Royalement infecté (Z)

Suite

- ... magines si elles avaient accédé à ta requête ??! Tu penses vraiment que la vue aurait été sensuelle ?? Tu ne crois pas plutôt qu'on a déjà souffert assez d'horreurs ce soir ?? A moins que ce ne soit dans tes goûts de mort-vivant mais enfin, je côtoie un vampire de vieil age et il a, lui, des goûts tout à fait sains. Alors ne me fais pas croire que la mort est responsable de tes attirances absurdes. D'ailleurs, je ne vois pas quel genre d'intérêt tu peux bien trouver aux attraits charnels, toi qui n'est plus qu'un vieux tas d'os asexué...

Gekido siffla rageusement autour de la kendoka, frayant à sa maitresse un chemin parmi la horde de zombies qui l'attaquait tandis qu'elle pépiait inlassablement à l'adresse du squelette. Les deux Calyptiens avaient fui le territoire des furies et traversé les terres Niebiennes en direction de l’hôpital. Ou tout du moins dans des directions qu'Arwen supposait mener à l'hôpital. Leur trajet s'était distingué par de longs détours auxquels les avait conduit la mauvaise orientation de la jeune femme.

Le serpent blanc termina de dégager le passage d'une dernière décapitation, permettant à la kendoka d'apercevoir l’hôpital au loin. Agréablement surprise, elle s'accorda un petit sourire victorieux avant d'enjamber une tête qui tentait désespérément de la mordre, et de presser le pas vers le grand bâtiment immaculé. Elle approchait des portes lorsqu'un bruit derrière elle la fit se retourner. Arwen fixa d'un air ahuri le transport qui roulait à toute vitesse dans sa direction, et lévita au dessus juste à temps pour l'éviter. Deux silhouettes familières sortirent du véhicule. En les reconnaissant, la kendoka abaissa un regard hésitant vers le reptile outré, désireux de punir la tentative de meurtre. Puis, après un petit instant, décidant qu'elle n'aurait pas dansé et fait tout ce chemin en vain, elle rangea Gekido dans son fourreau et foudroya son acolyte du regard.

- Si tu fais encore la moindre allusion déplacée, je jure que je te le ferai amèrement regretter, T-bone.

Elle courut rejoindre l'enfant et le prince sans attendre de réponse, et appela à mi-voix :

- Floriant, Miss Couettes !

Dépassant un zombie trop lent pour qu'elle ne s'en soucie, elle parvint aux portes de l'hopital, qu'elle cogna violemment.

- Vous allez bien ?

Son regard se porta à la plaie sanguinolente du prince. Elle réprima une grimace de dégout. De toute évidence, ça n'allait pas. Frappant plus fort aux portes, Arwen se risqua à appeler :

- Ouvrez, nous amenons un blessé !

A côté d'elle, Floriant s'échoua soudain au sol. Elle se mit à douter de son affirmation : n'amenaient-ils pas plutôt un mort ? Elle s'agenouilla précipitamment près du prince et posa deux doigts sur sa gorge. Le pouls, très faible, ralentissait doucement. Les traits figés dans une expression hésitante, elle considérait avec effroi le devoir qui pourrait bientôt lui incomber.

Clop... Clop... Clop...

Brain...

Je ne pouvais plus vraiment penser...

Tout ce qui m'importais à l'instant était de gouter un savoureux cerveau. Un bien frais et bien tendre. Tout juste sorti de sa boite crânienne. Un bon gros cerveau bien juteux. Ah... Quel délice rien que d'y penser. Enfin penser était un bien grand mot. Je n'étais plus que guidée que par mes instincts les plus primaires. J'avais faim et c'était tout ce qui comptait pour le moment.

Un pas après l'autre, j'errais dans les pièces de mon établissement pour trouver de quoi calmer cette faim qui me rongeait à en devenir folle, si seulement à cet instant j'avais pu encore avoir un peu de raison. Car oui j'étais bel et bien une de ces si adorables goules et je n'avais plus qu'une idée en tête: manger du vivant! Et ce bruit et ces cris suspects allaient me guider vers mon futur repas.

J'avançais donc très lentement en direction des nouveaux venus, prête à leur sauter dessus! Un seul soucis dans mon plan: la porte était fermée et je peux vous dire que pour un zombi c'est une épreuve bien difficile qui s'offrait à moi.

- Ah...

Un murmure sortait d'entre mes lèvres. La seule chose d'intelligible que je pouvais dire en cet instant. Puis je m'appuyais de toutes mes forces sur le morceau de bois me séparant de mon diner. La porte céda et s'ouvrit tout doucement vers les pauvres victimes. Mais voilà l'oiseau qui me servait autrefois d'ami décida qu'il était temps de sauver ces pauvres créatures d'une liche affamée et me sauta carrément dessus. Je fus écrasée au sol sous les serres de l'animal qui poussait des cris terrifiés. Il tentait de les prévenir qu'il était préférable de s'éloigner de moi. Que j'étais perdue. J'avais été mordue...

Puis il attrapa un bout de tissu de la manche d'Arwen et commença à la tirer pour tenter de lui faire comprendre d'une autre manière. Quand à moi, je restais là allongée la tête dans la terre. Trop choquée pour bouger. Je n'avais plus vraiment beaucoup de neurones qui fonctionnaient en cet instant et le coup de traitre de ma fausse sœur avait endommagé les restant tant est si bien qu'on aurait pu croire que la grosse Chocobo avait eu raison de moi.

Les salutations de T-bone à l'infirmière déclenchèrent le réflexe immédiat de la kendoka à envoyer sa lame le découper. Manqué. Des cris d'animal apeuré la retinrent de tenter une seconde frappe: une espèce de canari géant pépiait d'angoisse. Inquiète, Arwen leva les yeux vers la maîtresse des lieux. Des lambeaux de peau lacérée lui pendaient du visage, et son corps entaillé dégoulinait de sang tandis qu'elle avançait vers eux en poussant des râles morbides. Zombifiée.

Désolée et hébétée, la kendoka regarda leur dernier espoir de sauver Floriant se faire piétiner par son oiseau effrayé. Alors elle se tourna vers le petit prince qu'elle avait protégé dès son arrivée et dont les aventures s’arrêteraient là. Elle eut l'impression délirante qu'un cauchemar né de son esprit macabre s'en échappait et se confondait habilement avec la réalité lorsqu'elle vit le garçon se relever, mort, et s'en prendre à la gamine. Son coeur se serra. Elle raffermit sa prise sur la tsuka de son serpent blanc. Mais l'enfant se défendit par elle-même de l'assaut de son agresseur et le squelette recommandait la fuite. Arwen hésita, fixa un instant le mort-vivant royal. Et frappa soudain le crâne de T-bone, que Gekido détacha de son squelette et envoya un peu plus loin d'un coup net. Ne pouvant rien de plus pour apaiser son chagrin et sa frustration, la kendoka se tourna vers le véhicule de l'inventrice et y courut sans un regard en arrière.