Esper et désespère

Un ricanement incongru fit se retourner Freefall qui n’avait pas entendu l’approche du.. Mage ? Alors c’était ça un mage ? Celui-là avait l’air malade ! Pff... C’était bien sa veine ! Elle n’avait plus qu’a tuer celui-là rapidement et attendre le suivant… Un qui serait plus en forme cette fois !

Tu parle trop, dit-elle d’un ton las, et tu m’ennuis… j’espérais un peu plus de fun, tu a déjà l'air d'un cadavre.

Mais a peine eu-t-elle le temps de lever son arme que monsieur Pardessus Rouge fondit sur elle et la projeta dans le portail qui se trouvais derrière lui ! Surprise, la jeune femme se releva pour voir le nouveau décor [ là ] Puis se retourna face au grand mage qui venait d’apparaître a son tour.

Alors c’est ça un mage ? Dit-t-elle d’un ton ravie.
Parfait… Essaye de ne pas mourir trop vite !

Puis brandissant son arme –Un grand cerceau métallique a la bordure tranchante comme une lame de rasoir– Elle le fit tourner devant elle et porta un long coup transversal en visant le visage de l'esper.

Alucard éclata de rire, amusé par l'ironie involontaire des paroles de la jeune femme. Son rire se poursuivit même après qu'elle lui porta un coup au visage, qu'il n'avait pas été d'humeur à éviter. Lorsque ses ricanements cessèrent enfin, son visage scindé s'était déjà refermé en une seule partie saine et dépourvue de la moindre blessure, tout juste égayé de quelques filets de sang.

- Tu risques d'être déçue, l'humaine... Il y a longtemps que je suis mort !

Spoiler:

Il s'amusa ensuite un petit moment à éviter les attaques de la demoiselle, usant de sa vitesse vampirique, traversant l'arme sous la forme d'un nuage de sang ou faisant apparaitre juste avant l'impact un mur de sang protecteur devant lui. Mais si dans un premier temps ce petit jeu l'amusa, le vampire finit par vite se lasser de ses parades passives, préférant le plaisir d'une agression brutale. Décidant qu'il était temps de donner à la jeune femme la leçon à laquelle le premier pas de cette dernière dans le bois des mages l'avait condamnée, il lui fit face, un long sourire sadique aux lèvres.

Soudain, un éclair de sang jaillit entre le mage et sa victime, les reliant tous deux pour donner au vampire la pleine possession du corps de l'étrangère. Alucard se contenta de forcer sa servante à rester passive, la maintenant immobile tandis qu'il approchait d'elle d'un pas guilleret. Tout en avançant, il ricana d'une voix doucereuse :

- Puisque mes bavardages t'ennuient, pourquoi ne pas profiter d'une activité silencieuse ?

Lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques centimètres d'elle, il s'arrêta et la fit lâcher d'elle-même son arme avant de poser avec une délicatesse exagérée ses mains sur ses hanches.

Aussitôt, le sort d'équimose frappa, endolorissant le corps de l'inconnue d'énormes bleus qui s'agrandissaient sous les gants du mage à la plus petite caresse. Jubilant de l'impuissance de sa victime face à sa "tendresse", il approcha lentement ses lèvres de la bouche de la jeune femme et l'embrassa brusquement à pleine bouche, savourant avec un plaisir pervers les douleurs que le sort provoquait au moindre contact, et en particulier à son baiser, qu'il s'appliquait à partager le plus violemment possible. Après avoir suffisamment brutalisé son corps désormais atrocement marqué de bleus anormalement larges, il la lâcha et la dévisagea en gloussant, sans pour autant défaire l'éclair de sang qui les unissait.

Il la força ensuite à se prosterner à ses pieds, la faisant toutefois lever les yeux vers lui pour être sûr qu'elle ne manque rien de son expression réjouie. Tout sourire, les yeux brillants d'une joie évidente, il murmura d'un ton narquois :

- Je crois qu'il est temps d'en finir, ta passivité et ta faiblesse m'affligent, l'humaine...

Il la fit alors se relever pour lui faire passer amoureusement les bras autour de son cou, et mordit à pleines dents la veine jugulaire de la jeune femme. Après quelques gorgées, il éloigna la bouche de sa gorge pour murmurer d'une voix goguenarde :

- Hm, j'aime mes boissons très chaudes, ton sang est un peu trop tiède à mon goût, tu ne m'en veux pas si je me permets de le réchauffer un peu ?

Et tout en suçant avidement le sang de sa proie, il la brûla de l'intérieur du sortilège de veines de feu qu'il accompagna également d'un sort qui accéléra son rythme cardiaque, faisant gicler le liquide brulant dans sa bouche. Tandis que l'étrangère se vidait de son sang dans d'atroces souffrances, il la libéra de l'emprise de l'éclair, la sachant trop faible pour opposer une quelconque résistance et parcourut mentalement les informations que son sang libérait dans son esprit.

Lorsqu'il la sentit sur le point de mourir, il interrompit tous les autres sortilèges et éloigna ses lèvres de son cou, soulevant dans ses bras son corps sans forces pour susurrer à son oreille :

- Sarah... En tant que mage du sang, je punis de toute provocation les fous comme toi de mort... Mais en tant que vampire, je peux t'offrir une damnation digne d'un semblant de vie... Si c'est ce que tu souhaites, et que tu es prête à m'accorder en échange une soumission parfaite, alors je te ferai partager ma malédiction...

Il la dévisagea d'un air grave avant de retrouver ses airs moqueurs et de ricaner :

- Enfin, s'il te reste encore assez d'énergie pour me faire part de ta décision.

Incrédule, Freefall vit la profonde entaille qu’elle avait faite au visage de l’Esper se refermer toute seule en quelques instants.

Qu’est-ce que c’est que ça ?

Mais au lieux d’être déçue comme l’avait prédit l’Esper, Freefall se mit à rire d’un rire hystérique et augmenta la cadence, frappent toujours plus vite et plus fort en jouant de son cerceau avec une agilité surprenante. Ses asseaux ressemblant presque à une danse… Une danse de la mort…

Aha ah ah ah ah ah ! Magnifique, je te couperais le cœur ! Dépêche toi de mourir !

Mais le mage avait une agilité surhumaine, esquivant chaque coup, passant a travers certains ou en bloquant d’autres avec d’étranges techniques. Mais combattre quelqu’un qui ne fait qu’esquiver n’était pas du tout amusant, et la jubilation de la jeune femme retomba pour se changer en déception, en agacement, puis en colère.

Une nuisance… Une telle nuisance… Est-ce tout ce que tu sais faire ?!! Bat-toi et cesse de fuir !

C’est alors qu’un éclaire rouge-sang jaillit du corps du mage et la frappa de plein fouet ! Mais au lieu d’être foudroyé comme elle s’attendait à l’être, Freefall se trouva paralysé, incapable de bouger le moindre muscle. Le mage approcha alors, la nargant d’un ton doucereux.

- Puisque mes bavardages t'ennuient, pourquoi ne pas profiter d'une activité silencieuse ?

Mais son corps ne lui appartenait plus et elle fut incapable de lui répondre. Fulminant de rage, elle endura ses tortures sans pouvoir hurler, et sentit la peur, la vrai, pour la première fois lorsqu’il enfonça ses crocs dans sa chair pour s’abreuver de sa vie.. La jeune femme avait tant tué que tout ce qui vit était devenu futile à ses yeux, incapable d’imaginer qu’a son tour elle pourrait mourir. Mais maintenant que la mort venait pour elle, elle était terrifiée. Son sang se mit à bouillir, la faisant souffrir plus que jamais, mais elle s’y accrocha avec désespoir, sachant que tant qu’elle souffrirait elle ne serait pas morte… Mais la douleur cessa, et de nouveau elle entendit la voix du Mage.

V…Ve…Vampire…V… Veux…Devenir…Vampire…Oui…

Usant de toute sa volonté pour dire ces quelques mots, Freefall ne voulait pas mourir et lutait de toute ses force malgré l’effort insoutenable que cela lui demandait.

Alucard sourit, puis reprit tranquillement la succion de son repas, vidant complètement de son sang sa jeune proie impuissante. Lorsqu'il ne lui resta plus une seule goutte de sang, il posa son cadavre à terre et la dévisagea un petit moment, réfléchissant à la responsabilité et aux conséquences qui incomberaient de la décision qu'elle avait prise.

Sa proposition ne lui était venue que par caprice, une simple lubie irréfléchie et dont le sens ne lui apparaissait que maintenant. Les liens récents qu'il avait tissés avec son apprentie l'avaient réveillé de son ennui quotidien, mais la jeune femme ne pouvait passer le voir que de temps à autre, et le mage n'en ressentait que d'autant plus sa solitude. Repensant à sa première descendance vampirique, Alucard s'agenouilla près de la morte, hésitant.

Du caractère qu'il avait lu dans son sang, la demoiselle était d'un naturel psychopathe et immature dont il se méfiait, ne sachant si leur relation de maître à disciple et sa promesse suffiraient à lui valoir son obéissance. Il ferma les yeux, tiraillé par un dilemme : d'un côté, il ne voulait pas manquer à sa parole et trahir l'offre qu'il lui avait faite, mais d'un autre côté, il n'avait aucune confiance en la défunte et refusait de libérer sur Calypta une enfant surpuissante et incontrôlable qui défierait son autorité.

Une idée traversa son esprit, et il décida d'un compromis. Faisant appel au sortilège de résurrection que lui conférait son statut de mage de sang, il insuffla dans le cadavre inanimé un nouveau souffle de vie... avant de le lui reprendre aussitôt, la condamnant à la malédiction de Caïn du sortilège de porphyrie. Tandis que la jeune femme rouvrait les yeux, il la regarda d'un air narquois, son visage au sourire amusé penché au dessus de la folle réveillée.

- Bien péri ?

Ricanant, il se releva et attendit les bras croisés que la demoiselle ne fasse de même.

Ayant pu lui offrir la malédiction qu'il lui avait promise sans pour autant partager son sang avec elle, il savait que les limites du pouvoir de Caïn limiterait grandement la puissance de la vampirette. Il n'aurait pas besoin de l'accompagner longtemps dans sa nouvelle vie nocturne pour l'y familiariser, et s'inquiéterait un peu moins de ses bêtises à venir. Il envoya toutefois un message de sang à l'humaine nécrophile, lui interdisant par prudence une prochaine visite dans la plaine du Sahoc ou à son manoir.

Il reporta ensuite son attention sur la nouvelle non-morte, analysant du regard ses expressions pour deviner ses ressentis par rapport à la découverte de ses sens et ses forces accrus.

Mourant une première fois, la jeune femme se sentie revivre et aspira une grande goulée d’air. Son cœur battit douloureusement dans sa poitrine, mais ne battit qu’une seule fois, redevenant inerte presque aussitôt après. A nouveau la jeune femme se sentie partir, mais cette fois la mort était une extase, une explosion de ses sens qui devinrent soudain plus alertes que jamais ! Elle était morte, mais se sentait plus vivante qu’elle ne l’avait jamais été ! Les couleurs étaient plus vives, les odeurs plus colorées, tout avait l’air d’être plus intense, plus… plus réel ! Oui, c’était le mot qu’elle cherchait ! Elle fixa le vampire, son air ébahie laissant doucement place à un sourire euphorique. Cet homme, si fort, beaucoup trop fort ! Il l’avait torturé avec un tel sadisme ! Ce pourrait-il qu’il soit celui qu’elle cherchait ? Qu’elle ait trouvée, dans ce monde, quelqu’un comme elle ? Elle se redressa alors, encore un peu étourdie par l’exaspération de ses nouveaux sens.

J’ai fais un rêve… J’ai rêvée que j’était vivante, mais je ne l’ai jamais été.

Parler lui fit sentir ses canines que, curieuse, elle tâta avec sa langue, avant d’ajouter ravie.

Mais je le suis maintenant ! Je me suis enfin réveillée ! Grace a vous, Mon Maître !

Et comme s’ils avaient étés attirés pour venir fêter sa naissance, des dizaines de corbeaux vinrent en croassant, venant des trois lieux à la ronde, et se perchèrent un peu partout autour d’eux. Alucard avait tors de sous-estimer le sang de Caïn. Bien que les deux formes de vampires aient quelques différences, le véritable avantage d’Alucard, en plus d’être un ancien, était surtout d’être un vampire originel ! Ne portant qu’une brève attention aux volatiles, Freefall trépignait d'impatience d’essayer sa nouvelle force, elle aussi voulait fêter sa nouvelle condition ! Elle éclata d'un rire cristallin :

Ah Ah Ah Ah Ah Ah ! Il faut absolument fêter ça !

Alucard ne put empêcher ses lèvres de s'étirer plus largement à la vue de l'expression émerveillée de la nouvelle née. Il s'était attendu à sa haine, à sa rancœur ou encore à son mépris, mais pas à sa... reconnaissance ? A son grand étonnement, elle lui avait donné le nom de "maître" : titre justifié puisque c'était en effet ce qu'il était, en dépit du refus de partage de son sang, mais pas moins surprenant venant de la bouche de la victime qu'il avait prit tant de soin à torturer.

Bien, il n'aurait donc pas à la tuer à nouveau... pour cette nuit. Partiellement rassuré quant à l'alliance qu'il venait de lier, il prit conscience de ce que cette nouvelle entente impliquait. Désormais, ses massacres seraient "fêtés" auprès d'une autre de sa race, une compagne qui comprendrait et partagerait son avidité sanguinaire et ses pulsions meurtrières. Des proches qu'il s'était fait jusqu'alors, Mythril et Arwen, aucun ne pouvait prétendre à une pareille communion dans la folie qui l'animait.

L'air pensif, le mage leva les yeux vers sa nouvelle disciple, la dévisagea un court instant puis répondit d'un ton calme, contrastant avec son expression sadique :

- Oui, allons donc fêter cela. Ce n'est pas tous les jours qu'on meurt, après tout...

Il tourna la tête vers la lune, trônant haut dans le ciel obscur, et constatant les longues heures de nuit qu'il leur restait à savourer, il réfléchit au meilleur terrain de chasse à exploiter. Ses yeux s'écarquillèrent avant de s'illuminer d'un éclat malsain tandis qu'il s'amusait d'avance de sa vengeance. Cela faisait un moment qu'il pensait à venir mettre à exécution les menaces que n'avaient pas écouté ces immondes déchets calyptiens imbéciles. Et, contrairement à certaines chasses dans lesquelles les proies se faisaient peu nombreuses et donc qu'il appréciait seul, ce carnage-là promettait une masse plus que suffisante de victimes pour ne pas gâcher son plaisir de prédateur affamé.

- Après toi, ma tendre...

Le portail sanglant s'était ouvert devant la jeune femme, ses portes écartées sur la montagne maudite, dans le repère que lui avaient révélés les orcs. Alucard s'était galamment incliné près du portail à l'adresse de son enfant, l'invitant à le franchir d'un sourire charmeur. Plus sérieux, il ajouta toutefois juste avant qu'elle ne fasse le premier pas en dehors de la plaine, ses lèvres tirées en une grimace de colère et de dégoût :

- Je n'admettrai aucune pitié ni douceur : ne leur accorde la mort qu'après qu'ils aient souffert une douleur aussi insupportable que celle que je t'ai infligée. Égale mon sadisme, ne te retiens pas. Une seule restriction néanmoins : leur chef est à moi.

Le vampire laissa sa semblable traverser le portail, puis plongea à son tour.