Le savoir du dragon d'or [sujet terminé]

Tout en descendant de sa monture, Arwen se prit à espérer qu'aucun des deux arrivants ne confonde Mythril avec une femme, comme elle-même en avait fait l'erreur à leur rencontre. A coup sûr, le dragon d'or penserait qu'elle avait monté un coup pour l'humilier. Elle passa devant les deux hommes et entra la première dans la bibliothèque blanche. C'était la première fois qu'elle en passait les portes. Elle se dirigea vers l'elfe blond et tenta un sourire amical :

- Bonjour, seigneur Mythril. Pardonnez-moi, je ne viens pas pour les livres, tout du moins pas directement. Je viens de faire la rencontre de deux nouvels arrivants natifs d'un monde commun. Ils sont un peu perdus et souhaiteraient des renseignements sur l'empire, ses coutumes et son histoire. Moi-même ne suis pas originaire de Calypta et ai passé la plupart de mon temps à combattre avec Maître Néo, j'ai pensé que vous seriez plus à même de répondre à leurs questions... Puis-je les amener à vous ?

Elle désigna du regard le jeune amnésique et son compagnon blond, puis reporta ses yeux d'azur dans ceux du dragon.

Mythril était quand à lui en train de bouquiner lorsqu'une blonde entra dans son bureau, il se leva pour la saluer poliment avant que celle ne lui demande de l'aide. C'est en bon dragon d'or et surtout en bon gentlemen qu'il accepta tout volontier d'agréer à sa demande. Affichant un franc sourire, il invita celle-ci d'un geste de la main celle-ci à s'assoir lorsque surpris par ses propos porta alors son regard or et azuré sur les deux inconnus resté dans l'embrasure de la porte. Il leur fit un sourire sincère avant de les inviter à se joindre à eux.

- Hahaha mais bien sur que je peux vous aider dame Arwen, je serais heureux de pouvoir vous être utile et de faire partager mon savoir est un immense plaisir pour l'érudit que je suis!

Dit-il dans un grand rire, puis de derrière les deux hommes restés en retrait une jeune femme en costume fit entendre son mécontentement devant le bruit que faisait le maitre des lieux qui, gêné, fini par se faire tout petit.

- Avec tout le respect que je vous dois... SHUT!

Il invita alors les deux jeunes hommes à entrer dans sa pièce et referma la porte pour ne laisser passer aucun bruit tout en s'excusant auprès de son employée pour les désagréments provoqués. Il alla ensuite de rasseoir sur son fauteuil en face de ses trois nouveaux camarades de lecture.

- Je comprends qu'il peut être assez troublant de se trouver téléporter dans un monde que vous ne connaissez pas, c'est pourquoi j'accepte volontier d'être votre guide! Bon commençons par le début... quel est votre nom mes bons amis?

Il fixa alors les deux petits nouveaux sans jamais effacer son sourire de son visage.

A peine eu-je fermé les yeux que je dû m'assoupir, car je fis un étrange rêve : je volais depuis mon lit jusqu'à la porte de l'hôpital, et me cognais violemment à celle-ci avant que Dame Arwen ne revienne sur ses pas pour me l'ouvrir... Lorsque je rouvris les yeux, mon fidèle ami descendait de notre monture commune. Je me frottai la tête et sautai à mon tour. J'avais dû beaucoup remuer pendant mon sommeil, car j'avais mal à l'endroit même où j'avais rêvé m'être cogné. J'étais un peu surpris de me trouver déjà devant la bibliothèque blanche alors que je n'avais aucun souvenir de m'être déplacé jusqu'ici. Je supposai que mes compagnons m'avaient laissé dormir à cheval, craignant de me réveiller. Leur attention me toucha, et je leur souris gaiement.

Nous entrâmes tous trois dans le bâtiment, et mon ami et moi patientâmes jusqu'à ce qu'une jolie jeune femme nous invite à nous asseoir dans une salle close. Elle aussi était vêtue comme un homme, je compris alors que cette singulière manie vestimentaire était donc commune à la plupart des dames de Calypta. Je pris place, et elle nous demanda nos noms. Je me relevai aussitôt pour m'agenouiller avec empressement devant elle et lui prendre la main, m'exclamant :

- Je suis le Prince Floriant. Vous me voyez ravi de faire votre connaissance, Dame Mythril !

J'embrassai sa main comme le voulait la coutume, puis me rassis à ma place, radieux. Dame Arwen et la guérisseuse campagnarde m'avaient donné une impression assez hostile des femmes de l'empire. Mais à regarder Dame Mythril, je retrouvai confiance en l'espoir de trouver sur ces terres une demoiselle douce et gracieuse.

Märchen quand à lui ne bougea pas, même lorsque l'étrange apparition l'en invita. Il resta là, complétement coi sans trop savoir que faire. Il leva la main qui gardait sa précieuse poupée pour mieux l'observer, mais bien sur! La ressemblance entre le propriétaire des lieux et cette poupée ne pouvait être une coïncidence! Alors que le prince Florient se présenta à lui, le musicien avança doucement sans quitter la silhouette du regard. Trop obnubilé, il ne su quoi répondre mais fini par attraper la main de cet elfe, maintenant qu'il était assez près de lui il pouvait voir ses longues et fines oreilles pointues.
Il ne bougeait pas, trop sidéré par ce qu'il voyait puis sans trop savoir pourquoi, il prononça doucement un léger "Elisabeth...". Puis comprenant enfin le sens de ses paroles il fini par s'excuser.

- Je suis désolé seigneur Mythril! Dit-il en lui lâchant soudainement sa main, honteux de son geste si familier. Je ne voulais pas vous gêner, pas plus que mon imbécile de seigneur!

Dit-il en se tournant vers Floriant qui souriait encore comme un idiot. Il le fixait et s'il l'avait pu on aurait pu le voir rouge de honte et de colère. Il adressa alors à celui-ci, essayant autant qu'il pu de ne pas trop être désagréable avec lui.

- N'avez-vous donc pas remarquer que notre hôte était un homme seigneur Floriant, je vous prierais de vous excusez sur le champs de cette méprise pour ne pas nous attirer d'autres soucis...

Puis il se tourna alors de nouveau vers l'elfe qui était debout maintenant. Mais sans trop savoir pourquoi, ses jambes avancèrent contre son gré, avançant lentement l'une devant l'autre en direction de l'elfe blond qui ne bougeait pas d'un pouce, trop étonné pour faire quoi que ce soit et bout d'un certain temps qui paru long, il fini par enlacer le blondinet debout aussi droit qu'un "i" et qui ne devait pas comprendre ce qui se passait.
Le mort qui l'enlaçait avait quand à lui fermé les yeux et une image d'une jeune femme blonde ressemblant étrangement à ce Mythril lui apparu, celle-ci rigolait du même sourire que cet elfe en laissant échapper un léger "Mär...". Il se mit alors à chuchoter à l'elfe qui devint rouge pivoine.

- Je vous ai retrouvé Elisabeth... je trouve enfin votre réincarnation et cette fois-ci je promets de respecter notre promesse...

Arwen alla s'asseoir auprès du prince, soulagée par l'attitude accueillante du dragon d'or. Finalement, lorsqu'elle ne débarquait pas par surprise dans sa chambre ni ne lui tombait littéralement dessus, leurs rencontres se passaient plutôt bien. Elle remarqua avec étonnement l'immobilité du jeune défunt, qui semblait figé... mais de quoi ? De stupeur ? De timidité ? De peur ? Inquiète, elle lui adressa un regard interrogateur et l'invita d'un geste de la main à la rejoindre, mais l'amnésique ne réagit pas. Ou plutôt pas comme elle s'y attendait : se désintéressant du fauteuil qui lui était proposé, il leva sa poupée abimée et observa alternativement Mythril et le jouet brisé.

Le dragon incita les deux garçons à se présenter, ramenant l'attention de la kendoka sur la conversation. Le défunt ne lui avait pas donné de nom, elle attendit sa réponse avec le même intérêt que Mythril, quoi qu'elle se sentit un peu gênée pour l'amnésique : se souvenait-il seulement de son nom ? Mais l'occasion de l'apprendre fut gâchée par Floriant, qui agit exactement tel qu'Arwen l'avait redouté. Non, ce fut même pire, car en plus de s'adresser au bibliothécaire comme à une demoiselle, il poussa la "galanterie" jusqu'à lui faire un baise-main ! La jeune femme se couvrit le visage de ses deux mains, rouge d'embarras.

Heureusement, le mort-vivant intervint en faveur du dragon, exigeant des excuses de la part du prince benêt. Reconnaissante de la preuve qu'il venait de donner qu'elle n'avait pas comploté pour taquiner le dragon, elle écarta les mains de son visage et releva les yeux. Reprenant contenance et voyant que Floriant semblait tout étonné des exigences de son ami, elle insista sévèrement :

- Votre ami a raison, Floriant, vous devez des excuses au seigneur Mythril.

Elle foudroya du regard le souverain pour l'inciter à obéir, furieuse de sa méprise, bien qu'elle même ait fait la même confusion... Le prince finit par s’exécuter, et Arwen put se détendre enfin. Du moins le crut-elle, mais son soulagement fut de courte durée car peu après, le mort-vivant approcha le dragon pour l'enlacer soudainement, à sa grande stupeur. Elle n'y comprenait plus rien. Que Floriant agisse bêtement, cela allait de soi. Mais que l'amnésique se conduise aussi étrangement, c'était le comble de l'ironie.

Arwen se tourna de nouveau vers Floriant pour le menacer du regard. Sa bêtise était donc contagieuse ?! Puis, elle se leva et ouvrit les paumes de chaque coté pour hausser les épaules, signifiant silencieusement à l'elfe qu'elle ne comprenait pas plus que lui cette réaction. Elle n'osa toutefois pas intervenir et se contenta d'observer Mythril, prête à lui venir en aide s'il lui en faisait signe.

Mythril entendit en premier lieu le prince se présenter, et se fut toute information qu'il eu sur eux. Les choses se dégradèrent bien assez vite et alors que le dénommé se voulait courtois, il fut pour notre elfe blond source de fureur qu'il préféra contenir. Non content de l'appeler dame Mythril, celui-ci s'autorisa un baise-main qui failli étouffer le dragon sous la colère. Il se mit à fusiller Arwen du regard, pensant que c'était encore un de ses tours pour se moquer de lui mais en regardant son regard sincère il fini par balayer cette idée de sa tête.
Il se calma lorsque l'inconnu tout de noir vêtu pris même sa défense, au plus grand bonheur de la kendoka et du dragon mais cette douce félicitée ne fut que de courte durée puisque celui-ci, pris peut être d'un accès de démence se mit à l'enlacer comme deux personnes qui c'étaient perdues de vue depuis un grand nombre d'années. Le dragon ne bougea pas, il senti toute la détresse du musicien et préféra ne pas l'enfoncer. Il resta donc stoïque, ne sachant vraiment que faire tout en implorant la demoiselle du regard pour que celle-ci lui vienne en aide mais peine perdue, celle-ci restait tout aussi pétrifiée que lui.
Au bout d'un moment qui leur paru surement long, ou peut être pas pour le prince idiot qui semblait à mille lieux de là où ils étaient, le prince dragon fini par prendre la parole un peu gêné.

- Je, je crois que vous faites erreur mon bon ami... Je ne connais d'aucune manière cette Elisabeth, je suis né ici, en Calypta, et je ne vois pas comment j'aurais put être la réincarnation de cette jeune femme.

Il ne bougea pas pour autant, attendant que cette étrange personne décide de le libérer. Puis se reclant la gorge il préféra continuer comme si de rie n'était, comme s'il n'avait pas un musicien ténébreux accroché au cou.

- Donc je veux bien vous apprendre quelques trucs sur Calypta! Vous avez frappé à la bonne porte pour cela. Donc je suis LE Seigneur Mythril et je serais ravi de vous aider. Seigneur Florient, monsieur l'inconnu en noir, je vous écou-

Mais il ne pu finir sa phrase qu'un "Mär" lui fut porté à ses oreilles. Apparemment l'inconnu començait à retrouver quelques uns de ses souvenirs.

Tandis que j'étais encore abaissé devant l'élégante bibliothécaire, mon plus fidèle allié s'indigna soudain, à mon grand étonnement. Je le regardai, abasourdi, tempêter à mon encontre comme il ne l'avait jamais fait. Battant des cils sous le choc du malentendu inconcevable dont fabulait mon camarade, je fus pris d'inquiétudes pour lui. Le pauvre était rouge de fièvre, bien que la Mort ait déjà pâli sa peau habituellement livide, et proférait des propos délirants. J'envoyai à ma guide un regard de détresse, ne sachant que répondre à cette accusation irréaliste. Mais à ma grande stupeur, celle-ci confirma les dires de mon sujet et réclama elle aussi d'un air sévère les excuses que je devais à la jeune femme... qu'il me fallait désormais considérer en homme ? Je me sentais perdu. Je bredouillais tout de même, soucieux de ne pas froisser mes compères :

- Bien sûr, je vous adresse mes plus plates excuses, Da-... Sieur Mythril ?

Indécis et peu sûr de moi, j'interrogeai Dame Arwen du regard et, voyant qu'elle n'ajoutait rien, retournai me rasseoir à ma place, souriant car ravi d'avoir retrouvé une ambiance chaleureuse. Mais voila que la seconde suivante, je découvrais avec ahurissement le ou la bibliothécaire enlacé(e) dans les bras de mon camarade, qui venait pourtant de me reprocher l'avoir traité(e) en Dame ! L'air dépité, je l'observais sans plus rien comprendre. Ce monde était bien plus complexe que ce à quoi je m'étais attendu... Les femmes s'habillaient en pantalon et maniaient l'épée comme de braves soldats, et les hommes prenaient des apparences délicates et s'enlaçaient mutuellement !

"Mär" ce nom résonnait encore dans sa tête, ce sera donc le nom qu'il empruntera sur ces terres en attendant de retrouver celui qu'il avait perdu. Il fini par desserrer l'étreinte qu'il avait faite sur l'elfe et fini par se mettre derrière l'une des deux chaises qui leur avait été offerte, laissant ainsi la possibilité à la jeune femme qui les avait si gentiment amenés ici la possibilité de prendre place dessus. Il écouta d'un oreille distraite ce que disait le blond, trop occupé à remarquer les similitudes entre les deux êtres.
Puis il fini par poser une question, il avait certes retrouvé son Elisabeth mais il n'avait pas terminé ce qu'il était venu chercher pour autant, se rappelant des lignes qu'il avait lues dans le livre laissé dans le village il formula sa requête, prêt à en apprendre d'avantage.

- En arrivant sur ces terres, je n'ai pu m'empêcher de chercher quelques informations et j'y ai découvert une bien étrange histoire : un peuple massacré par l'un de ses représentants, une jeune femme au cœur brisé, une vengeance des plus meurtrières ayant engendré une guerre atroce... Pouvez-vous m'en parler un peu plus?

Il fixait l'elfe blond bien droit dans les yeux, plus rien n'avait d'importance maintenant. Il serra aussi fort qu'il pu la poupée déjà là bien malmenée, attendant patiemment la réponse.

- J'aimerais savoir ce qui c'est réellement arrivé à cette dragonne et son peuple...

Arwen se sentit soulagée lorsque le sombre invité qu'elle avait amené à Mythril lâcha enfin ce dernier et alla s'asseoir. Elle ne comprenait pas bien en quoi le dragon avait réveillé ses souvenirs, mais après tout, le plus faible stimulus pouvait atteindre la mémoire, et s'il commençait déjà à se rappeler quelques détails, c'était encourageant. Cela le lui sembla encore plus une fois qu'il eut fini d'enlacer le bibliothécaire toutefois. La situation l'avait embarrassée, elle était indirectement responsable de la gêne qu'avait dû ressentir Mythril, et regrettait de représenter pour lui une compagnie de mauvaise augure.

Redevenu le jeune homme distingué qu'il avait été avant de s'approcher plus intimement de son guide, l'amnésique interrogea Mythril au sujet de l'histoire apparemment tragique d'un peuple exterminé par l'un des siens. Arwen attendit avec curiosité la réponse du bibliothécaire qui, très certainement, savait bien assez de Calypta pour répondre à ces questions. Mais l'homme sans nom insista :

- J'aimerais savoir ce qui c'est réellement arrivé à cette dragonne et son peuple...

La visage de la kendoka devint subitement livide. Une dragonne. L'inconnu parlait donc du peuple de Mythril lui-même, de l'extermination de sa race. Arwen savait qu'une guerre avait anéanti les dragons d'or, Néo ayant fait référence à cet épisode historique lors de l'une de ses leçons. Mais il n'était pas entré dans les détails, elle ne savait rien de plus. Elle leva un regard anxieux vers le pauvre bibliothécaire. Soudain, elle se leva et prit la main du prince à coté d'elle pour le diriger vers la porte.

- Prince Floriant ! Je viens de me souvenir un précieux indice qui vous était destiné, je ne le comprends qu'à présent ! Je suis autrefois tombée par hasard sur un livre, ici, qui racontait la légende d'une princesse ensorcelée par une terrible sorcière, attendant désespérément le secours d'un noble prince ! Il ne peut s'agir que de vous ! J'ai oublié le nom de ce livre et ses détails, mais je suis sûre que le destin vous guidera jusqu'à ses pages ! Allez donc le chercher dès maintenant, la vie d'une demoiselle passe avant vos recherches sur l'empire !

Elle poussa le jeune homme en dehors de la salle et referma la porte derrière lui. Elle s'inquiétait des sentiments de Mythril à l'évocation de l'histoire de son peuple, et préférait éloigner le prince maladroit en cet instant délicat. Elle resta près de la porte et n'osa pas retourner s'asseoir, son regard inquiet posé sur le dragon. Voulait-il qu'elle le laisse seul avec l'amnésique pour parler en privé de ce passé douloureux, ou bien au contraire comptait-il sur une présence amicale ? Arwen agirait selon sa volonté, mais espéra qu'il ne l'éloignerait pas. Elle-même voulait maintenant connaitre la réponse aux questions du défunt, et s'interrogeait sur le rôle qu'avait joué Mythril dans cette histoire. Avait-il combattu dans cette guerre lui aussi, et si c'était le cas, comment avait-il pu survivre quand tous les autres avait finis massacrés ? Avait-il connue personnellement la femme au cœur brisé mentionnée précédemment ?

Le musicien regarda d'un regard neutre la scène qui se passait sous ses yeux, mais à l'intérieur il était confus de la réaction de la demoiselle et ne comprenait pas pourquoi elle usait d'un tel stratagème pour éloigner Floriant de la conversation. Il porta alors son regard or vers celui or-azuré de son vis-à-vis et remarqua alors un trouble dans les prunelles reptiliennes du bibliothécaire qui passa sa main dans sa longue chevelure.

Il attendit patiemment lorsque le dragon décida enfin à parler après plusieurs tentatives infructueuses, il était devenu livide. Au moins comme cela on avait notre trio gagnant de personnes livides même si deux était à cause de la gravité des propos et que la dernière était juste à son état de non-vivant. Un léger ton hésitant se fit enfin entendre, brisant le silence gêné qui régnait en ces lieux.

- Cette dragonne était ma fiancée... morte par la main de mon oncle lors d'une bataille que j'avais créée pour anéantir cette menace qu'il était devenu.

Il s'écroula alors de tout son long sur son fauteuil, fixant le sol d'un air vide alors qu'une larme perla le long de sa joue pour finir sa course au sol. Il regarda la gouttelette d'un air ahuri alors qu'un pincement au cœur mort de Märchen se fit sentir, il n'aurait jamais du poser la question mais à ce moment-là il ne savait pas, il aurait voulu savoir pour ne pas faire de pareille gaffe.

Il afficha alors un sourire tout en s'excusant pour son comportement quelque peu gênant mais le musicien savait qui lui avait causé du tort sans le faire exprès. Il s'agenouilla alors devant l'elfe qui fut surpris et prononça quelques excuses alors que le blond secouait les mains en signe de négation.

- Je suis désolé de vous faire souffrir de la sorte, je ne savais pas...

- Non non non! Ce n'est pas votre faute mon bon ami! Pas plus qu'à dame Arwen! C'est un manque de chance voilà tout!

- Je voudrais faire quelque chose pour apaiser un peu vos tourments... à vous et à votre promise...

Il fixa alors le dragon d'or droit dans les yeux, un regard déterminé et ne bougea pas de sa position.

La conversation s'annonçait ma foi fort peu intéressante, bien que j'eus la délicatesse de dissimuler mon ennui et souris à mes compagnons pour les encourager à poursuivre comme s'il n'en fut rien. Je ne comprenais pas bien l'intérêt qu'ils trouvaient à parler de dragons sans mentionner leurs pourfendeurs, courageux princes bravant les pires dangers pour secourir les belles victimes des grands reptiles démoniaques. Mais enfin, mon cher ami semblait vraiment tenir à évoquer ce sujet, et je le voyais trop passionné pour trouver le cœur à lui gâcher son intérêt, tout futile qu'il fut. J'attendais donc sagement la réponse de notre guide lorsque soudain, Dame Arwen se leva et m'encouragea à la suivre auprès de la porte qu'elle m'ouvrait.

Le coeur battant et tout confus de la prédiction qu'elle me fit, je me laissai pousser en dehors de la pièce. Je n'en revenais pas du destin inattendu qui se présentait à moi alors que j'avais crains mes recherches inabouties ! Les larmes aux yeux, je levai un poing serré devant moi en signe de détermination. Voila que la chance me souriait alors même que mes espoirs avaient faillis !

Je me mis soudain à courir dans l'immense bibliothèque, passant parmi tous les couloirs de livres à la recherche de la section où se cachait le livre qui me guiderait à ma princesse. Les yeux pleins d'étoiles, je m'arrêtai enfin devant une grande étagère.

Légendes de Calypta

Je fondis brusquement sur le premier livre qui me tomba sous la main et le feuilletai rapidement, à la recherche de la fameuse illustration de demoiselle à secourir. Mais aucune image ne présenta ma promise, ni aucune autre scène de l'histoire que je poursuivais, d'ailleurs. Je le lâchai à terre et m'empressai de m'attaquer aux livres suivants, bien décidé à les ouvrir chacun jusqu'à ce que je trouve la légende qui m'était destinée.

Au bout d'un moment toutefois, une mare de livres s'étendit à mes pieds, et pourtant, aucun ne m'avait dévoilé la légende de ma chère promise... Vaillant, je ne me laissai pas abattre et entonnai un air d'une voix sûre pour me donner du courage :

- Où pourrait se trouver la femme de mes rêves ?
Ah, j'ai voyagé d'Est en Ouest, du Nord au Sud, sous la pluie et le vent
Mais je ne l'ai toujours pas trouvée...

Si ce doit être une fille qui fleurira dans l'avenir
Ou une vieille femme qui a déjà fleuri dans le passé
Peu importe à quel point j'aime les femmes de ce monde, fleur ou bourgeon, je ne la trouve pas...

Sans m'arrêter de fouiller parmi les ouvrages, j'emplissais la triste bibliothèque de mes chants d'espoir, partageant généreusement les accents fiers et mélodieux de ma voix. C'est alors que deux hommes surgirent à mes côtés pour enlacer mes bras et m'entrainer de force avec eux vers la porte de la bibliothèque. Sûrement, ils ne voulaient que m'exprimer leur admiration à mon égard et leur plaisir à m'écouter, mais je ne pouvais accepter de m'éloigner de l'étagère où la légende de ma princesse se trouvait !

- Messieurs, votre passion me touche, mais je ne puis accepter un tel enthousiasme en l'instant, je suis...

Ils ouvrèrent la porte en trombe et, par maladresse, me firent tomber en dehors de la bibliothèque. Je me relevai et vit bien à leur mine maussade qu'ils regrettaient leur gestes malhabiles. Je ne grondai pas ces pauvres roturiers toutefois, indulgent, et me dirigeai à leur suite tandis qu'ils retournaient à la bibliothèque, sûrement trop honteux de leur étourderie pour oser me faire face à nouveau. Mais alors qu'ils refermaient la porte derrière eux, je posai par mégarde le pied sur le livre qui m'avait échappé avant que les roturiers ne me lâchent à terre.

L'image à laquelle mes yeux se confrontèrent alors me fit sursauter d'effroi... Doucement, je m'abaissai pour saisir l'ouvrage, sans quitter l'horrible visage déformé du regard. La prédiction de Dame Arwen me revint à l'esprit :

"... une princesse ensorcelée par une terrible sorcière !"

Le livre me tomba des mains. J'étais bouche bée. J'avais enfin trouvé l'indice qui me mènerait à ma bien aimée ! Sans tarder, je détachai fébrilement le cheval blanc de Dame Arwen et sautai dessus, avant de le faire galoper en direction des "marais du Sahoc", où la terrifiante sorcière qui s'en était prise à ma belle se trouvait !

La simple question du musicien venait de réveiller d'affreuses douleur dans le cœur du dragon d'or bibliothécaire. Il avait dit qu'il répondrait aux questions de ses invités mais ne s'attendait vraiment pas à cette question pour être franc, une question qui avait un lien direct avec sa famille, son passé, son histoire... Il avala de travers, cherchant à trouver les mots justes pour d'une part répondre convenablement et d'autre part de ne pas trop entrer dans les détails pour le faire souffrir plus qu'il n'était déjà en peine.

- Cette dragonne était ma fiancée... morte par la main de mon oncle lors d'une bataille que j'avais créée pour anéantir cette menace qu'il était devenu.

Mais malgré toute sa bonne volonté il s'écroula aussi sec dans son fauteuil, heureusement qu'il ne s'en était pas éloigné où il était certain qu'il se serait fait mal. Il n'avait même pas remarqué qu'il avait pâlit, tout ce qui l'intéressait pour le moment était d'oublier sa douleur au plus vite, son passé lui revint en tête... lui qui avait promis d'oublier tout cela était en train d'ouvrir lui-même des plaies qu'il avait refermées à la va-vite. Il se trouvait en ce moment même pitoyable et pathétique.

- Excusez-moi de plomber aussi soudainement l'ambiance mes bons amis... on va dire que l'on vient de toucher un sujet sensible et j'ai encore un peu de mal à m'en remettre...

La personne qui lui avait posé ces questions sembla alors s'en repentir et s'excusa platement mais le dragon d'or tenta quand à lui de l'en dissuader.

- Non non non! Ce n'est pas votre faute mon bon ami! Pas plus qu'à dame Arwen! C'est un manque de chance voilà tout!

Voilà qu'il se remettait de ses émotions et reformait la masque d'idiot qu'il avait l'habitude de porter, un sourire niais arborait maintenant ses traits mais fut vite remplacé par la surprise.

- Neeeeeeee?!? Mais vous n'avez pas besoin de faire cela! Le passé c'est le passé! Tournons-nous maintenant vers le futur hahaha! N'est-ce pas Dame Arwen?

Dit-il alors qu'il se tournait maintenant vers la jeune kendoka qui visiblement était tout aussi larguée que lui.

- Mais bon je peux vous proposer d'aller dans le désert de lumière si vous avez plus de questions... qui sait les pierres des lieux auront plus de choses à vous dire que le simple bibliothécaire que je suis...

Il voulait l'envoyer sur les lieux où reposait sa fiancée, peut-être que les esprits qui y résidaient auraient moins de difficulté à parler que lui, la seule chose qu'il avait oublié de prendre en compte était que la personne qu'il envoyait là-bas n'avait pas l'alignement adéquat pour passer les portes d'entré...

Arwen fut peinée de voir la tristesse faire s'effondrer le dragon qu'elle avait toujours connu d'humeur enjouée. Elle aurait voulu soutenir son chagrin avec lui, mais ne savait comment l'approcher, les deux jeunes gens ne se connaissant que trop peu pour qu'elle puisse lui adresser de geste trop familier... Mythril ne semblait plus voir la réalité autour de lui, elle craignit donc un peu moins son rejet et s'osa à venir à son côté, lui pressant doucement l'épaule en signe de réconfort.

Il se remit petit à petit, juste assez pour répondre au mort, mais Arwen n'abaissa pas sa main. Lorsqu'il proposa un aller dans le désert de lumière, elle hocha négativement de la tête.

- Pour moi, le chemin s'arrêtera donc là, Seigneur Mythril. Je ne peux vous suivre sur ces terres. Mais je ne vous aurais pas bien servie la-bas de toute façon, je ne suis plus d'aucune utilité à notre nouvel ami car je n'en sais pas plus. J'ai quoi qu'il en soit toute confiance en vous, il a maintenant le meilleur guide de Calypta à ses côtés.

Elle s'éloigna enfin du dragon et sourit au défunt.

- Je vais devoir vous laisser, mais avant cela, j'aurais toutefois une requête, si vous permettez. Pourrez-vous m'apprendre votre nom dès que vous vous en souviendrez, si ce n'est pas déjà le cas ?

Après que l'amnésique lui ait répondu, elle se tourna de nouveau vers Mythril.

- Ne vous souciez pas de Floriant, je le mènerai jusqu'aux quartiers du Nieb afin qu'il ne trouble pas votre aventure. Il n'avait pas l'air particulièrement absorbé par nos interrogations tout à l'heure, je ne pense pas qu'il tienne à vous accompagner. Bon voyage à tous deux !

Elle salua alors les deux hommes et sortit de la pièce pour se mettre à la recherche de Floriant. Tout en parcourant les allées, elle appela Alucard, à qui elle transmit ses derniers souvenirs de Mythril, abattu sur son fauteuil. Inquiète pour l'humeur du dragon, elle espérait le convaincre d'aller le retrouver sur le chemin menant au désert de lumière. Après tout, le vampire était le meilleur ami de Mythril...

Arwen ne parvînt pas à retrouver Floriant, à son grand étonnement. Enfin quoi, le jeune prince n'était pourtant pas l'arrivant le plus discret qu'elle ait rencontré ! Soucieuse, elle alla interroger une bibliothécaire, qui lui expliqua qu'elle avait dû envoyer deux hommes virer le garçon du bâtiment, celui-ci s'étant mis à chanter à pleins poumons à l'intérieur... La kendoka quitta précipitamment l'endroit, et chercha du regard son prince échappé. Elle faillit s'étrangler à la vue du cheval manquant. Une fois le choc digéré, elle murmura pour elle-même d'une voix tremblante de rage :

- Espèce de sale petit crétin blond suicidaire...

Elle s'avança vers la monture qu'elle avait empruntée pour retrouver le Prince, et remarqua à terre un livre de la bibliothèque. Elle le ramassa et pâlît à la vue du visage illustré à la page ouverte. Paniquée, elle s'empressa de détacher le cheval et de le talonner en direction des marais, espérant rattraper Floriant avant qu'il ne s'en approche.

Le dragon souri alors à la remarque d'Arwen, il était certes quelqu'un qui connaissait bien Calypta, mais se prétendre le meilleur guide de Calypta était tout de même exagéré! Au moins cela avait eu pour point positif de le sortir un peu de son état morose qu'il gardait depuis tout à l'heure. Il salua la sortie de la blonde et s'inclina respectueusement lorsqu'elle quitta les lieux. Il soupira alors et tourna de novueau son regard vers le défunt musicien.

- En ce cas je crois que je suis le seul capable de vous guider... mais le désert est traite vous savez! Je vous conseille donc fortement de mieux vous préparer pour cette expédition. Revenez donc me voir une fois que cela sera fait. Je ne veux pas qu'une personne meurt alors que je suis le chef d'expédition! Est-ce clair?

Il attendit alors la réaction du musicien et continua tranquillement la suite de ses explications.

- Bon vous êtes nouveau en ces lieux donc je dois vous donner quelques informations au sujet du don qui vous a été octroyé.

Le regard curieux de son vis-à-vis l'informa que celui-ci bien qu'il s'était renseigné sur les lieux comme il le leur avait fait comprendre n'avait cependant pas eu accès à toutes les informations vitales.

- Ce sort se développe en même temps que vous évoluez en ce monde, il progresse à votre allure et devient de plus en plus puissant ou se contrôle plus facilement.

Il illustra ses dires par l'utilisation de son propre sort de passe-muraille. Il se leva donc et passa sous les yeux curieux de son vis-à-vis et se planta devant lui.

- Le don que je possède s'appelle le sort Transparence! C'est un sort que les habitants dont l'un des éléments est la lumière. Pour vous, il vous faudra découvrir votre ou vos éléments et trouver l'Esper Magister en question pour vous aider à évoluer dans cette voie. Mais vous pouvez tout aussi bien vous battre avec des armes : en ce cas je vous conseille fortement d'aller vois du coté de l'école de chevalerie pour vous améliorer au combat rapproché! Enfin je peux aussi grandement vous conseiller de vous équiper chez les quelques marchants qui vivent en Calypta dans le Nieb, le Sahoc ou le domaine neutre!

Il retourna alors à sa place et fit tinter une clochette pour appeler l'une de ses servantes. Celle-ci arriva quelques instants plus tard alors que le dragon congédiait poliment le musicien des ténèbres.

- Si vous avez d'autres questions, mon employée ici présente se fera une joie de vous trouver les meilleurs ouvrages en questions... Je dois vous avouer que je suis un peu fatigué et j'ai du travail en retard donc je vous prie de m'excusez pour cette brusque séparation mais je vous promets que dès que vous serez prêt, je vous guiderais sans aucun soucis jusqu'aux lieux promis!

Il s'inclina alors respectueusement, attendant que la porte se soit refermée sur les deux personnes qui quittaient les lieux et une fois de nouveau seul il s'écroula de nouveau sur son travail qu'il avait laissé de coté à l'arrivé des trois zigotos et s'y plongea pour oublier la peine qui menaçait de réapparaitre s'il s'attardait trop sur ses souvenirs douloureux.

» Emerald le Dragon