Au service du Seigneur Mirastrasa

Se sentant vaciller, Arwen tira sur les rênes du cheval qu'elle montait, interrompant soudain son galop. Elle déboutonna sa chemise jusqu'à mi-hauteur et, soulevant avec délicatesse le tissu carmin que le sang collait à sa peau, examina d'un œil inquiet une longue blessure au niveau de sa taille. Elle n'avait rien pour la panser, et lança donc sa lévitation sanguine afin d'en limiter l'hémorragie. Elle avait perdu trop de sang pour que ces soins modestes ne la rétablissent, mais tout au moins pourrait-elle retarder encore un peu le relâchement de ses forces. Assez longtemps, espérait-elle, pour s’enquérir des explications pour lesquelles Néo l'attendait avant d'aller trouver discrètement les guérisseurs.

Elle ferma son manteau depuis le cou jusqu'aux hanches, cachant la couleur cramoisie de sa chemise déchirée sans pour autant emprisonner ses deux lames sous le cuir bleu. Ne paraissait désormais de ses précédents combats que la fine balafre qui s'étendait sous ses yeux en une ligne horizontale, plaie peu esthétique mais sans réelle gravité. Satisfaite de sa dissimulation, elle talonna le destrier sur lequel elle s'était enfui et le fit avancer, plus lentement cette fois, vers le palais devant elle.

Une fois face au portail, elle descendit de cheval, grimaçant sous la douleur lancinante qui se réveilla à sa taille. Elle fit toutefois l'effort d'un sourire arrogant vers les gardes qui la regardaient d'un œil mauvais. Elle attendit qu'ils ne lui ouvrent les portes, et délaissa distraitement "sa" monture derrière elle pour entrer, sa démarche habituellement rapide ralentie par sa blessure. Les hommes parurent surpris de sa négligence. Elle prit le temps d'expliquer d'un air nonchalant :

- Inutile de le mener aux écuries : ce cheval ne m'appartient pas, je l'ai simplement emprunté.

Son souffle imprégna l'air environnant d'un parfum sucré. Du litchi.

"Une odeur de sang emplit l'air de mon domaine... on dirait que votre invitée vient d'arriver, mon cher Doushi."

Prononça sur un ton à la fois calme et rugueux le seigneur lycan Caedemus Mirastrasa à l'intention de l'ombre qui se tenait adossée au mur de la magnifique et gigantesque salle à manger du palais de la nuit. Celle-ci se contenta de hocher positivement de la tête avant de quitter la pièce en silence sous l'oeil scrutateur de son bienfaiteur.

Alors même qu'il sortait de la salle à manger, un garde arrivait en toute hâte pour prévenir de l'arrivée de la pirate dans le domaine du loup garou. Le jeune homme le stoppa dans son élan et lui signala d'aller directement quérir le médecin personnel du seigneur pour leur nouvelle invitée. Il se dirigea ensuite lui-même vers l'entrée du palais pour aller récupérer la nouvelle employée du domaine voir peut-être la soigner un peu si elle était dans un état critique... un mort dans une soirée, c'était déjà beaucoup après tout.

Lorsque le jeune homme aperçu de nouveau la jeune femme, celle-ci avançait d'un pas lourd et vacillant sur le chemin qui traversait les jardins pour mener au palais. Le simple fait de la voir dans cet état indiquait au noiraud que le départ de la pirate n'avait pas été de tout repos, certaine blessures étaient de son dût mais pas toute.

Sans plus attendre, le jeune homme s'approcha de la blonde et passa son bras autours de sa taille pour la soutenir.

-"Bienvenue, mademoiselle, au service du seigneur lycan du Sahoc, Caedemus Mirastrasa..."

Arwen accepta avec reconnaissance l'aide du jeune homme, sur lequel elle se permit de s'appuyer. Sa fierté s'en trouva vexée, naturellement, mais elle appréciait trop le contact de son bras autour de sa taille pour le repousser. Par ailleurs, elle s'était sentie faiblir aussitôt qu'elle était descendue de cheval pour marcher par elle-même, et le soutien du jeune homme avait remis à leur place les jardins qu'elle avait vu tourner sur eux-mêmes...

Elle tourna la tête pour lui sourire tandis qu'il évoquait sa nouvelle allégeance. "Seigneur lycan" ?! Arwen n'avait encore jamais rencontré de loup-garou. Cette information fit naître en elle une pointe d'intérêt pour l'homme qu'elle allait servir et sur lequel elle ne s'était pourtant pas un seul instant interrogée jusqu'à maintenant, son attention tout entière vouée à son ancien Maître d'Armes. Elle s'arracha à l'engourdissement dans lequel s'était laisser prendre son esprit pour mémoriser le nom du seigneur, puis répondit à l'accueil courtois de Néo :

- Merci, Sir...

Hésitant à prononcer le nom de la noble famille de chevaliers, elle interrogea le jeune homme du regard. Se rappelait-il au moins ce nom, ou bien un autre l'avait-il remplacé ? Elle lui adressa un regard d'excuse et justifia sa lacune :

- Tout le monde n'a pas comme toi l'impressionnante habilité d'énoncer le nom d'une personne sans qu'elle n'ait eu pour cela à se présenter. D'ailleurs...

Elle retînt un juron alors qu'un pas maladroit avait taquiné sa blessure.

- Comment t'est venu mon nom, tout à l'heure ? Je suis bien certaine de ne pas l'avoir dit, et je n'ai appartenu que trop peu de temps à la piraterie pour que ma réputation m'ait précédée...

Elle observa attentivement l'expression du jeune homme tandis qu'il lui répondait, prenant néanmoins garde, cette fois, à ne pas trébucher malgré son inattention à l'environnement alentours.

Lorsqu'ils parvinrent à l'intérieur du palais, Arwen s'inquiéta du tournoiement de la pièce qui, comme les jardins un peu plus tôt, se présentait à elle en une vision d'images mobiles. Se sentant chanceler dangereusement, elle se crispa contre son accompagnateur et tenta de lutter contre ses étourdissements en se concentrant sur une conversation :

- Finalement, mon entrevue s'est mieux passée que je ne l'imaginais. Je n'ai pas même été envoyée à terre une seule f...

La voix de la kendoka s'éteignit alors qu'elle perdait conscience.

L'ombre avait appelé la jeune femme par son prénom à un moment ? Maintenant qu'il y réfléchissait, il se souvenait bien l'avoir envoyé vers l'équipage pirate en l'appelant "Arwen" mais il était impossible pour lui de connaitre le nom de la demoiselle vu que c'était le premier soir qu'il la rencontrait. Mmm, il devait avoir entendu son nom quelque part, ce devait être ça.

-"Doushi Hikari, c'est le nom que l'on utilise pour me parler depuis que je suis arrivé... quand à ton nom... j'ai du l'entendre quelque part, je ne sais pas..."

Cela n'avait pas une grande importance pour le jeune homme de savoir où il avait apprit ce nom, le plus important c'est qu'il avait trouvé la première personne qui pourrait l'accompagner dans le projet qu'il s'était fixé pour aider le seigneur Mirastrasa. Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait qu'il pouvait avoir confiance en la jeune femme et elle avait prouvé qu'elle savait se battre. Bon, elle semblait avoir une fierté un peu trop exacerbée comme l'indiquait son affirmation quand à sa rencontre avec les pirates avant que sa conscience ne la quitte momentanément. Elle semblait nettement plus frêle maintenant et le jeune homme pour accélérer la cadence finit par la porter directement dans ses bras.

Il l'emmena ainsi jusqu'à la chambre magnifique qui lui était attribuée dans l'aile est du palais et la déposa doucement sur le lit qui trônait au fond majestueusement. Juste à ce moment là, un homme d'apparence âgée entra dans la chambre et sans se faire prier attendit aux blessures de la pirate en sortant de son sac à fond magique ce dont il avait besoin. Le noiraud entreprit de prendre la chaise se trouvant près d'un bureau dans un coin de la chambre pour l'amener près du lit et s'y asseoir.

Arwen rouvrit les yeux sur un haut plafond qui lui était inconnu. Surprise, elle se redressa dans un sursaut pour évaluer la salle, et se courba sur elle-même en grimaçant l'instant d'après, tandis que la douleur de sa blessure lui rappelait les précédents évènements. Elle se souvînt de l'homme qui l'accompagnait avant qu'elle ne perde connaissance, et tourna instinctivement la tête vers l'ombre près du lit. Après quelques secondes à la dévisager silencieusement, elle demanda calmement :

- Pourrai-je bientôt manier le sabre sans plus de gêne ?

Elle s'exerçait au quotidien depuis tellement longtemps maintenant que l'idée de laisser s'écouler une journée sans brandir le katana lui apparaissait comme une privation insoutenable. Elle accueillit la réponse du jeune homme d'un hochement de tête, et se laissa reposer doucement sur le matelas. Les yeux fermés, elle prit le temps d'une longue inspiration, avant de réclamer :

- J'écouterai avec toute l'attention qu'elles méritent les explications que tu me dois quant à mes nouveaux devoirs. Je te demanderai toutefois, avant cela, la patience de quelques minutes. J'aurai l'esprit plus clair après un instant de conversation libre, et c'est aussi l'opportunité pour moi d'en apprendre un peu plus sur celui dont je recevrai mes ordres.

Elle rouvrit les yeux pour plonger son regard dans ceux de son interlocuteur, lui laissa le temps de refuser, puis continua d'un ton paisible :

- Doushi Hikari, c'est bien cela ? Le nom que l'on utilise pour te parler depuis ton arrivée... Pourquoi cette étrange formulation, n'as-tu pas toujours été appelé ainsi ?

Arwen n'était pas vraiment fatiguée au point d'avoir besoin des minutes qu'elle avait réclamées au jeune homme pour s'éveiller parfaitement. Mais elle était enfin seule avec lui, et pensait l'occasion propice aux interrogations qu'elle voulait lui exprimer. Au delà de l'enquête qu'elle menait, cependant, elle prenait aussi plaisir à prolonger un peu cet instant pendant lequel elle profitait seule de sa compagnie.

- Depuis quand travailles-tu pour le Seigneur Mirastrasa ? Tu sembles le servir avec une loyauté telle que l'argent ne m'en paraît pas la principale motivation... Es-tu donc lié à lui depuis si longtemps ?

Naturellement, la kendoka savait la récence de son allégeance, Néo ayant quitté la cour moins d'un an plus tôt. Ce qu'elle espérait apprendre, en revanche, c'étaient les raisons du jeune homme à servir le seigneur lycan.

-"Le temps que l'on fasse venir un médecin plus qualifié pour de telles blessures que le médecin de famille du Seigneur Mirastrasa ou que la blessure termine de se cicatriser, il te faudra rester un peu tranquille..."

Répondit Doushi sur un ton calme. La jeune femme s'était éveillée une ou deux heures après le départ du docteur qui avait accomplit son travail dans le plus grand silence avant de repartir aussi vite qu'il n'était venu. Le noiraud écouta ensuite la jeune femme se lancer dans une lignée de questionnement qui lui parue étrange. Il passa outre, le questionnement pouvait peut-être être normal pour tout autre personne après tout.

-"Je suis à peu près sûr que Doushi Hikari n'est pas mon vrai nom, tout simplement..."

L'ombre croisa ses bras sur son torse avant d'ajouter sur le même ton calme:

-"Je ne suis techniquement pas au service du seigneur Mirastrasa comme le serait un employeur et son employé, je le considère comme un ami digne de l'aide que je peux lui apporter..."

Doushi laissa planer le silence un instant avant d'enchainer sur un:

-"Ce qui nous amène à la raison pour laquelle je t'ai recruté dans nos rangs... Le Seigneur Mirastrasa est l'une des figures moyennes du Sahoc, il ne cherche pas spécialement à monter dans leur rang mais cela n’empêche pas des rivaux de l'attaquer pour le faire... Je cherche à monter une équipe de combattants doués, si ce n'est d'élite, pour dans un premier temps le protéger et dans un deuxième temps le mettre au dessus de ses rivaux pour qu'enfin cesse ce combat..."

Le jeune homme avait prononcé tout cela sur un ton calme, comme une explication simple sans conséquences. Mais ce qu'il disait dépassait tout cela, il parlait de faire de Mirastrasa l'une des plus hautes figures du Sahoc, celles qui représentent l’œil et le bras armé de la reine Angélique en général sous le contrôle direct du général des armées Néo Lightfellow.

-"Malgré leur professionnalisme nous ne pouvons pas compter sur les gardes que tu as vu dans le palais, il n'y a donc pour l'instant que nous deux et le Seigneur Mirastrasa qui sommes réellement de taille à affronter toute les sortes de danger qui nous font face... Nous sommes en sérieux désavantage et en tant que tel nous serons proche des frontières de la mort à plusieurs reprise..."

Doushi justifia son allégeance par l'amitié qu'il affirmait porter au seigneur lycan, concentrant l'attention impatiente de son interlocutrice sur ce qu'elle espérait une introduction à l'explication de son arrivée en ces lieux. Mais Arwen se trouva bien vite déçue, quoiqu'elle essaya de n'en rien montrer : le jeune homme se contenta de cette brève réponse pour enchainer aussitôt sur ses ambitions quant à la protection du seigneur Mirastrasa. Elle se força à l'écouter attentivement, consciente que ce qu'elle apprendrait du lycan pourrait très probablement expliquer en partie le mystère qu'elle cherchait à désépaissir. Tandis qu'elle se nourrissait des informations sur leur situation militaire et assimilait la position du seigneur au sein du Sahoc, la jeune femme sentit ses soupçons se renforcer à l'égard de ce dernier. Il était à priori la personne à qui profitait immédiatement l'amnésie de son ancien Maître d'armes, et donc la plus suspecte...

Ce n'était toutefois pas une hypothèse que Doushi allait faire beaucoup avancer : de toute évidence, celui-ci était aussi bavard que l'était Néo, et ne se résignerait éventuellement à quelques confidences qu'après de longs mois à avoir souffert la compagnie insistante de sa nouvelle collègue. Arwen ne se pensait pas capable d'une telle patience, d'autant que sa curiosité, cette fois, se révélait nécessaire pour l'aide qu'elle voulait apporter au jeune homme. Si elle voulait lui rendre ses souvenirs perdus au plus vite, mieux valait ne pas compter sur sa coopération...

Arwen adressa à l'ombre un sourire arrogant et répondit à sa dernière remarque :

- De quel désavantage parles-tu ? Tu viens de le dire : nous serons ensemble assignés à la protection du seigneur Mirastrasa. A nous deux, il est peu de forces que nous ayons à craindre ! Et si tu t'es si bien acquitté seul de ta tâche jusqu'ici, avec moi, tu ne pourras qu'y parvenir plus aisément encore désormais !

Peu soucieuse des mises en gardes de Doushi, Arwen descendit du lit, et enfila son manteau posé au bout du matelas, qu'elle laissa ouvert en prévision de la ceinture à nouer sur ses hanches.

- Bien, je me suis suffisamment reposée. J'aimerais maintenant être présentée au seigneur pour lequel je vais me battre, si cela te convient et s'il en a le temps.

Feignant une pudeur soudaine, elle resta dos au jeune homme et tendis une main sur le côté :

- Puis-je te demander ma ceinture et mon sabre ?

Ses armes avaient été posées sur la table de chevet près de laquelle Doushi avait installée sa chaise. La kendoka insista calmement :

- Celui au fourreau blanc, s'il te plait.

Arwen n'aurait été nullement gênée de se déplacer jusqu'à ses armes pour s'en saisir elle-même, malgré l'ouverture indécente de son manteau sur l'unique sous-vêtement qui habillait son buste. Elle n'aimait d'ailleurs pas réclamer l'aide de tiers pour des efforts qu'elle pouvait parfaitement fournir par elle-même... à moins que l'effort en question ne consiste à prendre une arme bénie capable de révéler la nature maudite de celui qui s'en emparait. Doushi se vexerait sûrement moins de sa prétendue pudeur maniérée que de sa venue dans ses appartements à l'heure de la toilette pour tenter d'apercevoir la marque de sa malédiction...

Le jeune homme fit un petit sourire à la phrase de la pirate, il sentait qu'il avait fait un bon choix. Un tel optimisme accompagné d'une expertise au combat au dessus de la moyenne était exactement ce qu'il fallait dans l'entourage du seigneur Mirastrasa pour que tout aille au mieux, Mirastrasa était toujours optimiste mais sa force démentielle mettait ses troupes mal à l'aise.

Lorsque la jeune femme présenta une certaine pudeur à l'égard du jeune homme en lui demandant son sabre, le jeune homme balaya rapidement son questionnement avant de se lever et prendre le sabre avec le fourreau d'un blanc nacré. Avant de lui donner, ceci dit, il observa un instant la courbe étrange que ce sabre possédait avant de le transmettre à la jeune femme.

-"Je n'ai encore jamais vu d'armes avec cette forme là, vous devriez faire attention avec... La rareté attire souvent la convoitise..."

Prononça-t-il sur un ton calme avant de se diriger vers la porte de la chambre. Il n'eut pas le temps de faire grand chose de plus que celle-ci s'ouvrit sur un homme assez grand et massif aux longs cheveux grisé et en bataille.

Spoiler:

Le visage du nouveau venu semblait visiblement emprunt d'une grande expérience de la vie et de la mort, son regard était extrêmement perçant. Il suffisait d'un seul coup d'oeil pour voir que c'était plus qu'un bon combattant.

-"Seigneur Mirastrasa..."

Prononça simplement Doushi sur un ton calme en laissant la place à l'homme massif de passer. Celui-ci ne bougea pas ceci dit et, après avoir regarder au niveau de l'arme d'Arwen, il prononça avec sa voix forte:

"Cette arme est bénite, je peux le sentir d'ici."

Le jeune homme tourna son regard vers la demoiselle, associant automatiquement cette information avec la phrase qu'elle avait prononcé beaucoup plus tôt avant qu'il ne teste ses capacités. "... Seriez-vous parvenu à lever votre malédiction ?" Le jeune homme fit un sourire calme avant de prononcer:

-"Je vois... Arwen, je vous présente le Seigneur Caedemus Mirastrasa, dirigeant du Palais de la Nuit... De par sa nature, je te prierais de faire attention avec ton arme en sa présence..."

Paume ouverte dans l’attente du katana, Arwen restait silencieuse, attentive aux bruits derrière elle. Mais aucune plainte de douleur, aucun son d’objet tombé au sol ne lui parvint. Le cœur battant, elle jeta un regard par-dessus son épaule, et retînt son souffle à la vue du sabre serpent sagement dressé dans la main du jeune homme, dompté. Elle détourna le visage pour dissimuler l’expression de joie éperdue qu’elle n’arrivait pas à contenir, et rit de bon cœur à la remarque de Doushi. C’était un conseil qu’elle avait déjà entendu par le passé… Par ailleurs l’affirmation selon laquelle la courbe nipponne de Gekido lui était étrangère paraissait irrésistiblement comique à la kendoka, qui prétexta à son amusement :

- Oui, c’est une mise en garde dont j’ai été prévenue dès mon arrivée sur Calypta. Mais je pense que tu perds ton temps à observer maintenant les particularités de mon arme : tu aurais très certainement l’occasion de la voir de bien plus près si, après mon rétablissement, tu acceptais quelques affrontements amicaux !

Son katana attaché à sa place habituelle, contre sa hanche, Arwen boutonna enfin son manteau jusqu’à la taille tandis que son collègue s’avançait vers la porte. Mais celle-ci s’ouvrit avant qu’il ne l’atteigne, découvrant la silhouette imposante d’un homme qu'elle ne reconnut pas. Ses traits trahirent à peine son agacement à cette arrivée discourtoise que déjà la kendoka s’inclinait respectueusement, prévenue de l’identité du seigneur par Doushi. Lorsqu’elle se redressa, son visage affichait une expression calme et adoucie par un petit sourire poli, alors que son regard pénétrant détaillait un peu trop ouvertement la stature du lycan. Ce dernier ne sembla pas s’en soucier, préférant accorder son attention au serpent béni. Arwen sentit alors peser sur elle le regard de Doushi. Amusée qu’il ait surpris les raisons de sa « pudeur » quelques instants plus tôt, elle tourna les yeux vers lui, l’air serein. Trop serein pour qu’il n’ait plus aucun doute quant à sa culpabilité.

Le jeune homme lui présenta finalement le seigneur Mirastrasa, avant de l’inciter à la prudence avec l’arme bénie. Elle inclina la tête au nom du lycan en signe de salutations courtoises et répondit avec un étrange sourire :

- Ton avertissement m’offense Doushi, je n’ai pas fait bénir ma lame sans conscience aucune des risques, et prends toujours bien soin de la diriger uniquement vers mes adversaires. Je ne blesse jamais malencontreusement…