Cours théorique [PV Arwen]

De toutes les disciplines qui avaient sur Arwen un pouvoir soporifique, l'histoire était de loin celle qui l'ennuyait le plus. Toutefois, la jeune femme n'avait pas quitté le professeur du regard depuis le tout début du cours, apparemment très concentrée. Peut-être eut-il deviné l'intérêt de son élève exclusivement porté sur son apparence, car Néo la sortit de ses observations insistantes d'une interrogation surprise qui la fit écarquiller les yeux d'étonnement. Embarrassée, la kendoka lança de discrets coups d'oeil vers sa gauche puis vers sa droite, espérant s'aider d'éventuelles prises de notes des autres élèves, puis répondit :

- Eh bien... leurs caractéristiques seraient intéressantes à décrire du point de vue d'un natif de l'empire.

Se tournant vers l'élève derrière elle, Arwen demanda à ce dernier :

- Alors, qu'en penses-tu ?

L'élève eut l'air interloqué, et tenta d'expliquer à la jeune femme :

- Mais je ne suis pas un natif de...

Puis, sous le regard menaçant de la kendoka, il s'empressa de répondre malgré tout à la question de Néo, intimidé par sa camarade.

Arwen, qui avait depuis les devoirs imposés par le chevalier affiché une expression ennuyée, sourit alors à l'adresse de ce dernier, ravie de l'entrainement qu'il lui proposait, et plus encore de se savoir en sa compagnie le soir venu.

- Bien, ce sera fait au plus vite, Maître Néo.

La jeune femme s'inquiéta soudain de la nature de la créature pour laquelle le maître d'arme la voulait en entrainement. Quelle que soit la force ou encore les capacités de l'adversaire, elle ne craignait pas les risques potentiels et savait pouvoir de toute façon compter sur l'aide de Néo en cas de réel danger. En revanche, l'aspect de la créature lui importait davantage, tout au moins s'il lui fallait s'attendre à reconnaître en celle-ci des caractéristiques arachnides, seuls attributs que la kendoka puisse redouter, en raison de sa phobie irrationnelle. Elle tenta d'en apprendre plus auprès du chevalier :

- "A l'apparence dangereuse" avez-vous dis... Vous a-t-on décrit plus précisément la bête ?

Arwen pâlit légèrement à la question de son maître, dont la perspicacité l'étonnait encore. Elle voulait éviter de lui confesser son arachnophobie, qu'elle-même trouvait parfaitement ridicule, et lui répondit donc en élucidant :

- Il est une créature que je préférerais effectivement éviter. Je serais capable de l'affronter, mais je ne le ferais pas sans y être contrainte... Si nous la croisons dans la forêt, selon l'importance de sa taille, je dois vous avouer qu'il se pourrait que je fuis.

La jeune femme eut honte de l'admettre, mais il valait mieux avertir Néo de cette faiblesse de courage plutôt que de le confronter au fait lors d'une situation délicate. Elle s'inclina légèrement en signe d'excuse et tourna les talons avant que le maître d'arme ne puisse émettre la moindre remarque, ne voulant pas entendre d'éventuelles récriminations qui ne changeraient de toute façon rien à sa réaction en cas de mauvaise rencontre et, l'esprit embrouillé par ses craintes irrationnelles, sortit de l'école d'un pas rapide.

Après quelques pas seulement au soleil, la jeune femme recula d'un bond en arrière, lâchant une exclamation de douleur tandis qu'elle ressentait encore les brûlures de son exposition aux rayons. Paniquée à la seule pensée de rencontrer sa phobie et distraite par la culpabilité de sa lâcheté, elle avait distancé le maître d'arme en oubliant sa dépendance à la protection ténébreuse qu'il lui offrait contre sa malédiction, pressée de couper court à leur sujet de discussion. Regagnant l'intérieur de l'école, elle retrouva Néo d'un air repentant et, embarrassée, l'interpella :

- Pourrons-nous aller chercher ensemble mes affaires lorsque vous en aurez la disponibilité ? A moins que je n'aie le temps d'attendre le crépuscule pour partir seule et vous rejoindre un peu plus tard dans la soirée ?

Tout naturellement, Arwen répondit, songeant au cours duquel ils sortaient :

- Oh, ce ne pourrait être pire que...

Puis s'interrompit, réalisant qu'il n'était peut-être pas des plus approprié de se plaindre à son professeur d'une leçon pour laquelle sa distraction lui avait été reprochée.

- ... Je vous suis.

Certes, les suppositions de Néo se confirmeraient très sûrement, la kendoka était en effet habituée à s'ennuyer de ses programmes répétitifs et, à ses yeux, dépourvus d'intérêt. Toutefois, la compagnie du jeune homme suffisait à animer ces occupations lassantes, et Arwen préféra finalement s'en accommoder plutôt que de se séparer de lui.

- Il me sera plus aisé de contenir mon impatience à vos côtés, de toute façon.

Conclut la jeune femme, au souvenir des quelques adversaires qu'elle avait involontairement blessés dans la salle d'entrainement de son auberge, alors que, ennuyée de sa solitude, elle les avait provoqué pour "décompresser"... De toute évidence, l'influence de Néo lui serait profitable, comme toujours.