard.

Il approcha alors son museau de l'humain pour poser sa gueule près de sa main, histoire qu'il puisse touche pour peut être sa dernière fois un dragon. Si jamais il mourrait au moins il aurait eu l'honneur de pouvoir en toucher un, surtout si dans son monde ils n'étaient qu'une légende.

- Alors comme ça votre famille a pour symbole le dragon? Je pourrais savoir en quel honneur?

Mythril était vraiment stupéfait des expressions d'Alucard, le voir ainsi si naturel et franc, loin des attitudes qu'il avait pris autrefois et qui en aurait horripilé plus d'un. Mais une information que celui-ci lui avait avoué tilta alors dans sa tête.

- Co comment cela avez-vous envoyé délibérément un homme aux intentions malhonnêtes?

Les yeux du comte avaient commencé à se refermer quand le dragon lui répondit, lui faisant hausser les sourcils de surprise. Aucun ressenti maléfique émanant de lui ? Cette déclaration le troubla. Il se considérait lui-même comme un monstre dont le seul juste châtiment aurait été la mort. Comment son compagnon pouvait-il ignorer sa malfaisance, lui qui en avait pourtant été victime.

Le dragon le surprit plus encore lorsqu'il avança son museau près de lui, lui offrant la possibilité de toucher la créature mythique. Le comte retira la protection qui lui recouvrait la main et caressa doucement le museau doré, savourant son contact chaud et écailleux. Un sourire discret aux lèvres et le regard fatigué, il expliqua :

- Ma famille appartenait à l'Ordre du Dragon, une institution défendant les valeurs de la chrétienté. L'Ordre avait pour emblème un dragon portant la croix rouge de saint Georges. Mon père a beaucoup contribué aux alliances qui ont fortifié cette institution, ce qui lui a valu le nom de Dragon. A sa succession, j'ai moi-même été nommé fils de dragon, ce qui dans ma langue se traduisait aussi par fils du diable... Je crois que c'est plutôt ce dernier surnom qui est resté dans les mémoires.

Le sourire de l'ancien vampire se creusa, ravivé par les souvenirs de la justice qu'il avait rendue. La forêt de pals, en particulier, l'avait amusé. Le dragon lui posa alors une question qui l'étonna de nouveau.

- Oui, ne t'en avais-je pas parlé ? Souviens-toi, cet homme que je t'ai envoyé dans la taverne en lui laissant entendre que tu cherchais un compagnon d'un soir...

Craignant que le rappel de son coup bas ne fasse s'éloigner le dragon, dont le contact chaud rendait son agonie plus douce et surtout plus supportable, du fait du lien amical qu'il imitait, le comte pressa faiblement le museau doré. Il espérait que son geste suffirait à convaincre le reptile de rester aussi près jusqu'à la fin. Se sentant défaillir, il s'obligea à parler :

- Je ne nie pas que cette situation m'a beaucoup amusé, Mythril mais... je savais que tu étais de taille à repousser cet homme. Tu m'avais surpris par ton agaçante aptitude à fuir le combat, un être aussi insignifiant ne pouvait te causer de tort physique alors que je n'en avais pas été moi-même capable.

Son visage avait pris une expression amusée, malgré son état apathique qu'il sentait empirer. Les souvenirs de l'air surpris de son ami dans la taverne et de sa propre chute, parfaitement ridicule, lorsqu'il avait tenté de mordre le pégase lui revenaient en tête et l'amusaient. Se rappelant alors qu'il avait droit à une question, il poursuivit leur petit jeu :

- Tu as dis que tu ne sentait rien de maléfique émanant de moi. Et quand je t'ai soumis au sortilège du Sang Noir, n'as-tu pas crains des ordres effroyables ? J'aurais pu te commander de tuer, de m'offrir ton sang, n'importe quoi... Qu'as tu pensé à ce moment là ?

A la réponse du vampire, le dragon éloigna sa tête pour venir poser violemment sa patte dessus, il avait oublié leur discussion d'il n'y avait pas si longtemps et ce fut une réaction pour montrer se gène, bientôt suivi d'un rire tonitruant. Les coups répétés contre les barreaux en mithril avaient du jouer en faveur de ce petit oubli.

- Pardon mon bon ami d'avoir oublier ce détail, enfin non pas pardon car vous vous êtes joué de moi de la sorte... mais bon c'est de bonne guerre et je me vengerais un de ces jours pour cela hahaha!

Ne pas laisser transparaitre son inquiétude et ne pas laisser penser à son vis à vis qu'il avait de la pitié. Connaissant le personnage savoir que le petit elfe d'or en avait l'aurait grandement agacé. Mais il avait laissé croire qu'il pensait avoir une chance de les sortir de là ou du moins que la guérison du tout nouveau humain était évidente.
Puis se fut au tour du vampire de poser des questions, même si maintenant il n'y avait vraiment plus d'ordre pour poser des questions, puisque le dragon avait décidé de n'être que le seul de à questionner. Il avait espéré que celui-ci en fasse la remarque d'ailleurs mais ce ne fut pas le cas, autre preuve que son ami n'était pas dans son état naturel. Il se mit alors à poser lui aussi des questions qui amusa grandement le dragon, même si il lui avait dit qu'il se fichait de ce que le dragon pouvait penser de lui, son opinion de lui lui était tout de même importante.

- Tu as dis que tu ne sentait rien de maléfique émanant de moi. Et quand je t'ai soumis au sortilège du Sang Noir, n'as-tu pas crains des ordres effroyables ? J'aurais pu te commander de tuer, de m'offrir ton sang, n'importe quoi... Qu'as tu pensé à ce moment là ?

- Hum pour être honnête je n'ai vraiment pas aimé cela et je n'ai jamais pensé que vous me feriez faire des choses dégradantes pour un être humanoïde ou alors ôter la vie, mais j'avoue que j'ai eu peur face à une telle emprise et j'ai été furieux qu'on m'oblige à m'agenouiller. Car je dois vous rappeler mon statut de roi, enfin je ne me considère plus comme un prince que comme un roi... à cause des évènements qui m'ont pris mon aimée...

Le comte sourit en comprenant que le dragon essayait de lui faire croire qu'il sortirait vivant des cachots. Amusé et touché par l'attention de son ami, il joua le jeu :

- Toi, te venger ? Je serais curieux de voir ça ! Le simple fait de te savoir prêt à te venger m'amuse, j'en serais probablement hilare le jour où tu tenteras une quelconque bassesse !

Les paupières closes, il ricana doucement en imaginant Mythril se venger : pour lui qui était d'une bonté excessive, cela revenait sûrement à se comporter normalement, au lieu de s'excuser à tout bout de champ de tort dont il n'était pas responsable et de s'entêter à venir en aide à ses agresseurs.

Son guide répondit alors à sa question, et le comte s'étonna. C'était donc un roi qu'il avait fait s'agenouiller à ses pieds ? Il voulut rire de cette bonne surprise, mais son compagnon poursuivit et sembla s'attrister en évoquant sa défunte fiancée. N'ayant pas l'habitude de réconforter, le comte devina qu'il valait mieux ne pas s'y essayer s'il ne voulait pas approfondir le malaise du dragon. Il choisit une réponse à la fois contradictoire, et donc plus en accord avec ses habitudes, et également élogieuse, exprimant à sa manière son estime pour son ami :

- Ce n'est pas à sa promise qu'on reconnait les mérites d'un véritable souverain, mais à sa noblesse d'âme et sa détermination à gouverner avec justice. Je n'ai certes pas vécu sous ton règne et je ne te connais que depuis peu. Mais j'ai déjà souffert de ton horripilante bonté et, encore en ce moment, ta compassion exaspérante m'insupporte. Tu n'es pas un prince, tu es un roi.

Les yeux dans ceux de son compagnon, le comte adressa à ce dernier un sourire sincère.

Puis, il se sentit pris de vertiges et ferma les yeux, s'efforçant de lutter encore un peu contre le sommeil pour murmurer d'un ton désolé :

- Tu m'excuseras, Mythril. Je vais te laisser réfléchir seul à ta prochaine question, j'ai besoin d'un peu de repos...

Et Dracula s'endormit contre le dragon, sombrant dans un profond coma.

- Ce n'est pas à sa promise qu'on reconnait les mérites d'un véritable souverain, mais à sa noblesse d'âme et sa détermination à gouverner avec justice. Je n'ai certes pas vécu sous ton règne et je ne te connais que depuis peu. Mais j'ai déjà souffert de ton horripilante bonté et, encore en ce moment, ta compassion exaspérante m'insupporte. Tu n'es pas un prince, tu es un roi.

- Merci mon bon ami mais je ne peux me voir comme suzerain... mais merci tout de même...

Il ouvrit en grand les yeux, secouant doucement le vampire pour le réveiller mais comme l'avaient laissé présager ses paroles il venait de tomber dans un profond sommeil proche du coma.

- Non mon ami! Ne vous endormez pas! Vous devez rester éveillé ou c'est la mort qui vous attend... mon bon ami!!! Réveillez-vous!!!

Le dragon rugit alors doucement sous son impuissance puis posa alors sa tête près du chevalier, fermant lui aussi ses yeux il voulu s'endormir alors pour une longue période afin d'oublier, la première fois qu'il s'était infligé cette sentence était à cause de la chute de son royaume et maintenant enfermé dans les cachots de la reine qui voulait sa mort il savait qu'il ne pourrait jamais sortir des lieux. Il venait de baisser une fois de plus les bras, acceptant une fois encore son destin et préférant ne plus voir le temps s'écouler il avait décidé de s'endormir encore une fois.
Les paupières se fermaient doucement, il ne luttait plus et bientôt il allait rejoindre le monde des songes pour une longue période mais des bruits de pas vinrent sortir de sa rêverie, il n'ouvrit cependant pas les yeux car peut être avait-il rêvé ces bruits, un fantasme qu'il voulait à tout prix voir à tel point qu'il avait imaginé entendre un tel bruit. Mais les bruits ne venaient pas de son imagination car une personne se posait devant eux, derrière les barrières qui les retenaient prisonniers, mais ça le dragon ne le savait pas et gardait ses yeux fermés, se laissant entrainer dans les limbes des rêves.

- Et me voilà qui délire... entendre des bruits...

Venait-il de murmurer pour lui-même mais bien sur toute personne ayant tendu l'oreille pourrait entendre ses paroles, en bien sur la personne qui venait d'entrer dans les cachots et qui se présentait maintenant devant leur cellule.

Plongé dans un coma sans rêves, le comte se sentait partir, ses membres s'engourdissant sans plus trembler du froid qui l'enveloppait. Mais alors que la vie le quittait, un brusque sursaut secoua son corps, annonçant le retour de la malédiction et de ses pouvoirs. Son coeur au rythme lent s'arrêta d'un coup et ses yeux aux pupilles à nouveau rouges s'écarquillèrent de stupeur.

Complètement désorienté par son réveil soudain et l'apparition de la jeune femme à ses côtés, il poussa celle-ci sur le côté d'un geste brutal plus instinctif que mal intentionné. Il voulut ensuite se relever, mais bien qu'ayant retrouvé ses dons vampiriques, sa perte massive de sang l'avait laissé affaibli et il parvint seulement à se redresser, vacillant sous l'effort. La lumière éclaira alors le vampire, et il dut se protéger le visage de ses mains gantées. Il avait retrouvé les traits rajeunis et les vêtements de son apparence habituelle, mais ses longs cheveux avaient blanchis, trahissant une importante carence de sang...

Sur son front, la plaie béante se refermait lentement, l'intensité de ses pouvoirs ayant déclinés au levé du jour. C'est alors qu'Alucard se rappela la malédiction qu'il avait faite partager à son guide et, inquiet, il tourna vivement la tête vers ce dernier. De nouveau, ses yeux s'écarquillèrent et il ouvrit la bouche de surprise et d'embarras : à ses côtés, le pauvre Mythril avait recouvert sa forme d'elfe, mais son corps n'était désormais plus caché par les habits qui gisaient en lambeaux à terre...

Bêtement, Alucard resta quelques secondes pétrifié de gêne devant la nudité de son compagnon, qui lui apparut sur l'instant plus inquiétante que les rayons qui commençaient à bruler sa peau découverte. Lorsque ce dernier détail revint à l'esprit du No Life King, il s'empressa de se téléporter à ses côtés, le protégeant du soleil de son corps, lui même étant suffisamment habillé pour ne pas craindre une combustion instantanée. Tout en faisant apparaitre sur sa tête son chapeau afin de dissimuler au jour son visage découvert, il se défit de son manteau préféré pour l'offrir à son guide, autant pour protéger sa peau que pour cacher sa nudité...

D'une voix mal assurée, il argua :

- Je... je t'expliquerai les raisons de ta malédiction plus tard, pour l'instant nous avons d'autres priorités. Écoute, je ne suis plus en état d'agonie, mais ma blessure m'a affaibli et je ne suis même plus en état de marcher... J'ai besoin de sang. Maintenant.

Doucement, il se saisit du poignet de l'elfe et l'approcha jusqu'à ses lèvres entrouvertes. Ses yeux rouges plongés dans le regard azur et or de son guide, il attendait d'un air grave l'accord de ce dernier, se retenant de céder à la soif dévorante qui le sommait à une morsure brutale et sans états d'âme. Devinant les craintes justifiées de son ami, il essaya de dissimuler de son mieux ses envies primitives derrière un sourire qu'il espéra rassurant :

- Je ferai attention, prince vampire. De toute façon, je ne peux me passer de mon idiot d'hôte, je n'ai nulle part où aller en ce beau matin ensoleillé...

Il haussa un sourcil interrogateur, réclamant silencieusement à son ami une permission qu'il avait du mal à ne pas ignorer pour répondre sans plus de temps à ses instincts sanguinaires.

Le dragon attendait patiemment son sommeil lorsqu'un bruit de porte le troubla, apparemment les bruits qu'il avait entendu plus tôt ne relevaient pas de son imagination et quelqu'un était venu les secourir... ou alors était-ce simplement Angélique venu se moquer de leur situation. Il ouvrit les yeux en remarquant que le sol se rapprochait rapidement de lui, il venait de reprendre une apparence elfique, ou du moins le croyait-il car il ne savait toujours pas la raison de son maléfice et voulu se relever, mais se rappelant de sa petite transformation forcée préféra rester assit pour cacher le plus de nudité possible.
Il n'avait vraiment pas chance d'être vu dans telle situation par trois personnes dont une jeune demoiselle, il rougit d'ailleurs furieusement devant cette révélation. Pour rajouter à son honte, l'autre personne venu les aider n'était autre que Néo, autant dire que cette situation ne restera pas étrangère à Angélique...
Alucard quand à lui venait de reprendre une apparence plus jeune, et lui avait balancé son manteau au visage, au moins lui compatissait et lui avait prêté un vêtement qu'il enfila le plus rapidement possible. D'ailleurs le fait que le soleil lui soit tout à coups insupportable à tel point qu'il en avait la peau brulée commençait à le faire se poser des questions.

- Je ne veux pas des réponses plus tard mais maintenant Alucard, j'ai une malédiction et j'ai...

Il avait parlé en même temps que le vampire, trop surpris et contrarié de la révélation, il voulu lancer un sort pour contrer sa malédiction lorsqu'il écouta la suite de la phrase du vampire.

... ma blessure m'a affaibli et je ne suis même plus en état de marcher... J'ai besoin de sang. Maintenant.

Ouvrant la bouche pour rétorquer quelque chose, aucun son ne vint alors il décida d'agréer à la demande du chieur qui prit son poignet, le dragon maudit ne fit aucun geste pour le repousser mais on pouvait lire dans ses yeux qu'il était blasé, un soupir vint d'ailleurs s'ajouter à la scène.

- Je ferai attention, prince vampire. De toute façon, je ne peux me passer de mon idiot d'hôte, je n'ai nulle part où aller en ce beau matin ensoleillé...

Se fut la phrase qu'il ne fallu pas dire, un coup de poing sur le crane du vampire et un dragon-vampire furibond mais il se calma et dit d'un ton las.

- Bon tu peux mais tache de faire attention, je pense que tu as fait assez de bêtises pour la journée...

Il détourna alors ses yeux rouges pour fixer son sauveur et voulant changer son attention de la douleur qui allait se produire, il questionna alors le chevalier noir.

- Comment vous nous avez trouvé sieur Lightfellow?

Il écouta alors la réponse du sombre personnage mais la douleur fut tout de même présente, à croire que son parasite le faisait exprès...