Remise de l'écaille mauve

Arwen adressa un sourire ravi au mercenaire, dont l'invitation maniérée l'amusait, et lui prit la main. Une fois qu'ils furent tous deux parvenus aux marais, elle s'en éloigna d'un pas en arrière et le remercia, prête à partir à la recherche de la sorcière :

- Merci, Ryu. Tes services ont dépassé mes espérances, et ta compagnie m'a été très agréable, comme toujours.

Après un petit signe de la main, la kendoka se détourna du changelin et partit s'enfoncer ds les marais, lente et hésitante. La nuit s'était imposée, et les étoiles n'éclairaient pas l'intérieur du territoire de l'Esper Magister, où Arwen était comme aveugle.

Les lèvres du vampire s'étirèrent en un long sourire triomphant. Le mage ne prit pas la peine de répondre au message de son élève et fit ouvrir les portes du portail ensanglanté sur les marais. Il n'eut à attendre que peu de temps avant que la furie blonde ne rejoigne le terrain marécageux, accompagnée du mercenaire, dont il s'étonna de la présence. La kendoka avait-elle pris les précautions dont il l'avait crue suffisamment idiote pour se penser capable d'en dispenser ? Mais non, la jeune femme confirma l'idiotie qu'il lui avait soupçonnée et s'éloigna de Ryu pour se donner en sacrifice aux marais.

Alucard apparut tout à coup aux côtés de son ami, le bras nonchalamment appuyé sur son épaule, fixant au loin l'imbécile qui trébuchait déjà sur le sol traitre des marais.

- Je lui donne dix minutes.

Sans plus se contenter de trébucher, Arwen se prit soudain les pieds dans une racine et tomba à terre, ponctuant sa chute d'un petit cri de surprise suivi du bruit de succion de la boue qui aspirait ses mains.

- Ok, sept.

Lorsque la jeune femme se distança de son maître et de son ancien employé de plus de cinq cent mètres, le vampire retira son bras de l'épaule de Ryu et commença à marcher tranquillement dans la même direction, la traquant suffisamment loin pour parler à son aise sans risquer d'être repéré tout en restant assez près pour intervenir assez tôt en cas de danger immédiat.

- Quel service t'a-t-elle demandé ?

Si le mage avait tout naturellement deviné les ambitions de son apprentie, dont il connaissait la nature avide et le pouvoir premier en mana, il n'avait toutefois pas la moindre idée de l'épreuve qu'avait bien pu lui soumettre la sorcière.

La main levée dans un geste d’adieu, Ryu regarda la jeune femme s’éloigner lorsqu’un poids s’appuya sur son épaule. Le changelin accueillit sans ciller l’apparition du vampire dont la présence soudaine lui parut tout a fait normal. Son sourire s’élargit.

Il parait que la boue des marais raffermit le teint et efface les rides.
Dit-il avant de repenser a la sorcière.. Mm, en fait peut-être pas !

Après quelques minutes les deux amis se mirent en route sur les traces d’Arwen. Le mage du sang s'anquit alors de ce que son élève avait demandé au mercenaire.

Un dragon mauve ! Répondit-il énigmatique. Je ne sais pas ce qu’a demandé Arwen,
mais la sorcière espérait la voir échouer. Fait-elle ça pour son ombre ?

Après sa cinquième chute, Arwen s'arrêta pour jurer, furieuse d'être ainsi ralentie par les marais au moindre pas. Elle s'était empressée de s'en aller trouver l'Esper Magister sitôt qu'elle avait pu mettre la main sur l'écaille réclamée et, guidée par son impatience, n'avait pas craint les dangers de son territoire, rendus plus menaçants par les ténèbres aveuglantes. Toutefois, il lui fallait bien le reconnaitre désormais, sa hâte l'avait conduite à s'enfoncer dans un domaine qu'elle n'était pas en mesure de traverser de nuit...

La jeune femme soupira, puis se résigna à s'asseoir dos contre un arbre, acceptant à contre-coeur de se reposer jusqu'à ce que l'aube ne se lève pour éclairer son chemin. Suffisamment fatiguée pour oublier son inconfort, elle ferma les yeux et laissa le sommeil l'envahir mais avant même qu'elle n'ait pu espérer les premières images d'un début de rêve, elle fut brutalement frappée en plein visage. Se levant en sursaut, elle aperçut une créature à ses pieds, dont par instinct elle s'éloigna d'un pas sur le côté, Gekido brandi en sa direction.

Inquiétée par le mouvement de ses pattes longues et fines, la kendoka réfléchit à un moyen d'illuminer la bête quand l'écaille lui revint en mémoire. Aussitôt, l'énorme mygale qu'elle menaçait du sabre serpent lui apparut, trahie par l'éveil de l'écaille qui semblait avoir été sensible à l'appel de sa propriétaire, tout comme dans l'antre du dragon.

- KYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!!!!!

Gekido s'abattit alors sur l'arachnide, qui fut tranchée en seul coup mais subit malgré tout une rafale de frappes incessantes. Terrorisée, Arwen continuait de plonger la lame reptilienne avec violence sur le cadavre depuis longtemps inanimé de la mygale, salissant le katana de sang et de divers morceaux d'organes trop hachés pour être encore reconnaissables.

- S******** D'ARAIGNÉE DE M**** !

Enfin, décidant que la créature était déja bien assez démembrée par l'arme reptilienne, Arwen enferma Gekido dans son fourreau puis frappa du pied sur les restes du cadavre, écrasant brutalement chacune des parties éparpillées de l'araignée disloquée.

Un dragon mauve ? Alucard dévisagea son ami d'un air agacé, incapable de déterminer avec certitude si le mercenaire se fichait de lui, jusqu'à ce qu'il n'explique les motivations de la sorcière à réclamer pareille affabulation. Alors que le sérieux de Ryu commençait à lui apparaitre comme une possibilité crédible, le vampire ne put qu'interpréter l'arrivée d'Arwen dans les marais -et donc le succès de son "épreuve" confirmé- comme la preuve qu'elle aurait effectivement pu entrer en contact avec un dragon mauve... Non, cette hypothèse était invraisemblable, et même un être dont la nature allait à l'encontre de toute logique tel que lui ne pouvait envisager sérieusement l'existence du reptile de légende.

Il voulut interroger plus amplement le polymorphe à ce sujet, mais celui-ci s'esquiva d'une question soudaine. Peu enclin à lui répondre alors que lui-même s'était montré avare en détails, il engagea un discours dans le même ton :

- Non.

Le vampire n'eut pas à suivre longtemps sa disciple avant que celle-ci ne s'irrite des obstacles sur lesquels elle trébuchait immanquablement. Amusé, il sourit en l'observant insulter copieusement l'innocente branche d'arbre qui avait eu le malheur d'être heurtée par son pied. Son expression moqueuse se figea toutefois lorsqu'il la vit s'adosser à un arbre dans l'intention apparente de se reposer.

- Je n'ai certainement pas suivie mon imbécile d'apprentie jusque dans ces marais puants pour admirer le teint raffermi de ses paupières !

Le mage disparut soudain pour apparaître un peu plus loin, fouillant énergiquement la végétation environnante. Il revint auprès de Ryu peu de temps après sa recherche, une énorme mygale à la main. Il leva alors le bras pour élancer avec force la bête, qu'il parvint à envoyer au visage de la kendoka. La réaction de cette dernière fut celle espérée, et le Nosferatu la contempla d'un air sadique, se réjouissant visiblement des vociférations de la demoiselle.

Au bout de longues minutes, la kendoka cessa de frapper de son sabre l'arachnide émiettée... pour se mettre à l'écrabouiller violemment du pied. Cette occupation lui prit tellement de temps que le mage lui-même finit par s'en lasser :

- J'avais prévu de la suivre jusqu'à la sorcière mais la patience commence à me manquer. Tu n'aurais pas un moyen de trouver l'Esper plus rapidement ?

Au loin, Arwen, essoufflée, s'était suffisamment fatiguée à taper du pied sur les restes piteux de l'araignée qu'elle avait dû s'interrompre. Le mage crut un instant qu'ils pourraient reprendre la route, mais la jeune femme se mit tout à coup à éjecter un à un les morceaux de chair dépiautés sous sa magie du sang pour ensuite insister sur les plus gros les moins "abimés" d'entre eux en les faisant brutalement heurter le sol sous ses lévitations successives. Alucard fronça les sourcils, embêté d'être plus longuement retardé par sa petite distraction que par le sommeil que se serait permit la jeune femme. Il soupira.

- Trouve une forme qui lui soit apaisante, celle que tu voudras, et encourage-là à repartir aussitôt. Moi, je ne la rejoindrai pas avant d'avoir décidé le moment opportun, devoir d'Esper Magister oblige...

Le mage de sang croisa les bras et attendit, l'air hautain, que le mercenaire n'exécute ses ordres et incite la furie blonde à presser le pas au lieu de s'acharner ainsi sur les restes d'un cadavre.

Sans le vouloir, Alucard confirma les doutes du changelin et lui indiqua ce qu’il voulait savoir. Ainsi la sorcière était un Esper Magister ? Donc si Arwen ne venait pas pour son ombre, son but devait être d’accroître ses pouvoirs.. La garçonne qui gardait la porte du milieu avait déjà fait beaucoup de chemin depuis sa première mort. Tout à ses pensées, le mercenaire observa la jeune femme se battre contre l’environnement, mais le tour qu’Alucard lui joua ensuite amusa encore plus Ryu, qui dût se retenir d’éclater de rire pour ne pas trahir sa présence et celle du vampire.

Il n’y a pas d’autre moyen de la trouver. Répondit-il à la question d’Alucard.
Il n’y a qu’a errer dans le marais jusqu'à ce qu’elle décide de nous ouvrir la voie.

De fait, si la maîtresse des lieux n’était pas d’humeur à avoir de la visite, le chemin de pierre pouvait n’apparaître que dans plusieurs jours, voir pas du tout. Et le changelin la savait très capricieuse.

Une autre demoiselle capricieuse était en train de s’acharner sur un cadavre d’araignée, au grand désespoir de son maître vampire. Sans hésiter, le changelin se changea en jeune caerbannog et, par petits bonds agiles, couru jusqu'à l’humaine tueuse d’arachnides, passant devant elle pour s’arrêter bien en évidence dans une posture qui l’invitait a le suivre.

Bien que concentrée sur la torture de l'arachnide dépecée, Arwen repéra tout de suite l'intru au pelage clair qui s'était approché d'elle. Surprise et ravie de cette rencontre plus chaleureuse que la précédente, elle interrompit aussitôt son carnage et s'agenouilla pour tendre les bras vers le lagomorphe. Ce dernier fut doucement amené à la kendoka par la lévitation sanguine, puis blottit contre elle, ses oreilles et son dos incessamment caressés sous une main tremblante. Encore paniquée par le projectile qui lui était tombé dessus, la demoiselle passa un petit moment à soulager sa crise de nerfs sur le pelage de l'animal, qu'elle gardait dans ses bras.

Lorsque ses tremblements lui passèrent, elle expira lentement et se releva, de nouveau déterminée à partir à la recherche de la sorcière. Malgré son calme retrouvé, la jeune femme ne se résolut toutefois pas à lâcher son protégé, et poursuivit son voyage d'un pas plus assuré, chargée de son nouvel ami à longues oreilles.

Alucard observa le mercenaire d'un air moqueur, amusé par sa crédulité. La kendoka avait bêtement suivi un lapin surgi de nulle part lors de son aventure dans la plaine des duels, et cet élan de stupidité lui avait couté. Nul doute que même une idiote blonde telle qu'elle saurait, dans pareille situation similaire, se méfier d'une telle invitation irréaliste !

Quelques centaines de mètres plus loin, alors que le mage de sang raillait intérieurement la naïveté du changelin, la kendoka trouva tout naturel de s'attendrir du nouveau venu, l'accueillant amoureusement contre elle. Ahuri par le manque de méfiance parfaitement inconsidéré de son élève ô combien stupide, le vampire la fixa d'un air horrifié, les yeux écarquillés et les canines apparentes.

Finalement, il la suivit de nouveau, agacé par la stupidité du petit couple et embêté d'être ainsi privé de compagnie. Il s'était attendu à retrouver aussitôt Ryu et s'ennuyait de n'avoir plus personne à qui adresser ses moqueries. Il restait néanmoins intransigeant quant à sa décision de ne rejoindre la kendoka qu'en situation extrême, et suivit donc "sagement" la jeune femme et le changelin, les foudroyant du regard au loin.

Surpris de se voir soudain léviter, le changelin se laissa guider vers les bras de la jeune femme, se crispant d’abord comme un animal pris au piège pour se détendre finalement sous les caresses de l’humaine. Un autre caerbannog aurait égorgé Arwen sans lui laisser une seule chance. L’animal, en effet, bien que d’apparence innocente, était un prédateur redoutable doté de reflexes fulgurants et pouvant bondir d’un seul coup sur une distance de 100 toises (194,9 mètres). Mais Ryu n’avait choisi cette forme que pour pouvoir aider Arwen en cas de danger extrême.

Les bras chargés du nouvel ami dont elle refusait de se défaire, la kendoka avançait les yeux plissés, gênée par la horde de moustiques qui l'attaquait de toutes parts. La magie du sang les projetait sans cesse dans la boue du sol marécageux, y noyant un par un les insectes, mais ceux-ci étaient constamment vengés par des compères qui prenaient la relève et volaient au visage de la jeune femme. Alors que celle-ci, craignant d'être entendue par la sorcière, s'évertuait à contrôler ses pensées de façon à ne pas insulter l'Esper, qui ne semblait pas pressée de la revoir et faisait durer sa promenade dans les marais, une silhouette se forma soudain depuis la boue sur laquelle elle allait poser le pied.

Surprise, Arwen recula et fit s'envoler son petit protégé un peu plus loin à terre, pour brandir Gekido vers l'ennemie. La situation lui rappela l'affrontement qu'elle avait "remporté" contre son ombre, et sa main se crispa sur le sabre serpent à cette pensée. Elle n'eut pas le temps de s'inquiéter davantage toutefois, car son reflet confirma sa similarité avec l'ombre des catacombes et se jeta sur elle pour l'attaquer.

Le sabre serpent répondit instinctivement et contra le coup, puis écarta son double sur le côté pour fondre vers sa propriétaire, qu'il n'hésita pas à assaillir de frappes successives. Arwen sourit en voyant sa jumelle de boue lui rendre ses propres attaques, moins rapides et moins habiles. Elle changea soudain d'expression pour adopter un air plus neutre, et la corrigea d'un ton calme :

- Miss Blacksoul, réfléchissez avant d'attaquer au lieu de vous précipiter sur l'ennemi sans le moindre discernement...

Gekido enchainait ses assauts, plus vif et plus précis que la lame ennemie, tandis que la kendoka soupirait en regardant d'un œil critique la demoiselle de boue, sa voix s'élevant dans un ton grave et masculin :

- Encore une fois Miss Blacksoul, vous vous concentrez trop sur vos attaques et négligez votre défense, qui en souffre dangereusement.

La vitesse de son adversaire montait progressivement, bien qu'il ait plus d'une fois déjà menacé la main qui le tenait, et Gekido accéléra lui aussi le rythme de ses attaques, bien déterminé à vaincre.

- Mais plus que tout, Miss Blacksoul, ce qui vous fait défaut...

Tout à coup, le sabre serpent s'abattit vers la gorge de la combattante de boue, faisant diversion, et sa maîtresse avança brutalement sa jambe derrière celle, en déséquilibre, de son ennemie.

- ... C'est votre jeu de jambes !

Arwen ne perdit pas plus de temps à imiter le chevalier noir et profita de la chute de son double pour lui trancher la main, désarmant sans aucune pitié son propre reflet. Par précaution, elle envoya plus loin le katana reptilien d'un rapide coup de pied, et planta Gekido dans le coeur de sa jumelle.

La lame reptilienne resta ainsi immobilisée quelques instants, jusqu'à ce que la jeune femme ne juge son ennemie vaincue. Elle se détourna alors et poursuivit son chemin, les sens aux aguets et Gekido toujours libéré, prête à se défendre d'une attaque surprise si son double faisait l'erreur de ressusciter. Alors qu'elle s'éloignait, Arwen lança un dernier regard en arrière, se rappelant soudain l'existence du petit lapin clair qu'elle espérait reprendre contre elle, bien qu'elle soit calmée depuis longtemps déjà.

Les bras croisés et les sourcils froncés, Alucard observait avec curiosité son élève réagir étrangement à l'attaque de sa copie blonde. Intrigué par cette imitation dont il ne reconnut pas tout de suite la victime, il étudia plus attentivement les traits inexpressifs de la jeune femme et sa voix rauque et calme.

- Ah !

L'index levé, le vampire indiqua à son apprentie qui était bien trop loin pour le remarquer sa compréhension du personnage qu'elle jouait.

- Mais plus que tout, Miss Blacksoul, ce qui vous fait défaut...

Amusé par l'imitation d'Arwen, qu'elle poursuivait alors même qu'elle se pensait sans témoin, il tenta de répondre par lui-même à la phrase laissée en suspens :

- C'est votre aptitude à vous ridiculiser en toute circonstance, aussi bien seule qu'accompagnée.

Au loin, la voix toujours masculine de la jeune femme conclut en écho :

- ... C'est votre jeu de jambes !

Le mage de sang approuva d'un hochement de tête, l'air grave, et confirma :

- Oui, également...

Lorsque l'interprétation de la furie blonde prit fin, Alucard la suivit paisiblement, un léger sourire aux lèvres.

Reposé a terre par le pouvoir sanguin d’Arwen, le changelin observa l’échange entre la jeune femme et son double. L’avantage semblait être à la kendoka, mais c’était une erreur. Contrairement à l’humaine, la créature ne gardait aucune de ses blessure, celles-ci se refermaient aussitôt même sur ses vêtements. Bien sûr ! Comment un sabre pouvait-il tuer de la boue ? L’adversaire d’Arwen n’avait pas d’organe ni de centres vitaux. Mais Ryu savait ces êtres lucifuges, une forte lumière pouvait les faire fuir ou du moins les tenir a distance. Prenant une forme invisible, le changelin resta caché pour observer, décidant d’attendre un peu pour intervenir. Et puis le spectacle était divertissant. Était-elle en train d’imiter Néo ?

Malheureusement, ce ne fut pas les oreilles allongées de son ami lapin que la kendoka aperçut, mais son double parfaitement rétabli. Embêtée par les dons régénérateurs de sa jumelle, Arwen s'apprêta toutefois à l'attaquer avant que cette dernière n'en ait le temps lorsque cinq nouvelles combattantes surgirent à leur tour de la boue. Pas encore suffisamment vaniteuse pour se penser de taille à imiter les compétences de Néo à vaincre seul contre plusieurs adversaires, elle se résigna pour la première fois à ignorer sa fierté et s'enfuit.

Elle s'empressa de se détourner et bouscula la demoiselle qui lui bloquait le passage, fonçant droit devant elle, si rapidement qu'elle n'eut pas le temps de voir s'abaisser la lame qui passa à quelques centimètres à peine de son dos. Bien qu'elle se concentra sur sa course et courut au plus vite sans s'attarder à vérifier derrière elle la distance qu'elle était parvenue à mettre entre elle-même et ses poursuivantes, elle devina aux bruits de pas de plus en plus éloignés sa prédominance écrasante sur ses rivales et bientôt, seule la plus expérimentée d'entre elle réussit à la suivre.

Arwen profita de l'avance qu'elle conservait encore pour réfléchir à un moyen de défaire son ennemie, dont la constitution avantageuse la dissuadait d'un nouveau duel. Longeant le bord des eaux visqueuses du marais, elle tenta de trouver un point faible à la boue, et la pensée qui lui vint alors la fit sourire. Dans son enfance, la jeune femme s'était particulièrement attachée aux aventures fictives d'un héros surnommé "chevalier noir" et qui avait eu pour adversaire, entre autre, un colosse de boue assez similaire à la créature qui la traquait.

Elle s'arrêta soudain et se jeta sur la kendoka blonde, élançant Gekido avec vivacité. Cette fois, sa rivale lui répondit à frappes égales, ses précédents défauts désormais corrigés et ses techniques améliorées. Mais Arwen avait compris que la prolongation de leur duel la désavantagerait et n'enchaina que quelques coups avant de sortir soudain d'une main pressée l'écaille mauve de sa poche.

Tout comme dans l'antre, l'écaille retrouva sa taille impressionnante et la jeune femme s'en servit pour fondre brutalement sur sa rivale, pesant de tout son poids contre son bouclier de fortune. La demoiselle de boue fut alors précipitée dans les eaux qui bordaient les terres marécageuses et Arwen lui porta à nouveau un coup au niveau du cœur avant de reculer pour observer prudemment le devenir de son adversaire, espérant que l'eau empêcherait sa reconstitution.

Alucard sourit en entendant s'élever derrière lui un nouvel arrivé très probablement de la même origine que les doubles de son apprentie. Il poursuivit toutefois son chemin sans se retourner, amusé d'être pris pour cible, et accéléra un peu le pas pour suivre la kendoka qui fuyait à toute allure. Quoi que puisse faire l'être de boue, il avait bien peu à craindre, lui dont seule la lumière pouvait véritablement menacer l'existence. Par ailleurs, il resta toutefois assez prudent pour s'apprêter à s'écarter si sa copie tentait de lui administrer une frappe mortelle.

Toujours attentif, également, au combat de son élève, le vampire fronça les sourcils en la voyant sortir un objet dont elle se servit comme bouclier. La protection ressemblait étrangement à... une écaille de dragon mauve ???!!

Entourée de 6 copies conformes et parfaitement hostiles, la jeune femme força le passage et prit la fuite, distançant 5 d’entre elles. La dernière cependant se montra plus coriace et le combat reprit devant le chemin de pierres. La sorcière avait donc remarqué leur présence ? Ou peut-être les avait-elle remarqués dès leur arrivée dans le marais mais sans leur accorder d’importance ? Toujours était-il que le chemin de pierres était là. Un rayon lunaire apparut alors, éclairant Arwen d’un brillant éclat argenté, ce qui fit fuir l’être de boue qui battit précipitamment en retraite, redevenant un tas de boue. Arwen pouvait a présent avancer, Alucard allait-il aussi avoir besoin d'un peu de lumières ? Le changelin attendit qu'Arwen saute sur la seconde pierre pour s'éteindre et aller voir ce que faisait son ami.. Une pluie fine commença a tomber, le chemin de pierres allait être encore plus glissant.

Arwen écarquilla les yeux devant l'imposante masse de boue informe dressé à la place du double défait qui aurait dû sombrer. Celle-ci ne lui laissa cependant pas plus de temps pour s'ébahir de la taille inquiétante de son ennemi et fondit sur elle, l'obligeant à plonger rapidement sur le côté... et lui permettant par la même occasion de réaliser l'apparition du chemin de pierres.

La kendoka tourna alternativement la tête de gauche à droite, tiraillée entre son empressement à rejoindre la sorcière et le danger que représenterait sa copie invaincue si elle s'aventurait vers le chemin glissant de l'Esper Magister accompagnée d'une imitatrice meurtrière. Finalement, un rayon de lune lui épargna une réflexion plus approfondie de son dilemme et terrassa son double de boue, lui ouvrant un passage sûr un peu moins risqué sur le chemin de pierres.

Elle adressa à l'amas de boue un sourire narquois, ravie d'avoir enfin été débarrassée de sa rivale, puis se détourna et s'élança sur la première pierre. Alors qu'elle s'évertuait à tenir en équilibre au milieu de son chemin de pierres, la pluie se mit à tomber, élevant la difficulté de la tâche.

Pair : Arwen glisse... (Haha !)
Impair : Oh, miracle ! Arwen franchit le passage sans glisser !

(réflexion personnelle : ô grand dé du destin, prouve que tu ne me veux point maudite et préserve moi de ton habituelle rancoeur injustifiée à mon encontre !)

Arwen a effectué 1 lancé(s) d'un (dé du destin.) :

La présence de copies de boue supplémentaires ne perturba pas le moins du monde Alucard, qui observait d'un air suspicieux son élève rentrer l'écaille dans sa poche puis sauter les pierres surgis de nulle part. Sans détacher le regard de la jeune femme, il suivit de nouveau sa direction d'un pas plus pressé, passant au travers de son double qu'il ignora magistralement, bien que la boue laissée sur son manteau lui arracha une brève grimace d'agacement. Le vampire restait si concentré sur l'écaille mauve qu'il ne s'étonna pas même de la traversée de sa disciple, qui parvint miraculeusement à garder son équilibre sur le chemin glissant des marais.

Lorsqu'elle eut franchi le passage de pierres, il sauta à son tour le terrain morcelé, la rejoignant tout en conservant une distance suffisante pour lui dissimuler sa compagnie.

Alucard se débrouillant très bien tout seul, Ryu ne lui fit pas le coup de la lumière de lune et se contenta de revenir auprès de lui, se matérialisant devant lui, juste sur la pierre sur laquelle il s’apprêtait à sauter.

Je vous ai manqué ? Demanda-t-il joyeusement.

Puis observant l’état boueux du pardessus rouge.

Je vous ais connu plus soigneux, mon ami..!

Imitant alors la voix d'Alucard, il agita le doigt devant lui en signe de négation.

« Ah, tu n'as vraiment aucun respect pour les vêtements, "Alucard"! Laisse-moi te montrer comment un vrai gentleman soigne toujours sa tenue ! »

Et s’inclinant avec grâce, il changea sa tenue en une copie exacte, mais propre, de celle que portait le vampire.

Le membre 'La sorcière des marais' a effectué l'action suivante : Dés du destin

'dé du destin' :

Résultat : 4

Déséquilibrée par une pierre effondrée sous son pas, Arwen sauta sur la suivante juste à temps, avant de glisser en avant dans les eaux verdâtres des marais au son d'un "PLOUF" retentissant. Elle en ressortit aussi vite qu'elle y était tombée, et remonta en trombe sur la pierre sur laquelle elle avait patiné. Crachant un mélange d'eau et de ce qu'elle n'osa même pas essayer d'identifier, la kendoka retrouva son équilibre et une fois remise de sa chute, passa gracieusement la main dans ses cheveux afin de les écarter de ses yeux dans une vaine tentative de se redonner contenance.

L'usage retrouvé de la vue lui permit de réaliser les invités imprévus qui s'étaient agglutinés de façon éparse sur son corps. Arwen les observa les yeux écarquillés, figée de dégoût. Quelques secondes après avoir bêtement perdu du sang à les regarder d'un air écoeuré, elle déglutit bruyamment, puis se résolut à user de son sort de sang pour les repousser un à un, s'arrachant parfois des bouts de peau alors que les bêtes refusaient de lâcher prise.

A la première sangsue arrachée, la jeune femme avait expédiée celle-ci sur la pierre et l'avait brutalement écrasée d'un coup de pied rageur, mais elle avait vite abandonné l'idée de poursuivre cette technique de meurtre après que cet unique essai l'ait faite trébucher et qu'elle n'ait évité que par chance une seconde baignade dans le marais.
C'est donc après un petit carnage relativement réfléchi que la demoiselle s'apprêta à se lancer de nouveau vers la pierre suivante, lorsque le xylomid apparut...

Terrible masse grouillante de tentacules en suspension au dessus d'elle, la créature ouvrit une machoire que Gekido menaça en un mouvement instinctif et parfaitement inutile contre le souffle puant qui balaya le visage d'Arwen. L'odeur fut si agressive que la kendoka s'agenouilla sur la pierre, penchée vers les eaux des marais dans laquelle elle tentait d'une main sur la bouche de ne pas rendre son dernier repas.

Offerte en proie vulnérable à la bête, Arwen fit bien quelques efforts pour se redresser, mais le moindre début d'inspiration la repliait aussitôt sur elle-même, soulevant horriblement son estomac torturé et embrumant son esprit. Dans sa confusion mentale, elle parvint à trouver assez de souffle pour balbutier d'une voix hésitante :

- Haaa...Euuuh non... Non je ne te lécherai pas car tu es toxique !