Tribinal decisionnel en faveur de mademoiselle Arwen

Le comité décisionnel est invité à débattre un problème donné et de remettre son avis éclairé à son altesse Celeste qui proclamera sa décision suite au tribunal. Son jugement ne pourra en aucun cas être remis en question.
Le comité à pour l'aider dans sa tâches les droits suivants :
-Interroger l'intéressé sur ses motivations et sur le bien-fondé de sa demande
-Mettre en évidence des preuves et suggestions allant envers ou à l'encontre de la demande initiale
-Appeler un ou plusieurs témoins
-Donner son avis éclairé

Le principal intéressé obtient également le droit de faire appelle à un témoin .


Juge décisionnel :
Sa majesté Celeste, déesse et impératrice du royaume du nieb et co-regisseur du monde de Calyptien

Juré et avocat du domaine du nieb :
Mademoiselle Elene Graham, chevalier blanc et élève paladin

Juré et avocat du domaine du neutre :Mademoiselle Liliel Snake, humaine et directrice-gestionnaire de l'hôpital de la bienveillance

Juré et avocat du sahoc :
Mademoiselle Aenea, Arrak, gerante de l'Acromantula,boutique de magie noire.

Le tribunal étant au complet, la séance va commencer.
Rappelons aux observateurs de ne pas intervenir pendant le déroulement de la séance.

Mademoiselle Arwen , veillez vous lever et annoncer au tribunal vos motivations et arguments.

Arwen avait pris place dans la salle imposante du tribunal bien avant l'heure du procès, son anxiété s'en trouva donc accrue lorsqu'il fut sur le point de commencer. Et ce d'autant plus qu'elle ne retrouva pas dans l'assemblée qui lui faisait face le long manteau rouge familier dont le propriétaire représentait son seul appui potentiel, faible pilier de sa défense et surtout principal soutien moral de la kendoka.

La jeune femme s'apprêta à interpeller son maître par pensées lorsque celui-ci apparut, apaisant un peu son malaise jusqu'à ce qu'elle n'aperçoive la folle qui l'accompagnait. Elle s'efforça de l'ignorer et se replongea dans l'argumentation qu'elle retravaillait mentalement, mais son attention fut aussitôt distraite par la chute soudaine d'un elfe, que le mage de sang venait de tirer violemment de la place qu'il occupait pour s'asseoir auprès de sa victime préférée, Mythril, à qui il adressa un sourire narquois. La disciple pâlit légèrement, se désespérant silencieusement de l'attitude provocatrice de son défenseur, qui n'engageait pas vraiment à la confiance où l'indulgence qu'elle attendait des membres du jury...

Le regard azuré d'Arwen balaya ces derniers, dévisageant chacun d'entre eux dans un sentiment d'inquiétude qu'elle essaya de ne pas trahir. Ses muscles se contractèrent à la vue de l'Arrak tandis qu'elle combattait sa peur pour garder les idées claires et s'interroger sur l'opinion de cette dernière quant à sa malédiction et ses mérites à en être délivrée. Ne parvenant pas à se faire un avis, elle s'intéressa ensuite à sa voisine, une femme au visage agréable et qui lui était encore inconnue. Enfin, ses yeux se posèrent sur la juré blonde, qu'elle ne reconnut pas non plus, mais dont l'expression sévère inspira sa méfiance, malgré leur appartenance commune au Nieb.

Le tribunal étant au complet, la séance va commencer.
Rappelons aux observateurs de ne pas intervenir pendant le déroulement de la séance.
Mademoiselle Arwen , veillez vous lever et annoncer au tribunal vos motivations et arguments.

Arwen se leva brusquement et, sentant l'angoisse la submerger, chercha du regard un élément réconfortant. La présence du mercenaire la rassura très légèrement, celle d'Alucard n'eut pas l'effet tranquillisant escompté, mais celle du chevalier au calme imperturbable parvint à l'apaiser, et elle put commencer :

- Mon ombre m'a été retirée quelques semaines après mon arrivée sur l'empire, dont je ne foule les terres que depuis une douzaine de mois environ. Je suis native d'un monde dépourvu de magie, et c'était là mon tout premier contact avec un maléfice.

La force de ses convictions rendit à la jeune femme son assurance, et sa timidité hésitante disparut à mesure qu'elle expliquait sa situation, son air grave soutenu d'un regard franc et intransigeant.

- Depuis un an que je paye le prix de ma défense contre un sort dont j'ignorais tout des conséquences éventuelles, j'ai appris à modérer l'impulsivité qui m'a fait défaut et pense avoir suffisamment souffert ma punition pour être désormais en position de demander l'indulgence de ma reine.

Mon intolérance à la lumière est comparable à la malédiction que portent les vampires, et j'en ai été frappée sans aucun retour de force, contrairement à eux. Je ne me suis pas damnée, je n'ai pas vendu mon âme et je n'ai jamais trahi les principes qui me tiennent à cœur. J'ai simplement voulu assurer ma protection, sans en deviner le moyen convenable. La conséquence d'une faute que j'ai commise dans l'inexpérience d'un monde nouveau m'apparait donc injustement sévère à côté des torts qui m'incombent.

C'est pourquoi j'en appelle à la bienveillance de la déesse du Nieb, et requière son appui pour remédier à la perte de mon ombre, dont je pense avoir suffisamment appris pour ne plus mériter son poids.

Également présent, le Crocs Furieux discuta avec l’elfe Archess, ou plutôt la laissa parler, se contentant de l’écouter en hochant la tête de temps en temps. L’humaine sans ombre était donc son élève, le Crocs Furieux observa Arwen un peu plus attentivement. Le dragon d’or arriva peu après, suivit d’un couple de vampires dont le comportement arracha un grognement réprobateur au tylaon. Le vampire rouge avait beaucoup fait parler de lui depuis son arrivé dans le royaume, et bien qu’il ne l’ai encore jamais rencontré, le Crocs Furieux sut qu'il avait affaire à l'Alucard que les derniers bruits prétendaient vampire du Nieb. Bruits que le tylaon décroyait, malgrès l'apparente amitié du vampire pour le seigneur Mythril.

Un tribunal ! La vampire fit une moue boudeuse. Qu’avait-elle a faire dans un tribunal ? Si encore elle venait y faire un carnage, mais son maître lui avait expressément ordonné de bien se tenir, elle n’avait le droit de tuer personne... Pfff ! Qu’ont lui plante tout de suite un pieux dans le cœur ! Rien qu’a l’idée d’un long procès pompeux elle s’ennuyait déjà.

Arrivant dans la salle d’audience, Freefall suivit son maître qui se dirigea tout droit vers un groupe d’elfes aux oreilles pointues, en virant un de son siège pour s’asseoir a sa place, à coté d'une blonde longues-oreilles. C’était qui celle-là ? S’asseyant a la droite de son maître, elle s'accrocha à son bras dans un geste possessif, et s’aperçue seulement alors de la présence d’Arwen… face au jury ? Ah Ah Ah ! C’était trop drôle ! La démente retrouva aussitôt sa bonne humeur, et faisant un sourire radieux à la kendoka, elle se sera un peu plus contre son maître.

Se faufilant entre les pattes des spectateurs, un petit renard se glissa jusqu’aux premiers rangs, jappant pour encourager Arwen. L’animal se chercha alors une place et grimpa sur un siège avant de reprendre forme humaine. Liliel faisait partie du jury, le sourire du changelin s’élargit. La doctoresse serait sûrement du coté d’Arwen.

La reine ordonna alors l'ouverture de la séance. Le brouhaha de la salle se tue et Arwen commença sa plaidoirie. La kendoka venait d'un monde sans magie ? Ce tribunal allait être plus instructif qu'il ne l'aurait cru !

Ma pauvre enfant comme je vous plains..

Commença l’araignée d’une voix douce et compatissante. Elle approcha d’Arwen avec une lenteur calculée, poursuivant sa tirade.

Une telle condition semble injuste pour quelqu’un qui aime la lumière, et quelle fille d’Ève n’en à pas besoin ? (Effleure la joue d’Arwen d’une caresse.) Nous avons là une jeune fille repentante qui est toujours restée fidèle à ses principes, à n’en pas douter… Mais quels sont ils vraiment ?

Fait un sourire d’une douceur cruelle en fixant Arwen droit dans les yeux, plongeant son regard noir et opaque dans celui azurés de la jeune femme.

C’est ce que nous allons tenter de comprendre…

Laissant passer une courte pause théâtrale, l’arakk reprit.

Arwen Blacksoul, votre perte d’ombre remonte à peu prêt d’une année, répondez par une réponse courte, n’avez-vous rien fait pour tenter d’y remédier ?

Arwen grimaça un court instant au son de la voix familière qui s'éleva en réponse à sa plaidoirie. Elle s'était sentie mal à l'aise avec l'Arakk dès leur toute première rencontre, mais son antipathie allait au delà de son apparence repoussante. La créature éveillait instinctivement sa méfiance, et ce réflexe inconscient de deviner la fourberie et la manipulation dans chacune de ses paroles et chacun de ses actes s'était affiné au premier mot de cette dernière.

Il n'effleura pas l'esprit de la jeune femme l'éventualité que la commerçante eut pu sincèrement ressentir la compassion qu'elle affichait, et elle fronça les sourcils lorsque la juré s'approcha lentement d'elle, pour finalement éloigner son visage de la main qui lui caressa la joue d'un air écœuré. Son expression méprisante disparut toutefois presque aussitôt et elle s'efforça de conserver un air impassible, désireuse de ne pas faire mauvaise impression.

La sympathie feinte d'Aenea l'agaçait au plus haut point, mais elle n'en montra plus rien, essayant de réfléchir à la finalité traitresse à laquelle voulait en venir l'arachnide. Elle eut beau retourner la question qu'elle lui posa plusieurs fois dans sa tête, aucun argument en rapport à la réponse qu'elle préparait ne lui parut en sa défaveur aussi finit-elle par confirmer d'une voix neutre :

- Si, j'ai envisagé plusieurs solutions avant de me résigner auprès de ma reine.

Son regard balaya rapidement l'expression calme du chevalier puis le sourire absent du vampire, qui semblait étrangement sérieux. Les deux hommes l'avaient chacun accompagnée dans sa quête pour remédier à la perte de son ombre, aussi savait-elle pouvoir compter sur leur témoignage pour confirmer les faits ou opposer une vision différente à celle que pourrait dépeindre l'arakk de ses tentatives infructueuses.

Ne voyant toujours pas les torts qui pourraient lui être reprochés quant à ses recherches finalement vaines, Arwen s'exécuta et s'expliqua devant l'assemblée, apparemment calme :

- Vous-même, en tant que gérante de l'Acromentula, m'avez proposé un pendentif me protégeant telle une ombre des rayons du soleil. Le point faible qu'aurait constitué le fait de lier ma survie à un objet dont j'aurais eu à craindre la moindre fêlure m'a, entre autre, découragée d'opter pour ce compromis. J'ai également été demander l'aide de l'Esper Magister du Mana, qui a bien voulu remédier à la perte de mon ombre, en l'échange de mon premier né. J'ai considéré qu'une ombre ne valait pas une vie, aussi n'ai-je pas accepté cette proposition non plus...

L'arachnide trahit enfin une expression, et sa surprise calma véritablement l'humeur d'Arwen, qui lui sourit aimablement pour répondre d'une voix douce :

- Oh mais je peux préciser tous les détails qui seront utiles à permettre mon jugement.

Arwen laissa quelques secondes s'écouler, se complaisant dans l'attente impatiente d'Aenea, avant de reprendre :

- Malgré l'embarras apparent que me posait son dilemme, le mage de mana ne m'a pas fait part d'autres solutions, ainsi notre rencontre s'est-elle révélée infructueuse quant à ma quête d'un remède. Je n'ai pas tenté d'argumenter car je l'ai deviné convaincu de l'honnêteté de l'échange qu'il me proposait et jugeais offensant d'en réclamer un autre alors que je n'étais pas même en position d'en demander un premier... Notre entretien fut relativement bref.

La jeune femme avait compris que la curiosité de l'arakk reposait sur l'identité du mage, et se plut particulièrement à allonger sa réponse de détails sans rapport avec cette information. Elle avait pris le temps de prononcer lentement ses "précisions" simplement pour mieux frustrer son interlocutrice, et pris la précaution de ne pas non plus trop dévoiler son ravissement, se parant d'un air grave quoique toujours serein.

Mais la discrétion d'Arwen n'était pas uniquement dûe au plaisir de provoquer l'araignée. Car si la kendoka n'appréciait pas vraiment la sorcière des marais, elle la respectait toutefois suffisamment pour lui rester fidèle et refuser de trahir l'anonymat qu'elle avait su conserver jusqu'alors. Par ailleurs, dévoiler son nom n'aurait en rien fait avancer l'affaire, et son silence se voulait constituer un rappel du sujet à discuter.

L’arakk accueillit cette réponse avec un doux sourire, mais la froideur glacée de son regard n’avait rien d’amicale. L’aura de mort qui y flotta aurait fait tressaillir n’importe qui, n’importe qui de vivant et qui croiserait son regard, mais l’aura s’estompa rapidement alors que l’arakk retrouvait son calme. Aenea avait parfaitement comprit le petit tour que venait de jouer l’humaine, et avait également vu le plaisir qu’avait prit cette dernière à la titiller. En d'autres lieux, la jeune femme aurait connue une mort atroce ou d'horribles malédictions.

Contrairement a ce que pensait Arwen, la réponse aurait été un fil de plus dans la toile que tissait l’arakk, mais ce fil n’était pas indispensable. Poursuivant sur son ton doucereux, la jurée enchaîna.

Et qui vous a conseillé dans vos choix ? Demanda-t-elle d’un ton anodin.
Ces personnes sont-elles dans la salle ? Pouvez-vous les montrer ?

L’arakk accompagna sa question d’un geste pour encourager l’humaine à obtempérer.

Arwen leva les yeux pour fixer l'arakk, à qui elle répondit sans la moindre hésitation, calme et posée :

- Suite à l'offre inaboutie du mage, je suis allée demander conseil au Maître vampire Alucard, qui m'a alors proposé de chercher un remède parmi vos articles. Je ne dirais donc pas qu'il m'a orientée dans mes choix, car il n'a pas émit d'opinion bien que je l'y ai pressé. En revanche, Sire Lightfellow a, quant à lui, accepté de me donner son avis et m'a confortée dans mes doutes, je me suis donc finalement fiée à mes premières impressions...

Tout en énonçant les noms de ses maîtres, elle avait incliné la tête dans leur direction, les désignant discrètement d'un salut respectueux. Elle s'était évidemment attendue à devoir évoquer sa proximité avec le mage de sang, et se doutait bien que sa réputation pourrait jouer contre elle. Ainsi, elle ne craignait que peu la mise en avant de leur relation et s'était déjà préparée à la défendre. En revanche, elle ne savait pas à quel témoignage s'attendre de la part du chevalier s'il venait à être interrogé, et espérait qu'elle n'aurait pas à le découvrir. La kendoka côtoyait Néo quotidiennement depuis près d'un an, et malgré cela, elle ignorait encore beaucoup de ses raisonnements, le jeune homme n'étant que peu enclin aux confidences personnelles.

L’arakk ne montra aucun signe d’agacement ou de jubilation et se contenta de sourire amicalement à la kendoka. Son regard lisse est noir fixa tour à tour le chevalier et le vampire, avant de revenir a l’humaine.

Une dernière question… Arwen Blacksoul, est-ce bien votre nom ? Possédez-vous un lien du sang avec votre maître vampire ?

Cette dernière fourberie ne pouvait pas être évitée, Arwen allait devoir répondre aux deux questions. Le lien invisible d’un partage de sang était parfaitement visible pour les yeux de la nécromancienne. Quant a l’autre question, Aenea était curieuse d’entendre la réponse d’Arwen.

Arwen s'étonna un peu que la jurée ne profite pas de l'occasion pour appeler Alucard, mais ne se départit pas de son calme pour autant. Dénuée de toute expression elle répondit tranquillement aux deux questions, les yeux rivés sur le vampire, qui avait retrouvé son sourire :

- Oui, Arwen Blacksoul est bien mon nom. Et oui, je partage avec Sire Alucard les liens du sang.

La jeune femme s'était contentée de considérer le sens du nom propre à la définition première du mot, et donc au fait qu'il la désignait personnellement. Elle ne jugea pas utile de préciser que ce n'était toutefois pas son nom de naissance, préférant se limiter au sens large que permettait la formulation de la question.

Elle n'avait pu en revanche éluder la relation particulière et plus profonde que d'apparence qu'elle entretenait avec le mage de sang, et s'était résignée à la confirmer. Elle n'aimait pas l'idée que sa connexion télépathique soit connue de tous, consciente que cette information eut pu mieux lui servir en restant secrète. Mais plus que de l'avis général, elle s'inquiétait de la façon dont son maître d'arme pourrait voir ces liens inaltérables. Le chevalier l'avait par le passé déconseillée une confiance trop prononcée envers le vampire, et elle craignait que son aveu, preuve même qu'elle n'avait pas suivi ses recommandations, ne le porte à la déconsidérer.

Aenea accueillit cette réponse avec ravissement. Arwen venait de mentir délibérément a sa reine, ce qui en disait long sur son honnêteté, et venait parachever la conclusion de l’arachnée sur la déloyauté de l’humaine, et sur son penchant pour le coté obscur plutôt que pour la lumière. La reine Celeste, même si elle avait été la seule, s’était forcément rendue compte de la tromperie de sa sujette.

Je vous remercie. Sourit-elle a la kendoka, comme un prédateur souriant a sa proie prise au piège. La nécromancienne se tourna alors vers le publique.

J’appelle maintenant le prince régent du quartier nocturne, le vampire Viktor.



Le vampire apparut brusquement aux cotés d’Arwen, dans une brume noire faite de pure obscurité qui se dissipa rapidement. Son apparition congédia l’humaine de la barre des témoins, le vampire la regarda s’éloigner en silence avant de reporter son regard sur Alucard, un sourire narquois aux lèvres. L’arakk s’adressa alors a l’assemblée.

Un témoignage éloquent ! Arwen Blacksoul nous montre par ses réponses qu’elle est une femme facilement influençable par ses maîtres, et mieux encore, que ses décisions ne peuvent êtres prises sans leurs avis, et quels maîtres ! L’un d’entre eux n’est autre que Néo Lightfelow, une éminence du Sahoc ! Quant au second, nous pouvons nous demander quelle raison peut pousser une humaine à frayer avec le monde des vampires ? La réponse, hélas, est évidente. Que n’a-t-elle dès le départ demandé l’aide de sa reine ? Mais Arwen Blacksoul s’est instinctivement tournée vers l’obscurité, cherchant remède dans les ténèbres et la magie noire, et, selon ses propres mots, ne se « résignant auprès de sa reine » qu’en tout dernier recourt, en désespoir de cause ! Car Arwen Blacksoul fait partie de ces filles d’Ève et de ces fils d’Adam que la noirceur de la nuit attire plus que la lumière, la violence l’obsède, le mal la fascine, et son penchant se traduit clairement par le choix de ses maîtres… Mais que recherche-t-elle vraiment ? Une humaine faible est impuissante venue d’un univers sans magie, la voilà soudain confronté aux forces grisantes de ce monde. Nous sommes en droit ici de nous demander si cette perte d’ombre a vraiment été faite contre son grée ou s’il ne s’agit pas plutôt d’un geste délibéré, serais-ce pur hasard si la Déesse Destinée à poussé cette femme a devenir une créature de la nuit ? Ou bien en réclamant son ombre, la dénommée Arwen Blacksoul ne recherche-t-elle pas plus que ça ? C’est ce que nous allons à présent éclaircir…

Se retournant alors, l’arachnée fit face au vampire.

Prince Viktor, nous venons d’apprendre que la dénommée Arwen avait un lien du sang avec son maître vampire, pouvez-vous nous dire quelle est la signification d’un tel lien ?

Dévoilant deux canines longues comme des pouces, le vampire prit son temps avant de répondre, et sourit aux trois jury d'un sourire inquietant de prédateur. Il prit alors la parole, d'une voix grave en lente, qui porta avec force dans la salle malgrès le ton bas qu'il utilisait.

Le lien du sang fait avec un mortel est une sorte de marquage. Il signifie que l’humain appartient a son maître et qu’aucun autre vampire n’a le droit d’y gouter. Mais il représente aussi une promesse, par ce lien, le vampire s’engage, lorsque le temps sera voulu, à donner l’étreinte a son serviteur.

Arwen serait donc une aspirante vampire ?

Oui.

Le vampire fixa de nouveau Alucard.

Elle a tout du moins été choisie par son maître, et quel qu’en soit la raison, le moment venu, il est susceptible de la transformer.

Alucard l’avait lui-même précisé lors de sa visite à l’Acromentula, rappelant qu’en sa compagnie Arwen était à tout moment susceptible d’être transformée en vampire.

Le fait d’être sans ombre empêchera-t-il Arwen de devenir vampire ?

Non… Mais un retour d’ombre fait sous le lien du sang est plausiblement capable d’affecter son don obscur, et d’en faire une vampire résistante au soleil au moment de sa transformation. Un don que n’importe quel autre vampire sera ensuite susceptible de lui voler en pratiquant l'amaranthe. Il s'agit de la tuer en la mordant et en la vidant de son sang jusqu'a la dernière goutte, afin d'absorber son âme.

L’accusation était bien sur pour Alucard, mais si le principe du retour d’ombre était possible en théorie, la pratique, elle, était beaucoup plus hasardeuse. Le don obscur était trop aléatoire.

Je vous remercie. Conclue l’araignée avant de se tourner vers les autres membres du jurys. Je n’ai plus d'autres questions.

Satisfaite des réponses du Prince, Aenea s'abstin d'appeler les deux maîtres d'Arwen qui de toutes façons défendraient certainement leur élève.

Arwen écouta l'arakk d'un air froid, le regard empreint de mépris. Organisant mentalement sa défense tandis que l'araignée s'évertuait à ternir son image, elle retenait placidement ses arguments, posée. Son calme s'éreinta toutefois à la mention du chevalier noir, dont la présentation négative l'offensa démesurément. Alors qu'elle sentait sa colère lui revenir, une voix goguenarde l'interpella par pensées.

Qu'on médise de ton preux chevalier, et te voila redevenue la furie imbécile qui tua sa propre ombre. Mais qu'on malmène ma réputation à côté, et pas le moindre dévouement ne t'inspirerait pareille émotion à mon égard ! Nécrophile ingrate, tu servirais mieux tes maîtres à te concentrer sur ton procès qu'à t'irriter de futilités que même l'intéressé n'a pas relevé.

Surprise de ce contact soudain, la kendoka détacha son regard d'Aenea pour croiser celui d'Alucard, qui l'observait en souriant, puis celui de Néo. Plus convaincue par la complicité apaisante du vampire que par ses reproches, son humeur se tempéra d'un mépris serein grâce auquel elle put suivre plus posément les sournoiseries de l'arachnide. Lorsque cette dernière en eu fini avec le vampire dont elle venait seulement d'apprendre l'existence du statut, Arwen fit face à la barre de témoins et l'invita à la quitter :

- Prince dont, bien que j'aie prétendument "frayé avec le monde des vampires", j'ignorais jusqu'alors tout de l'existence, veuillez vous retirer je vous prie. Je souhaiterais appeler à la barre...

La jeune femme s'apprêta à réclamer la présence d'Archess, quand une voix s'éleva dans sa tête, ordonnant l'appel d'un autre nom.

Alucard avait suivi l'échange tantôt avec un sérieux dont même lui s'étonna, tantôt avec une hilarité qui lui arracha quelques gloussements alors que son élève provoquait l'arachnide. La jeune femme ne semblait pas même réaliser avoir surmonté sa phobie, et le vampire s'attrista un peu des peurs dont il ne pourrait plus se jouer. Sa déception laissa ensuite place à de l'étonnement lorsque, attentif au rythme cardiaque d'Arwen dont il surveillait les moindres accélérations révélatrices, il ne décela aucun mensonge à la confirmation du nom sous lequel elle s'était présentée. Et pourtant, à leur rencontre dans les catacombes, il se souvint l'avoir sentit nerveuse sous cette appellation... Marion était-elle finalement morte après son second meurtre dans la plaine ?

Sa surprise passée, il s'intéressa de nouveau au déroulement du procès, appelant son élève à plus de calme tandis qu'elle s'irritait bêtement d'une remarque moindre à l'égard de son chevalier. Arwen congédia alors l'espèce de goule blonde, dont Alucard avait suivit l'impressionnant débit de sottises avec amusement, suscitant ainsi un soudain caprice du vampire à vouloir s'inviter à la barre.

Les bancs du tribunal sont d'un inconfort lassant, nécrophile. Je préfère encore te rejoindre et perturber ta plaidoirie que d'y rester une seconde de plus...

- ... appeler à la barre le mieux placé à répondre des raisons de mes liens de sang, Sire Alucard.

L'appelé se leva tranquillement et lança un regard narquois à "Viktor" :

- Ma nature m'oblige-t-elle à choisir également une entrée en scène à divertissement de bas niveau ou bien puis-je m'avancer en conservant toute dignité ?

Feignant le soulagement de n'être pas forcé à imiter les talents de prestidigitateur du prince, Alucard marcha jusqu'à la place où il était attendu, s'adressant parallèlement à sa disciple vampire par la pensée.

Sois sage et ne taquine pas trop méchamment ma blonde, Dame Mythril, veux-tu ? Ou alors sois suffisamment discrète pour ne pas déranger le procès.

- Sire Alucard, je souhaiterais vous interroger à propos des sujets du domaine de votre race qui ont été évoqués précédemment. Pourriez-vous rappeler en quoi votre témoignage pourrait se révéler autant, voire plus pertinent que celui de Sire Viktor, au delà du fait que vous êtes vous-même personnellement impliqué et donc bien plus aux faits de la situation et des problèmes qu'elle soulève ?

Le mage comprit tout de suite les intentions de sa disciple et lui donna donc les éléments de réponse qu'elle attendait :

- Je fais partie des rares membres de ma race à compter plus de six siècles d'expérience... et suis accessoirement parmi les privilégiés encore moins nombreux à ne devoir sa malédiction à aucun maître vampire.

Arwen trahit un léger sourire, consciente de l'avantage légitime que la malédiction particulière d'Alucard conférait à son témoignage. Sous le regard amusé de ce dernier, elle insista :

- Un vampire originel ?

- C'est cela.

-Je vois... Sire Alucard, pour quelles raisons avez-vous établi avec moi les liens du sang ?

- Ces liens ne sont pour moi qu'un "dommage collatéral", la conséquence inopportune d'une soif étanchée sur une humaine qui y a survécu. Comme pourrait le confirmer Doppelganger, qui était présent lors de ce repas, je n'avais pas prévu de les créer... Bien que j'étais alors conscient des suites de cet apport sanguin, il ne m'importait sur l'instant que le profit du sang que je buvais, rien de plus.

- Affirmez-vous donc ne vous être engagé à aucune promesse d'immortalité envers moi ?

Le vampire gloussa de nouveau à cette idée, haussant un sourcil narquois à l'adresse de son élève.

- Si je peux tolérer la compagnie d'une niebienne le temps d'une vie humaine, je ne pourrais toutefois prétendre être capable de la même bonté pour l'éternité d'une mort vampirique... Une telle promesse ne m'aurait été d'aucun bénéfice : si j'avais été assez miséricordieux pour accepter de te partager ma malédiction, je l'aurais fait dans l'immédiat et n'aurais pas attendu l'éventualité que d'autres ne te tuent avant moi, puisque je te sais si souvent menacée... Par ailleurs, j'ai encore assez de fierté pour mieux choisir mes pairs. Comme en est le parfait exemple ma charmante disciple Sarah, c'est au sein du Sahoc et auprès de personnalités plus proches de la mienne que je prends plaisir à offrir l'immortalité.

D'un geste nonchalant de la main, le vampire désigna Freefall, sa seule descendance immortelle sur Calypta dont la réputation suffisait à justifier du genre de caractère qui méritait sa malédiction.

- Car après tout, ce n'est pas comme si tu étais le seul membre du Nieb à partager ce lien avec moi, et ton second, dont je tairai le nom par principe, est d'une nature que la vieillesse épargne et qui n'aurait rien à gagner du don obscur.

Alucard sentit la curiosité de sa disciple la rendre hésitante, et celle-ci se tut un instant avant de décider de respecter le silence de son maître pour poursuivre :

- L'on peut donc bien interpréter votre définition des liens du sang comme différente de celle du prince régent ?

- Oh, peut-être la sienne est-elle juste... sur cet empire. Mais je ne suis pas natif de Calypta et connais donc un sens plus nuancé de ces liens. Ils permettent des échanges télépathiques dont la capacité peut être plus ou moins utile au vampire ou à son humain, mais au final, ce ne sont rien de plus que l'excuse à l'acquisition d'un pouvoir nouveau. L'immortalité, la rapidité et la force surhumaines acquises par un vampire ont-elles un sens ? Notre existence même est une aberration, aucune signification sensée ne saurait justifier nos dons maudits, quels qu'ils soient. Par ailleurs, quand bien même ces liens seraient ici bas la promesse d'une immortalité future, je doute franchement de l'honnêteté de notre race pour croire en la véracité possible d'une telle offre.... Pas trop déçue, l'humaine ?

L'humaine ne réagit pas à sa question et préféra enchainer :

- L'affirmation selon laquelle le don obscur, une fois mon ombre retrouvée, pourrait m'influencer de telle sorte que je survive au soleil vous parait-elle plausible ?

Cette fois, Alucard laissa échapper ses fameux éclats de rire démentiels, le corps secoué par sa propre hilarité. Habituée, son élève attendit patiemment qu'il ne se remette de l'hypothèse de Viktor, ce qui prit un certain temps au vampire qui finit enfin par répondre :


- AH SI SEULEMENT ! Aurais-je eu le moindre doute quant à cette thèse, je t'aurais envoyé de force accepter l'accord du mage du mana et tu ne serais déjà plus là pour la présenter, nécrophile ! L'apprenti vampire n'est pas seulement un prestidigitateur de talents qui soigne ses entrées, c'est également un admirable conteur aux fabulations enviables ! Non, nécrophile... Outre un caractère des plus insupportables, aucune particularité ne te distingue de tes semblables, et même la malédiction des vampires a ses limites...

- Qu'est ce qui vous permet de l'affirmer avec tant de certitude ?

Le sourire d'Alucard s'allongea pour lui conférer une expression moqueuse tandis qu'il toisait la jeune femme de ses yeux carmins.

- Faut-il être blonde, ou simplement du Nieb, pour oublier sa propre mort ? Je t'ai déjà transmis ma malédiction par le passé, le temps d'un rapide combat, et ce après avoir déjà bu de ton sang. Or, tu étais toujours aussi inutile et dépourvue d'ombre que tu ne l'es à présent !

Le mage de sang avait répondu avec un air aussi décontracté que lors des questions précédentes, mais cette fois, l'interrogatoire de la blonde l'embarrassait. Arwen n'avait certes pas oublié son décès dans la plaine, mais il n'en était pas de même de sa première mort à laquelle faisait référence Alucard alors qu'il expliquait avoir déjà bu auparavant le sang de sa disciple. Il espéra que cette brève mention échapperait à la jeune femme, refusant de trahir le passé qu'elle semblait avoir occulté. Par ailleurs, il ignorait si cette première beuverie avait ou non créé les liens du sang à ce moment là... Arwen n'était pas supposée y survivre et Alucard s'était tant surpris de son retour qu'il n'avait pas songé à tenter une communication télépathique.

Malgré l'attitude détendue du vampire et bien qu'elle n'en montra rien, la kendoka s'inquiéta de la révélation significative de son maître, qu'elle avait apparemment remarquée, car elle poursuivit mentalement :

Je ne comprends pas, Maître, êtes-vous bien sûr de ce que vous avancez ? Le moindre mensonge pourrait jouer en ma défav...

Je sais.

Le ton avait été ferme, presque agressif, coupant court à toute discussion éventuelle. La jeune femme hocha lentement la tête en direction de son maître, acquiesçant à sa remarque tout en paraissant, devant l'assemblée, remercier Alucard de son témoignage, avec lequel elle venait d'en finir.

Baillant ostensiblement pendent les pleurnicheries de l’endive blonde Freefall n'écouta que d'une oreille distraite les questions ennuyeuses qui suivirent, se préocupant plus de Melle Grandes Oreilles qui était un peu trop intime de son maître a son goût. Jusqu'a ce que la conclusion de l’araignée ne l'interpelle. Cet insecte commençait à lui plaire ! L'araignée interrogea ensuite un grand mâle ténébreux aux dents longues…

Bon, il n’avait pas autant de charisme que son maître, mais Freefall n’aurait pas été contre lui passer sur le corps… avec le tranchant de son cerceau !

Hé mais, minute ! Qu’est-ce qu’ils étaient en train de dire sur l’endive ? La caïnite s’était tellement penchée sur son siège qu’elle faillit en tomber à la renverse, heureusement, elle était toujours accrochée à son maître. Ce dernier se leva justement, et Freefall dût le lâcher a regret. Cette peste de blonde ombricide essayait de se l’accaparer ! Mais tout en rejoignant Arwen, Alucard envoya un message télépathique à Freefall. Être discrète ? D’accord ! Ça elle pouvait faire !

*Je serais sage !* Répondit-elle mentalement.

Décidément, elle ne pouvait pas suporter les blondes. Toisant l’elfette d’un regard mauvais, Freefall bougea en un clin d'oeil et se retrouva soudain assise a la place qu'ocupait son maître, un sourire sadique sur les lèvres qu'elle avait rapprochée des grandes oreilles de Mythril, se penchant sur lui dans une attitude presque intime, et enserrant son bras autour du cou de l'elfe pour l'immobiliser. Freefall fit pousser ses crocs et lui conseilla d'un ton froid d'aller racoler ailleurs, lui faisant comprendre qu'elle arracherait ces stupides oreilles pointues si l'elfette persistait a vouloir coller son maître.

………Comme en est le parfait exemple ma charmante disciple Sarah…

Reconnaissant son nom, la caïnite lacha l'elfette et redressa promptement la tête, se réintéressant au procès. Ce qu'elle venait d'entendre la partagea entre fierté et agacement, lui faisant pousser un soupire contrarié. Pourquoi l’appelait-il comme ça devant elle !

*C'est Freefall !* Corigea-t-elle d'une voix mentale indigné.

Mais elle ne put s’empêcher de sourire largement lorsque son maître la désigna. Arborant fièrement les canines meurtrières auxquelles Arwen n’avait pas eu droit.

Craignant qu'Alucard ne mette ses menaces à exécution et ne vienne perturber son procès, Arwen corrigea sa phrase à temps pour appeler le vampire à la place de la dame elfe. Au final, l'intervention de son maître lui parut judicieuse, celui-ci comprenait chacune des intentions argumentatives de ses questions et lui donnait volontiers les éléments qu'elle attendait, tout en restant aussi franc et moqueur que de coutume. Son témoignage se conclut sur une explication qu'elle ne comprit pas, mais qu'il refusa de lui détailler, même par pensée.

Décidant de remettre ses interrogations à plus tard, elle inclina la tête vers Alucard et fit ensuite face à l'assemblée, prête à se défendre par elle-même :

- Tout malentendus désormais écartés quant à mes rapports avec Sire Alucard, j'aimerais à présent répondre aux accusations qui m'incombent. On me dépeint comme une femme facilement influençable, dont les décisions ne dépendent que de ses maîtres... Accusation intéressante, venant de la part d'une commerçante qui n'aura pas même été capable de me convaincre d'un simple achat malgré son rôle incitatif, et dont l'amertume affecte de toute évidence les propos médisants.

Derrière elle, les ricanements d'Alucard menaçaient de s'épanouir en rires tonitruants, aussi s'empressa-t-elle de poursuivre :

- La personnalité parfaitement opposée des maîtres que je suis témoigne d'elle-même de l'invraisemblance d'une dépendance influente : les réputations respectives de Sire Alucard et de Sire Lightfellow sont d'une contradiction extrême, comme peu l'ignorent. Elles prouvent à elles seules ma capacité à m'en assagir sans pour autant m'en influencer de façon déraisonnable, car s'il fallait que l'un des deux pèse sur mes décisions, l'autre me serait par logique infréquentable... Au delà de cette incompatibilité, mes deux maîtres du Sahoc ne poursuivent eux-même aucun intérêt à tenter de m'influencer. Sire Lightfellow est réputé pour son impartialité dans le choix de ses élèves, aussi bien en école de chevalerie qu'en enseignements personnels. Quant à Sire Alucard, à la seule exception de sa récente disciple, il est de notoriété publique que ses fréquentations les plus régulières se font auprès de personnalités du Nieb et du domaine Neutre...

Alors qu'Arwen désignait discrètement Mythril et Ryu de la tête, elle sentit sur elle le regard assassin d'Alucard, qui dût n'apprécier que modérément ce rappel implicite à sa réputation d'amant du dragon d'or.

Espèce de Niebienne fourbe et ...

Bien qu'elle redouta assez sa vengeance future pour s'en inquiéter, elle préféra ignorer ses insultes et promesses de meurtre télépathiques pour continuer :

- Ainsi, mes maîtres sont suffisamment sages pour ne pas déconsidérer mon appartenance au Nieb au point de vouloir m'en détourner. Par ailleurs, contrairement à ce que laissaient à penser les dires de dame Aenea, ma loyauté ne se borne pas qu'à la faveur de maîtres du Sahoc. Cela fait maintenant plus d'un mois que je me voue au culte sacré de Gaïa dont les principes me sont transmis par Dame Archess, figure reconnue du Nieb que je considère également comme mon maître.

Cette fois, rien ne put retenir l'hilarité d'Alucard qui éclata de rire, emplissant la salle d'échos moqueurs incessants tandis que sa disciple devait hausser le ton pour se faire entendre.

- Dame Aenea perçoit la tardiveté de ma requête auprès de ma reine et mes tentatives précédentes pour retrouver mon ombre comme la preuve d'une noirceur d'âme... un point de vue digne d'elle. Mais je suis d'une nature judicieusement tout autre... Oui, j'en viens à faire appel à ma déesse en désespoir de cause, car c'est bien le seul sentiment qui pouvait me pousser à réclamer pareille attention, moi qui n'ai pas encore eu la chance de prouver mes mérites. Je suis fidèle au Nieb, et si je n'ai pas sur l'instant appelé son aide, c'est que j'espérais trouver remède à mon mal auprès d'êtres moins éminents et dont j'aurais pu moins culpabiliser de mes dérangements. Ainsi, oui, c'est bien par résignation que je me trouve ici...

Arwen s'approcha de quelques pas déterminés de l'arakk et lui adressa un regard assuré, où se lisait toujours tout le mépris qu'elle lui portait.

- Vous me prétendez plus attirée par les ténèbres que par la lumière ? Je m'étonne d'un tel aveuglement à tous mes efforts, qui m'ont finalement menée jusqu'à ce procès de dernier recourt dans un besoin désespéré de retrouver l'éclat du jour.
Vous me décrivez obsédée par la violence ? Je suis désemparée par pareille accusation ignorante, que vous proférez sans même savoir la promesse solennelle que j'ai faite à la Grande Prêtresse et jusqu'alors respectée de ne brandir mon arme que pour défendre sans jamais attaquer !
Vous me reprochez une fascination à l'égard du mal ? Je suis ahurie par tant d'obstination à renier mes principes, qui m'ont gardée d'accepter les prix les plus vils en l'échange de mon ombre et m'ont détournée du meurtre, dont je me suis toujours préservée !

La jeune femme tourna alors le dos à l'arachnide pour se présenter de face à l'assemblée :

- Ce n'est certes pas un hasard si je ne suis plus désormais protégée par mon ombre. Je dois cette perte à ma seule responsabilité, une erreur d'étrangère ignorante des singularités de ce monde et quelque peu impulsive. Pensant en avoir tout appris de la dure leçon, c'est dans l'unique ambition de profiter de la lumière du jour sans plus dépendre de quiconque que je m'en remets à ma reine.

Sa plaidoirie terminée, Arwen apprécia quelques secondes le silence que le sérieux recouvré d'Alucard avait permis, se demandant le temps que cette prouesse avait bien pu lui prendre. Puis, elle s'éloigna pour laisser place au prochain juré qui souhaiterait prolonger le procès.

S’amusant de la plaidoirie d’Arwen, l’araignée applaudit lentement.

Quelle adorable version des faits, une présentation idyllique tout a fait convaincante.

Messire Alucard, vous prétendez donc que Melle Blacksoul, tandis qu’elle était sous votre lien du sang, a put retrouver son ombre et que vous l’avez ensuite changée en vampire ? Je dois vous avouer que ce témoignage me semble on ne peu plus étonnant ! Miss Blacksoul aurait-elle de nouveau perdu son ombre entre temps ?

La nécromancienne ne s’attarda même pas sur le fait qu’Arwen était parfaitement humaine et ne portait aucun signe d’eucharistie démoniaque. Le témoignage d’Alucard était proprement ridicule.
Entendant la réponse du vampire, l’araignée rappela Arwen et lui sourit avec ravissement, s’adressant à elle du même ton doucereux que précédemment.

Chère enfant, ne me répondez que par oui ou par non, est-t-il vrai que vous vous rendez fréquemment dans le quartier nocturne et que vous y tuez les vampires hostiles a votre maître ? Est-il vrai également que vous avez pris part au massacre de 6 personnes, dont 5 humains, en compagnie de votre maître vampire dans un des pubs de la ville ? Une rixe qui fut plus une exécution. Et reconnaissez-vous avoir empêché deux de ces pauvres hommes à fuir votre Maître qui empalait leurs camarades sur des pieds de table ?

Souriant de plus bel, l’arakk approcha de la barre des témoins, montrant une redoutable rangée de dents blanches et pointues d’où perla une goutte de poison. Prenant son ton le plus mielleux, elle susurra à l’intention d’Arwen, mais assez haut pour que tout le monde puisse l’entendre.

Vous serez sûrement ravie d’apprendre que les deux hommes innocents que vous avez mutilés ont succombés ce soir là à leurs blessures.

L’arakk se tourna alors vers les autres membres du jury, et perdant son ton mielleux, ajouta d’une voix forte et solennelle.

Je désir maintenant entendre l’une des 5 victimes de ce drame.

Un frisson glacé parcouru alors toute la salle, et les yeux emplis de magie, l’arakk se tourna vers le mort-vivant qui venait d’apparaître et marchait maintenant vers Arwen d’un pas traînant. Le cadavre était marqué d’une profonde entaille en forme de A.

Pouvez-vous nous dire votre nom ?

Le mort leva les yeux vers l’arakk, la fixant d'un regard sans expression, et parla d’une voix gutturale, mais d'un ton neutre et parfaitement cohérente.

Aubin Tirelaine, mais les compères m’appellent l’Arçonneur.

Messire Aubin, pouvez-vous nous dire qui vous a marqué de la sorte ?

Le mort se tourna vers Arwen et leva la main dans sa direction, la pointant de son doigt décharné.

Cette femme, Nécrophile.

L’aviez-vous agressée ?

Non.

Alors que s’est-il passé ?

Le vampire Alucard est apparut d’un seul coup et nous l’avons menacé pour qu’il nous rende le bijou perdu à cause de son portail. Il était apparut avec deux filles alors nous ne l’avons pas reconnu. Mais quand nous l’avons reconnu il ne nous a pas laissé le temps de nous excuser, il à appelé cette femme "Nécrophile" et elle à bondit pour nous bloquer la porte.

Est-ce alors qu’elle vous a marqué de la sorte ?

Oui, un sort m’a rendu aveugle en remplissant mes yeux de sang, et son épée serpent m’a taillé le ventre et la gorge. Je me suis vidé de mon sang.

Je vous remercie, je n’ai plus d’autres questions. Dit-elle en regagnant sa place, cédant la parole aux deux autres jurys. Le cadavre resta debout à la barre parfaitement immobile, attendant que l’arakk le renvoie à la morts dont elle l'avait arraché.

Au retour de l'arachnide, Alucard s'était vite désintéressé de l'échange entre la membre du jury et la kendoka, considérant la "partie" déjà remportée par sa jeune élève. L'air ennuyé, le vampire surveillait à distance la vampirette qui lui avait volé sa place sans plus prêter attention au déroulement du procès. Aussi, lorsque Aenea l'interrogea, Arwen dût l'appeler mentalement pour le sortir de ses pensées.

Le mage de sang leva alors les yeux vers sa disciple et haussa un sourcil interrogateur, auquel la demoiselle comprit qu'il lui faudrait répéter le petit discours de l'araignée. Une fois informé de la question qui lui était adressé, Alucard répondit enfin d'un ton las :

- Non ce n'est pas ce que je prétends, stupide insecte... Mais s'il te faut une explication plus adaptée à ton niveau intellectuel, apprends donc ceci : j'ai moi-même momentanément "égaré" mon ombre dans ces catacombes, et me suis présenté par la suite sous race humaine. Une fois de nouveau frappé par ma malédiction, et toujours dépourvu d'ombre, je n'ai fait l'expérience d'aucune altération, le résultat ne différait pas de mes précédentes transformations protégées d'ombre. Ainsi, avec ou sans ombre, le don n'en est pas corrompu.

Le vampire avait perdu son sourire narquois, et parlait de telle sorte qu'il semblait réciter une leçon. De toute évidence, son interrogatoire ne l'intéressait plus et il lui pressait de passer à autre chose. Poursuivant sans accorder un regard à l'araignée à laquelle il parlait pourtant, il ajouta finalement en réponse a "l'étonnement" de cette dernière:

- Peu m'importe le crédit que tu accorderas à mon témoignage, ce n'est pas à une vulgaire hybride que j'adresse mes arguments, mais au juge final de ce procès. Je suis toutefois quelque peu surpris qu'une créature aussi exposée aux commérages, pour ne pas dire à l'origine même de ces derniers, n'ait pas entendu parler de mes capacités à ôter la malédiction comme à la transmettre... Les seigneurs Mythril, Lightfellow et Doppelganger en ont été témoins en plus de mes deux élèves, sans même parler du barman et des clients du Ténébros...

Car de fait, en plus de l'épisode de beuverie avec le mercenaire et la kendoka, Alucard avait à maintes reprises profité de ses dons de mage pour échapper à sa malédiction et ainsi pinter en pleine journée, bien que ces escapades se soient faites plus rares depuis l'arrivée de Freefall.

Bien que n'y ayant pas été invité, le maître vampire quitta alors la barre des témoins tandis que la juré argumentait, et marcha d'un pas nonchalant jusqu'à sa place d'où il exhorta bruyamment sa disciple à la lui rendre, rendant un instant inaudible les propos d'Aenea.

Arwen peina à entendre les accusations de l'arakk, que la voix grave d'Alucard dominait tandis que ce dernier ordonnait au sapin de Noël de reprendre sa première place. Puis, elle répondit à son tour aux questions de la jurée :

- Non...

S'il était exact qu'elle fréquentait régulièrement le quartier nocturne, elle n'avait pourtant jamais encore tué de vampires sous prétexte de punir les hostilités exprimées à l'encontre de son maître, celui-ci se faisant un plaisir d'éliminer ses ennemis avant même qu'elle n'ait le temps d'un seul mouvement.

- Non...

Arwen fronça les sourcils au souvenir de sa beuverie, dont malgré les débuts agréables elle gardait une mauvaise impression, en raison de la fin risible de cette sortie que Néo lui avait fait sévèrement payer, aussi bien au sens littéral que figuré. S'étant contentée d'intercepter puis de blesser deux des voleurs qui avaient menacé Alucard, la kendoka n'avait pris part au massacre du vampire, bien que sa complicité fut indéniable. Elle poursuivit d'ailleurs en confirmant la dernière supposition de l'arakk :

- ... Oui.

C'est alors qu'Aenea lui sourit pour l'accuser d'un crime qui parut affecter l'assemblée, et qui la laissa elle-même incrédule. La tête légèrement inclinée sur le côté et les yeux écarquillés, la kendoka contempla avec étonnement le mort, qui faisait preuve de la même mauvaise foi que de son vivant, lui reprochant le même meurtre mensonger que l'araignée.

Arwen lança un regard ahuri à la juré. Tenait-elle tant que cela à se discréditer d'elle-même ? En offrant à la jeune femme pareille fable, l'araignée perdait toutes ses chances d'être par la suite prise au sérieux. La maîtrise au sabre de l'apprentie de Néo restait imparfaite, mais elle était toutefois encore assez redoutable pour que la demoiselle sache en mesurer les coups avec précision, et en réaliser les impacts exacts. Mais outre sa certitude de n'avoir pas mis en danger la vie des deux voleurs, Arwen savait pouvoir compter sur le rapport honnête et indiscutable d'un des témoins de son jeu d'alcool à la taverne...

Lorsque l'arachnide en eu finit avec le mort, la kendoka tourna la tête en direction du jeune homme qu'elle hésitait à appeler. Elle aurait préféré n'avoir pas à l'engager davantage dans son procès, se sentant d'autant plus coupable des défauts qui l'avaient amenée à tuer son ombre et se saouler en plein Sahoc. L'idée de rappeler ses fautes les plus honteuses à la personne pour qui elle avait le plus de considération l'embarrassait, mais elle savait nécessiter son témoignage et se résolut finalement à l'appeler :

- Dame Aenea, vos calomnies atteignent un seuil d'absurdité aberrant. Mais puisque vous semblez tenir à renverser le peu de crédit que l'on pouvait encore vous témoigner en toute indulgence...

Arwen soupira, et poursuivit à contre-cœur, peu pressée de faire s'avancer le jeune homme jusqu'à la barre des témoins :

- Le lendemain de la soirée durant laquelle j'ai blessé deux voleurs qui tentaient de s'échapper après avoir insulté et menacé Sire Alucard, j'ai été mise aux faits de l'état de ces hommes. Je savais déjà les conséquences exactes de mes frappes et ne craignais donc pas la mise en péril de leur santé, mais on me les a malgré tout énoncées pour me les reprocher car, bien que ces blessures n'aient pas menacé leur vie, elles étaient, il est vrai, assez profondes. C'est donc avec certitude que j'affirme n'être pas coupable du meurtre de ces deux hommes, comme d'aucun autre d'ailleurs... Pouvez-vous venir témoigner des faits mêmes que vous m'avez rapportés quant à l'état des brigands que j'avais affronté, Sire Lightfellow, je vous prie ?

Mythril avait été trainé dans ce procès par la force, enfin plus par les obligations dues à son rang. C'est donc à regret qu'il entra dans la salle du jugement et s'assit à l'une des places les plus proches de sa reine.

Il allait devoir regarder des créatures se déchirer à propose de conflit d'avantages... décidément cette invitation ne l'enchantait guère et préféra porter son attention sur sa reine bien-aimée lorsqu'un des hauts elfes qui était assit à coté de lui ne soit délogé de son siège pour être remplacé par son vampire préféré accompagné d'une petite inconnue qui semblait très attachée à lui.

Un peu de bon temps s'annonçait en perspective mais sa bonne humeur fut bien vite stoppée devant les échanges venimeux et gratuits de la blonde sans respect et de l'arakne qu'il n'avait pas encore eu le déplaisir de rencontrer auparavant. Tant de violence verbale gratuite commençait à lui donner des nausées, les dragons d'or n'étant pas habitués à être en présence de tant de haine.

Il allait sortir lorsqu'Alucard se présenta à la barre avant même d'en être invité et que sa petite copine ne vienne le coller de trop près. Il allait gentiment lui demander de s'écarter mais la menace de cette dernière le fit changer d'avis quand à sa manière de l'apprécier : elle venait de passer" neutre sympathique" à "petite peste à qui il fallait remettre les pendules à l'heure". Il lui murmura alors assez bas pour qu'eux seuls entendent, enfin il savait que les hauts elfes qui l'entouraient entendraient aussi sachant leur ouïe fine et le fait qu'une simple créature ait des attitudes si familières envers l'un des hauts dragons avait attiré leur attention.

- Bon la miss... je te serais gré de t'éloigner de moi aussi vite que possible. De un : je ne suis pas du tout intéressé par ton maitre. C'est juste un ami rien de plus, et de toi à moi je préfère les filles... Et ta menace tu peux aisément t'en abstenir car une simple morsure et le buveur de sang que tu es finira bien vite en un joli petit tas de cendres. Car sais-tu au moins à qui tu t'adresses? Voyant l'assurance que tu as non, mais dans ma bonté je vais t'éclaircir...

Les elfes, ainsi que celui qui avait été éjecté de sa place par Alucard se mirent alors à ricané et à afficher des rictus dédaigneux.

- Tu viens officiellement de menacer un roi dragon d'or de le mordre et d'en aspirer son sang! Ma foi qu'elle belle preuve de courage ou alors une envie suicidaire... Donc petite sotte, la prochaine fois qu'il te viendra l'envie de faire une de tes petites crises de jalousie, je te conseillerais d'en savoir plus sur ton adversaire pour ne pas passer pour une idiote. Maintenant merci de me laisser assister au procès sans autre interruption sauf pour t'excuser de ton comportement.

Il reporta alors son regard tout en utilisant son sort transparence pour sortir de l'étreinte de la petite effrontée entourée maintenant d'elfes ricanant discrètement pour ne pas gêner le bon court du procès. Maintenant Neo allait être appelé à la barre pour témoigner...