Remise de l'écaille mauve

Ravi de retrouver enfin l'un de ses meilleurs remèdes à l'ennui, Alucard répondit au mercenaire d'un ton sec :

- Évidemment que non, comme toujours, mon ami !

Il écouta ensuite, un sourcil levé dans une mimique dubitative, la remarque insolente de son compère, à qui il transmit alors un message de sang qui s'étala en lettres grasses et dégoulinantes sur ses vêtements :

PaUvRe TÂCHE ...

Puis il ajouta d'un ton supérieur, tout en avançant calmement, un léger sourire aux lèvres :

- En effet, quelle élégance ! Digne d'une pâle imitation...

De temps à autre, un corbeau se retrouvait éjecté dans les eaux profondes du marais, assommé par une gifle nonchalante du vampire, qui sautait adroitement d'une pierre à l'autre devant le mercenaire sans trop se soucier des volatiles. Son avancée aisée fut perturbée lorsque la maladresse de son élève l'obligea à s'arrêter pour maintenir une distance suffisamment discrète. Il patienta, bras croisés, et attendit de voir si l'humaine saurait se débrouiller seule. Mais l'étrange réaction d'Arwen au souffle de la bête éveilla la méfiance du vampire, qui par précaution décida d'envoyer l'une des âmes qu'il avait aspirées pour vérifier que ces effets ne touchaient que les êtres vivants.

Surgissant de nulle part, une princesse en robe rose se dressa quelques pierres derrière la kendoka et, servile défunte au service de Dracula, ne se permit qu'une rapide présentation au son d'une voix suraiguë ("Peach !") avant de se laisser caresser à son tour par le souffle que son état de morte ne lui permettait pas de respirer. Alucard observait de loin la princesse et la nécrophile, prêt à adapter sa technique d'attaque selon l'impact qu'aurait -ou non- l'haleine de la créature sur un être sans respiration.

Le sang outrageux sur le vêtement de Ryu disparut comme s’il était "absorbé" par le tissu même. Le changelin retrouva alors sa tenue habituelle, son indélébile sourire aux lèvres. La nuée de corbeaux avait surgit d’un seul coup, ballet de plumes et de becs acérés comme autant de poignards vivants, leur cris perçant cinglant l’ouï dans un bruyant concert de battements d’ailes et de croassements furieux. Mais leurs asseaux, infatigables, n’empêchèrent pas le mercenaire de répliquer.

Je ne saurait pâlir de cette pâleur qui vous fait tant pâlir. Mais n’en prenez point tant
pâleur ! Pour pâlir a cette pâle copie, moitié moins plus qu'a moitié pâle que moins
plus pâle qu'elle ne devrait être, je n'ai qu'a pâlir pour dépâlir, et de pâle copie faire
copie pâle !

Ses bras changés en lames, le changelin discourait tout en se battant, éliminant les corbeaux qui le submergeait et l’empêchait d’avancer. Le talion ne semblait pas les décourager, mais fit son œuvre, et les volatiles finirent par devenir moins nombreux. Sa vue se dégageant enfin, le mercenaire aperçut le xylomid qui venait d’apparaître devant Arwen. Une princesse rose apparue alors a son tour.. Ryu savait qu’il s’agissait secrètement la couleur préférée d’Alucard. Déjà dans les catacombes le mercenaire l’avait vu s’extasier de bonheur dans la chambre rose, et en tant que Cali n’avait-il pas également choisit cette ravissante toilette rose ? Au fond de son cœur mort le vampire gardait enfouit son âme de petite fille !

Le plus horrible est l’odeur. Prévint il son ami.

Les malédictions propagées par le souffle du xylomid n’étaient vraiment qu’un moindre mal comparés a la puanteur du souffle lui-même, et cela était d’autant plus vrai pour le non-mort dont l'odorat surpassait celui des hommes. Le changelin fit instinctivement disparaître son nez.

L'idiote nécrophile se prit une seconde bouffée sous le regard incrédule de son maître vampire, qui bien que la devinant incapable de répliquer dans son état ne l'avait pas sue atteinte au point de se laisser ainsi attaquer sans se couvrir de la moindre protection. Derrière la kendoka, la princesse souffrait des mêmes brulures acides et semblait également frappée de paralysie, confirmant au vampire l'impact égal des maléfices sur les morts comme sur les vivants. Sa silhouette s'évanouit sous les ordres de son détenteur d'âme au moment même où celui-ci parvenait sur sa pierre, protégé d'une armure et armé de sa vieille épée.

Se cognant au métal des protections qui recouvrait le Prince Roumain, des volatiles tombaient dans les eaux du marais tandis que d'autres étaient négligemment tranchés par le fil de sa lame. Un court instant lui suffit pour rejoindre son apprentie, qu'il releva de force pour fouiller rapidement la poche où il l'avait vue ranger... L'écaille mauve ! Celle-ci étincelait dans la main gantée du vampire, qui perdit une seconde à l'observer d'un air avide avant de bondir en arrière pour déposer la kendoka hors de portée du souffle du Xylomid et retourna ensuite défier la créature, son bouclier reptilien brandi en prévision de la prochaine bouffée. Observant l'adversaire dont il prenait soin d'aveugler chaque oeil de messages sanglants, il ordonna au mercenaire :

- Surveille-moi ça pendant que je m'occupe de notre amie la pieuvre à gueule puante.

L'écaille dressée en véritable barrière de protection devant lui, le vampire bondit au dessus du Xylomid pour atterrir dans son dos, y enfonçant sur toute la longueur de la lame son épée en prenant soin de ne pas approcher son visage des tentacules. A l'abri du souffle maléfique, il pesa de tout son poids sur l'arme toujours plantée dans le dos de la bête afin d'ouvrir une blessure béante qui sépara de moitié le corps ennemi. Sans laisser aucun répit à ce dernier, il bloqua son arme et l'écaille mauve dans sa ceinture et plongea les mains dans l'immense balafre pour en écarter les chairs divisées, agrandissant atrocement la coupure d'où vomit un large flot de sang. Puis, il bondit sur une pierre éloignée d'où il brandit à nouveau l'écaille mauve et attendit que son adversaire ne s'affale enfin, prêt à répliquer au moindre geste en cas de survie acharnée de la créature.

L'esprit complètement embrumé, Arwen restait recroquevillée sur la pierre, ressentant d'atroces douleurs dont elle ne comprenait pas l'origine et qu'elle ne pouvait pas même exprimer. Elle était dans un tel état de confusion que sa cécité ne la désavantageait qu'à peine : quand bien même elle aurait pu voir la situation à laquelle elle était confrontée, elle n'aurait pas su davantage l'affronter, puisqu'elle n'en saisissait plus le sens. Elle se laissa donc passivement fouiller puis déplacer par Alucard, sentant contre elle la rapide pression de sa main sans pouvoir en déduire pour autant sa présence.

Décidant de s’en débarrasser une bonne fois pour toutes, le changelin transforma le haut de son corps en gueule géante et dévora les oiseaux-goules qu’Alucard n’avait pas tranché et qui revenaient inlassablement..



Ce petit nettoyage apporta involontairement un nouveau lien de sang entre le vampire et le mercenaire. En effet, les corbeaux s’étant nourris du sang de l’écarlate (conséquence de leur goulification) le changelin s’en était a son tour indirectement nourris en les dévorant.

Vous laissez vraiment votre sang nourrir le premier venu !
Plaisanta le blondinet sous les traits d’une Rya elfique.

La changeline secoua la tête de gauche a droite.
Ah ! Cruel vampire ! Moi qui croyais que vous m'étiez fidèle.

Le vampire apporta alors son élève, la portant a l’abris du danger, ou du moins de celui du xylomid. La changeline acquiesça a la demande impérieuse de son ami et sourit a la kendoka. Redevenant Ryu, il la tint près de lui pour qu’elle ne tombe pas a l’eau.

Ce parfum et absolument exquis, très chère, nous présentez-vous votre ami ?

Mais le changelin comprit vite, en voyant les yeux d'Arwen, que ceux-ci ne pouvaient plus rien voir. Inquiet, il tenta de déceler ses autres apathies.

Arwen ? S'enquit-il en levant une main devant elle. Combien ais-je de doigts ?
Le silence qui suivit comfirma ses doutes : Arwen Blaksoul ne savait plus compter !

Bon d'accord, il jouait juste avec elle, mais il fallait bien qu'il s'occupe pendant qu'Alucard tuait le monstre.

Arwen ne comprit évidemment rien aux questions du mercenaire, auxquelles de toute façon elle aurait été bien incapable de répondre en raison de sa cécité. Toutefois, dans les ténèbres qui l'enveloppaient désormais, la voix familière de Ryu était la seule approche qu'elle ressentait comme réconfortante, aussi accueillit-elle ses diverses remarques avec un sourire radieux, parfaitement inconsciente du sens de ses phrases mais ravie qu'elles lui soient adressées.

Hey, c'est pas de ma faute si la sorcière a élevé ses Xylomid au rabais, moi tous ceux que j'ai rencontrés sur Zanarkand avaient plus d'une paire d'yeux :

Spoiler:

xP

Une épaisse masse liquide jaillit du corps déchiré du Xylomid pour gicler sur le vampire, qui se prit un premier flot en plein visage. Il y répondit à sa manière, c'est à dire en restant figé d'un air désabusé, agacé et lassé de sans cesse être la victime de ce genre de désagréments en présence du mercenaire. C'est ainsi que les jets suivants tombèrent également sur le mage et s'écoulèrent lentement le long de son dos tandis que sa colère froide le paralysait sur place. Lorsque le cadavre s'échoua complètement dans les eaux du marais et que le couple d'imbéciles incapables réapparut dans son champ de vision, Alucard sortit de sa torpeur et traversa d'un pas calme les pierres pour les rejoindre.

Face à son apprentie, il sortit Gekido de la ceinture de tissu, referma les mains de l'aveugle autour du fourreau, ignora le regard étonné de celle-ci qui de toute façon était lancé dans la mauvaise direction, se saisit de la ceinture, s'essuya soigneusement le visage avec puis le renoua autour du pantalon immaculé de la jeune femme. Il commença alors d'un ton sec :

- Tu sais, il pourrait paraitre quelque peu étonnant que je te tienne un discours en dépit de ton état et pourtant... Pourtant j'ai tellement l'habitude de parler à des esprits sous-développés, à des incapables qui s'enfoncent dans des pièges plus gros que leur propre bêtise, à des imbéciles qu'il faut sans cesse surveiller et protéger avant qu'ils n'accourent dans le premier bourbier survenu, que je ne remarque qu'à peine ton manque de lucidité !!!!! Oui, parce qu'il faut bien l'admettre : une idiote blonde - vêtue de blanc pour être plus facilement repérée et prise pour cible bien évidemment !!! - qui croit son cure-dent asiatique suffisant pour traverser seule les marais infestés du Sahoc en pleine nuit, parait difficilement plus futée qu'une aveugle frappée d'un maléfice de confusion !!!! Je ne saurais pas même dire exactement quelle initiative m'a le plus impressionné dans tout ce beau parcours : ton avancée en aveugle dans un terrain hostile sans éclairage prévu, ton repos improvisé de Niebienne mortelle en pleine terre sauvage du Sahoc, tes cris hystériques à la moindre petite bête sur ton passage -au cas où les ennemis environnants ne t'auraient pas déja repérée-, tes imitations de mauvais gout au beau milieu d'un combat où tu n'avais même pas l'avantage ou encore ta passivité naturelle face à un vent de maléfices... Ah non, je sais !! Là où tu as le plus forcé mon respect, c'est lorsque tu es bien gentiment restée en dehors du combat sans tentatives suicidaires !!! Ca, venant de toi, c'était véritablement admirable, nécrophile!! On en revient donc à ce que j'expliquais au début : ton idiotie innée atteint des proportions si colossales qu'aucune altération mentale n'a d'impact conséquent sur ton esprit déja lourdement perturbé !!!!

Arwen, qui s'était concentrée sur la voix de son maître pendant tout le long de ses remontrances, avait semblé se sentir de plus en plus mal à mesure qu'il avait insisté. Pâle, le regard inquiet et l'air mal en point, elle donnait une impression de culpabilité telle que le mage finit par se demander si la jeune femme n'avait pas recouvert sa santé mentale et comprit les reproches qui lui étaient faits. La seconde d'après, elle tombait à genoux et rendait son dernier repas dans les eaux du marais, tellement écœurée par l'odeur du liquide qui recouvrait le vampire -et sa propre ceinture tachée par les soins de ce dernier- qu'elle en était littéralement tombée malade.

- ...

L'air soudainement démoralisé, Alucard concéda au mercenaire :

- ... Peut-être aurais-je effectivement dû songer à changer ma tenue avant de vous rejoindre.

Son armure disparut sous un long manteau rouge, et les traits de son visage rajeunirent tandis que toute trace du liquide pestilentiel s'évanouissait. Soulevant la kendoka par l'arrière de son col pour la relever alors qu'elle était sur le point de tomber tête la première dans l'eau, il ordonna :

- Bon, rends-lui le peu d'esprit qu'elle avait, je n'ai pas envie de l'emmener à l'hôpital.

Bien qu'ayant suivi son apprentie dans l'intention première de la protéger des dangers dans lesquels elle s'était jetée, le mage de sang était également venu afin de rencontrer sa consœur en magie. Celle-ci avait invité Arwen à venir la retrouver, il avait donc certainement plus de chances de découvrir la sorcière en sa présence. Or, il n'était pas question qu'il continue sa route avec une élève aveugle et plus stupide que d'ordinaire. En revanche, le mutisme dont elle était prise rendait sa compagnie moins agaçante, peut-être n'était-il pas nécessaire de l'en guérir...

Une claque bien donnée peut parfois soigner les esprits frappés de confusion !
Lança-t-il sur de lui.

Puis hésitant ajouta.
…ou bien est-ce plutôt contre l’hystérie ?

Pensif, le changelin s’interrompit un instant. Il arrivait que la confusion mentale s’estompe d’elle-même au bout d’un moment, mais si Arwen l’avait prit deux fois de suite cela risquait d’être permanent. Heureusement, Ryu se rappelait d’un élixir pour ça.

Euréka ! Dit-il, son visage s’éclaira. J’ai un remède qui pourrait l’aider !

1 : Une gifle suffira à rendre ses esprits à Arwen
3 : Deux gifles seraient nécessaires...
5 : Arwen retrouvera d'ici quelques secondes ses esprits par elle-même

Chiffres pairs : Ni le temps ni les coups ne permettront la guérison du maléfice de confusion...

Destinée a effectué 1 lancé(s) d'un (dé du destin.) :

Alucard n'attendit pas que Ryu ait fini sa phrase et administra une claque magistrale à son apprentie. Tout sourire, répondit d'un ton nonchalant à l'hésitation du mercenaire sans même vérifier si Arwen avait ou non recouvert ses esprits :

- Elle a reçu deux bouffées de plein fouet, peut-être lui faut-il autant de gifle ?

La question relevait plutôt de la rhétorique car le vampire n'attendit pas de réponse et frappa une fois encore la joue de la pauvre kendoka qu'il avait retenue par son haut pour lui éviter une nouvelle chute dans les eaux. Sage initiative, sans aucun doute, puisque la jeune femme vacillait dangereusement, mise à mal par les claques de son maître.

Ayant épuisé ses prétextes à malmener la jeune femme, Alucard retrouva son sérieux et invita Ryu à finir leur traversée du chemin de pierres :

- Bien, tu nous montreras ça de l'autre côté du passage alors.

Et sans plus s'attarder du côté infesté de mouches, le mage renversa son apprentie qui se retrouva portée telle un vulgaire sac sur son épaule et bondit de pierre en pierre jusqu'à parvenir au bout du chemin. Il jeta ensuite négligemment à terre sa disciple en magie, adressa un regard autoritaire au mercenaire et croisa les bras l'air impatient, attendant le remède promis.

- .... X.X"

Bien que dérangeantes, les malédictions d’un Xylomid pouvaient êtres soignées par de la médecines conventionnelles, Ryu para donc au plus urgent. Les brûlures, certainement déjà bien douloureuses, risquaient de s’infecter dans les marais, provoquant ainsi fièvre et comas.

La maintenant debout, le changelin serra donc la jeune femme contre lui et, avec un sourire espiègle, se changea d’un coup en masse vivante de bave d’escargot. Prenant bien soin d’entièrement l’étreindre pour bien la badigeonner, Ryu la reposa alors doucement, poisseuse et cicatrisé, et reprit forme humaine. Notre infirmier improvisé avait déjà remarqué les yeux de la kendoka qui semblaient ne plus rien pouvoir voir. Il avait cru aussi déceler qu’Arwen était prise d’aphasie, et bien sur qu'elle était pour finir en pleine confusion mentale. Ces trois symptômes étaient facilement soignables par des plantes –bocca, lentine, et herbe du fou– qu’il fit pousser dans le creux de sa main dextre. Les trois simples allaient réciproquement soigner le mutisme, la vue, et l’esprit de la jeune femme.

Écrasez-les et appliquez celles-ci sur ses yeux. Dit-il en tendant les herbes au vampire.
Faite-lui avaler les autres, cela devrait vite agir.

HJ : Dis-donc, le chiroptère, c’est a moi de dire quand vous êtes au bout du chemin de pierre !

DJ : L’épaisse brume blanche qui s’était formée autour de la dernière pierre s’évapora soudain, et l’hétéroclite compagnie qu’étaient le vampire, l’humaine, et le polymorphe put voir le chemin se prolonger de 3 sauts de pierres avant de s’arrêter devant une petite île infestée de roseaux. Au milieu de l’île se dressait une vieille bicoque vermoulue au toit de chaume, la bicoque la plus délabrée qui soit. La porte de la masure s’ouvrit dès l’instant où le petit trio mit pied sur l’île, laissant apparaître la propriétaire des lieux.. légèrement changée.

Spoiler:

Ah ! Marion, tu es revenue. Dit la sorcière d’une voix gaie.
Et tu nous ramènes le changelin… Son sourire s’élargit.
Mais qui est ce beau brun qui t’accompagne ?

Dévorant Alucard des yeux elle ajouta « Vampire » comme si elle nommait quelconque friandise, puis tendant le bras vers son huis, invita le trio à entrer.

Venez, entrez donc chez la douce Lucrécia, et dites-lui ce qui vous amène jusqu'à elle.

Bien que s’adressant à tout le monde la sorcière ne regardait qu’Alucard, se dressant au travers de son passage pour laisser aller sans vergogne des mains baladeuses sur son torse.

Nous n’avons pas beaucoup de visiteurs. Dit-elle d’une voix esseulée.
La petite grenouille a de la chance d’avoir tant de si bons amis. Peut-être en partagerait-elle quelques uns ?

Tout son être suintait de sensualité.

Persuadée qu’Arwen n’avait pas trouvée l’écaille (comment l’aurait-elle put ?) La sorcière pensait que la jeune fille venait renégocier pour son ombre.

Tout sourire, Alucard observa bras croisés son élève grimacer au contact de la bave d'escargot, ravi que le mercenaire le venge de sa dernière humiliation aux entrailles de Xylomid puantes en faisant subit à la kendoka un traitement tout aussi ragoutant. Il se saisit ensuite des plantes que lui tendit son ami et soupira, peu enclin à en alimenter lui-même la jeune femme. Il ordonna sèchement à cette dernière :

Ouvre la bouche, l'arriérée.

Ordre qu'évidemment, Arwen ne comprit pas et ignora royalement. Soudain inspiré, le vampire sourit calmement, alla se positionner derrière son élève, referma une main sur son poignet et lui ramena brutalement le bras dans le dos. La clé de bras surprit la jeune femme, qui ouvrit aussitôt la bouche pour hurler la douleur atroce que sa voix ne pouvait plus communiquer, les larmes aux yeux. Alucard en profita lui faire avaler les plantes, lui plaquant une main autoritaire sur les lèvres pour l'empêcher de les recracher. Ceci fait, il écrasa les premières herbes et les appliqua sur les yeux larmoyants d'Arwen, qui cette fois se montra docile, la mine boudeuse.

Au bout d'un certain temps, la kendoka cligna des yeux et adressa un regard effaré à son maître, puis à son ami mercenaire.

- Mais qu'est-ce que v- ...

Alucard, lassé d'attendre alors que la brume s'ouvrait sur un chemin allongé de trois dernières pierres, ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase et bondit de pierre en pierre pour atteindre l'extrémité, obligeant la demoiselle à le suivre sans plus d'explications.

Arwen lança un regard interrogateur à Ryu qui, lui, peut-être, daignerait lui expliquer la situation. Que faisaient-ils tous les deux sur le chemin avec elle, où était passée la créature qui l'avait attaquée et pourquoi était-elle pleine d'une espèce de liquide baveux, marquée de brulures encore fraiches et atteinte d'une douleur lancinante dans le bras ?

Elle s'empressa néanmoins de rejoindre le vampire, et fut soulagée de découvrir enfin la bicoque de la sorcière au milieu de l'île. Elle la connaissait peu, mais toutefois encore bien assez pour deviner son tempérament lunatique : la vieille mage pouvait laisser ses hôtes la chercher pendant une éternité avant de finalement décider... de ne pas leur ouvrir le passage !

Elle ne cacha pas sa surprise à la vue du visage jeune et séduisant de l'Esper Magister. Par réflexe, elle surveilla du regard le mage de sang qui, comme elle l'avait pressenti, détaillait sans aucune vergogne la sorcière de haut en bas. Elle hésita un instant à lui transmettre par image mentale le souvenir qu'elle avait de sa rencontre avec la mage des marais, puis décida de lui laisser la surprise de sa véritable nature. D'une part, elle redoutait que la sorcière ne réalise sa dénonciation et ne l'en punisse. D'autre part, elle songeait avec malice qu'il était temps qu'Alucard ne paye pour sa perversité....

Elle cacha donc son agacement au prénom qu'employa la sorcière pour l'appeler et présenta son "beau brun" de maître :

- Messire Alucard, vampire du Sahoc.

Elle salua son hôte d'une inclination de la tête et pénétra sans un mot de plus la demeure délabrée, préférant taire la relation qui la liait au vieux comte roumain. Ce dernier répondit à sa place à l'interrogation de la sorcière comme si elle s'était adressé personnellement à lui, souriant avec malice :

- Rien de plus que le plaisir d'une rencontre prometteuse.

Arwen rejoignit discrètement le mercenaire et l'interpella d'un sourire complice. Le polymorphe connaissait la sorcière, sûrement s'amuserait-il également de l'attitude doucereuse du vampire. Par ailleurs, son maître la dédaignant à la moindre créature à poitrine généreuse, elle s'était senti le besoin de se rapprocher de son ami, dont la nature joyeuse et ouverte suffisait à dissiper tout sentiment de solitude.

Décidant alors d'intervenir à son tour dans la conversation, la kendoka plongea la main dans sa poche et blêmit, les yeux écarquillés. L'écaille -l'écaille pour laquelle elle avait été chercher le mercenaire, l'écaille pour laquelle elle avait imploré la générosité du dragon légendaire, l'écaille pour laquelle elle avait risqué sa vie dans les marais- avait disparu ! Impossible qu'elle soit simplement tombée, elle s'en serait immédiatement rendu compte !

Alucard approuva la sorcière d'un hochement de tête compréhensif et se retourna vers son élève :

- Il est vrai que la chance t'a favorisée d'une attention trop particulière de tes proches, grenouille nécrophile. Ryu te suffira bien assez pour le retour, moi je m'occuperai de "partager" avec ma "douce" amie.

Le sourire carnassier du mage de sang provoqua soudain la suspicion de la kendoka, puis sa certitude. L'écaille avait étrangement disparu à l'arrivée du polymorphe et du nosferatu. Ryu lui avait permis de trouver l'écaille, il n'avait que peu de raison de la lui dérober. Par logique, le coupable était donc...

- Sire Alucard, je me réjouis de votre générosité.

Entièrement consacré à sa nouvelle amie, le vampire ne se soucia pas de son élève, qui s'était avancée à ses côtés.

- Et puisque vous semblez vous accorder avec les principes de partage de notre aimable hôtesse, je suppose que vous ne verrez pas d'inconvénient à ce qu'elle dispose à son tour...

Elle abaissa rapidement la main dans la poche bombée de son maître et en ressortit l'écaille, qu'elle tendit à la sorcière.

- ... de ceci.

Surpris, Alucard se tourna vers elle d'un air d'abord hébété, puis furieux. Le maître et l'élève se dévisagèrent tous deux d'un regard haineux, puis scandèrent chacun dans l'esprit de l'autre :

Infâme traitresse !

Traître infâme !

1,2,3 : La sorcière attend d'avoir eu ce qu'elle veut avant de réveler son vrai visage au vampire.

4, 5, 6, : La sorcière retrouve son vrai visage maintenant.

Destinée a effectué 1 lancé(s) d'un (dé du destin.) :

Surprit par l’apparence de la sorcière, Ryu lança un regard complice à Arwen et salua la maîtresse des lieux.

C’est toujours un plaisir de venir vous visiter. Lança-t-il flagorneur.

S’amusant de la scène qui se jouait devant lui, le mercenaire laissa faire, s’abstenant de venir sauver son ami, quand l’attitude d’Arwen attira son attention. La "grenouille" avait-elle perdu quelque chose ? Le changelin vit la lumière se faire sur le visage de la jeune femme qui alla directement repêcher son bien dans la poche du vampire. Son lien de sang étant toujours actif, le changelin ne rata rien de l’échange télépathique et éclata de rire.

Saleté de dé ! è_é

Spoiler:

Écartant les pants du grand manteau rouge, la sorcière ne prêta qu’un faible intérêt aux deux têtes blondes, jusqu'à ce qu’une Arwen ne tire quelque chose de la poche de son nouveau jouet. Fronçant les yeux, puis les écarquillant de surprise, la sorcière fixa l’écaille miroitante dans la main d’Arwen.

Que le Grand Cric me croque ! Cracha-t-elle incrédule. D’où tiens-tu cela ?!!

La stupeur ayant brisé son charme, elle retrouva, toujours dans les bras d’Alucard, son véritable visage et sa voie usée par l’âge. Aussi vive qu’un serpent, une main crochue s’empara de l’impossible trophée, le détaillant sous tous les angles. Par quels maléfices cette petite effrontée avait-elle put fabriquer cela ? La présence du mercenaire la fit tiquer, Arwen lui aurait-elle demandé de se changer en dragon mauve ? Impossible ! L’écaille avait besoin d’être authentique, et donc de venir d’un véritable dragon mauve ! Pourtant la bête n’existait pas.

Gare à toi si c’est une fausse ! Menaça-t-elle mauvaise.
Nul ne peut tromper la grande Lucrécia !

Mais quelque soit le défaut qu’elle y chercha, l’écaille était bien authentique. Cette gamine insipide avait-elle réellement vu un vrai dragon mauve ?

L’écaille était au vampire ! Lâcha-t-elle retorse.

- WOW !!!!!!!

Alucard recula dans un grand sursaut horrifié, se cognant violemment au mur derrière lui et manquant ensuite de tomber sur le côté à la vue du laideron en lequel s'était changée la sorcière. Choqué d'avoir pu concevoir des rapports plus intimes avec pareille abjection, il resta bouche ouverte et yeux écarquillés devant l'apparition cauchemardesque, figé d'effroi.

Lentement, à mesure que la conversation se poursuivait entre la kendoka et la mage, le vampire reprenait contenance et son dégoût envers la sorcière faisait place à une colère froide dirigée à la fois vers son apprentie et vers le mercenaire, qui avaient tous deux "oubliés" de le mettre en garde. Malgré son calme à peu près retrouvé, il resta néanmoins en recul, tendu et prêt à disparaitre à la moindre menace tactile. Désormais, seule sa curiosité quant au devenir - probablement plus amphibien que magicien- de son apprentie le tiraillait assez pour le convaincre de ne pas fuir sur le champ la bicoque et sa mégère.

Arwen garda dans un coin de son esprit la réaction allergique du vampire pour s'en moquer plus tard et se concentra en l'instant sur la mage. Celle-ci apparut plus surprise par son succès à la quête de l'écaille qu'elle ne s'y était attendue et bien qu'une petite part d'elle s'en réjouit, la part la plus sensée de son être s'en méfia. La rancune de la vieille allait à coup sûr amoindrir sa belle humeur, et la kendoka craignait d'être changée en grenouille avant d'avoir pu réclamer son sort. Par ailleurs, cette fois, elle ne pourrait certainement pas compter sur l'aide d'Alucard, qui la maudissait si fort que ses insultes lui étaient transmises alors même qu'il n'avait pas fait l'effort d'ouvrir de conversation télépathique. Parfois, le flot d'injures portait également sur le mercenaire....

- Je tiens l'écaille du dragon mauve lui-même.

Lucrécia s'empara soudain de l'objet, faisant sursauter la kendoka. La colère qui semblait monter en elle fit un naître un soupçon d'amusement en la jeune femme, qu'elle réprima instantanément avant d'avoir pu esquisser un début de sourire. La situation était bien assez tendue pour qu'elle s'attire plus encore les foudres de celle à dont elle attendait un service. Elle observa donc silencieusement et d'un visage impassible la sorcière examiner l'écaille avec un soin tout particulier. Finalement, celle-ci se montra de mauvaise foi, peu encline à lui reconnaitre sa réussite de la mission dont elle l'avait chargée. Arwen trancha d'un ton ferme mais respectueux :

- L'écaille est à vous, Lucrécia.

Insistant du regard, elle se justifia plus explicitement:

- Elle m'a été personnellement transmise par le dragon mauve à votre seule attention. Qu'Alucard l'ait portée quelques minutes n'en a pas fait et n'en fait pas le propriétaire.

Elle répéta lentement, refusant définitivement le prétexte de la sorcière :

- Je vous l'ai remise. Elle est à vous, Lucrécia. J'ai respecté ma part du marché.

Arwen espérait, par ces derniers mots, faire appel au sens de l'honneur de l'Esper Magister et lui rappeler discrètement ce qu'elle attendait d'elle désormais, sans trop s'imposer. Elle aurait aimé se montrer plus directe et exiger d'elle le sort qu'elle lui devait, mais naturellement, on n'agissait pas si imprudemment avec un mage sur son propre territoire. Cela, même une "furie suicidaire" pouvait le comprendre.

La réaction d’Alucard, à la vue du vrai visage de la sorcière, faillit faire s’étouffer Ryu qui ne ravala que de justesse un nouvel éclat plus violent encore que son premier fou-rire ! Mais même le changelin savait à quel point le pouvoir de la sorcière était redoutable, et ne voulant pas attirer les foudres de cette dernière sur lui, il se contenta, ne pouvant pas se retenir mieux que ça, de glousser silencieusement sous la pluie d’injures mentales d’Alucard. La tension palpable qui se jouait ici, loin de l’alarmer, ne venait en vérité qu’ajouter à son amusement. Et ce, bien que pleinement conscient du danger réel (et imminent) que chacun d'eux courait ici, lui comprit, face à l’humeur grimpante de la souveraine des lieux.

Son lien de sang ne lui permettait pas de communiquer directement avec Arwen mais, à moins qu’Alucard l’en empêche, la kendoka pouvait "écouter" les échanges entre son maître et Ryu. Le contraire était d’ailleurs également possible, bien que pour l’heure les réseaux soient saturés.

Se renfrognant, la sorcière lança un regard noir à l’insolente qui, intérieurement, devait certainement déjà se voir changée en pustule ou tout autre chose dégoûtante.

Très bien, gromela-t-elle avec humeur, je te prendrais comme élève !

Après tout, si cette gamine avait vraiment put voir un dragon mauve, peut-être méritait-elle d’être son élève. Quelque chose titilla soudain la sorcière qui contempla de nouveau l’écaille de ses yeux morts. Elle arqua alors un sourcil (enfin l’arcade) puis sourit a la kendoka (terrifiant!). Brandissant l’écaille bien en évidence.

Ainsi, tu abandonnes ta seule protection contre la perte de ton ombre au profit d’un peu plus de pouvoir ? Gniiiiiiiiii hihi hihihi ! Ont dirait que le vampire le savait et voulait la garder pour lui !

Savourant son effet, la sorcière observa la réaction de sa nouvelle élève.