Visite sous escorte [pv pirates et Lucrécia]

Arwen fila aussitôt se cacher courageusement derrière Crok, qui ne se fit pas prier pour engloutir les petites arachnides. Elle fit ensuite léviter une à une les autres habitantes du coffre vers sa gueule, caressa le reptile d'un air éperdu de reconnaissance puis saisit la bague dans sa paume. Mais alors qu'elle voulut léviter vers la surface, sa main fut retenue sur le coffre, incapable de soulever le bijou qu'elle serrait. Manquant d'air, la kendoka dut la relâcher et la laisser sous la surveillance de Crok le temps de reprendre son souffle à l'air libre.

Lorsqu'elle revint, elle tenta de lancer la méta-magie sur l'objet dans l'espoir que l'enchantement cèderait au contre-sort de niveau moyen. Dans le cas où son don se révélerait insuffisant, elle demanderait à Crok de refermer sa machoire dessus afin de l'y contenir et de remonter lui-même avec la bague. Le reptile était déjà à lui seul une force de la nature, mais s'il n'y parvenait pas ou difficilement, elle joindrait à sa puissance celle de l'élévation sanguine pour le pousser vers la surface avec son fardeau.

Voyant le reptile remonter petit à petit avec la bague, Arwen crut l'enchantement déjoué et s'impatienta d'avance de la présenter à la sorcière. Mais son pauvre compagnon ralentit, et elle-même sentit son pouvoir lui réclamer une concentration sans cesse croissante qui l'épuisa. Finalement, l'animal fut contraint de lâcher la bague, au soulagement de la kendoka, qui avait craint qu'il ne se fracture la mâchoire. Lorsqu'il la rattrapa et que la jeune femme le vit sombrer, le maintenant à peine grace à l'élévation sanguine, elle lui fit de grands signes pour lui ordonner de lâcher la bague, plus inquiète pour lui qu'elle ne l'était à l'idée d'échouer dans sa quête. L'objet s'échoua et Arwen lévita jusqu'à lui pour l'orienter afin qu'il ne retombe dans son coffre, le poussant doucement sans tenter de s'en saisir. Puis, elle referma le coffre et le souleva, espérant que le contenant avait été conçu pour le transport de la bague. Mais une fois de plus, sa tentative échoua.

La kendoka s'acharna ainsi pendant près d'une heure, sans plus de succès. Furieuse, frustrée et épuisée, Arwen finit par regagner l'île. Elle n'avait pas l'intention d'abandonner, loin de là, mais elle s'inquiétait du temps qu'elle avait perdu et voulait vérifier combien d'heures elle avait encore pour trouver un moyen de s'emparer de la bague enchantée. Une fois qu'elle put constater avec dépit les trois heures et quelques qu'il lui restait, elle se mit en quête des pirates. Maintenant qu'elle avait trouvé la bague, mieux valait concentrer toutes leurs forces autour de l'objet plutôt que de rester inutilement dispersés. Peut-être l'un d'entre eux devinerait-il le point faible de son enchantement. Guidée par le repérage de sang que lui permettait son don, Arwen s'empressa de rejoindre les hommes.

Décontenancée par les propos du perroquet, Arwen lança un regard interrogateur à Olgin, qui confirma l'ineptie. A la mine impatiente des pirates tournés vers le duo de crétins, la jeune femme comprit qu'ils avaient effectivement dû trouver une bague. Mais certainement pas celle de la sorcière. Celle de la sorcière se trouvait obstinément coincée au fond des eaux, protégée par un enchantement retors qui certifiait son appartenance à la grande mage. De plus, si les deux idiots avaient pu mettre la main sur un objet à eux seuls, c'était que celui-ci n'était aucunement difficile à se procurer.

Sûre d'elle, Arwen s'apprêta à expliquer leur erreur à ses camarades quand Garetti agît étrangement. Non seulement le pirate refusa de donner la bague, mais il la défendit en plus avec une détermination que même la menace implicite de Brisban ne put ébranler. C'était une forme de courage stupide, mais une forme de courage tout de même, et cela ne ressemblait guère au personnage. Se concentrant sur ses dons de mana, la jeune femme perçut l'enchantement qui protégeait l'anneau, à sa grande stupéfaction. La bague pouvait autant être le bijou réclamé par la sorcière que celle qui reposait dans les eaux. Mais l'anneau trouvé par les deux crétins, lui, semblait bien plus à la portée de la kendoka que la bague récalcitrante...

D'une voix douce, Arwen tenta de calmer la bande, et en particulier Garetti, dont elle redoutait qu'il ne presse la détente de son arme :

- Du calme, les gars, y a aucune raison de s'énerver. Garetti peut garder l'anneau, s'il y tient tant. Après tout, c'est lui qui l'a trouvé, c'est le sien. Nous n'allons pas nous en prendre à un compagnon d'arme pour un simple bijou.

Et aussi violemment qu'elle put, Arwen abattit l'Iron Crevette sur le crane du pirate, l'assommant contre une partie caparaçonnée du cadavre. La demoiselle n'avait parlé que pour couvrir le bruit de la carcasse qu'elle avait fait s'élever discrètement dans le dos du pirate, évitant ainsi d'alarmer ce dernier au son des viscères tombant du corps. Elle aurait volontiers frappé Garetti à mains nues, pour le plaisir de sentir ses coups le meurtrir jusqu'à ce qu'il ne puisse plus défendre l'anneau, mais l'arme à feu l'avait tenue à distance, elle avait du se montrer prudente, contrairement à ses habitudes.

S'agenouillant près du pirate, elle lui retira l'anneau et le serra dans sa paume, hésitante. Devait-elle l'apporter sur le champ à la sorcière ? Si elle agissait ainsi, elle prenait le risque d'aller rencontrer inutilement la sorcière, dont elle ignorait quelle réaction redouter dans le cas où l'anneau ne serait pas la bague perdue qu'elle attendait. Mais en prolongeant les recherches avec l'anneau sur elle, elle craignait de perdre l'objet en chemin, que ce soit par maladresse, contre un adversaire ou une ruse quelconque de la mage. Plus angoissée à l'idée de perdre l'objet pour lequel ils avaient tous tant fourni d'efforts que d'affronter l'humeur de la sorcière, qui était redoutable mais restait moindre à côté de la punition qu'elle lui réserverait en cas d'échec, Arwen mit l'anneau sur la chaine qui arborait sa croix celtique et décida de retourner à la cabane.

Alors qu'elle voulut en informer son escorte, elle se souvint soudain qu'une fois de plus, elle était en tenue légère. Pressée par le temps et distraite par le stress de sa quête, elle avait encore oublié de se vêtir avant d'aller trouver les pirates. Elle se tourna vers Filinger et tendit la main dans l'attente de sa veste alors qu'elle grognait d'un air agacé :

- Vous pouviez pas me le faire remarquer ?

Elle demanda à Olgin et Filinger de l'escorter jusqu'à l'endroit où elle avait laissé ses vêtements avant d'aller retrouver l'esper : maintenant qu'elle avait (peut-être) la bague de la sorcière, elle craignait d'être attaquée, bien que le crocodile l'accompagna encore. Une fois habillée assez convenablement pour ne pas donner de prétexte facile à la sorcière pour la punir, elle s'en alla avec les pirates jusqu'à la cabane, où elle rentra avec Crok après que son Maitre l'y ait autorisée.

Son mea culpa récité, elle ôta l'anneau de sa chaine et le présenta d'une main légèrement tremblante à Lucrécia. Puis, s'efforçant de ne pas songer à la bague enchantée laissée dans les eaux, elle s'inclina et dit :

- Maître, permettez-moi de vous remettre la bague que nous avons trouvée sur l'île.

Arwen commença à répondre à la sorcière, mais s'interrompit lorsque celle-ci frappa sa main, surprise et inquiétée par son geste. Elle s'obligea à reprendre avant de risquer de l'agacer davantage :

- J'ai trouvé et remonté la créature contenant la bague jusqu'à mon escorte et l'un des hommes de l'équipage y a récupéré l'anneau. Ce fut un travail d'équipe.

Malgré ses justifications, la kendoka n'échappa pas au reproche qu'elle avait redouté. Elle n'y répondit pas, sachant d'avance qu'aucun argument n'adoucirait la colère de Lucrécia. Son silence n'y parvint pas mieux, néanmoins, et la mage reporta sa mauvaise humeur sur les pirates, sans qu'Arwen ne puisse rien y redire. La kendoka lui obéit immédiatement et s'en alla retrouver les pirates, à qui elle expliqua sans détour :

- La sorcière m'a demandé de désigner l'un des hommes du groupe afin qu'il la rejoigne. J'en ignore la raison, mais cette personne devra me suivre docilement et garder le silence.

La jeune femme se tourna vers le quartier-maitre sans la moindre hésitation :

- Brisban, ce sera vous.

Il était non seulement le pirate qu'elle aimait le moins, mais également le responsable du groupe. Arwen regrettait de récompenser ainsi l'une des personnes qui l'avait aidée à trouver l'anneau, mais elle savait que refuser cet ordre de Lucrécia aurait été plus risqué encore, et elle essayait d'alléger sa mauvaise conscience en songeant qu'elle n'avait pas voulue cette escorte et avait prévenue Mary des dangers. Après s'être assurée que Brisban la suivait, la kendoka revint frapper à la porte de son Maître et entra, inquiète des projets de Lucrécia.

Arwen fut stupéfaite par les goûts de la sorcière : elle n'aurait jamais cru qu'aucune femme puisse regarder ainsi Brisban, à moins d'avoir été payée très cher. Elle n'en dit cependant pas un mot, trop heureuse de pouvoir calmer un peu la mauvaise humeur de Lucrécia. Elle suivit ensuite docilement ses ordres, se concentrant à nouveau sur l'élément du Turc, qu'elle répéta à son Maître. Puis, elle se concentra sur l'un de ses propres éléments : le sang. Ressentir ce dernier lui fut plus facile qu'avec aucun autre, c'était un élément avec lequel elle était parfaitement en phase... En revanche, il lui fut bien plus délicat d'accorder le sang à la terre. Les deux éléments étaient diamétralement opposés, et malgré sa concentration, Arwen eut plus l'impression de faire s'affronter les deux forces l'une contre l'autre.

Lucrécia s'impatienta, et la kendoka commença à désespérer d'y arriver. Rien ne liait ces deux éléments, ils étaient à l'opposé l'un de l'autre, ne se ressemblaient aucunement. Il suffisait de comparer la forêt d'Archess aux terres sanguines d'Alucard ! Les yeux écarquillés, Arwen réalisa la bêtise de sa logique. La plaine des duels et ses terres rouges à l'esprit, elle essaya de nouveau de faire s'accorder les deux éléments. Il ne s'agissait pas de leur trouver des points communs, bien au contraire. C'étaient leurs différences qui les accorderaient en un ensemble harmonieux, complémentaire.

Les éléments en phase, Arwen les sentit s'intervertir, et comprit enfin la teneur de son nouveau sort. L'acquisition de l'élément de la terre lui déplut, tant il était contraire à sa nature profonde, mais elle n'eut pas à le supporter bien longtemps car le sort se brisa vite. Après avoir remercié la mage et s'être inclinée devant elle, la pirate sortit en compagnie de Brisban retrouver le reste de l'équipe. En chemin, elle s'amusa à "essayer" les éléments de ses camarades, sur lesquels elle s'entraina assidument.