Simple rumeur

"Était ce possible, qu'un simple puits, puisse provoquer un tel élan de frayeur ? Je ne le savais pas. Je ne saurais mettre des mots sur mes sentiments pour le moins confus. Je sentais encore les ombres roder autour de moi, mais les bruits semblaient s’éloigner petit à petit. Je respirais doucement, le regard dans le vide, fixant le puits de pierre constellés de ronces. Je me forçais à approcher, d'après la rumeur, le jeune homme que je recherchais se trouvait dans cette clairière sombre, j'avais un pressentiment, je suis sûr qu'il saura me donner des réponses à mes questions. Mais j’errais toujours, quel était mon but ? Retrouver ma soeur et mon maitre ! Oui c'était un point qui était clair, le jeune homme avait une poupée blonde, peut être protégeait il Violette ? Mais de qui devrais je me méfier ? A qui faire confiance ? Juste à moi même ? Quel existence terne ! Moi qui avait toujours quelqu'un sur qui compter je devrais me retrouver seule et sans attache ? Me voilà donc ici, dans cette forêt effrayante, à bouillir intérieurement, à attendre un signe mais il n'y avait rien !

Soudain, un son retentit à travers les arbres. Un froissement, et des voix. J'entendais et je voyais les bois se mouvoir essayant de repousser une quelconque attaque. Il y avait quelqu'un. Le jeune homme peut être ? Je restait de dos, incapable de me retourner, incapable de calmer les battements irréguliers de mon coeur. J'écoutais, attentivement, les nombreux sons qui résonnaient à travers les branches et les feuilles. C'était bien des coups d'épées que je percevais de mon oreille artificielle ? Finalement, tout cessa. Le silence reprit sa place dans le forêt des frayeur mais il fut de nouveau brisé par une nouvelle voie, masculine, qui s'enquit à demander mon nom. Mes tremblements redoublèrent, ô Maître Hiver ! Faîtes que se soit lui, faîtes que ce soit Märchen !

Je me retournais, lentement, pour faire face à un homme, étrange. Ses vêtements délavés et déchirés bougeaient doucement sous l'effet de la brise passagère. Son expression était neutre et calme, il se contentait de me fixer avec ses grands yeux dorés. Il portait dans ses bras une frêle poupée, la pauvre était fissuré de part en part. Alors la voici, la poupée dont m'avait parler mademoiselle Arwen. Malheureusement, ce n'était pas Violette. je sentit le sanglot monté, mes émotions me trahiront jusqu'au bout. Le jeune homme continuait de me fixer, il semblait gêner et avançait doucement pour ne pas m’effrayer. Alors il brisa à nouveau le silence.

"Petite princesse... Êtes-vous l'Esper des ténèbres et hôte de ces lieux ?"

De quoi parlait il ? Un Esper ? Comment ? Était ce un statut ou une créature nouvelle ? Je venais d'arriver dans le monde de Calypta et je n'avais même pas prit la peine de me renseigner sur les quelques coutumes locales, j'eus honte de moi, je m’étais bêtement jeter dans cette forêt suivant une rumeur qui se voulait peut être sans fondement. Sentant mon trouble, l'homme rangea ce qui semblait être une baguette, joliment orné et se présenta. Ce qui suivit me soulagea, je ne m'étais pas trompé, il se tenait devant moi: Märchen Von Friedhof. Je me sentit tout de suite plus en sécurité, accordant une totale confiance aux propos de Mademoiselle Arwen.

"Je me nomme Hortense Laurant. Je suis désolé, je sais pas de quoi il s'agit mais je puis vous renseigner sur un point: je ne suis pas un hôte de ténèbres. A notre naissance à moi et à ma chère soeur, on m'a octroyé le pouvoir de la lumière et à ma jumelle celui des ténèbres. Nous étions le jour et la nuit. Malheureusement, elle a disparu."

A son expression, je devinais qu'il fut intéresser par le couplet sur ma soeur. Je lui expliquais donc la raison de ma venue, accordant une nouvelle fois ma confiance à cet homme livide. Il m'écoutait avec attention, tenant avec précaution la petit poupée dans ces bras, ce geste sera mon coeur, l'emplissant de nouveau d'un profond sentiment de nostalgie, maître Hiver me tenait comme cela, avant. Märchen ne me parla pas de lui, mais son "Roman" m'attirait, je le sentais pleins de rebondissements et de sentiments. La seule chose que j'appris, fut le nom de sa petit protégée: Elise. Il semblait à la recherche d'une personne puissante, possédant le pouvoir des ténèbres, mais étant aussi perdue que lui, même si son visage pouvait affirmer le contraire, je ne put l'aider comme j'aurais voulu le faire.

Un gemissement me tira de mes pensées. La forêt murmurait, des ordres et des menaces. Je me crispais une nouvelle fois quand surgirent de nulle part une multitudes de petits êtres velus et repoussants réduisant la distance qui nous séparait d'eux. Märchen sortit de nouveau sa baguette de son long manteau et la présenta devant lui. Je le regardais, je refusais de le laisser seul devant eux. Me concentrant au maximum, je me souvins des paroles de maître Hiver et fit apparaître doucement la flamme bleu caractéristique de mon pouvoir. Un flash lumineux se produisit et quelques créatures disparurent devant mes yeux satisfaits. L'homme aux yeux dorés se mit à chanter réduisant à néant les derniers monstres. Je me tournais vers lui, impressionnée, je pensais que, pour le moment, c'était le seul personnage à pouvoir me renseigner et je comptais bien en apprendre d'avantage.

"Votre "Roman" promet d'être passionnant, Monsieur Märchen..."

"Plus je réfléchissais, pesant le pour et le contre, plus la proposition de Monsieur Märchen m’intéressais. Il recherchais ses souvenirs, ma présence pouvait lui être utile puisque ma fonction première était de rechercher des "Romans", mais sans ma soeur, je ne pouvais rien, et il était intéressé par le pouvoir de Violette, tout s’emboîtait, il n'y avait pas de raison pour que je donne une réponse négative. Une grande force émanait de lui, une force étrange mêlant la joie et l'amour ainsi que la haine et la vengeance. Sa voix me transportait, sa poupée aussi, je voulais en savoir plus, découvrir ce qui se cachait derrière cet homme charismatique. J'ai toujours été de nature curieuse, j'espérais simplement que cela ne me trahirais pas un jour. Après le combat vite résolu, le jeune homme semblait intrigué par ma remarque. Je lui expliquais donc ma fonction en tant que servante de Maître Hiver.

-"Je pourrais vous faire redécouvrir votre passé, mais j'ai peur que sans ma soeur je ne vous sois d'aucune utilité."

Je vis son visage afficher un voile de tristesse, qui me crispa un peu. Oui, j'avais peur. Peur que cette aide désespéré ne soit factice et que l'homme en face de moi, qui semblait remplis de gentillesse, n'ai aucuns remords à m'abandonner ici. Je me dégoûtais un peu de ce sentiment d'égoïsme qui grandissais en moi, mais je ne pouvais le refouler, j'avais besoin d'une attache, de quelqu'un sur qui compter. Märchen paraissait, un peu, désespéré, peut être se sentait il vide sans cette part de souvenirs qui lui manquait ? Il me posa quelques questions sur les "Romans", je lui parlais, de la mère de mon maître, du chant de la petite fille pour son frère, du moulin de flammes. Il m'écoutais avec attention.

-"Peut être, que vous aviez transmit des "Romans" vous aussi, des histoires, des comtes, Monsieur "Märchen"..."

Son regard s'agrandit, avais je réveillé quelque chose en lui ? J'avais sortit cette phrase comme une évidence, je le regardais un peu étonné, le jeune homme était perdu dans ses pensées, serrant sa tendre protégée contre son corps. Je posais ma main froide sur la manche de son manteau ce qui lui fit relever doucement la tête, je le regardais avec mes grands yeux bleus, et je décidais d'enfin répondre, "Je vous accompagne Monsieur". Mon visage se fendit en un sourire que je voulais réconfortant et rassurant, je ne voulais pas être un poids, je voulais l'aider. Nous nous relevâmes, si je pouvais dire "nous" car le jeune homme me dépassais en tout point et je n'avais qu'à me pencher un peu pour le toucher lorsqu'il était encore agenouillé. Il fallait trouver une idée pour commencer à chercher.

Soudain un détail vint m’effleurer l'esprit, Maître Hiver possédait un diamant rouge dans lequel il pouvait observer le déroulement des "Romans" que nous cherchions avec Violette, il avait donc toujours le contact avec nous. Si, Monsieur Märchen et moi même arrivions à retrouver cette pierre, peut être que nous pourrions repérer ma soeur et Maître Hiver. Alors le musicien pourrait trouver l'Esper qu'il recherche et par la même occasion demander des informations à ma jumelle. Lorsqu'il a chanté pour sa mère, mon maître a disparu dans la neige et je ne l'ai plus jamais revu. Mais ce qui m'inquiétais le plus, c'était les rumeurs concernant ce diamant: "Reine Michèle". Tous ses possesseurs "humains", ont tous été tués par des envieux qui ont été, ensuite, tués à leurs tours. C'était un cercle de haine et d'envie sans fin. Mais qu'avions nous à craindre ? Je n'étais même pas vivante à proprement parler et mon compagnon de route ne le semblait pas non plus. Je gardais toujours un doute concernant ce bijoux, car nous n'avons jamais su si la pierre que portait mon maître était réellement le diamant maudit mais, c'était fort probable et c'était une piste à exploiter.

-"Je pense avoir une piste, Monsieur..."

L'homme vêtu de rouge et de noir se retourna et baissa son regard vers moi. Je lui fis par de mon idée, détaillant le peu de connaissance que j'avais par rapport à Michèle Malebranche. Sa pierre rouge, son réveil ...

Michèle Malebranche, l’actrice saluant son public... composé de cadavres...

"Oui la pierre avait disparu en même temps que mon maître, mais le bijoux était lié aux meurtres et aux convoitises, il est attiré par cela comme les oiseaux sur les miettes de pain. Peut être trouverais t-on des informations dans des sortes de rapports, des archives. Ou dans des boutiques malfamés, ne se doutant absolument pas de l'importance du rubis qu'il possédait. Michèle Malebranche a, apparemment, enchaîné de nombreuses réincarnations car son nom se présentait partout. Mais où chercher ? Une bibliothèque ? Je me sentais perdu dans ce monde nouveau. Monsieur Märchen me tendit sa main, je l'avais vu hésiter un peu, il avait jeter un coup d'oeil rapide vers sa compagne peut être allait il me proposer de rejoindre la petite poupée. Je souris, ne le faisant pas remarquer, je saisissais sa main froide tout en lui racontant mon hypothèse un peu farfelu. Il m'écoutait en hochant le tête à certain passage.

Je lui demandais de me parler des endroits qu'il connaissait depuis qu'il était arrivé ici. L'homme réfléchi plusieurs secondes pour finalement commencer à parler des différents endroits du royaume où nous nous trouvions, du moins ce qu'il avait entendu dans ses précédentes aventures. Nous étions dans la partie dite du Sahoc, la partie des forces du mal. Il me parla de la ville, des infrastructures ainsi que d'un étrange cimetière. Apparemment cet endroit possédait des catacombes qui s'étendait sous terre à des dizaines de kilomètres d'envergure. Il me parla aussi du bois qui abritait des Espers puissants et de la bibliothèque gigantesque dans le royaume du Nieb. J'essayais de trouver des liens entre les histoires que me racontaient Maître Hiver et Monsieur Savant puis soudain, j'eu une idée. La plus grande rumeur qui circulait sur la cantatrice et aussi, la rumeur la plus fondée, le monde Calypta était compatible à cette histoire. Je levais la tête vers le visage pâle de mon compagnon de route.

- "Connaissez vous des vampires Monsieur Märchen ?"

Le brun ouvrit de grands yeux devant ma question spontané, je le comprenais, ma question était étrange si je n'expliquais pas le lien avec Michèle Malebranche. Je me mit donc à parler des soirées où la lady chantait. Divers témoins on vu la jeune femme partir tous les soirs avec un garçon différent puis revenir les lèvres rougeoyantes. Chaque soirs, un homme disparaissait dans d'étranges circonstances, lorsque l'on retrouvait les corps, on apercevait des empreintes sur le cou des victimes. La chanteuse réapparaissait toujours à d'autres époques, toujours jeune, toujours belle. Je fit par de mes pensées à Monsieur Mârchen, il me regarda et proposa une hypothèse.

- "Et si, Michèle Malebranche était une magicienne contrôlant le sang, un vampire, dans ce cas, pourquoi ne pas demander des renseignements à un mage de Calypta ?"

Mon regard s'éclaira, oui ! C'était la solution ! Trouver un mage assez puissant pour nous renseigner sur la cantatrice et sur la pierre. Et si ce mage était un connaisseur des forces ténébreuses, il aiderait sûrement Monsieur Märchen dans sa propre aventure. Il fallait donc partir vers ce bois dont le musicien m'avait parler. Je voyais dans mon esprit une personne qui pourrait peut être nous renseigner, une jeune femme qui m'avait gentiment accueilli dans le monde de Calypta. Mon coeur se crispait, chaque chemin a arpenter était il forcément teinté de sang et jonché de cadavres ? Pourquoi tous ces "Romans" étaient ils si froids et tristes ? Je serais un peu plus la main du musicien, espérant que ce soit la bonne solution..."

"Il m'avait pris dans ses bras après m'avoir accordé un sourire sincère. C'était une étreinte rassurante, je sentais mon coeur s'affoler, mon esprit se remplissait d'images de mon passé. Je luttais pour ne pas extérioriser ma peine, je regardais la pauvre poupée en face de moi, le regard toujours vide, le corps serré contre son protecteur. Je l'enviais, moi mon protecteur n'était plus là, et je ne voulais pas utiliser Monsieur Märchen comme substitut, en aucun cas. Mal grès ça, je me laissais transporter, ma petite main agrippant fébrilement le manteau du musicien. Peut être pouvais je m'autoriser un peu de réconfort dans ce contact ? En tout cas, le jeune homme ne semblait pas s'en occuper, son regard avait changé, il semblait s'attribuer un rôle de protecteur, il nous serrait doucement. Subitement, l'atmosphère changea, et un silence pesant et étouffant s’abattit sur nous. On n'entendait plus le bruit morne de l'eau qui coule, ni le vent qui passe entre les arbres. Quelque chose se mouvait dans l'obscurité, je le sentais, bien que mes yeux ne le percevait point. Monsieur Märchen, se stoppa et fixa intensément le feuillage, il poussa un soupir et s'adressa à la forme qui nous suivait.

Comme le silence lui répondit, sa main plongea dans son manteau et il ressortit une nouvelle fois sa baguette, plutôt sur de lui quand à l'issu de se nouveau combat. Je lui accordait une confiance totale, je n'avais pas peur et j'étais prête à l'aider. Il commença à chanter, sa voix me transporta une nouvelle fois, j'avais l'impression de voir une foulée d'images défiler devant mes yeux. Les ténèbres s’amonceler autour de lui tandis qu'il continuait son chant sombre et magnifique. La forme bougea et se rapprocha pour enfin pourvoir la distinguer. Un homme étrange se présenta devant nous, un sourire narquois aux lèvres. Il applaudissait avec son rictus moqueur en observant Monsieur Märchen avec dédain.

Je me sentais bouillir, cet homme était arrogant et bien impolie, je resserrais ma main sur le manteau de mon protecteur, pas très rassuré mal grès ma colère. Soudain, il posa son regard sur moi, je vis son sourire s'agrandir et un frisson me parcouru l'échine.

J'avais une affreuse envie de vomir, cet homme me dégoûtait. Comment osait il me regarder avec cet air à la limite de la perversion ? Et je n’appréciais vraiment pas la façon avec laquelle il s'adressait au musicien. Des crocs apparurent effleurant ses lèvres, et sa main tournoya dans les ténèbres pour laisser apparaître une hallebarde. Le combat approchait, et l'issu de celui ci semblait clairement incertaine. L'Esper cria quelque chose avant de foncer sur nous, les ténèbres l'entourant de toutes part. Je commençais à paniquer, mais j'intériorisais mon mal être pour laisser ma lumière enrobé ma main, la flamme bleutée me rassura et je la serrais contre moi, le rendant plus puissante, je la remplissais de mes sentiments. Je me doutais que mon sort ne serrait pas assez puissant pour parer l'attaque du mage mais je me concentrais au maximum, ne voulant paraître inutile.

Je rouvrit mes yeux, et je brandit alors ma magie devant moi, celle ci se transforma en un moulin de lumière et s'interposa entre mon protecteur et le magicien. Je le vis tourner sur lui même se métamorphosant, pour finalement devenir la copie de la marque qui avait été posé sur ma joue