Le cauchemar d'Alucard

Endormi dans son cercueil clos, Alucard ne cessait de se retourner dans tous les sens, les sourcils froncés. Un songe étrange perturbait la sérénité de son sommeil...

Les rues du Nieb étaient illuminées par la lumière éclatante du soleil, et le vampire avait un peu de mal à s'y habituer, avançant sur son cheval noir les yeux plissés. Il avait revêtu son apparence de comte, ses longs cheveux ondulés se soulevant doucement dans le vent.

Il parvint enfin à la bibliothèque, où il devinait la présence de son âme sœur. Il descendit de son destrier mais n'entra pas dans la bâtisse, toutefois, préférant utiliser son don d'hémarcation pour attirer son attention. Sur toutes les pages des livres dont il se souvenait, il inscrivit :

Il était une fois un chevalier vampire qui attendait la reine de son coeur au pied de sa tour de livres. Mais la belle ne descendait pas le rejoindre, et le vampire, bien que pourvu de toutes les plus nobles qualités, s'impatientait. Il traça donc sur les livres de son aimée des messages ensanglantés qui tachèrent les écrits, saccageant sans pitié les supports manuscrits si précieux au coeur de cette dernière. Et les mots de sang se propagèrent sur les livres de sa bibliothèque, abimant, torturant, massacrant, détruisant, souillant, dégradant, exterminant -

La porte de la bibliothèque s'ouvrit à la volée, et le comte sourit d'un air triomphant, fier de constater que son âme soeur n'avait pas longtemps pu supporter la dégradation de ses livres préférés.

- Alors, tu as aimé ma petite histoire ? Je n'ai pas eu le temps de la finir, mais laisse-moi te rassurer. Elle se termine bien : la reine se décide enfin à descendre de sa tour et une partie de ses livres a même pu échapper au carnage du chevalier vampire !

Puis, craignant la rancune de la reine en question, il expliqua sur un ton d'excuse :

- Tu me manquais, je n'ai pas pu attendre jusqu'à ce soir...

En vérité, il avait prévu depuis un moment sa visite à la bibliothèque mais, connaissant sa nature peu rancunière et facile à émouvoir, il devina que ses justifications suffiraient à pardonner l'autodafé sanguinaire. Il remonta alors sur son cheval et lui adressa un sourire enjôleur, avant de lui tendre la main pour l'aider à monter derrière lui. Le destrier noir partit alors au galop, transportant le couple à travers le domaine niebien pour ensuite parcourir les terres neutres.

Enfin, Alucard fit s'arrêter sa monture pour sauter à terre. Il attendit que le deuxième passager descende à son tour, puis lui prit la main, entrelaçant ses doigts dans les siens, et avança d'un pas tranquille au milieu des hautes herbes de la plaine.

- Je sais que je ne peux attendre de toi une mémoire aussi vive que la mienne, mon amour insouciant, mais j'ose tout au moins espérer que tu devines la raison pour laquelle j'ai choisi de nous conduire ici. Enfin, au delà du plaisir évident de contempler avec toi cette étendue verte tout à fait... banale et sans intérêt.

C'était l'anniversaire de leur rencontre, un de plus. Alucard écouta sa réponse avec attention, puis poursuivit leur promenade en silence pendant quelques temps. Il s'arrêta alors pour lui faire face et reprit d'un air sérieux, les yeux plongés dans les siens :

- Ta crédulité affligeante, ta gentillesse excessive, ta maladresse embarrassante, ton humilité déplacée et ta pénible manie à décliner mes défis, tes défauts innombrables m'ont mis hors de moi dès nos premiers échanges. Par la suite, je m'en suis amusé, souvent à tes dépends. Puis, j'ai appris à les respecter et même à les comprendre... un peu. Aujourd'hui, je les aime, autant que les qualités qui te rendent si unique et précieux à mes yeux. J'aime tout ce qui te caractérise, et ta compagnie me comble, malgré nos désaccords récurrents. Non, pas malgré : elle me comble entre autre pour nos désaccords. Et j'aimerais que tu fasses durer ce bonheur...

Tout en parlant, il lui avait pris les mains, les serrant avec ardeur. A la fin de sa déclaration, il posa un genoux à terre, et demanda :

- Mythril, veux-tu m'épouser ?

La main de l'elfe dans la sienne, il sortit de sa main libre une petite boite de sa poche et l'ouvrit pour la tendre vers lui. La bague qui y trônait était sertie d'un saphir jaune, et Alucard s'en inquiéta soudain. Il ne put s'empêcher de préciser :

- Euh... Quoi que tu décides, ne la mange pas s'il te plaît.

Cela n'aurait pas été la première fois que son amant mangerait une pierre précieuse dont il lui faisait cadeau...

Comme il a été dit plus tôt, nous voici plongé dans un des cauchemars d'Alucard et ainsi le caractère des personnages peut ne pas être celui de la réalité calyptienne. Le jeune elfe d'or en est une belle preuve : le voilà qui était en train de lire, bon okay jusque là pas de différence avec la réalité, mais alors que des marques de sang venaient à saccager ses précieux livres sa réaction allait prouver que ce n'était pas le vrai Mythril.
Plusieurs têtes se levèrent et questionnèrent le maitre des lieux du regard, cherchant le pourquoi du comment les biens publics étaient abimés de la sorte. Un soupir de mécontentement et le voilà qui se levait pour aller réprimander l'auteur d'un tel massacre.
Lorsque les portes s'ouvriraient, le vampire pourrait tomber sur une vieille fille assez repoussante qui le fixerait les larmes aux yeux en disant.

- Je vous pardonne mon aimé!

Mais alors qu'elle allait s'élancer vers le chevalier de ses rêves, la voix douce mais contrariée d'un jeune homme vint lui titiller les oreilles, incrédule elle se retourna pour voir un magnifique jeune elfe aux longs cheveux dorés mais dont le fin visage était tiré par des traits contrariés.

- J'espère que vous avez une bonne raison d'avoir dégradé le matériel public monsieur le preux chevalier... ou sinon je ne donne pas cher de votre peau face à la colère des reines.

Dit-il les mains sur les hanches pour appuyer son mécontentement. Il laissa passer un peu de temps pour écouter les excuses plutôt mauvaise de l'homme qui se dressait devant lui avant de pousser un autre soupir et d'effacer cet air si sévère de son doux visage.

- Tu me manquais, je n'ai pas pu attendre jusqu'à ce soir...

Ce fut la phrase de trop qui le fit craquer et toutes ses résolutions pour punir son effronté d'amant disparurent bien, voilà qu'un grand sourire se dessinait sur ses lèvres et il descendit les marches qui le séparaient du sombre chevalier. Il accepta d'ailleurs la main tendue par le chevalier pour l'aider à monter sur le cheval et se laissa guider sous les yeux ahuris de la pauvre folle qui les regardait s'éloigner sans vraiment comprendre ce qu'il se passait.
Au bout d'un certain temps ils arrivèrent à destination dans le désert d'herbe, là où ils c'étaient rencontré pour la première fois et que le vampire avait failli mordre le pauvre dragon alors déguisé en pégase.

- Quelle question idiote monsieur Alucard! Bien sur que je me souviens de ce lieu et pourquoi il est si important... C'est ici que nous nous sommes rencontrés... Mais je ne comprends pas pourquoi m'avoir amener ici... in désir de nostalgie peut être?

Et voilà que le vampire était en train de faire la liste de ses points forts comme de ses défauts ce qui fit rire le dragon d'or qui ne voyait pas encore pourquoi son vis à vis semblait si tendu et si franc en ce moment... une sortie en couple ne devait pas être aussi solennel et voulu en faire part à sa moitié lorsque celle-ci lui posa la question que tout le monde attendait.

- Mythril, veux-tu m'épouser ?

Mettant alors ses deux mains sur sa bouche et un air ahuri, les yeux en grand et la bouche grande ouverte il ne su pas vraiment quoi répondre avant un bon moment, le choc avait été rude et la surprise énorme. Puis reprenant ses esprits devant un Alucard à sa merci, un genou au sol qui attendait inquiet sa réponse il prononça un léger "oui" avant de s'écrouler au sol tout en acceptant la bague en présentant sa main, après tout c'était au fiancé de la lui mettre.

Soulagé par la réponse de son fiancé, et également par la survie de la bague de fiançailles, Alucard passa cette dernière au doigt de Mythril et jeta négligemment la boite derrière lui. Soulevant dans ses bras son compagnon défaillant, il lui adressa un sourire charmeur :

- Eh bien, je suis ravi que tu aies pris la bonne décision, mon tendre amant. Et également que ma "façon d'apprécier un ami" soit à tes goûts...

Gloussant au souvenir de leur rencontre, à laquelle il s'était promis de tuer cet imbécile de poney à plumes insolent, le chevalier vampire porta sa promise jusqu'au cheval noir. Montant à son tour le sombre destrier, il se tourna vers Mythril :

- Allons annoncer puis célébrer nos fiançailles avec notre futur prêtre. Je souhaiterais dès maintenant lui recommander sa présentation pour la cérémonie : je ne voudrais pas être marié par un renard....

Tandis que le couple se dirigeait à cheval vers leur ami commun, le paysage changea et Alucard se trouvait désormais dans le domaine du Sahoc, au beau milieu de la plaine des duels. A sa droite, un portail ensanglanté laissait apparaitre les portes d'une église. La vue du lieu saint rendit Alucard plus nerveux encore, mais il ne pouvait s'en prendre qu'à lui même : c'était lui qui avait insisté pour un mariage chrétien...
Il avait donc dû préciser avec véhémence au prêtre de ne pas bénir son alliance, malgré les usages de la tradition. Il espérait d'ailleurs que la nature malicieuse de ce dernier n'avait pas pris le dessus et qu'il n'avait pas songé à la "plaisante" farce que serait l'échange d'alliance suivi de ses cris de douleur sous la brulure de la bague bénie... De même, pour des raisons évidentes, il avait dû demander à ce que la phrase "jusqu'à ce que la mort vous sépare" soit remplacée. Le vampire jura intérieurement, songeant qu'il aurait été plus prudent et plus sage de choisir lui-même la tournure de la phrase plutôt que de laisser la décision à son prêtre à l'imagination tordue.

Alucard contemplait depuis quelques minutes un miroir tenu devant lui par une jeune femme, perdu dans ses réflexions devant le verre qui ne reflétait pas son image. Après un soupir d'anxiété, il leva les yeux vers Seras Victoria, sa fille vampirique qu'il avait obligée à venir pour l'occasion. Omettant "involontairement" de lui préciser que son allé serait simple, l'empire Calypta étant impossible à quitter une fois ses terres foulées... La jeune femme lui sourit, le regard admiratif devant le chevalier en armure à la chevelure inhabituellement soignée :

- Vous êtes parfait, Maître !

- Je sais. Pourquoi as-tu amené avec toi un appareil photo ?

- Eh bien... pour prendre des photos.

La jeune femme le regardait d'un air ahuri.

- Je n'apparais pas sur les photos...

La vampirette ouvrit bêtement la bouche, grimaçant de son erreur, puis tenta un sourire consolateur :

Spoiler:

- Mais votre fiancé, lui, sera visible, dessus ! De même que les invités...

- A supposer que mon intérêt se porte sur quelqu'un d'autre que moi, comment comptes-tu faire développer les photos ici ?

Seras écarquilla les yeux, le visage figé dans une expression d'incrédulité particulièrement stupide.

- Euh... Haaa, c'est l'heure !

Pressant le pas au son de la marche dont les premières notes venaient de résonner, la jeune femme courut vers le portail ensanglanté qui s'ouvrait devant les portes de l'église et attendit impatiemment que son maître ne la rejoigne. D'une démarche hésitante, Alucard approcha jusqu'à son élève et traversa avec elle le portail. Prenant le bras de Seras, qui avait accepté, en plus de son statut de témoin, le rôle d'accompagnatrice pour le suivre jusqu'à l'autel, il ouvrit les portes de l'église et avança vers son prêtre.

Le vampire sourit à Ryu, qui avait pris une apparence conforme à ses recommandations. Le prêtre renard lui avait été épargné. Il se tourna ensuite vers l'assemblée, attendant impatiemment l'arrivée de Mythril. Il chercha du regard quelques visages familiers parmi la foule et parvint à croiser le regard de connaissances : Milly -à moins que ce ne soit Nausicaa, il n'était pas sûr-, Tayla, Jennie -qui observait d'un oeil curieux l'appareil photo de Seras-, Néo, Sheena, William...

Alucard ricana : parmi tous les invités présents, aucun n'était assis du côté de ses invités. Ils faisaient tous partie des invités de Mythril, le vampire n'ayant ni famille ni autres amis que Ryu et Seras...
L'arrivée de son fiancé coupa court à son amusement distrait, et il se figea d'angoisse lorsque celui-ci le rejoint.

Une marche nuptiale entonna alors et ce fut au tour de Mythril d’arriver. Lorsque les deux futurs époux furent enfin devant lui, le prêtre prit la parole.

Mes chers frères, mes chères sœurs, vous tous bien-aimés amis,
bienvenus en ce jour béni dans la maison du Christ.
Nous sommes réunis ici, en la présence de Dieu et de cette
assemblée, pour unir ensemble ces deux êtres dans le saint
sacrement du mariage.

Ryu lut alors un texte de sa bible et fit une homélie.


Aussi mes amis, ces deux êtres ici présents sont venus pour êtres unis
dans cet état, et tous deux ne feront plus qu’un devant l’Éternel, et ne
pourront être séparés. C’est pourquoi, si quelqu’un peut prouver qu’il
y a quelque juste empêchement à ce mariage, qu’il le dise à présent,
ou qu’a l’avenir, il se taise à jamais !

Le prêtre fixa l’assemblée, laissant planer un court instant de silence, avant de revenir aux deux amants. Leur posant les questions rituelles.

Mythril et Alucard, vous avez écouté la parole de Dieu qui révèle la
grandeur de l’amour et du mariage, vous allez vous engager l’un à l’autre.
Est-ce librement et sans contraintes ?

En vous engageant dans la voie du mariage vous vous promettez amour
mutuel et respect. Êtes-vous prêts à accueillir les enfants que Dieu vous
donne et à les éduquer selon l’évangile du Christ et dans la foi de l’église ?

Ryu tourna alors la tête vers Mythril, lui souriant d'un air malicieux.

Mythril, voulez-vous prendre Alucard, Dracul Vlad III Tepes Basarab,
Dracula, Prince de Valachie, ici présent pour époux ? Promettez-vous de
lui obéir, de le servir, de l’aimer, et de l’honorer, et de lui rester fidèle,
dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie,
pour tous les jours de votre vie ?

Il se tourna ensuite vers Alucard et lui demanda à son tour.

Alucard, voulez-vous prendre Mythril, Poney à Plume briseur de Calice et
Roi des Dragons d’Or, ici présent pour épouse ? Promettez-vous de l’aimer,
de la chérir, de l’honorer, et de la garder, dans le bonheur et dans les épreuves,
dans la santé et dans la maladie, pour toutes les nuits de votre non-vie ?

Écoutant les réponses, le changelin leur tendit ouvert un petit coffret où attendaient les deux alliances, ainsi qu'une paire de chaussettes (ne me demandez pas ce que les chaussettes font là c’est le rêve d’Alucard) et invita le couple a se faire leurs vœux en se passant les anneaux. Ryu entama alors deux prières pour bénir cet union..

Prions Dieu..

Que l'homme ne sépare point ce que Dieu a unis.

Alors Ryu joignit les mains droites de Mythril et d'Alucard, et anonça d'une voix claire, s'adressant aussi bien a l'assemblée qu'aux nouveaux époux.

Par les pouvoirs qui me sont conférés, je déclare ces deux êtres Mari et
Femme, au nom du Père, du Fils, et du Saint Esprit, amen !

...Vous pouvez embrasser la mariée !



Dans l'assemblée, Sheena commença à verser quelques larmes, émue par le bonheur du jeune couple. Et William lui tendit un mouchoir, l'air blazé par l'émotivité de la jeune femme.

Les quelques jours qui précédèrent le mariage le dragon d'or était retourné dans son château pour se préparer au milieu de tout ceux qu'il connaissait, qui le conseilleraient et le rassureraient sur les évènements qui allaient se passer. Il en profita aussi pour terminer les quelques petites retouches qu'il devait faire pour ses habits de cérémonie. Cian et Relyk étaient là aussi ainsi qu'Améthyst qui avait miraculeusement abandonné l'idée de tuer son neveu et c'était même montré en oncle modèle.
Il fit maintes tentatives pour calmer ses angoisses toujours plus grandissantes au fur et à mesure que le jour du mariage se rapprochait, Relyk l'avait d'ailleurs grandement aidé en l'assommant d'un coup de poing en pleine tête, mais au moins ça avait marché car le dragon dormait paisiblement et on pu souffler l'espace d'un jour.
Le jour tant redouté arriva et ce matin il finissait de se préparer avec l'aide de quelques serviteurs, il enfila sa chemise blanche aux bordures dorées et aux nombreux motifs draconiens brodés dans les mêmes tons et fini par rajouter quelques éléments de parure faits de cristaux et d'or.
Il était enfin prêt et alors que tous les invités étaient déjà présents : il voyait son oncle se retenir de pleurer dans les bras de Relyk, Cian prenait des photos de tout et de rien, il reconnu aussi quelques figures dans la foule comme Neo, Milly, Archess ou encore ses amis d'enfance. Il était à la porte de l'église lorsqu'une peur commença à lui tirailler les intestins : avait-il fait le bon choix? Méritait-il vraiment ce chevalier?
Il s'assit alors sur l'un des bancs devant l'énorme battisse pour reprendre contenance faisant ainsi attendre tout le monde. Il regardait avec tristesse son bouquet de lys blancs lorsqu'une ombre apparu et une imposante personne vint s'assoir à ses cotés, cette personne il la connaissait tellement bien qu'il avait pu deviner qui elle était sans la regarder : un homme d'âge mur aux longs cheveux blonds dorés, un regard dur mais pourtant si apaisant, une mince barbe parée d'une moustache tout aussi dorée que ses cheveux, un diadème où trônait fièrement une pierre précieuse sur le front et une imposante carrure enveloppée par une armure cérémoniale constituait cette personne qui n'était autre que son grand père, le dragon d'or connu sous le nom d'Adamant.
Il lui avoua ses craintes et l'imposant personnage au bout d'un certain temps fit reprendre contenance au pauvre futur marié qui se fit escorter à ses bras.
Quelques jeunes filles de Calypta lancèrent alors des fleurs pour ouvrir la marche sur l'aire fort connue, suivi du marié en blanc au bras de son grand-père, après un jeune homme portait un coussin sur lequel était le coffre qui contenait les deux alliances, enfin la marche se terminait par deux autres jeunes résidentes de Calypta qui lançaient elles aussi des pétales.
Le vieil homme fixait durement le chevalier, lui lançait des menaces implicites si celui-ci osait faire du mal au jeune dragon qu'il accompagnait, de quoi mettre le pauvre marié mal à l'aise.
Il lâcha alors le bras de la mariée qui se planta devant son futur époux, son regard était caché par un voile blanc, il avait évité la robe mais pas le voile mais ça ne le gênait pas vraiment, d'autant plus qu'il lui permettait de ne pas être ébloui par les flash de l'appareil photo de Cian qui c'était mise en mode paparazzi.
Il écouta alors le discours du Ryu prêtre attendant la question fatidique qui arriva bien plus vite qu'il ne le cru et se fut à son tour de dire le « oui » qui fut tout de même un peu hésitant.
Vint ensuite le moment où il fallu faire ses vœux, il prit alors une profonde inspiration et les larmes au bord des yeux commença sa tirade.

- Cette alliance est le symbole de mon amour et de ma fidélité. Ce métal est des plus précieux, c’est un cercle qui n’a ni début ni fin. Mon amour est semblable à cet anneau d’or, inaltérable et sans fin. Que cette alliance orne ta main tout comme ton amour illumine mon cœur.

A partir de cet instant, je m'engage à être à tes cotés en toutes circonstances, à partager tes ombres et ta lumière et à te donner le meilleur de moi-même.
Cette alliance est le symbole de mon amour et de ma fidélité.
Que cette alliance orne ta main tout comme ton amour illumine mon cœur.

En disant cela, il mit l'anneau au doigt de son mari, tout en laissant échapper une larme qui ne fut pas remarquée grâce à ce voile. Il ne compris cependant pas pourquoi une chaussette était là aussi mais accepta, cela devait être une coutume de chez son mari. Il attendit alors le tour de son chevalier noir qui une fois ses vœux terminés écouta enfin la conclusion du prêtre.

«O Dieu éternel, dispensateur de toutes grâce spirituelle, et source de vie éternelle, fait descendre ta bénédiction sur ces deux êtres si différents, tes serviteurs, que nous bénissons en ton nom, afin que, comme Isaac et Rébecca vécurent fidèlement ensembles, ces personnes aussi puissent, avec fidélité, accomplir le vœux et la promesse qu’ils viennent de se faire l’un à l’autre, ce dont cet anneau, réciproquement reçu, est le gage de l’assurance, et qu’ainsi ils demeurent toujours ensembles dans un amour parfait, par Jésus Christ notre seigneur, amen. »

Il attrapa alors sa main pour la joindre à celle d'Alucard et la mariée se mit alors bien en face de son mari, attendant la fin du serment.

Alors qu'Alucard songeait aux restrictions plus nombreuses qu'il aurait dû émettre quant à la forme du changelin pour la cérémonie, la voix de sa promise le tira de ses réflexions. Il sourit en écoutant Mythril, habituellement si discret et réservé dans leur relation, partager ouvertement ses sentiments devant toute l'assemblée. Son sourire s'affaissa légèrement toutefois à la vue du parent de son aimé, dont le regard menaçant ne quittait pas ses prunelles pourpres. Il commençait à s'en énerver et à y répondre d'un regard similaire, quoique plus inquiétant, lorsque son tour fut venu de réciter ses voeux.

- J'ai longtemps pensé que la pureté de ton âme, par trop éblouissante pour un être maudit tel que moi, ne pourrait que s'assombrir au contact des ténèbres qui m'habitent. Quelle présomption que d'avoir sous-estimé la force d'une telle bonté et grandeur d'âme... Aujourd'hui, je sais. Je sais avec certitude que la lumière qui émane de toi surpasse et surpassera toujours mes ombres, parce que j'en ressens constamment la chaleur, m'insufflant chaque instant auprès de toi un nouveau souffle de vie, la vie que je n'aurais autrefois jamais rêvé respirer à nouveau.

Ton amour est la force qui me pousse à m'améliorer, et si je suis conscient de ne pas mériter l'attachement d'un homme tel que toi, tout au moins puis-je te promettre de m'évertuer chaque jour à m'en rendre plus digne, et à t'aimer éternellement. Puisse notre union t'apporter le bonheur que je te veux et que tu mérites, comme je sais qu'elle m'apportera la joie que tu m'as jusqu'alors toujours procurée.

Le chevalier prit doucement la main de son fiancé et para son annulaire de l'alliance d'or. Fier de l'union qui était désormais presque scellée, il adressa un sourire arrogant à l'accompagnateur de Mythril, puis écouta sagement son prêtre. Enfin, Ryu-Anderson prononça les mots fatidiques, et Alucard put soulever le voile de la mariée pour l'embrasser, ne libérant sa bouche qu'après maints raclements de gorge insistants. Le vampire ne sut pas si le parent de son aimé faisait partie des invités ayant manifesté leur gêne, mais il lui sourit tout de même d'un air narquois, avant de traverser l'allée auprès de son dragon.

Lorsqu'il sortit de l'église, il aperçut avec un étonnement vite remplacé par un amusement sincère ses deux invitées manquantes. Les demoiselles qui auraient dû remplir les bancs du marié étaient toutes deux en plein combat, s'affrontant à mains nues dans d'élégantes robes déjà déchirées par endroits. Le vampire ne put réprimer un gloussement à la vue de leur chevelure en bataille. Sans plus se soucier du duel féminin, il partit d'un pas serein vers la salle de bal, main dans la main avec son amant.

Sur Calypta, la coutume voulait que les mariés déballent leurs présents devant l'assemblée, ce qu'il fit aussitôt l'ensemble des invités regroupés. Enfin, l'ensemble des invités moins ses deux plus jeunes disciples, que Seras n'avait apparemment pas réussi à séparer... Le couple nouvellement marié ouvrit à tour de rôle les cadeaux, qui semblaient innombrables. Alucard fut impressionné par la foule de proches avec lesquels son calyptien était parvenu à se lier, en découvrant l'ampleur à mesure qu'il dénouait les nœuds des paquets.

Alors que Mythril s'apprêtait à ouvrir une boite joliment présentée, le chevalier surprit le sourire ravi de Sicaa, et arracha brusquement des mains du dragon le présent suspicieux. Il s'excusa d'un sourire désolé et mentit :

- Euh, pardonne-moi, c'est juste que Sicaa m'a fait signe de le déballer moi-même, celui-là...

S'arrangeant pour déballer le cadeau de façon à ce que le contenu ne soit vu de personne d'autre que lui, le vampire ne put s'empêcher de grimacer à la vue de la partie dont la demoiselle avait choisi d'amputer un cheval pour la lui offrir.

- ... C'est tellement attentionné de ta part, Sicaa, tu n'aurais pas dû....

Foudroyant la jeune femme du regard, il cacha discrètement la boite sous le tas de paquets déballés pour se tourner vers Mythril et détourner son attention :

- Et si on entamait le repas, mon aimé ? J'étais un peu tendu ces derniers temps, je n'ai pas beaucoup bu et je ne voudrais pas avoir à en indisposer certains de nos invités....

Il lança de nouveau un regard noir à Sicaa, sous-entendant ostensiblement l'invitée qu'il "indisposerait" en premier s'il lui fallait assouvir la moindre soif.