Une lame scintillante sous un coucher de soleil [PV Arwen]

Adaptant son allure à celle, aussi calme que de coutume, du chevalier noir, Arwen arpentait à ses côtés les tombes de Calyptiens du Nieb, silencieuse. Elle écoutait d'un air grave la distinction que faisait son maître d'arme entre les vivants et leurs "reflets moroses" ressuscités d'entre les morts. Cette évocation assombrit son humeur, la jeune femme garda les yeux baissés vers le sol et n'y répondit pas, bien qu'elle en eut reconnu la triste véracité.

Songeant aux proches dont elle n'avait jamais été capable de faire le deuil, elle en oublia jusqu'à la présence de Néo, qui la lui rappela d'un arrêt soudain devant la tombe au nom de la famille Lightfellow. Prise de court, la kendoka recula d'un pas, éprouvée et mal à l'aise.

Lorsqu'elle habitait encore son monde natif, la jeune femme se rendait régulièrement sur la tombe des personnes qu'elle avait aimées et perdues. Chacune de ses roses, chacune de ses prières, chacune de ses larmes avaient été partagées face à leur lieu de repos, et elle les avait toujours visités dans une solitude absolue, éloignant les amis qui l'avaient accompagnée jusque là pour épancher sa peine librement. Le recueillement auprès des défunts était pour elle un acte personnel et intime, et sa présence aux côtés du jeune homme en une telle circonstance lui paraissait affreusement déplacée.

Culpabilisant à nouveau de la malédiction qui l'empêchait de laisser Néo à la pérennité qu'exigeait la situation, elle se résolut à rester à proximité tandis qu'il lui confiait l'importance qu'il pensait falloir accorder à la vie. Désireuse de ne pas plus gêner le chevalier, elle respecta ensuite son silence et l'observa agenouillé devant l'imposante tombe blanche. Elle avait escompté rester passive, faire oublier au jeune homme sa compagnie incongrue mais celui-ci avait sombré dans un mutisme dont le prolongement l'inquiéta.

Au bout d'un moment, elle le rejoint d'un pas discret et posa la main sur sa nuque, rare parcelle de peau dont son armure n'empêchait pas le contact.

- Nulle hérésie dans vos propos, seulement la sagesse d'une philosophie que je partage... La vie est un don, le seul témoignage de reconnaissance digne de l'honorer est d'en jouir pleinement et dans le respect d'autrui.

N'y tenant plus, la jeune femme éloigna sa main de son maître et s'abaissa près de lui, légèrement en retrait devant la tombe qui lui faisait réaliser sa compagnie plus pesante que d'ordinaire. Ses yeux azurés au regard soucieux purent enfin parcourir le visage du chevalier, sur lequel elle craignait de lire la peine qu'il avait exprimée par le passé à l'évocation de la triste fin de sa famille.

- Mais tel précepte est souvent plus aisé à comprendre qu'à suivre... Faut-il avoir l'âme en paix pour apprécier comme il se doit l'existence qui nous a été donnée.

Arwen songeait aux regrets que Néo gardait de son passé, mais elle avait laissé la formulation suffisamment ouverte pour qu'il puisse également y comprendre ses propres remords quant à ses nombreuses erreurs, s'il n'était pas prêt à reconsidérer au travers de sa remarque le pardon qu'elle lui avait déjà conseillé. La kendoka se tût, laissant méditer le jeune homme un instant, avant de reprendre, plus directe :

- Puis-je vous demander la façon dont vous parvenez à chérir la vie qui est vôtre, comme vous le prônez si sagement, Néo ?

De ce qu'elle avait pu observer des occupations de Néo, celles-ci n'étaient tournées que vers son devoir, vocation qu'elle considérait comme en parfait désaccord avec les principes qu'il avait énoncés. Le respect des obligations morales, tout honorable fût-il, se distinguait des véritables plaisirs que l'on pouvait puiser dans la vie, quand bien même on eut pu y trouver satisfaction.

Toutefois, à peine eut-elle interrogé son maitre qu'Arwen regretta ses inquiétudes importunes. Engager la conversation en ce sens, en un pareil moment, n'était peut-être pas de convenance. Au final, le silence qu'elle n'avait su garder par compassion pour le chevalier eut encore pu être préférable à son intervention. Confuse, elle bafouilla :

- Peut-être aimeriez-vous mieux que nous discutions en un moment plus opportun ?

Avant qu'il n'ait pu répondre, la demoiselle commença à se lever pour retrouver sa place derrière son maitre.

Arwen resta stupéfiée par la réponse du chevalier, bien qu'elle se soit pourtant attendue à ce qu'il confirme ses craintes. Elle ne sortit de sa torpeur que lorsqu'il décida de reprendre la route, embarrassant d'autant plus son élève :

- Je ne voulais pas vous inciter à vous presser, Néo, nous pouvons rester plus longtemps si vous le souhaitez. Je proposais simplement de reporter cette conversation, non d'écourter votre visite...

Le maître d'arme préféra toutefois repartir et ils marchèrent en direction de l'auberge où vivait la jeune femme. Celle-ci reprit donc la conversation, incapable de faire l'impasse sur la façon dont le chevalier "profitait" de la vie :

- Puisque le silence m'ennuie et qu'il nous reste du chemin à parcourir, permettez-moi de considérer le moment comme opportun et de m'étonner de l'application de vos propres préceptes...

Délaissant l'air posé qu'elle s'était efforcée de conserver, elle adressa un regard résolu à son maître et poursuivit, le dévisageant tout en avançant à ses côtés :

- Ne vivez-vous donc que pour le devoir ? Néo, votre dévouement importe effectivement au peuple Calyptien autant que vous le prétendez et sert véritablement votre reine mais, tout honorable que soit votre implication, elle ne fait pas pour autant partie de ces joies qui donnent son sens à la vie. Vous semblez confondre satisfaction et plaisir... Il faut des deux pour profiter pleinement de la vie. La justice que vous défendez ne prend toute sa valeur que dans l'ivresse des instants de félicité personnelle. Instaurer la paix pour la paix n'a aucun sens, le véritable intérêt est d'y vivre ses propres ambitions, pour soi.

Décidément embêtée par la logique du chevalier, Arwen s'arrêta et se mit en travers de son chemin pour lui face, l'observant d'un air buté. Elle leva ensuite la main pour l'apposer sur le front de Néo, et insister :

- Vos principales préoccupations vous sont dictées par votre esprit...

La jeune femme descendit ensuite la main jusqu'à l'armure sombre, et l'arrêta au niveau du coeur.

- Quand elles devraient l'être également par vos sentiments personnels.

Elle affronta un moment le regard de son maître, puis abaissa finalement la main en soupirant, frustrée par l'incompréhension très probable de ce dernier à la leçon de vie qu'elle essayait si maladroitement de lui expliquer. Déçue de ne pouvoir se faire entendre, elle conclut d'une voix douce :

- Votre vie est importante pour votre reine et pour le peuple... mais vous passerez à côté des bienfaits qui en font tout le sens en vous contentant de vous rendre utile à l'empire sans vous laisser aller aux plaisirs les plus simples, qui sont certes souvent les plus futiles, mais indissociablement les plus précieux.

La kendoka se tût, songeuse. Lorsqu'elle constata ne pouvoir répondre d'elle-même aux questions qu'elle se posait, elle interrogea le jeune homme :

- N'y a-t-il donc rien que vous preniez vraiment plaisir à faire, pour vous-même et en dehors des intérêts de vos devoirs, Néo ?

Arwen attendit la réponse du chevalier, si préoccupée par les raisonnements étriqués de ce dernier qu'elle en avait oublié la destination qui les attendait. Elle s'était ainsi tenue immobile face à lui, retardant leurs projets sans même s'en soucier, entièrement concentrée sur ses échanges avec le jeune homme.

Peu convaincue du plaisir que le chevalier pouvait retirer d'une occupation si professionnelle, Arwen lui adressa un regard dubitatif. Toutefois, ses doutes fondirent sous le sourire de Néo, qui lui apparut comme un argument implacable. Sans plus insister, elle répondit à son sourire, simplement heureuse de lire cette expression sur son visage.

-"Je n'abandonnerais pas... Toi non plus Arwen, n'abandonne pas ton rêve..."

Surprise de cet encouragement d'autant plus déroutant qu'il venait de son maître d'arme, la kendoka le dévisagea un instant, avant de sourire à nouveau, amusée. De toute évidence, Néo ne saisissait pas tout à fait la portée de ses propos. Acceptant l'aveuglement du chevalier, elle rétorqua, son regard franc toujours rivé dans les yeux de ce dernier :

- Soit, je n'abandonnerai pas et ferai preuve de la persévérance qui me caractérise pour l'atteindre.

Satisfaite de cette conclusion, Arwen décida de se remettre en route et reprit sa place auprès du chevalier noir, l'accompagnant au plus près malgré la marche trop lente à son goût.

Lorsqu'ils parvinrent à la Galerie des Roches, la jeune femme s'arrêta sur le pas de sa porte, éveillant sa magie du sang pour repérer la position des êtres présents dans la chambre. Après s'être assurée qu'aucun n'était assez proche de la porte pour s'en échapper soudainement, elle l'ouvrit enfin et s'empressa d'entrer, sa main refermée sur celle de Néo pour le forcer à suivre son allure et refermer rapidement derrière lui.

Des ronronnements de contentement accueillirent l'entrée de la kendoka, dont le retour sembla ravir les quatre chats de la chambre et surprendre les trois lapins désormais dissimulés chacun dans un coin difficile d'accès. Évitant le regard du maître d'arme, qui n'ignorait probablement pas non plus l'interdiction de l'hotel à y loger des animaux, la demoiselle s'empara de son sac d'affaires et observa ses protégés d'un air songeur. Après un long moment de silence, elle finit par expliquer :

- Je dois admettre que lorsque je les ai recueillis un à un, je n'avais pas réfléchi à la façon dont je pourrais les relâcher tous une fois soignés... discrètement, j'entends.

Embêtée de ne pouvoir déménager avec elle ses colocataires clandestins sans risquer la fureur du gérant devant lequel elle devait passer pour quitter l'établissement, Arwen s'approcha de la fenêtre dans l'espoir d'y trouver une solution. Déçue, elle avoua :

- L'étage auquel nous sommes est trop élevé pour que je puisse les faire léviter sans danger jusqu'à terre par la fenêtre...

Une solution éventuelle se présenta alors à l'esprit de la kendoka, dont les yeux s'écarquillèrent. Puis, le regard toujours concentré à la fenêtre, elle incita le chevalier à lui proposer ses ombres d'un ton nonchalant :

- Dîtes-moi Néo... Lorsque vous m'avez rejointe au manoir d'Alucard, vous aviez bien des ailes, n'est-ce pas ?

TAP !

Alors qu'elle attendait patiemment la réponse du chevalier, le bruit d'un choc violent s'échappa de sous le lit. Feignant de ne pas entendre les frappes insistantes d'un lapin mécontent qui continuait de taper de la patte arrière, apparemment agacé par la présence étrangère de Néo, Arwen finit par tourner la tête vers ce dernier pour affronter son regard.

TAP !

-"Oui, je peux former des ailes avec ma capacité... "

Arwen sourit au maître d'arme, l'air reconnaissant. Elle délogea le lapin furieux de sous son lit grace à son don et l'animal lévita vers Néo, les pattes abaissées dans les airs et les oreilles couchées en position de menace.

-"... et non, je ne compte pas t'aider à les transporter vers l'extérieur avec... "

Le sourire de la jeune femme fondit sous une expression de colère, et elle se résigna à relâcher au sol son protégé à longues oreilles, qui partit de nouveau se terrer sous le lit.

TAP !

Le sac qu'elle avait soulevé fut envoyé avec humeur au sol, et elle s'avança jusqu'à Néo pour lui imposer son regard courroucé.

- Perdre inutilement du temps à les sortir un par un moi-même alors que j'aurais souhaité rentrer au palais avant la tombée de la nuit m'agace. Vous gâchez tout autant votre temps à préférer rester passif au lieu de m'accorder une aide modeste !

TAP !

Sembla approuver le lapin caché. Arwen tourna alors le dos au chevalier et sans plus lui prêter attention, ramena l'animal dans les airs pour s'en saisir et le blottir contre elle. Répondant à un réflexe naturel, elle s'apprêta à claquer la porte lorsqu'elle se souvint de la discrétion qu'il lui faudrait requérir. Finalement, elle se contenta de partir après un soupire agacé, laissant Néo avec ses six autres protégés.

Elle fit ainsi plusieurs allers-retours de sa chambre à l'entrée de l'hotel, où elle libérait les animaux qu'elle n'avait pu s’empêcher de recueillir jusqu'à leur guérison de différentes blessures. Lorsqu'il ne resta plus qu'un chat dans la chambre, la kendoka reprit son sac et quitta la pièce pour descendre une dernière fois l'étage, n'attendant le chevalier qu'à la porte d'entrée.

Ils reprirent ainsi la route, et la jeune femme resta silencieuse un moment, décidée à garder rancune à son maître. Elle tînt dix minutes avant de se résoudre à rompre le silence dont elle seule avait souffert, le félin dans un bras tandis qu'elle s'efforçait de trainer de l'autre main son sac surchargé.

- Je pensais que la cinglée verte lasserait Alucard au bout de quelques semaines...

Embêtée par la somme onéreuse que lui coutait son hébergement à la Galerie, Arwen s'était résignée à retrouver à contre-coeur la chambre de Shin. L'idée de devoir se résoudre à regagner le quartier résidentiel l'attristait, considérant cette défaite comme le signe d'une entente bien moins superficielle qu'elle ne l'aurait cru entre les deux vampires.

Tandis que Néo lui répondait, Arwen fit léviter à ses côtés le chat dont elle refusait de se défaire, le temps de mieux empoigner son sac. Un sourire discret adoucit son expression peinée. Elle interprétait les paroles du chevalier comme une tentative de consolation, bien que ce n'ai peut-être été qu'une nouvelle affirmation de sa perspicacité. Elle qui connaissait le passé du mage de sang, elle devinait les sentiments du vampire très semblables à ceux que lui pretait Néo. Elle confirma, récitant mot pour mot la leçon de vie qu'il lui avait apprise avant le crépuscule :

- "Une personne qui revient après la mort n'est jamais plus qu'un reflet morose de ce qu'elle eut été dans la vie". Sa malédiction même est un vide qu'aucun pair ne saurait combler.

Profitant de ce que le sujet s'orientait en ce sens, elle demanda :

- A la taverne, vous avez salué Alucard en l'appelant par son nom. Vous le connaissiez déjà, alors qu'il n'était arrivé que peu de temps avant moi. En quelles circonstances l'avez-vous croisé ?

Elle avait plus d'une fois interrogé le mage à ce sujet, mais celui-ci avait refusé de répondre, apparemment agacé au souvenir de cette rencontre. Cet état avait d'autant plus surpris la kendoka qu'elle avait lu en l'attitude de l'Esper un respect envers le chevalier qu'il n'accordait qu'à de très rares personnes. De fait, à l'exception de la reine du Sahoc, qu'aucun n'aurait osé remettre en question l'autorité, Néo était le seul Calyptien qu'Alucard ne provoquait pas.

Sentant la colère de sa maîtresse lui revenir, le félin poussa un miaulement plaintif tandis qu'elle le serrait plus étroitement contre elle. Arwen l'ignora pour reporter une fois de plus son regard furieux sur le chevalier dont le calme imperturbable contrastait autant que l'armure sombre à côté de son long manteau blanc.

- Personne ne me parait mieux placé que vous pour narrer une rencontre qui fut vôtre.

Toutefois, la mention du nom de Mythril indiquait la présence de ce dernier lors de leurs présentations, et cette information attisa la curiosité de la kendoka. Nul doute qu'elle irait interroger ce dernier à ce sujet. Elle réfléchit à la déclaration du chevalier, et conclut :

- Les seules raisons qui pourraient pousser Maître Alucard à respecter quelqu'un serait ou bien une victoire justifiée de ladite personne en combat singulier contre lui ou bien le sentiment de lui être redevable. Si vous l'aviez affronté, il n'aurait pu cacher sa rancoeur en votre présence... Vous l'avez aidé d'une façon ou d'une autre, probablement lors de son arrivée. Je me demande en quelle circonstance il aurait bien pu nécessiter une aide quelconque... Quel intérêt avez-vous à taire cette histoire, outre un besoin prononcé ce soir de m'irriter ?

Contrairement à elle, Néo ne prenait pas plaisir à énerver son entourage, et sa question n'avait pour autre dessein que de mettre en valeur sa propre exaspération. Essoufflée, elle s'arrêta et attendit la réponse du chevalier, profitant de ce répit pour se reposer du port de son sac, qu'elle posa à terre.

De plus en plus agacée, et ce d'autant plus que Néo ne réagissait pas à sa mauvaise humeur, Arwen reprit son sac, qu'elle souleva laborieusement, et avança d'un pas rapide malgré le poids pesant de ses affaires. Lorsque le chevalier conclut pour se ranger du côté du mage, elle répliqua d'un ton sec :

- Vous m'avez parlé de m'enseigner le duel au corps à corps il y a quelque temps, pourquoi ne pas profiter de la précocité de la nuit pour un dernier exercice d'apprentissage, une fois mon paquetage défait ?

La proposition semblait sans rapport avec leur précédent sujet de discussion, et pourtant, la demoiselle avait répondu dans la logique de ses ressentis. Comprenant qu'elle ne réussirait pas à convaincre son maître d'arme d'expliquer sa rencontre avec le mage, elle s'était résignée et ressentait désormais un besoin pressant de relâcher sa colère sur le jeune homme.

Armée, il était rare qu'elle parvienne à le toucher, et finissait généralement plus énervée qu'à l'origine après qu'elle ait essuyé une nouvelle défaite sous les conseils avisés du maître d'arme. Et si elle était bien décidée à persévérer dans son apprentissage et n'abandonnait pas son ambition d'égaler le chevalier, tout du moins espérait elle pour ce soir pouvoir compter sur une meilleure habileté en combat rapproché.

Arwen sourit d'un air mauvais, ravie que le chevalier lui donner l'occasion de se venger de son silence tenace. A peine le jeune homme eut-il fini sa dernière phrase qu'elle s'était déjà précipitée vers les quartiers résidentiels, le poids de son sac tout à coup parfaitement ignoré. Arrivée à la chambre de Shin, elle jeta négligemment ses affaires sur le lit, posa le chat à terre et fit voler ses vêtements à travers toute la pièce pour trouver une tenue conforme aux recommandations de Néo. Enfin, elle trébucha sur les habits blancs éparpillés au sol puis quitta les quartiers résidentiels en trombe pour s'empresser de retrouver le maître d'arme.

Elle parvint ainsi rapidement à la salle d'entrainement, à l'entrée de laquelle elle s'arrêta soudain, son air carnassier évanoui sous un léger sourire attentionné tandis qu'elle en admirait le seul occupant. Néo s'échauffait, débarrassé du plus gros de son armure. Lorsqu'elle se souvint que les compétences du jeune homme l'avaient très sûrement déjà alerté de sa présence et qu'il ne l'avait pas attendue là pour le simple plaisir de ses yeux, elle déposa délicatement Gekido à terre et le rejoint.

- Êtes-vous prêt Maître Néo ?

Interrogeant le maître d'arme comme si c'était elle qui avait dû patienter, la kendoka ne put s'empêcher de sourire, taquine. Arwen avait pour habitude de refuser tout exercice s'apparentant aux échauffements ou aux étirements, dont elle s'était toujours plaint de "l'inutilité évidente". Sa question n'insinuait donc que la réitération de son refus à imiter le jeune homme dans ses échauffements. Elle se mit en position de combat et retrouva une expression sérieuse, prête à l'affronter.