A la recherche de la sorcière

Soulagée par les explications de Shin, Arwen lui adressa un sourire sincère, avant de le remercier d'avoir eu le tact de nuancer les rumeurs qui l'avaient tant inquiétée.

- Arigatô...

Le jeune homme accepta ensuite son défi, lui soumettant une condition qui l'enthousiasma plus encore.

- Bien sûr, Shin senpai, ce sera donc une motivation de plus à mon entrainement ! Bien que j'en ai déjà suffisamment...

Elle lança un regard narquois au chevalier, qu'elle était toujours aussi résolue à égaler surpasser, puis écarquilla les yeux à la remarque de la dragonne, prise de court autant par son habilité à parler japonais que par leur approche de la destination tant attendue. Lorsque Hikari se posa à terre, la jeune femme bondit sans attendre qu'elle n'abaisse l'aile, atterrissant brutalement sur le sol marécageux. Son éternel sourire enjoué aux lèvres, elle se tourna vers la dragonne et brandit vers elle le sabre serpent.

- Hikari san, débarrassez-vous donc de mon maître et de mon prochain adversaire, je vous prie, vous serez ainsi plus à l'aise pour m'affronter !

Arwen était impatiente de se mettre en quête de la sorcière, mais son enthousiasme lui était revenu avec une telle intensité qu'elle s'était senti le besoin irrépressible de combattre. Par ailleurs, elle était intriguée par la dragonne et le style de combat qu'elle allait lui opposer. Attendant que Hikari ne confirme sa volonté à l'affronter, elle inspecta d'un rapide coup d'oeil les environs, mémorisant rapidement le terrain de combat afin d'éviter de trébucher bêtement sur un obstacle discret.

Depuis que le chevalier l'avait vaincue d'un simple jeu de jambes, la jeune femme accordait une attention toute particulière à tout ce qui pourrait provoquer sa chute, ne supportant pas la répétition de sa première erreur. Puis, elle dénoua d'une main la ceinture qui maintenait le fourreau reptilien contre sa hanche pour s'emparer de ce dernier, optant pour un style de combat à "armes" multiples. Son regard déterminé restait fixé sur la dragonne, l'invitant silencieusement à accepter un affrontement.

Arwen ne put réprimer une expression de stupeur devant la forme hybride de la dragonne, et son sourire s'élargit. Prise de court par la vitesse de son adversaire, elle réagit instinctivement à l'attaque, décidant de concentrer ses force à garder Gekido levé pour conserver sa position et sacrifiant pour cela sans hésitation son épaule à la griffe draconique, qui l'entailla sévèrement.

Ignorant la douleur, la jeune femme leva alors le fourreau de serpent pour prévenir de nouvelles attaques transversales et élança Gekido vers la parcelle de peau dénuée d'écailles de la dragonne. De minces filets de sang s'écoulaient sur son bras, et Arwen hésita un instant à en profiter pour élever les gouttelettes jusqu'aux yeux de son adversaire, espérant profiter de son aveuglement pour attaquer plus violemment, comme le lui avait montré Alucard. Mais le chevalier la surveillait probablement, tout indifférent qu'il fut, et elle se résigna à abandonner un éventuel effet de surprise pour le réserver en de plus importantes circonstances au maître d'arme.

Son hésitation fut de trop, et Arwen n'évita pas la frappe de la dragonne, à sa propre surprise. Le geste la mit hors d'elle, la jeune femme ne supportant pas que l'on s'ose à la heurter au visage. Elle serra la machoire et lança un regard mauvais à son adversaire, plus du tout amusée par le duel. Elle répondit au chevalier par un sourire sarcastique :

- Tiens donc, alors maintenant mon combat vous intéresse, Maître Néo ? Gardez donc vos conseils de civisme, chevalier, je n'attends de vous qu'un enseignement aux armes, et non pas des leçons moralisatrices. Quant à l'éventualité de ma mort, je m'y suis préparée bien avant vos avertissements, c'est d'ailleurs bien pour l'éviter que je vous ai demandé un apprentissage aux armes !

Furieuse, la jeune femme ne sentit pas les quelques gouttes de sang s'élever de son bras, et les découvrit léviter à hauteur de son visage avec étonnement. Les conseils de maitrise d'Alucard lui revinrent à l'esprit et elle parvint à s'apaiser suffisamment pour laisser s'écouler à terre le liquide. Elle releva les yeux vers la dragonne, forte d'une colère froide qui, contrairement à ses rages impulsives, lui permit de relancer l'affrontement sans défaut d'inattention.

D'un bond rapide, elle rejoint l'hybride et envoya la lame reptilienne vers la gorge de son adversaire, surveillant plus attentivement les griffes de son regard alerte.

Surprise par l'intervention de Shin, Arwen laissa échapper un ricanement sarcastique :

- Peut-être es-tu habitué à bêtement laisser tes sentiments influencer tes décisions, mais moi, je me comporterai toujours selon mes convictions, quel que soit mon attachement. Avec Néo comme avec n'importe qui !

Elle regarda d'un air méprisant le jeune homme partir, et s'irrita de l'immaturité de sa dernière remarque.

- De ce conseil, le seul intérêt à reconnaître est que tu l'aies précisé comme étant le dernier.

Elle tourna le dos aux trois calyptiens et commença à avancer sans plus s'en inquiéter, lorsque Néo lui rappela sa présence. Elle se retourna aussitôt, furibonde, puis se figea un instant devant l'air serein du chevalier. Essayant de tempérer son humeur, elle ferma les yeux et soupira.

- Non. Pas "nous", Maître Néo. J'ai besoin de continuer seule, je suis trop agacée pour accepter la compagnie de qui que ce soit en cet instant. Vous devez maintenant suffisamment connaitre mon tempérament pour deviner qu'en cet état, je risque de me comporter avec vous d'une façon que je regretterais une fois ma colère dissipée. Vous avez à faire au palais, et moi, je dois assumer mon erreur telle que je l'ai engendrée : seule. Je ne reviendrai pas avant de nous avoir délivré tous deux de ma malédiction, vous n'aurez plus à la souffrir avec moi. Merci de m'avoir accompagnée jusqu'ici.

Elle s'était évertuée à se montrer le plus calme possible, mais elle-même avait pu deviner les accents furieux de sa voix mal assurée. Elle hocha respectueusement la tête à l'adresse du chevalier, et se retourna, s'enfonçant sans un regard en arrière dans l'obscurité des marais, protégée par ses ténèbres.

Devinant la présence du chevalier, qu'il n'essaya pas même de faire discrète, bien qu'il resta silencieux comme à son habitude, la jeune femme continua à avancer, les poings serrés. Eut-il été tout autre que son maître, elle n'aurait pas hésité un seul instant à le menacer de représailles, s'inquiétant plus de l'expression de sa colère et de sa frustration que de l'échec très probable qu'elle aurait encouru. Mais elle savait avoir besoin de l'aide du jeune homme pour sa progression au sabre, et s'admit à elle même la peine qu'une séparation définitive lui aurait causé.

Arwen continuait son chemin à une allure empressée, ignorant avec mauvaise humeur le chevalier, dont l'entêtement l'irritait. Il lui donnait la très désagréable impression d'être surveillée par une figure paternelle excessivement protectrice et qui se sentirait obligé de la suivre en permanence pour l'écarter des bêtises dont il la croirait capable, en dépit de son âge adulte. Se contentant de rêver l'accès de violence qu'elle aurait tant voulu exprimer, la jeune femme s'empara de la ceinture de tissu qu'elle nouait habituellement autour de sa taille pour essuyer de gestes brusques qui la firent grimacer le sang qui perlait son épaule, soucieuse d'éviter une nouvelle élévation sanguine impromptue.

La colère de la kendoka s'accrue de façon si intense qu'elle commença à en ressentir les premiers maux de tête. Comprenant qu'elle ne parviendrait pas à semer le chevalier ni à le convaincre de son attitude froide de la laisser seule, elle s'assit à terre et se massa la tempe de sa main libre en soupirant. Devant elle, un sifflement familier la fit soudain lever les yeux. Apercevant le python aux coloris assez semblables à ceux de son fourreau, elle sourit.

Arwen s'émerveillait aisément des animaux qu'elle croisait, les appréciant aussi naturellement qu'elle détestait les humains. Elle le contempla d'un oeil admiratif, prenant garde à éviter tout mouvement brusque qui aurait pu provoquer son agressivité, ou pire, son départ. Tandis qu'elle se plongeait dans des songes dont elle espérait qu'ils noieraient sa fureur, le reptile se mouvait vers elle, attiré par le sortilège que la dissipation de la jeune femme avait lancé.

Flattée par l'approche du reptile dont elle ne comprit pas la cause magique, Arwen se calma un peu, distraite par l'animal. Il arriva bientôt à ses pieds, ce qu'elle apprécia sans crainte. Ce léger apaisement lui permet de rompre le silence pesant :

- Vous vous rendez compte qu'il pourrait me falloir plusieurs jours, voire plusieurs semaines avant de trouver le temple, à supposer que je le trouve ? Comptez-vous négliger vos devoirs au palais pour... je ne sais même pas pour quoi d'ailleurs. Vous sentez-vous responsable de ce qui pourrait m'arriver ici ?

La dernière question avait été élevée d'un ton plus emporté, la jeune femme retrouvant d'avance son agacement à l'idée que le chevalier puisse l'estimer assez faible pour nécessiter une protection permanente. Le reptile fut à ces mots transporté plus rapidement sur ses genoux, le faisant se tordre en une position défensive, alerté par l'attraction magique contre laquelle il ne pouvait pas résister.

Lorsque le chevalier lui rappela les devoirs qui le retenaient de partir, Arwen se sentit de nouveau s'énerver. Fallait-il donc qu'elle supporte sa présence pour une responsabilité injustifiée que le jeune homme tenait à respecter ? L'honneur de chevalier et de maître d'arme que Néo avançait lui apparaissaient comme des raisons que la situation ne justifiait pas. A ses yeux, leur relation de disciple à maître ne le liait à aucun autre engagement envers elle que celui de l'instruire au combat.

Elle voulut le lui répéter, sa dernière réflexion à ce sujet n'ayant pas semblé l'atteindre, mais il poursuivit ensuite à propos de la malédiction sur laquelle elle n'avait pas osé trop l'interroger. Surprise qu'il se confie à elle en un pareil moment, elle abandonna toute rancœur à son encontre pour réfléchir plus posément à ses révélations, relâchant inconsciemment le serpent du sortilège. Le reptile en profita aussitôt pour s'enfuir, à la grande déception de la jeune femme, qui le regarda partir d'un air surpris avant de replonger dans ses songeries.

- Il m'est difficile d'imaginer possible une comparaison entre nous deux, Maître Néo, et qu'elle vienne de vous me surprend encore plus. Vous m'êtes toujours apparu comme mon parfait opposé, ce que je considère comme une grande qualité. Mais s'il me faut prendre pour avertissement ce parallèle, alors j'ai là matière à m'inquiéter. Je me sais trop obstinée pour être capable d'améliorer mon comportement ou changer mes raisonnements...

Elle préféra ne rien commenter du passé dévoilé du jeune homme, ne voulant pas l'importuner en creusant un sujet sûrement suffisamment pénible pour lui. Elle se releva soudain et se remit à avancer, acceptant de mauvaise grâce la compagnie du maître d'arme, bien qu'elle se sentit beaucoup moins énervée. Repensant aux premières remarques de Néo, elle reprit, tout en marchant d'un pas vif :

- Ne craignez-vous pas que l'entrainement d'Alec et Milly ne pâtisse de votre absence ?

1 et 4/ Arwen fait des erreurs régulières
2 et 5/ Arwen fait quelques erreurs mais apprend vite à éviter les tourbières
3 et 6/ Arwen parvient à ne plus retomber dans les tourbières

Arwen a effectué 1 lancé(s) d'un (dé du destin.) :

Prise de court par l'enfoncement soudain de son pied dans le sol qui se déroba sous elle, Arwen perdit l'équilibre et bascula en arrière, avant d'être rattrapée par l'ombre du chevalier noir, qui la ramena en terrain sûr. Lorsque son étonnement fut passé, elle se retourna vers Néo et hocha silencieusement la tête à la fois en remerciement pour son intervention, à la fois en réponse à ses instructions.

Lentement, elle avança, essayant de repérer les rares signes indiquant l'emplacement de tourbières. Mais une fois de plus, son pied s'enfonça, et elle dût compter sur l'aide du chevalier pour s'en sortir. Agacée par cet échec, elle ferma les yeux et soupira. Elle n'arriverait pas à repérer les tourbières, elle le savait. Elle avait eu beau prendre son temps et observer avec attention la parcelle de terre, elle n'avait pas su deviner le "chemin tout tracé" que percevait son maître d'arme.

Elle tenta une nouvelle avancée, mais au bout de quelques mètres, elle fut de nouveau surprise par le terrain piégé. Sentant son irritation s'accroitre, elle s'immobilisa un moment, les poings serrés. Peu lui importaient les risques qui incombaient de ses faiblesses en observation : ce qui lui déplaisait au plus haut point, c'était le simple fait que Néo ait trouvé là une occasion de l'aider, alors même qu'elle avait réclamé son départ, se prétendant implicitement capable de traverser seule les marais.

Par ailleurs, elle restait toujours aussi fermement convaincue de pouvoir s'en tirer sans l'accompagnement du chevalier, comptant sur la magie du sang pour la tirer de ses mauvais pas. N'eut-il été présent qu'elle aurait pu amener sur la terre traitresse de petits animaux suffisamment lourds pour s'enfoncer à sa place dans les tourbières, lui indiquant ainsi le chemin à suivre. Mais Néo était là, attendant d'elle l'accomplissement d'un exercice qu'elle se sentait incapable de réussir, à sa plus grande déception.

La jeune femme décida de changer de technique et, ne cherchant même plus à deviner par une simple observation les pièges naturels, elle s'accroupit pour saisir une branche au sol. Une fois relevée, elle appuya la branche sur la terre devant elle, l'utilisant telle une canne d'aveugle pour trouver le "chemin tout tracé" de Néo. Elle put ainsi avancer sans risquer de nouvelles surprises du terrain sur lequel elle marchait, quoi que son allure fut nettement ralentie par ce stratagème.

Poursuivant donc sa route d'un pas péniblement tranquille, elle reprit sa conversation précédente avec le chevalier du Sahoc :

- Quel homme étiez-vous, auparavant, Maître Néo ? Et quels défauts partagiez-vous avec moi, dont j'aurais à redouter les conséquences éventuelles ?

Arwen savait qu'elle s'aventurait là sur un sujet dangereux : la moindre critique à son égard l'emportait aisément dans des colères rancunières, piquées par une fierté de caractère dont elle était consciente. Toutefois, Néo était la personne qui parvenait le mieux à éviter l'engendrement de ces humeurs, que ce soit par son attitude calme et impassible ou par l'habituelle sagesse de ses réponses.
Néanmoins... s'il était effectivement celui contre lequel la kendoka s'énervait le moins, il n'en restait pas moins qu'il arrivait assez régulièrement à cette dernière de s'irriter en sa présence, étant d'un caractère particulièrement susceptible et irascible...

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Arwen se retourna en sursaut en entendant le sol régurgiter un cadavre animé par les racines dont il était recouvert, découvrant avec horreur le chevalier aux prises avec des racines similaires à ce dernier. Laissant tomber à terre le bâton qu'elle avait utilisé pour éviter les tourbières, elle dégaina aussitôt son katana pour trancher l'ennemi manipulé, mais avant qu'elle n'ait pu s'avancer vers lui, l'ombre de son maître d'arme taillada en quelques mouvements les racines agressives ainsi que les insectes.

Et, comme si l'assaut avait fait partie d'un déroulement prévu au périple, le chevalier fit une rapide leçon à sa disciple, qui restait consternée de sa propre bêtise. Désolée et embarrassée de remords, elle rangea Gekido dans son fourreau et répondit à contre-cœur :

- Passez devant, Maître Néo, je nous causerai moins d'ennuis en suivant vos pas.

La jeune femme n'aimait pas l'idée de laisser le maître d'arme choisir pour eux le chemin à suivre, à sa place. Mais sa culpabilité étouffait suffisamment cet élan de fierté pour l'accepter malgré tout, soucieuse de ne plus causer de tort au calyptien, qui supportait déjà assez le poids de l'erreur qui lui avait valu la perte de son ombre... Après que Néo se soit remit en marche, la kendoka resta donc en retrait derrière lui, prenant garde à marcher aux mêmes emplacements sûrs.