Le temps c'est de l'argent [Arwen]

Voilà plusieurs semaines maintenant que l'on avait plus entendu parlé du seigneur du temps qu'il était, il avait profité de ce temps pour se balader au gré du vent et faire de nombreuses rencontre. Il avait même eut droit à quelques affrontements bien sympathique mais sans grand interet autre que se divertir un minimum. Il était donc maintenant de retours dans le domaine neutre, faisant tournoyer nonchalamment sa montre à gousset autours de sa main droite en sifflotant jusqu'à ce que quelque chose attire son attention.

-"Oh my, en train de laisser le temps couler, mademoiselle ?"

Prononça Proda avec un petit sourire après s'être approché d'Arwen qu'il avait rapidement reconnu. Le blanc semblait être apparu au milieu de la taverne par enchantement alors qu'il se trouvait encore à l'extérieur un instant plus tôt.

Arwen ne s'étonna pas de l'apparition de Proda. Elle avait maintenant assez bu pour engourdir son esprit, et autour d'elle, tout se déroulait à une vitesse anormale : tantôt ralentie, tantôt trop rapide pour qu'elle soit capable de comprendre. Les mots du jeune homme lui semblèrent prononcés en échos dans sa tête, impression faussée par l'alcool et qui lui parut désagréable. Elle lui adressa un regard de reproche, convaincue qu'il était responsable de son mal de tête, avant de répondre :

- Seule la boisson coule en ces lieux, Sarestu. Le temps, lui, reste figé... ou tout au moins se fait-il ressentir ainsi, car on ne le voit pas passer, malheureusement. Êtes-vous venu remettre les pendules à l'heure ?

Arwen supposait que le Maître du temps était venu l'informer d'une mission, puisqu'elle ne l'avait jamais croisé dans d'autres circonstances. Si c'était le cas...

- Je ne suis pas en état. Et puis d'ailleurs, je suis déjà en mission. J'ai décidé que l'alcool était un fléau pour la population Calyptienne et je me suis donc vouée à son extermination.

Elle désigna d'une main les bouteilles vides sur sa table.

- Comme vous le voyez, j'avance plutôt bien.

Doucement, le jeune homme leva sa paume droite vers la demoiselle et prononça dans un sourire:

-"Le simple fait que vous puissiez avoir l'impression que le temps s’arrête tends à prouver qu'il existe, car si le temps était nul vous ne le sauriez point !"

L'instant d'après le jeune homme se trouvait assis à la même table de taverne que la blonde, une tasse de thé dans la main droite et la main gauche faisant non d'un signe.

-"Non, non, ma chère, le temps n'est pas venu de repartir au combat, pas encore... même si il ne serait tarder. Non, quand le moment sera venu, tout le monde le sentira dans le quartier de la nuit, car ce sera un moment mémorable !"

Cette phrase fut prononcée de manière un peu théâtrale, attirant les regards des autres badauds de l'endroit de beuverie.

-"Non, aussi incroyable que cela puisse paraitre, je ne suis là que par le plus pur des hasard de mon calendrier et du votre. Certain appellent ce genre de choses l'appel du destin... Ah, ma douce destinée, ma dulcinée, pardonne moi de t'avoir quitté pour rejoindre ces terres hostiles !"

Ajouta Proda en faisant référence à une de ses probables connaissances dans son ancien monde. Ceci dit, il n'affichait aucune réelle culpabilité, il avait fait le choix de rejoindre Calypta après tout.

-"Et vous, âme noire, pourquoi vous noyez vous ainsi en cet endroit ? Cette mission vous aurait-elle été confiée par le maitre loup ou bien est-ce là l'appel d'un maitre encore plus cruel qui vous fais oublier justice et colère ?"

La kendoka observa d'un air amusé le jeune homme philosopher.

- Vous vous rendez compte que je ne puis rien entendre à ce genre de réflexion dans mon état ?

L'incompréhension d'Arwen à ses propos ne sembla pas déstabiliser Proda, qui poursuivit malgré tout. Elle le dévisageait en souriant, distraite de ses pensées lugubres par le personnage en blanc qui l'avait toujours fascinée. Le lapin blanc du Pays des Merveilles. En cet instant, il lui paraissait encore plus irréel. Il était la première personne avec laquelle elle acceptait de discuter depuis son entretien avec le seigneur lycan, et elle ne pouvait s'empêcher de lui répondre. Elle en vint à se demander si cette étrangeté ne signifiait pas qu'il était en fait un fruit de son imagination, car elle était bien sûre qu'aucune personne réelle n'aurait pu capter son attention au point de la faire converser aussi naturellement comme il y était parvenu.

- Ne me voyez-vous donc qu'en servante ? Nul Maître ne m'envoie. Je combats l'alcool dans une implication personnelle qui m'est venue spontanément.

Elle s'attarda un instant sur la tasse de thé que tenait le Maître du temps et hocha la tête pour elle-même. Oui, c'était bien un échappé du pays des merveilles, et il revenait apparemment d'une fête du chapelier fou, comme le prouvait la tasse de thé. Intéressée par son hallucination, Arwen l'interrogea à son tour :

- Quel étrange hasard a bien pu vous porter à cet endroit, dite-moi ? Le Destin peut vous avoir guidé jusqu'ici, mais il a bien dû pour cela vous inspirer une raison valable. Quelle est-elle ?

-"Ah ah, avec le temps, peut-être cela vous viendra-t-il naturellement ?"

Répondit avec un petit rire le blanchâtre. Il bu calmement ensuite un lampée de thé avant d'ajouter:

-"Aux vues du temps, une implication personnelle n'est pratiquement jamais spontanée, mais cela entre dans le domaine de la mémoire... ou dans celle de la destinée ? Je ne sais jamais réellement, ces deux là sont tellement proche, on dirait presque des sœurs jumelles ! Deux charmantes sœurs..."

Encore une fois, le jeune (?) homme avait lâché une phrase énigmatique qui faisait probablement référence à son propre vécu dans son monde avant de pouffer silencieusement. Lorsqu'elle lui posa la dernière question, Proda eut soudainement un faux (?) air mélancolique.

-"Après avoir vue plus d'une Destinée se transformer en Mémoire au cours du Temps, on accorde bien moins d'importance au chemin que l'on prends, surtout quand celui-ci à tendance à prendre une voie similaire à ce que l'on a déjà vécu."

L'air disparut de son visage et un grand sourire vint le remplacer.

-"Ceci dit, je découvre de nouveaux chemins en ces terres ! J'adorerais tellement que Destinée et Mémoire puissent voir cela, elles seraient probablement joyeuse comme pas deux ! Mais remettons cela de côté !"

Cette dernière phrase fut suivit d'un balayage de la main libre du seigneur du temps.

-"Ma présence en ces lieux est aussi fortuite que votre spontanée mission de combattre par l'absorption ce vice qu'est cet alcool, mais une chance peut en entrainée une autre... que feriez vous si je vous disais que je sais où trouver de quoi alléger toute souffrance personnelle en ce monde ?"

Demanda-t-il soudainement, l'oeil brillant d'un intéret nouvellement venu derrière son monocle après avoir posé sa tasse sur la table, sa main toujours accrochée à celle-ci.

La réponse de Proda fit douter Arwen de l'irréalité du personnage. Il n'aurait pas dû faire allusion à son passé. En tant qu'hallucination, il n'était pas supposé en avoir. C'était troublant. Toutefois, le Maître du temps redevint bien vite le natif du Pays des Merveilles qu'elle l'avait deviné être, car il évoqua une éventualité invraisemblable. Songeuse, la kendoka répondit d'un ton joueur :

- Je l'ignore. Dite-le donc, pour voir.

Puis elle réfléchit un peu plus sérieusement à sa question, et ajouta :

- Je suppose que je vous questionnerais afin de m'en aller trouver cette merveille.

Les propos du jeune homme lui paraissaient suspicieux. Peut-être n'était-ce qu'une vision propre à son âme blessée, mais il lui semblait que la seule façon d'alléger la souffrance personnelle était de reposer pour l'éternité. Par ailleurs, elle pensait le personnage uniquement animé par un impitoyable besoin de distraction, et venir en aide à autrui n'avait pas grand chose de divertissant. Sûrement, le cadeau dont il lui laissait supposer qu'il lui indiquerait l'endroit devait être facétieusement empoisonné. Arwen était vivement intéressée. Quel que soit le piège dans lequel il projetait de la voir tomber, elle était persuadée que l'intérêt qu'il y trouvait résidait dans sa dangerosité. Or, la jeune femme ne demandait qu'à sombrer.

Pleine d'espoir, Arwen attendit que son interlocuteur ne l'informe, le pressant du regard de se hâter de parler.

-"Je vois que j'ai réussis à détourner votre attention de votre mission actuelle, très bien !"

Prononça le blanchâtre sur un ton amusé avant de se pencher vers la blonde et ajouter sur le ton de la confidence:

-"Et bien, j'ai entendu parler d'une légende locale qui dit qu'un mélange de sang, de poils et de venin d'Arakk sauvages permettrait la concoction d'une potion de sérénité puissante qui ferait oublier même au plus soucieux des grincheux ses petits problèmes personnels... mais personne n'a pu réellement vérifier, les Arakks sont de dangereuses, et magnifique, créatures après tout. Très intelligentes d'ailleurs, probablement plus qu'un humain classique."

Le jeune homme recula alors son visage dont le sourire ne quittait pas le bout des lèvres, il souleva sa tasse de thé et se mit à en touiller le contenu avec une petite cuillère assortie à la tasse.

-"Mortelle, très mortelle. Si vous vous essayez à cette entreprise, je vous conseille de ne pas y aller seule. Surtout que leur terrain de chasse, la foret des frayeurs, n'est pas un petit coin de paradis à ce qu'il parait."

Arwen ne trouva aucun intérêt à la potion à laquelle devaient servir les éléments que Proda lui cita. Elle ne croyait pas en son efficacité, et ne souhaitait de toute façon pas oublier ses peines. Elle était fatiguée de sans cesse se relever, fatiguée que tous ses efforts n'aboutissent qu'à de nouvelles chutes. Elle pourrait bien alléger ses souffrances, on lui en causerait toujours d'autres. Mais enfin, au moins la conversation du Maître du temps l'avait-elle inspirée. La forêt lui manquait, et les Arakks seraient bien assez redoutables pour l'y faire demeurer...

Elle se leva et sourit à Proda en lui présentant la bouteille à moitié vide qu'elle tenait à la main :

- Qui donc s'en irait risquer sa vie pour un remède que l'on peut aisément trouver ici ? Vous devriez essayer un peu plus corsé que le thé, mon ami, vous sauriez alors qu'il n'est nul besoin d'épiler une araignée sauvage pour alléger ses peines.

La kendoka salua le jeune homme d'un signe de tête puis s'en détourna, quittant la taverne pour se diriger vers le palais du seigneur lycan.

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