Fuite ! Les contras brisés !

Ça faisait presque une semaine que Tesseh’alla et Syvarant étaient sauvés. Et Corrine me manquait terriblement. Profitant d’un instant de tranquillité je décidais de prendre le ptéroplan et de sortir en douce. Peut-être jusqu’a Sylvarant pour dire un bonjour a Collette et à Lloyd, et aussi pour voir le temple de Martel. Après tout cet idiot d’élu le faisait bien lui ! Délaissant son rôle pour partir en vadrouille ! Et puis je ne serais pas partie bien longtemps. Juste quelques heures. Je pouvais bien moi aussi m’accorder un peu de temps libre pour m'évader et décompresser de mes devoirs. Mais alors que je prenait de l’altitude mon ptéroplan se mit a perdre de l’énergie, tressauta, et ce fut la chute libre !

Un grondement lointain dissipa les brumes de mon cerveau. De l’orage. J’ouvrais un œil, puis deux, et me relevais sans hâte encore un peu sonnée par ma chute. Le ptéroplan. Je cherchais l’appareil des yeux au milieux des herbes hautes et… Je n’étais pas dans la foret de Gaoracchia ! Une immense plaine s’étendait a perte de vue et dans toutes les direction. Est-ce que j’étais à Sylvarant ? Non, le ptéroplan n’avait pas fonctionné, je devais toujours être à Tethe’alla. Mais cette pleine. Je ne la connaissais pas. Le ptéroplan ! Je le retrouvais deux mètres plus loin, l’appareil avait souffert de l’atterrissage mais semblais en bon état. Pourquoi avait-il cessé de fonctionner ? Je filais un coup de pied a la stupide mécanique et sorti une carte d’invocation. Si je pouvais le redémarrer je me rendrais vite compte de l’endroit où j’avais atterri. Probablement quelque part entre Gaoracchia et le temple de la foudre. Mais d’abord il fallait recharger le ptéroplan. Me concentrant sur son contra je tentais d’appeler Volt, mais rien ne se produisit. Rien ? Je réessayais encore ! Et encore ! Mais toujours Rien. Inquiète je tentais d’appeler Celcius, puis Undine. Mais aucune ne répondit. Non ! Les contras ne pouvais pas être rompus ! Désespérée je tentais d’appeler tous les autres mais obtenais a chaque fois le même résulta. J’étais seule. Résignée j’entendis l’orage se rapprocher, le ciel se couvrait déjà. Génial ! Il fallait que je me trouve rapidement un abris avant de finir trempée jusqu’aux os.

Les nuages qui cachaient le soleil derrière un épais rideau gris avaient permit au vampire Alucard de sortir en plein après-midi sans craindre de finir en tas de cendre. Néanmoins, il s'était tout de même protégé de son chapeau et de ses lunettes de soleil, dissimulant son visage au ciel.
Il se serait bien amusé à chercher la bibliothèque de Mythril pour rendre une visite de courtoisie à ce dernier, mais il aurait été risqué de s'aventurer chez un ennemi aussi redoutable en pleine journée, alors que le soleil pouvait percer son enveloppe nuageuse à tout moment. Il était donc retourné à la taverne du Canard, dans laquelle il avait des comptes à régler avec le propriétaire, survivant de son carnage.

Bien que d'humeur joviale, il s'était contenté de tuer le tavernier et quelques clients trop éméchés pour pouvoir s'échapper, laissant aux autres la possibilité de s'enfuir et de lui faire une meilleure réputation que celle de "vampire gay" que feu de pauvres inconscients avaient fait l'erreur d'évoquer en sa présence. Gorgé de sang alcoolisé, il avait quitté la taverne d'une démarche maladroite trahissant sa propre ivresse.

Un peu plus tard sur le chemin du retour, il entendit l'orage éclater au loin, et la pluie commença à tomber dru. Alucard enleva son chapeau et leva la tête vers les nuages, savourant le contact humide de la pluie qui lavait son visage encore ensanglanté. Son chapeau remis, il abaissa la tête et aperçut alors une jeune femme à l'air dérouté, quelques mètres devant lui.
Il n'avait plus faim et avait suffisamment profité de la douce musique des cris de ses victimes pour la journée, il n'avait donc aucune raison de s'en prendre à l'humaine. Mais Alucard appréciait la compagnie, et il s'approcha lentement de la jeune femme qui lui tournait le dos, sans intentions meurtrières. Un éventuel soutien pour son pari, peut-être ?

Rassuré par le mauvais temps qui empirait et dissimulait complètement le soleil, il changea son apparence pour prendre un aspect plus humain, reprenant les traits de l'homme qu'il avait été vers l'âge de vingt ans. Il ne put toutefois modifier la couleur pourpre de ses yeux ni l'anormale longueur de ses canines, mais il s'appliqua à prendre une expression plus sérieuse et son sourire s'affaissa.


- Vous semblez perdue... fit-il remarquer à la jeune femme d'une voix douce et posée, trahissant sa présence derrière elle. La pluie de plus en plus forte mouillait sa chemise blanche, et voyant cela, il fit mine de trembler de froid et croisa les bras autour de lui.

Curieux de savoir si ses efforts pour paraitre humain et surtout, pour paraitre sain d'esprit, avaient payés, il attendit que l'humaine lui réponde, d'un air calme auquel il n'était pas habitué.

Trop tard ! La pluie s’abattait drue ! Furieuse, je tirais une carte vierge et tentais d’y dessiner un sceau d’enfermement sans qu’il s’efface, la pluie empêchant l’encre de bien sécher. Lorsqu’une voix résonna derrière moi :

- Vous semblez perdue...

Surprise je me retournais en position défensive et découvrit un homme au teint pâle tremblant de froid sous la pluie. Je le détaillais étonnée. Comment avait-il fait pour approcher sans que je l’entende ? Je me rendis compte que je le fixais peut-être un peu trop longtemps et tournais la tête, restant tout de même sur mes gardes.

Je me suis écrasée. Dis-je en indiquant le ptéroplan.
Mon ptéroplan est en panne, est-ce que nous sommes loin de Sybak ?

Je trouvais étrange de ne pas voir la forêt, mais montrais un visage neutre pour ne pas montrer que j’étais perdue. Une honte pour la chef du village caché de Mizuho.

Alucard ne put réprimer une expression d'étonnement. Ainsi, la demoiselle s'était écrasée et ignorait tout de l'endroit dans lequel elle avait atterri. Et il était le seul guide éventuel en vue... Intéressant.

- J'ignore où se situe "Sybak" mais il est une chose dont je suis sûr : oui, vous en êtes loin. Nous sommes dans le domaine neutre de l'empire Calypta, monde qu'il est impossible de quitter une fois arrivé sur ses terres... Enfin, je peux toujours vous guider jusqu'à ma reine, peut-être est-elle en mesure de vous aider à regagner votre monde. Je n'ai encore jamais eu le plaisir de rencontrer la déesse Angélique, mais on la dit d'une amabilité et d'une compassion sans pareilles. Je suis certain qu'elle sera ravie de venir en aide à une étrangère.

Tout en parlant, le vampire avait discrètement dévisagé l'inconnue, évitant soigneusement d'abaisser le regard sous la gorge, comme il en avait d'ordinaire la fâcheuse manie. Il se rendit compte que, bien que n'ayant pas deviné sa nature, la jeune femme restait sur ses gardes, prudente. Alucard lui adressa un sourire rassurant.

- Vous risquez de rencontrer nombre de créatures malfaisantes sur Calypta, ses habitants étant principalement originaires de mondes tout à fait différents de celui d'où vous venez... Je ne saurais que trop vous recommander prudence et méfiance. Toutefois, inutile de trop vous inquiéter pour le moment. Je vous ménerai jusqu'au château royal et me ferai un devoir de vous protéger si cela est nécessaire. Vous pouvez compter sur moi, mademoiselle... ?

Il leva un sourcil interrogateur, attendant que l'humaine se présente, bien que lui même ait volontairement omis de donner son nom. Si par malheur sa réputation de vampire s'ébruitait en la présence de l'inconnue lorsqu'ils arriveraient à des régions plus peuplées, il voulait éviter toute possibilité de faire un lien avec le jeune homme courtois qu'il s'employait à jouer.

Le flash bruyant d’un éclair zébra le ciel. Je restais stupéfaite ! Un autre monde ? L’empire Calypta ? Mais comment avais-je pu atterrir ici ? Non, calme toi. Tout ce qu’il fallait c’était que je recharge le ptéroplan. Ce monde devais sûrement avoir ses propres esprits originels, il suffisait que je trouve celui de la foudre et ensuite partir d’ici serait un jeu d’enfant. Cette satané machine avait dût déraillée ! Posant le sceau sur le ptéroplan je joignit les mains pour faire des signes incantatoires et l’engin se retrouva enfermé dans la carte que je m’empressais de ramasser.

Merci, je serais ravie de rencontrer votre reine. Répondis-je sincèrement.

L'homme proposa de m'escorter, buttant sur un mademoiselle..
Sheena ! Complétais-je avant d'ajouter. Mais je suis tout a fait capable de me défendre !

J’avais dis ça un peu plus durement que je voulais, mais j’étais trempée et je rêvais d’un endroit sec.

La jeune femme accepta sans hésitation d'être guidée jusqu'à la reine Angélique. Alucard eut du mal à réprimer un sourire sadique. Il n'eut même pas à s'embarrasser d'un faux nom : sa compagne ne le lui demanda pas. Elle sembla toutefois se vexer de l'escorte qu'il lui avait proposée et lui répondit d'un ton sec. Le vampire se constitua un air gêné.

- Oh, loin de moi l'affront de vous sous-estimer, mademoiselle Sheena. Simplement... Vous êtes humaine, ce qui n'est pas le cas de toutes les créatures de cet empire. De plus, la plupart d'entre elles attaquent en groupe. Je ne prétends pas mieux me défendre que vous, je pense juste que deux humains valent mieux qu'un en combat.

Il fit un signe de tête pour indiquer la direction qu'il fallait suivre et commença à avancer sous la pluie d'une démarche assurée. Ses vêtements furent vite trempés, et des mèches de cheveux s'étaient collés à son visage, humides. Tandis qu'il marchait, il songea à la façon dont Sheena avait rangé son étrange moyen de transport et se demanda si elle avait vraiment des compétences en combat, ou si son assurance n'était due qu'à de l'arrogance.

De temps en temps, le vampire se retournait pour s'assurer que l'humaine suivait sans difficulté, dans une attitude qu'il voulut faire paraitre protectrice. Après quelques minutes de marche, Alucard sentit l'odeur de mortels à proximité. Il hésita à poursuivre, inquiet de croiser des Calyptiens qui pourraient trahir son identité, mais se résigna finalement à continuer à avancer. Changer de direction maintenant serait suspect.

Il finit par tomber sur deux humains qui s'étaient assis dans les hautes herbes, se reposant apparemment d'une marche éprouvante. Leur visage parurent familier à Alucard, qui s'étonna des tâches de sang sur leur habits. Réalisant leur présence, les deux hommes se levèrent précipitamment.

- Salutations, étrangers. Je ne sais pas où vous vous rendez mais, quoi qu'il en soit, je vous conseille de quitter au plus vite le désert. Nous revenons de la taverne du coin, et c'est une chance, car beaucoup y sont restés. Prenez garde, un vampire rôde dans les para...

L'homme s'était interrompu, le visage figé de stupeur sous le regard pourpre d'Alucard. Il fallait réagir, et vite. Les yeux du vampire se teintèrent d'un éclat orange, et en un éclair, sa victime fut sous son emprise. Attaque-la. Son ordre télépathique fut immédiatement respecté, car à peine l'eut-il transmis à l'inconnu que celui-ci se jeta sur Sheena, une dague à la main.

Alucard prit une expression paniquée.

- SHEENA ATTENTION !

Il se précipita entre la jeune femme et son agresseur, et l'arme le blessa au torse, déchirant et imprégnant de sang la chemise déjà humide. Simulant un cri de douleur, il tomba à terre, laissant la voie libre à l'inconnu hypnotisé. Profitant de l'attaque que devait parer la jeune femme, il dirigea son regard vers le deuxième homme, qui regardait son compagnon d'un air dérouté. Lorsque celui-ci croisa enfin le regard orangé du vampire, son visage se dépourvut de toute expression et il courut tout à coup jusqu'à Alucard, prêt à l'attaquer conformément à ses ordres silencieux.

Le vampire se retrouva donc au corps à corps avec l'inconnu, à qui il laissa volontairement le dessus. Il était curieux de voir ce que valait vraiment sa compagne au combat, et se demandait si elle serait suffisamment forte pour se débarrasser de son agresseur et lui "venir en aide". Finalement, cette rencontre inattendue pouvait tourner à son avantage : il pourrait enfin se rendre compte de ce dont était capable la jeune femme en affrontement direct.

Alors j’accepte volontiers votre aide !

Je m’étais attendue a ce que mon guide se présente a son tour mais au lieu de ça il se mit en route sans me donner son nom. Je profitais de l’occasion pour me renseigner un peu sur ce monde. Toutes informations pouvaient êtres utiles si un jour nos deux mondes devaient prendre contacte.

Je ne connais pas encore votre nom. Commençais-je.
Vous disiez que votre reine était une déesse ? De quelle manière dois-je me présenter à elle ?

Après quelques minutes, des silhouettes apparurent au loin dans la grisaille de la pluie et nous nous dirigeâmes vers eux. Deux hommes se levèrent a notre approche. Apparemment anxieux. Leurs vêtements tachés de sang me mis en alerte mais je ne leur sentais pas d’intention malveillantes. Ils parlèrent d’une taverne et nous mirent en garde contre...un quoi ? Leur vampire des tavernes devait surement venir du fond de leurs verres, mais à l’état de leurs vêtement il était clair qu’il leur était arrivé quelque chose. Ils s’interrompirent brusquement et je senti soudain une forte intention meurtrière.

- SHEENA ATTENTION !

Mon guide en chemise blanche essaya de s’interposer mais l’un des deux hommes le blessa avec une dague avant de se jeter sur moi. Je me baissais aussitôt, dans un mouvement aussi rapide qu’efficace, et fauchais du pied les jambes de mon agresseur. Celui-ci était encore en train de tomber que j’assommais le second, en prise avec mon compagnon, en le frappant a la nuque du revers de la main. Je retournais alors au premier agresseur qui se relevait de sa chute et le paralysais en frappant des points précis de son corps. Tout cela n’avait pris que quelques secondes, mais ces deux-là ne valaient pas des désians.

Comment allez-vous ? Demandais-je inquiète. Je détachais un ruban de mes cheveux et l’imbibait d’une solution a base de plantes cicatrisantes. Montrez-moi cette blessure.

La jeune femme les avait défendus à merveille, les deux hommes s'étaient retrouvés à terre en un rien de temps. Impressionant pour une humaine. Mais elle n'avait montré aucune sorte de pouvoir qu'Alucard aurait pu craindre, et il sourit intérieurement.

Inquiète, Sheena demanda au vampire de montrer sa blessure, défaisant un ruban de ses cheveux pour l'imbiber d'une étrange solution. Il abaissa le regard vers sa chemise et s'apprêta à la déboutonner mais, voyant l'état déjà pitoyable du vêtement, décida finalement de la déchirer.

La blessure était profonde, mais ne représentait aucun risque mortel pour le vampire, qui grimaçait d'une douleur feinte. Bien que le soleil soit masqué, le jour amoindrissait ses facultés vampiriques, et il n'eut pas besoin de beaucoup d'efforts pour empêcher sa blessure de cicatriser d'elle-même. Il laissa Sheena le soigner tandis qu'il répondait à ses précédentes interrogations.

- Oui, notre reine Angélique est une déesse. Mais je ne pense pas qu'il vous faille respecter un protocole particulier en sa présence : elle gouverne avec tolérance et sagesse, et comprendra bien que votre méconnaissance de Calypta ne vous permettra pas l'usage des conventions. Je ne peux moi-même vous les expliquer : je suis arrivé il y a quelques semaines seulement... Pardonnez-moi de ne pas m'être présenté plus tôt. Je m'appelle Mythril.

Il s'était présenté sous le nom de son ennemi préféré sans la moindre hésitation. Si Sheena était interrogée par la suite sur l'identité de son accompagnateur, ce serait le pauvre Mythril qui serait accusé. Le vampire prit un air triste.

- Je suis désolé de n'avoir pu vous éviter cette attaque. J'ai été surpris, je ne m'attendais pas à cette réaction... De toute évidence, l'ivresse leur a fait perdre la raison. Merci de m'avoir protégé...

Il saisit doucement le poignet de la jeune femme, interrompant sa médecine pour lui faire lever les yeux et caressa sa joue de l'autre main. Le regard plongé dans ses yeux, il approcha son visage et pressa ses lèvres contre celles de Sheena.
A peine eut-il entreprit de l'embrasser qu'il entendit le coeur de la jeune fille s'accélérer. Quelle émotion avait-il provoqué ? La colère, la surprise, le dégoût, le plaisir ? Alucard se demanda s'il devait s'attendre à reçevoir un coup ou s'il y avait une chance que sa compagne réponde à son baiser. Quoi qu'il en soit, sa réaction le lui dirai bien assez vite.

Je le repoussais avec force ! Hébétée et furieuse. Prête a lui mette mon pied sur le nez. Mais voyant soudain qu’il était nu je lui envoyais un sceau explosif (heureusement pour lui pas mortel) qui le fit voler de quelques mètres et lui roussi les poils du torse.

ESPÈCE DE PERVERS DÉBILE !!!

Je disparut alors dans un nuage de fumée que la pluie ne tarda pas a chasser. Mais bien qu’il ne puisse plus me voir, Mythril était mon seul guide dans ce monde et je n’était pas allée très loin. Essayant de me calmer pour ne pas retourner le tuer je restais cachée accroupie dans l'herbe. Cet idiot-pervers m’avait volé mon premier baiser !

Sheena l'avait violemment repoussé, ce dont il s'apprêta à rire quand il remarqua soudain la disparition de ses vêtements. Les yeux écarquillés, il fixa la jeune femme d'un air ahuri, complètement dérouté. Il n'eut cependant pas le temps de l'interroger, car celle-ci le projeta quelques mètres plus loin, furieuse.

L'explosion le troubla à peine, tant sa nudité soudaine le perturbait. Reprenant ses esprits, il se repassa mentalement la scène, cherchant à comprendre ce qui avait bien pu se passer sans même penser à dissimuler son corps dénudé. Le vampire n'était pas pudique et se montrait même généralement fier de sa silhouette à la fois fine et musclée. En revanche, il n'appréciait pas du tout l'idée qu'un autre que lui puisse le dévêtir de la sorte, sans son consentement.

Il se revit embrasser Sheena, sentir ses lèvres chaudes se crisper contre les siennes, la force qu'elle avait mit à le rejeter et l'atmosphère étrange qui l'avait enveloppé lorsqu'il avait rouvert les yeux, comme lorsqu'il se trouvait en présence de phénomènes magiques... Magiques ? Ses yeux s'ouvrirent en grand, et ses lèvres formèrent un parfait "O".

- Ha ! Le don accordé aux Calyptiens !

Il chercha alors sa compagne furibonde du regard et se rendit compte de son absence. Il inspira et put sentir son parfum, trahissant sa présence à quelques mètres de là. Il profita toutefois de l'éloignement de la jeune femme pour aller s'accroupir auprès d'un des deux hommes assommés et le déshabiller. Naturellement, sa nature vampirique lui permettait de se faire apparaître des vêtements selon ses désirs, mais il tenait à sa couverture d'être humain. Une fois qu'il eut enfilé la tenue, il expliqua :

- Je reconnais que le baiser n'était définitivement pas une bonne idée, et je le regrette amèrement mais... pour ce qui est de la disparition de mes vêtements, je vous avoue avoir du mal à ne pas vous en tenir rigueur. Sortez donc de votre cachette, j'ai pu réparer vos torts : je suis habillé... Bien, je m'explique. A leur arrivée sur Calypta, les nouveaux venus reçoivent un don, une nouvelle compétence magique. Par exemple, bien qu'humain et sans pouvoirs particuliers, je suis, depuis mon arrivée à l'empire, capable d'écrire en lettres de sang. Apparemment, vous avez acquis le pouvoir de réaliser vos fantasmes indépendamment de votre volonté.

Et pour prouver ses dires, le vampire fit apparaître sur le bras de la jeune fille un message ensanglanté.

Restez loin de moi pour ne pas déclencher votre sort libidineux, demoiselle lubrique, et suivez-moi à distance. Je vous promets de ne plus vous toucher et de vous mener sans contact physique jusqu'au château.

Demoiselle lubrique ? Fronçant les yeux, je frottais le message sanglant pour l’effacer.

Je n’est jamais entendu d’excuse aussi ridicule ! Criais-je en me servant de mes arts pour que ma voix semble venir de nul part. Et il n’y a aucune chance pour que je fantasme sur vous en quoi que ce soit ! Nudiste pervers !

Je réapparu près de lui dans une nouvelle explosion de fumigène. Mais pas trop près quand même au cas où il essaierait de me sauter dessus. Et restais sur mes gardes.

J’accepte de vous suivre. Si vous gardez vos vêtements et que vous ne vous approchez pas de moi !
Mais nous nous dirons adieu a la ville la plus proche.

J’espérais cette ville assez proche pour que nous n'ayons pas a passer une nuit sur la route ensembles. Dormir auprès de ce type ne m'inspirait pas confiance.... Mais a peine avais-je posé mes conditions que je fut a mon tour victime de ce sort ! Je poussais un cri de surprise et me recroquevillais aussitôt dans l’herbe. Honteuse et humiliée. Ce n’était pas vrai ! Ça ne pouvait pas être vrai ! Je lançais une nouvelle carte explosive à Mythril… Ne regardez pas !!! Et disparaissais de nouveau.

Par chance j’avais encore mes cartes. Et l’une d’elles contenait un kimono de rechange que je m’empressais d’enfiler. Mais j’étais a présent trop honteuse pour oser me remontrer.



*
**
***

Pris de court par la nudité soudaine de sa compagne, le vampire n'eut pas le temps d'observer plus longuement la jeune femme, qui s'empressa de lui jeter une nouvelle carte explosive au visage. Lorsqu'il rouvrit les yeux, elle avait encore disparu.

Alucard fit mine de passer une main sur sa joue, comme pour vérifier qu'il n'avait pas été blessé par la carte explosive, tentant ainsi de dissimuler son sourire moqueur, qu'il avait bien du mal à ne pas changer en fou rire.

- Demoiselle Sheena, allez-vous me maltraiter chaque fois que vous exprimerez vos fantasmes douteux en ma présence ? Je vous rappelle que je suis moi aussi victime de votre don Calyptien et que je n'ai en rien demandé à vous voir nue. Je vous l'ai dis : je regrette vraiment de vous avoir embrassée, et j'ai l'intention d'éviter de mon mieux toute proximité dangereuse avec vous. Dépêchons, plus vite nous arriverons au château, plus tôt je cesserai de craindre une soudaine apparition perverse.

Il avança d'un pas rapide, mais ses inquietudes étaient autres. En effet, le nuit commençait à tomber, et il ne voulait pas que la jeune femme propose une sieste : s'ils dormaient jusqu'au matin, il se réveillerait en un joli petit tas de cendres fumants... Pour le coup, il n'aurait plus à se soucier de la nudité.

Un sourire sadique se dessina sur ses lèvres tandis qu'il imaginait la jeune femme et son don lubrique en présence de la reine et de ses gardes. Il espérait que le sortilège frapperait à l'intérieur du château, et regrettait de ne pouvoir accompagner Sheena jusque là pour admirer la fureur royale d'Angélique. Mais il ne pouvait pas se risquer à affronter les foudres de cette dernière et devrait se contenter d'imaginer sa rencontre avec la jeune femme. Et puis, il finirait bien par entendre des retours de ce qui allait se passer.

Son sourire s'élargit lorsqu'il imagina le pauvre Mythril se faire accuser d'avoir volontairement amené à la reine du Sahoc une étrangère au don humiliant venue réclamer de l'aide.

Je n’ai jamais demandé ce pouvoir de tordu !!! Criais-je furibonde.

Il faillait à tous prix que je quitte ce monde au plus vite pour être délivrée de cette malédiction douteuse. Je réapparaissais devant Mytrhil, lui lançant un regard noir.

Je ne veux plus en entendre parler. Dis-je froidement en le laissant repasser devant.

Nous marchâmes ainsi pendent un moment dans un silence pesant. La pluie commença a cesser. Remplacée par des brise légères qui refroidissaient encore plus mes vêtements détrempés. Mais le ciel resta sombre et fortement nuageux. Je suivais mon guide a quelques pas de distance, les bras serrés, et tâchant d’oublier l’épisode précédent j’essayais de renouer la conversations.

Savez-vous quelque chose sur les esprits originels ?

Demandais-je en quête d'informations. J’espérais que des temples existent dans ce monde aussi. Ce qui me faciliterait grandement la tâche pour trouver celui que je voulais.

Le vampire s'inquieta du temps, qui bien que toujours sombre s'était un peu éclairci, balayant d'une petite brise la pluie drue qui cessa finalement. Il accéléra le pas, souhaitant silencieusement la tombée de la nuit.

- Vous parlez des matérias ? Eh bien, je ne sais pas grand chose, comme je vous l'ai dit, je ne suis là que depuis peu. Les esprits primordiaux sont au nombre de neuf : feu, eau, terre, air, ténèbres, lumières, électricité, et ceux de nos pouvoirs respectifs, mana et sang. Un temple est consacré à chacun d'entre eux, et ces lieux de culte sont gardés par les grands mages. Je n'en sais pas plus. Je ne suis encore jamais tombé ni sur l'un de ces mages, ni sur l'un de ces temples...

Alucard ne mentait qu'à moitié. Étant lui-même l'un des neuf mages, il avait naturellement l'habitude de se trouver à proximité du temple du sang, ce dont il n'allait évidemment pas se vanter auprès de la jeune femme. Toutefois, il ne connaissait pas ses confrères, ni le lieu de leur temple.

- En quoi cela vous intéresse-t-il ? Avez-vous l'intention d'apprendre à maitriser votre étrange pouvoir grâce à l'aide de l'Esper Magister du Mana, dans le cas où vous ne pourriez quitter Calypta ? Ce serait une sage initiative.

L'épisode de la disparition de ses vêtements ayant rendu leurs relations assez tendues, le vampire ne comptait plus sur un éventuel rapprochement, et laissait donc plus librement s'exprimer son caractère désagréable et sarcastique. Il faisait toutefois des efforts pour ne pas trop énerver sa compagne, qu'il tenait à mener jusqu'à la reine Angélique.

Le désert d'herbes pouvait aboutir à plusieurs régions différentes, et Alucard avait instinctivement choisi le chemin qui les ferait passer par la plaine des duels. D'une part, parce que cette plaine se trouvait dans le domaine du Sahoc, là où Sheena avait le moins de chance de se trouver un autre guide en cas de conflit avec le vampire. Et d'autre part, parce que l'importance de ses capacités y était étrangement et avantageusement influencée....

La végétation se fit de plus en plus rare tandis qu'ils avançaient, et la terre était tellement desséchée qu'ils pouvaient l'entendre craqueler sous leurs pas. Ils avaient quitté le désert pour la Plaine des Duels.

Les Matérias ? C’est ainsi qu’ils étaient appelés dans ce monde ? Je fut satisfaite d’apprendre qu’il y avait bien des temples. Et un esprit électrique en particulier ! Le fait qu’il y ait des Grands Mages était rassurant aussi. S’ils existaient, alors il y existait aussi sûrement des documents qui en indiquaient l’emplacement. Cela promettait d’être moins difficile a trouver que de vieilles ruines oubliées. A l’évocation de ce maudit sort je me renfrognais.

Je n’ai pas l’intention de maîtriser quoi que ce soit ! Mais plutôt de m’en débarrasser !

Faisant un effort, je demandais moins agressive.

Savez-vous s’il existe une bibliothèque ?
Ou un quelconque lieux où je pourrais m’informer sur ces temples ?

Je me rendit compte que je ne savais pas où en était l’évolution de ce monde. Mais s’il était si coutumier de voir des visiteurs d’autres mondes alors Calypta devait être lui-même un monde très avancé. Quel genre de technologie utilisaient-ils ?

Donc vous venez aussi d’un autre monde ? Depuis combien de temps êtes vous a Calypta ?

Petit a petit le désert d’herbes laissa place a une plaine aride. Les roches rouges se substituant aux herbes humides. Ici le sol était sec mais le ciel restait obstinément couvert. Ce monde ne voyait-il jamais le soleil ?





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