Alucard et Ryu

Il eut à peine le temps de remonter à la surface qu'une espèce de poulpe noir s'abattit sur lui. Tandis qu'il commençait à se débattre, une deuxième créature fondit également sur lui, l'immobilisant complétement. Alucard tenta de se dégager, mais ses adversaires le retenaient dans une étreinte puissante, contre laquelle ses propres forces ne suffirent pas à lui permettre un seul mouvement.

Confiant, le vampire réfléchit paisiblement à une façon de se débarrasser de ces indésirables quand il sentit tout à coup ces derniers lui sucer le sang, se nourrissant avidement de ses forces. Forces qui d'ailleurs le quittaient pour mieux l'affaiblir, le sang vampirique décuplant considérablement la puissance des deux poulpes, comme Alucard put le sentir à la pression de plus en plus douloureuse de leur corps contre lui.

Furieux et humilié d'être devenu la victime impuissante de sangsues qu'il n'aurait eu aucun mal à exterminer s'il n'avait pas été attaqué par surprise, Alucard serra les dents. Il essaya une nouvelle fois de se dégager des créatures, mais il fut incapable du moindre mouvement. Il ferma les yeux et tenta de ne pas se laisser gagner par la panique. Calme-toi ! Ses pensées se répercutèrent de nouveau en échos dans son esprit, involontairement transmises au renard, dont il se souvint avoir bu le sang dans la salle au miroir, recréant un lien télépathique.

Alucard se reprit, encouragé par la présence du mercenaire, que son inquiétude lui avait fait oublier. Il rouvrit les yeux. En un éclair, il reprit sa forme infantile, se décollant ainsi des corps des deux poulpes volants, et profita de sa relative liberté de mouvement pour plonger les bras hors de leur étreinte. Il n'eut pas le temps de délivrer plus que ses avants-bras, mais cela lui suffirait amplement. Les bras tendus, dépassant à moitié de sa prison vivante, il rapprocha ses mains de façon à former un rectangle avec ses doigts, et s'efforça d'articuler :

- Rupture des barrières numéros 3, 2, et 1. Invocation de Cromwell activée.

Les sceaux ensanglantés de ses gants s'illuminèrent, et son corps prit soudainement une consistance brumeuse avant de se déformer pour enfin prendre l'apparence d'un grand chien noir vaporeux à deux têtes. Cette nouvelle forme lui permit de se faufiler sans difficulté entre les deux corps enlacés des créatures, son propre corps désormais constitué d'ombres intangibles.


Libéré de l'entrave des deux poulpes volants, il bondit sur ses agresseurs et referma sur eux la mâchoire aux longs crocs acérés de chacune de ses têtes canines. Les gueules du Cromwell broyèrent conjointement ses victimes et s'empressèrent de les ingurgiter, encore à moitié vivantes.

L'imposant chien à deux têtes fut alors attaqué par une troisième créature à tentacules, qui tomba du plafond pour s'abattre sur lui. Alucard eut le temps de japper joyeusement avant d'ouvrir en grand ses deux gueules, qui attrapèrent le poulpe noir pour se le disputer, déchiquetant morceaux par morceaux l'agresseur.

Sa dégustation des trois mollusques n'avait pas duré plus d'une minute, mais l'impressionnante rapidité de succion des créatures angoissa Alucard, qui se retourna vers son ami.

Quelle audace ! Non content de déclencher tous les pièges possibles sur moi, tu te permets en plus de laisser se vider ma réserve de sang préférée... Mercenaire, je t'interdis d'accepter d'autres suçons que les miens !

Le Cromwell bondit alors sur le poulpe noir qui recouvrait son pauvre ami et plongea ses crocs dans la chair flasque de ses tentacules. L'agression suffit à faire réagir la créature, qui libéra partiellement le goupil. Alucard s'écarta, laissant à ce dernier le soin de se dégager de son ennemi par lui-même. Il voulait voir comment se défendrait le mercenaire, et refusa donc d'intervenir davantage, certain que Ryu n'aurait de toute façon pas besoin de son aide. Il se tînt tout de même prêt à réagir, au cas où le renard ne serait plus en état de se défendre seul.

Mais a la surprise d’Alucard, il n’y avait plus trace d’aucun renard sous l’étreinte du poulpe vampirique. Réagissant d’instinct, le changelin s’était changé en marre de sang dès l’instant que son manteaunoir fut sur lui. Et s’infiltrant dans la gueule du monstre il se répandit dans son corps, le détruisant de l’intérieur ! Le plasma vivant ne tarda pas à jaillirent du corps sans vie, crevant la peau pour venir se rassembler au dessus du poulpe et prendre la forme d'un renard sanglant. Ryu observa le Cromwell.. Le don obscur ! Cette fois-ci le mercenaire ne rata pas l’occasion et imita le démon Peur et Cauchemar en éclatant d’un rire forcené !

Spoiler:

WAHAHAHAHAHA !!
MON AMI, JE N’AI JAMAIS ÉTÉ AUSSI HEUREUX DE VOUS VOIR !!!

Puis redevenant renard, il montra du museau la galerie qui s’étendait devant eux. Indiquant le plafond où, tout du long, d’autres bêtes similaires a celles qu’ils venaient d’affronter somnolaient sagement accrochés tête en bas.

Nous devrions avancer en silence, et sans mouvements brusques..

A moins bien sur que le vampire soit d’humeurs a faire le ménage, mais si d’autres manteaunoirs lui volaient du sang il risquait de se retrouver vite en manque.. Au bout du chemin se trouvait une grande dalle de pierre, mais aucune issue. La dalle, colossale, emplissait toute la hauteur et la largeur du tunnel. Était-ce un nouveau cul de sac ?.. Pas sur, s'ils observaient assez bien nos héros pourraient peut-être remarquer une cavité entre la parois et la dalle, assez grande pour y glisser la main. (Le genre de cachette habituelle pour un levier dérobé.) Mais cela pouvait aussi être un piège !

Alucard lança un regard mauvais au mercenaire, qui à peine délivré de son adversaire avait imité son chien préféré. En voila un qui ne perdait pas le nord ! Mais Ryu reprit bien vite sa propre forme animale, et le vampire, soucieux de ne pas réveiller les sangsues endormies, ravala sa colère et resta silencieux. Il avait déjà perdu trop de sang pour pouvoir se permettre le luxe de se disputer avec son ami.

Il voulut reprendre son apparence habituelle, mais songea qu'il ne serait pas prudent de se séparer de sa consistance brumeuse si efficace contre les créatures qui envahissaient le plafond de la galerie. Persuadé que le renard se préparait à leur déclencher un piège dont lui seul subirait les effets, Alucard attrapa le renard par la peau du cou de l'une de ses têtes. Il le souleva ensuite à hauteur de l'autre tête, qui colla sa truffe noire contre le museau du goupil et grogna doucement d'un air menaçant.
Toi, tu restes avec moi. Je t'interdis de toucher le sol, de remuer, de parler ou encore de respirer !

Rassuré de savoir son ami hors de portée de tous piège éventuel, il avança d'un pas tranquille, les dents refermées sur la fourrure du renard, désormais humide de bave canine. Ils arrivèrent bientôt au bout de la galerie, qui se terminait en impasse. Alucard inspecta la paroi et s'aperçut d'une cavité dissimulée, caractéristique des cachettes à levier habituelles.

Il hésita à laisser le renard se charger d'y mettre la patte, mais cette idée lui paru plus risquée encore, compte tenu de la malchance que le renard avait prit coutume de lui porter. Bah, après tout, ce n'était pas comme si perdre un membre pouvait l'handicaper, il n'aurait qu'à se régénérer. Se dressant sur ses pattes arrières, il passa la patte avant droite dans la cavité et l'appuya contre le fond, activant un mécanisme qui fit se tourner la paroi sur elle-même, emportant les deux acolytes de l'autre côté.

Alucard reprit sa forme humanoïde et cracha le renard à terre, avant de lever les yeux pour se rendre compte de l'endroit dans lequel ils avaient pénétré. La paroi les avait amené dans :

Alucard a effectué 1 lancé(s) d'un (dé du destin.) :

1 Une scène du passé de Ryu
2 Une scène du passé d'Alucard
3 Un grand jardin dans lequel un lapin blanc à lunettes, un lièvre et un chat à rayures violettes prennent le thé.
4 L'intérieur d'un temple égyptien, où ils rencontrent Lara Croft ( )
5 L'intérieur d'une église
6 Une immense salle à manger décorée de banderoles où sont représentés 4 emblèmes différents (lion, serpent, blaireau et aigle)

Le vampire et le renard se retrouvèrent dans une grande chambre a coucher haute de plafond et complètement rose !!! Le changelin cligna puis écarquilla les yeux, il connaissait cette pièce !

Spoiler:

Un petit dragonneau se trouvait là, secouant comme un prunier une peluche aussi grosse que lui et criait dessus avec un ton alarmé :



« Je suis un petit dragon!!!!! Je suis un petit dragon minuscule!!!!!!!! »
Et contre toutes attentes, du moins toutes attentes d’Alucard, l’ours en peluche se mit a lui répondre !



« O-oui vo-ous êtes un mi-gnon p-pe-tit dra-gon et s-si vous p-pou-viez av-voir l’am-ma-bi-li-té de ces-ser de me sec-cou-er de la s-sorte…… Je vous en serait fort gré !!! »

Le renard glapit d’amusement, ce rêve, il ne l'avait jamais oublié ! Mais pourquoi le revoyait-il ici ?
Lâchant l’ourson, le dragonneau repris :



« Je suis désole comprenez moi je ne suis pas vraiment "un mignon petit dragon" JE SUIS LE ROI DES DRAGONS D’OR MYTHRIL !!!!! JE SUIS SUR QUE C’EST UN CAUCHEMARD OU UNE MAUVAISE, TRÈS MAUVAISE BLAGUE !!!!! »



« Mythril ? Comme c’est amusant, voilà que je rêve de vous.. enfin vous êtes plus jeune que dans la réalité !
Vous ne me reconnaissez pas ? C’est moi Ryu ! »

Intrigué, le goupil s'approcha des protagonistes qui continuèrent comme s'il n'était pas là..
Tout n'était qu'illusion, mais qu'est-ce qui l'avait provoquée ?



« Monsieur Doppelganger je ne vous aurais point reconnut !!!! »



« N'est-ce pas ! Il est vrai que j’ai beaucoup changer aussi, je ne sait vraiment pas quel souvenir à pu m’inspirer cette apparence pour le moins singulière, mais je la trouve tout à fait charmante et je pense la conserver au moins jusqu’à la fin de ce rêve ! »



C'est une illusion ! Dit le renard. Essayons de quitter la chambre !

Mais dans le rêve, franchir la porte faisait invariablement revenir dans la même pièce. En serait-il de même ici ?

Alucard découvrit l'horrible salle rose avec effroi. Grimaçant, il sortit ses lunettes de soleil et les remit sur son nez. Ce n'est qu'alors qu'il se rendit compte de la présence d'un petit dragon qui secouait un ourson rose en criant.
La grimace du vampire s'accentua de dégoût devant les deux êtres ridicules. Alucard cherchait la sortie du regard, quand il entendit soudain :

« Je suis désole comprenez moi je ne suis pas vraiment "un mignon petit dragon" JE SUIS LE ROI DES DRAGONS D’OR MYTHRIL !!!!! JE SUIS SUR QUE C’EST UN CAUCHEMARD OU UNE MAUVAISE, TRÈS MAUVAISE BLAGUE !!!!! »

Estomaqué, ses sourcils se levèrent au dessus de ses lunettes et son visage se figea.

« Mythril ? Comme c’est amusant, voilà que je rêve de vous.. enfin vous êtes plus jeune que dans la réalité !
Vous ne me reconnaissez pas ? C’est moi Ryu ! »

N'en pouvant plus, le vampire éclata d'un rire tonitruant. Plié en deux, les bras croisés contre ses côtes et des larmes de sang coulant de ses yeux, il était si hilare qu'il en avait du mal à garder l'équilibre. Le renard, lui, n'y prêta pas attention et passa la porte. Mais à peine l'eut-il franchie qu'il revint aux côtés du vampire toujours secoué par ses propres éclats de rire. D'ailleurs, celui-ci n'avait même pas remarqué le déplacement de son ami.

Le visage barbouillé de larmes rouges, il articula :

- AHAHAHAHAHAHAHAAAAAHAAHAHAAAAAA ! Mythril est donc un dragon ? HAHAHAHAHAHA si seulement il n'avait pas pris cette forme, je pourrais profiter pleinement de ma découverte mais là ! Un petit dragon tout... tout... TOUT MIGNON MOUAHAHAHAHA !

Le goupil tenta à plusieurs reprises de passer la porte, sans autre résultat que son retour auprès d'un Alucard rieur. Vingt minutes plus tard, celui-ci s'était finalement calmé.

- Bon, on y va, mon petit ourson rose ?

Il essuya son visage ensanglanté sur une nappe et franchit la porte, qui le ramena à son point de départ.

- Mais qu'est-ce que... ?

Tout comme le goupil avant, il s'entêta plusieurs fois à passer la porte, réapparaissant chaque fois aux côtés de son ami. Il s'intéressa alors de nouveau à l'ourson et au dragon et s'aperçut enfin de la répétition de leur discussion, sans cesse la même. La scène tournait en boucle, sans fin. Il fit le tour de la pièce et chercha une autre façon d'échapper à l'enfer rose, palpant les murs en espérant y trouver une sortie dissimulée. Mais il ne trouva rien et, lassé, il alla s'asseoir sur une chaise.

C'est alors qu'il remarqua la montre à gousset, tombée sous la table devant lui. Il la ramassa et l'observa un long moment, fixant les aiguilles qui, chaque fois que la scène se répétait, retournaient sur le chiffre d'où elles étaient parties. Au bout d'un moment, Alucard la jeta à terre, brisant le cadrant de verre, et avança les aiguilles au chiffre suivant.

Les deux personnages disparurent alors, et Alucard se releva avec empressement, avant de se précipiter vers la porte. Cette fois, il pénétra une salle en pierre grise, illuminée par des chandelles et au bout de laquelle trois portes de mithril les attendaient. Devant la porte du milieu, trois jeunes femmes patientaient.

La demoiselle du milieu était installée sur la seule chaise de la salle. Ses yeux bleus et sa tenue masculine attirèrent un instant l'attention d'Alucard, qui eut une brève pensée pour son maître. Il s'intéressa ensuite à la demoiselle de droite. Celle-ci était vêtue en petite écolière, et paraissait la plus jeune des trois. De grands yeux verts lui mangeaient le visage et un long sourire ornaient ses fines lèvres.
La demoiselle de gauche, une rousse à la chevelure flamboyante et aux yeux marrons, était également habillée en écolière, mais au lieu des collants blancs de sa camarade, elle portait de simples chaussettes, dévoilant de longues jambes qui captivèrent le regard d'Alucard.

Spoiler:

La plus jeune leva les yeux vers les deux acolytes, et son sourire se crispa à la vue du vampire.

- Aluchan, les voilà...

La garçonne du milieu lança un regard noir à sa camarade, apparemment agacée par le surnom par lequel elle avait été appelée. Ses yeux bleus croisèrent alors les yeux rouges d'Alucard, et elle se mit à sourire.

- Alucard ! Tu nous as fait attendre ! Ryu, je suis si contente de te rencontrer !

Alors que la jeune femme semblait sincèrement ravie de la présence des deux comparses, celle de droite paraissait tendue, jetant régulièrement de rapides coups d'oeil vers Alucard. Celle de gauche, elle, semblait indifférente.
Pris au dépourvu, le vampire adressa au goupil un regard interrogatif. Puis, il haussa les épaules et s'approcha du trio, s'inclinant poliment.

- Mesdemoiselles. L'une d'entre vous est-elle prête à se sacrifier avant les autres ou bien est-ce à moi de choisir ? Je dois avouer que j'aurais du mal à décider de la première à gouter... Vous m'avez toutes les trois l'air charmantes !

L'écolière aux yeux verts recula un peu derrière la chaise de son amie, qui sourit de plus belle tandis que la troisième soupirait en secouant la tête, les bras croisés. La garçonne se leva alors et s'approcha du goupil, dont elle caressa la fourrure au passage, avant de s'avancer vers le vampire.

- Oh, je t'épargne d'avance ce choix difficile : tu ne gouteras le sang d'aucune d'entre nous. Nous sommes les gardiennes de ces portes, et nous tuer reviendrait à se condamner soi-même, car nous seules détenons le pouvoir de les ouvrir. Touches donc à une seule d'entre nous, et tu pourras redécorer cet endroit à ta guise, car il deviendra ta dernière demeure.

La demoiselle aux yeux marrons soupira de nouveau avant de l'interrompre :

- Bon, abrèges Aluchan, j'ai un cours de conduite dans dix minutes, moi.

- Arrêtez de m'appeler comme ça !!!! Hm, bon. Les trois portes que vous voyez là ne s'ouvriront qu'à condition que vous répondiez à l'énigme de sa gardienne. Mais deux d'entre elles vous mèneront à un chemin qui aboutira à cette même salle. A vous de choisir la bonne porte, donc... ce que je ne vous souhaite pas, car alors nous ne vous reverrions pas!

Elle avait prit un air espiègle, et son attitude décontractée dérouta Alucard, peu habitué à inspirer aux humains l'attirance que semblait éprouver pour lui la jeune femme. Sans laisser le choix au goupil, il décida :

- Dans ce cas, qui est la gardienne de la porte de droite ?

- Oh non... C'est moi.

L'écolière rejoint à contrecœur son amie, mais resta près du goupil, qu'elle caressa avant de reprendre :

- Quel personnage de dessin animé s'écrit " Alors coco, tu veux un gâteau ?!" ?

- Quoi c'est ça ton énigme ??! s'écrièrent en chœur ses deux amies, aussi incrédules qu'Alucard.

- Maiiiis ! Chacune son énigme, occupez-vous de vos portes ! C'est moi qu'ils ont choisi, pas vous ! D'ailleurs, je peux vous assurer qu'il y a au moins un des deux qui serait bien incapable d'y répondre !

Elle avait dit cela en regardant Alucard, qui s'offusqua de son accusation. Accusation justifiée d'ailleurs, puisqu'il n'avait en effet pas la moindre idée de ce à quoi faisait référence la jeune femme. Mais l'énigme lui paraissait tellement ridicule qu'il fit mine de sourire, comme s'il était évident qu'elle se trompait.
Ryu, donne-moi vite la réponse que je puisse faire ravaler sa prétention à cette impertinente !

La bonne humeur d’Alucard faisait plaisir a voir. Prit d’un soudain fou-rire l’hystérique se plia littéralement en deux, n’arrivant plus qu’avec peine a se tenir debout ! Peut-être présenterait-il le vampire à la princesse Amélia ? Tout ce rose avait l’air de beaucoup lui plaire, la princesse et lui allaient certainement très bien s’entendre ! La joie de son ami fit sourire Ryu qui ne manqua pas de relever, au passage, les mots qu’ Alucard put articuler entre deux crises de rires.. Ainsi il avait rencontré le roi d’or ? Amusé par cette idée, le changelin laissa l’hilare épancher son bonheur le temps de trouver comment sortir d’ici.. En vain ! Il essaya de quitter la pièce à plusieurs reprises, mais chaque fois qu’il franchissait le seuil il se retrouvait a entrer dans la pièce au lieu d’en sortir. Voilà qui compliquait tout, mais Ryu s’y était attendu. Plongé dans ses réflexions, le renard ne remarqua pas tout de suite que son ami s’était calmé de son fou-rire. « Bon, on y va, mon petit ourson rose ? »

Relevant la tête, il trotta derrière Alucard.
Je ne pense pas que l’ourson vous entende ! Répondit-il amusé.

Laissant le caïnite chercher de son coté, le changelin fouilla sous le lit, essaya les miroirs, la cheminé et le tableau. Non, ce qu’il fallait c’était briser l’illusion.. briser l'illusion ? Il eu soudain une idée : Un cercle de dissipation ! Les arcanes elfiques pouvait les aider mais pour cela il avait besoin d'Alucard ! Ressortant de sa mémoire les symboles nécessaires pour dessiner le fameux cercle, le renard revint vers le vampire pour lui expliquer son plan. Il le trouva en train de jouer avec une montre, et avant que Ryu n'ouvre la bouche le dragonneau et l’ourson avaient disparut ! Le vampire s’élança aussitôt, et le renard le suivit, tout deux purent enfin quitter la pièce rose pour entrer dans une espèce d’antichambre en pierre grise où trônaient trois portes gardées par trois jeunes filles. Étaient-elles celles derrière les illusions ? Leurs vêtures étranges ne rappelait rien au changelin, elles n’étaient pas d’ici. Celle du milieux les appela par leurs noms, et Ryu se rappela que l’illusion précédente était un de ses souvenirs, que savaient-elles d’autre sur eux ?

Le plaisir est également partagé, Aluchan ! Dit-il en inclinant la tête.

Alucard lui lança un regard interrogateur avant de s’adresser aux jeunes filles. La garçonne expliqua alors qu’elles étaient les gardiennes des portes et qu’elles seules avaient le pouvoir de les ouvrir. Le changelin voulu se renseigner d’avantage lorsque le vampire choisit la porte de droite.. et ils eurent une énigme ! La question déconcerta pour le moins le changelin, un dessin animé ? Ryu avait certes déjà vu des dessins s’animer mais jamais aucun ne lui avait servi de gâteau ! Pour cette fois, il espérait que son ami saurait quoi répondre, mais ce dernier lui envoya une message télépathique : *Ryu, donne-moi vite la réponse que je puisse faire ravaler sa prétention à cette impertinente !*

Non.. Laissa tomber le renard avec un air satisfait. Moi je prendrais une autre porte !

Puis, jouant le client difficile, il tourna autour des gardiennes, les détaillant une à une, prenant également son temps pour étudier leurs portes respectives.. Il se décida finalement pour la porte de gauche, faisant délibérément le choix opposé d’Alucard, et s’asseyant en face de la jeune fille taciturne il déclara tout en remua la queue de contentement.

Je choisi celle-ci !

Puis tournant le museau vers Alucard il pensa.
*J'ai connu un sultan qui adorait les gâteaux !*

- Un sultan ? demanda Alucard au goupil, les sourcils froncés dans une expression d'incrédulité tandis qu'il se demandait en quoi cette remarque pouvait bien les aider.

- Oh, il a deviné ! Je ne lui aurais jamais deviné une telle culture ! s'étonna la plus jeune des gardiennes.

Perplexe, Alucard comprit qu'il venait de donner la réponse qu'attendait l'écolière, et fit mine de la toiser du regard, l'air hautain.

- Qu'une petite humaine tremblante comme toi me sous-estimes, c'est un comble. Allez sésame, ouvre-toi.

- Mais je t'aime aussi, anonyme citoyen...

La petite gardienne eut l'air vexée, mais la crainte évidente que lui inspirait le vampire la retînt de marmonner d'autres tirades de dessin animé, et elle alla bouder près de son amie à la chevelure de feu, qui lui tapota gentiment l'épaule dans une attitude réconfortante. La porte s'ouvrit, mais alors qu'Alucard s'avança dans sa direction, la gardienne aux yeux bleus se mit en travers de son chemin.

- Ah, attend ! Pour ton pari...

Intrigué, Alucard s'arrêta et attendit patiemment que la gardienne finisse sa phrase. Mais celle-ci, au lieu de parler, se dressa sur la pointe des pieds et enlaça le vampire, profitant de leur proximité pour déposer sur ses lèvres un baiser langoureux auquel, une fois sa surprise passée, il répondit avec vigueur. Lorsqu'elle s'éloigna finalement, Alucard ricana :

- C'est bien aimable à toi de te soucier de mon petit pari, mais je ne sais si cela va m'aider : j'avais bien stipulé que les baisers devaient être échangés avec des femmes...

Son regard s'était attardé sur la tenue masculine de la gardienne qui, loin de se vexer, sourit au vampire.

- A ta guise, mais si tu veux me considérer comme un homme, cela te fait un baiser en moins, conformément à la règle imposée par Mythril.

Elle haussa les épaules, tandis que son amie aux yeux marrons approuvait sa remarque, hochant la tête avec sérieux. Alucard regarda les deux amies avec étonnement, surpris qu'elles en sachent autant sur son compte. Puis, résigné, il contourna la garçonne pour franchir la porte.

Il avança dans un long couloir pendant un bon moment avant de s'arrêter brusquement. Pourquoi aucun piège ne s'était encore déclenché sur lui ? Il se retourna et chercha le goupil des yeux, avant de soupirer bruyamment. Et oui, il avait oublié son ami. Ou plutôt son ami avait réussi à lui échapper ?

Dépité, il poursuivit néanmoins son chemin. Il arriva enfin au bout du couloir, dont l'extrémité se terminait en une grande porte. Le vampire s'approcha d'un pas pressant, impatient de savoir s'il avait effectivement choisi la bonne porte. Mais alors qu'il tendit la main pour la pousser, une épée lui transperça le dos, s'enfonçant jusqu'à son ventre.

Lorsque l'arme fut retirée de son corps, Alucard cracha un jet de sang et s'éloigna d'un bond, espérant se donner le temps de cicatriser avant la prochaine attaque. Affaibli par sa carence en sang, il sentit la blessure se refermer lentement tandis qu'il se retournait vers son adversaire.

Une guerrière aux longs cheveux bruns le menaçait d'une longue épée ensanglantée, l'air déterminé. Alucard serra les dents, inquiet. Chacun des trois chemins étaient sûrement gardés par de sérieux adversaires, rendant la tâche plus délicate. Il avait été bien naif de croire que se tromper de chemin ne le pénaliserait que dans le temps. Choisir la bonne porte du premier coup lui éviterait sûrement bien des combats.

D'ordinaire, Alucard aimait à multiplier les affrontements, mais en l'occurrence, il se sentait encore trop faible pour que sa nature joueuse prenne le dessus. Résolu à se défaire de son agresseur le plus vite possible, il se jeta sur elle sans même prendre la peine d'éviter l'épée tendue vers lui. L'arme traversa à nouveau son ventre, mais le vampire ignora la blessure et s'avança jusqu'au cou de la guerrière, qu'il mordit sans hésitation.

Bientôt complètement vidée de son sang, elle s'effondra à terre dans un bruit sourd, laissant un Alucard ébahi par la faiblesse de son ennemie, de laquelle il s'était attendu à plus de résistance...
Haussant les épaules, il retira l'épée de son corps et ouvrit la porte.

Un peu plus tôt, alors qu'Alucard contournait la gardienne pour franchir la porte :

La gardienne à la chevelure de feu se pencha vers le goupil, pointant du doigt la porte par laquelle était sorti Alucard.

- Si tu le retrouves par la suite, empêche-le d'embrasser plus de filles, d'accord ? Ou mieux : embrasse-le sous une forme masculine. Bon, et maintenant, écoute-moi bien mon Ryry. Je suis ce que je suis mais je ne suis pas ce que je suis, car si j'étais ce que je suis, je ne serais pas ce que je suis. Qui suis-je ?

Tandis que la gardienne récitait son énigme, ses deux amies s'étaient accroupies auprès du goupil. La plus jeune le caressait distraitement, et la garçonne le dévisageait avec intérêt.

Ryu fut aussi surpris qu’Alucard d’avoir donné la réponse à l’énigme. Ne sachant quoi répondre il avait évoqué ce vieux sultan rencontré il y a fort longtemps dans un monde fort lointain. Il ne savait pas lui-même pourquoi, mais par un étrange acheminement d’idées le fait de parler de gâteaux lui avait fait repenser à lui. En ce temps là, le changelin s’était bêtement retrouvé coincé dans une caverne magique, et y serait sûrement resté, si un jeune voleur ne s’y était pas introduit a son tour, bien des années plus tard, en quête d’une vieille lampe qui aurait put libéré le changelin bien plus tôt si seulement il avait su ce qu’elle renfermait ! Le changelin n’était pas mercenaire dans ce monde, et aida le voleur par pur jeu. Se présentant a lui sous la forme d’un tapi volant.. Mais cette histoire est bien trop longue et nous écarte du sujet présent !

N’ayant pas la réponse de la première énigme Ryu avait décidé de changer de porte. Mais il y avait aussi une autre raison : Si Alucard ou lui (ou les deux) revenaient dans cette pièce, ils sauraient alors, dans tous les cas, laquelle des trois portes est la bonne ! Fort de cette idée il attendit la seconde énigme que la jeune rousse, a présent volubile, lui posa après quelques conseils. Il ne compris rien a cette histoire d’embrassades mais ne dit pas plus non que oui, lui-même verrait lorsque l’instant s’y prêterait. Les deux autres gardiennes s’étaient approchées, l’une le caressant et l’autre regardant. Le renard se laissa faire docilement, appréciant les caresses, et rendit même son poil plus doux. La seconde énigme lui sembla si évidente qu’il ne pris même pas la peine de faire semblant d’hésiter : La réponse n’était autre que "Lui-Même" ! Il n’en douta pas un instant.

La réponse est l’Ombre ! Répondit-il avec évidence.

Changeant d’avis à la dernière seconde le changelin se rabattit sur cette toute autre réponse. Les filles en savaient beaucoup sur eux, et ne faisaient rien pour le cacher, mais leurs énigmes n’y étaient pas forcément liées ! Se fiant a cette idée, le changelin attendit la sentence..

« Bravo Ryry tu à trouvé ! »

La jeune fille rousse le félicita, ouvrant sa porte, et les deux autres gardiennes s’écartèrent. Content d’avoir trouvé le renard glapit joyeusement et, saluant, franchit la porte pour s’engager dans le couloir. Le boyau était long et étroit mais aucun obstacle ne vint se mettre sur sa route, et il aperçut bientôt une porte. Allait-il revoir les gardiennes ? Mais avant qu’il ne puisse s’en approcher une étrange musique se mit a flotter dans l’air, un petit air sylvestre joué à l’ocarina.. [écouter]

Atisé par le chant, du lierre se mit à recouvrit la porte et les murs, le renard se retourna alors pour découvrir un elfe armé d’une épée et d’un bouclier. Sans hésité, le changelin copia son adversaire et les deux elfes se jetèrent l’un sur l’autre, leurs épées s’entrechoquant dans des gerbes d’étincelles.

Spoiler:

Parant un coup de taille le changelin enchaîna par une roulade pour passer sous le bouclier de son adversaire et se retrouver derrière lui, mais ce dernier utilisa une puissante attaque rotative que Ryu ne bloqua que de justesse avec son bouclier, se retrouvant projeté plusieurs mètres en arrière. Ryu revint alors a l’asseau mais l’elfe venait de troquer son épée pour un arc, et tira avec précision ! Sans cesser d’avancer, le changelin se changea en brume pour esquiver les flèches, reprenant la forme de l’elfe aussitôt. Il porta alors un puissant coup d’estoque, mais que l’elfe évita de nouveau en.. en sautant sur sa lame ?! S’apprêtant a contre-attaquer l’elfe porta son propre coup d’estoque, directement vers la gorge du changelin, mais ce dernier se changea de justesse en tornade, emportant son adversaire dans les airs et l’écrasant contre le plafond. Reprenant la forme de l’elfe, Ryu retomba avec son adversaire et l’attrapa pour atterrir sur lui. Ils se reçurent violemment, l’elfe retombant sur le dos, mais a peine avait-il touché le sol que saisissant le changelin par le col, l’elfe se servit de l’élan de leur chute pour projeter son clone et se dégager. Le changelin se réceptionna sur ses pieds et brandit un arc, le faisant pousser dans sa paume. L’elfe lui lança une bombe que Ryu fit exploser en plein vol. L’elfe s’élança alors mais Ryu rechangea son arc en épée et, à l’instant où leurs fers se croisèrent, le changelin se changea en puissante décharge électrique.. Son adversaire s’écroula finalement et les lierres fanèrent.. Satisfait, le faux elfe redevint un renard et franchit la porte, esperant presque que ce soit la mauvaise pour pouvoir refaire l’épreuve !

Alucard ouvrit la porte, dans l'espoir que son choix le mènerait vers la sortie, et découvrit ... la salle qu'il avait quitté l'instant d'avant et ses trois gardiennes. Alors qu'il refermait la porte, il vit sortir de la porte de droite son ami sous forme de goupil, qui avait apparemment également choisi la mauvaise direction.

La gardienne aux yeux bleus s'esclaffa sur sa chaise, l'air satisfait.

- Je suppose que vous êtes tous deux d'accord pour choisir ma porte maintenant ? Pour cela, il vous faudra trouver mon nom. Un indice : si j'étais un homme, ce serait "Romain"...

- C'est moche, comme nom, s'enquit la plus petite des gardiennes.

Cette fois, Alucard répondit sans hésitation, un étrange sourire sadique aux lèvres.

- Enchanté, Marion.

La porte du milieu s'entre-ouvrit d'elle même sitôt que le vampire prononça le nom de la gardienne. Il gloussa, mais très vite, ses ricanements se changèrent en grands éclats de rire. La petite gardienne parut plus tendue encore, et ses mains se crispèrent sur le dossier de la chaise. La gardienne rousse fronça les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?

Le vampire fit un effort pour se calmer, et s'approcha d'elle, avant de se pencher légèrement pour parler à hauteur de son visage, l'air goguenard.

- Eh bien, maintenant que la bonne porte est ouverte, je me demandais simplement ce qui m'empêchait de prendre une petite pause gouter, Ô grandes et sages gardiennes !

Les trois jeunes femmes se regardèrent, les yeux écarquillés d'effroi. La rousse se tourna vers Marion.

- Ne me dis pas que tu nous as envoyées ici sans t'attendre à ce que ton propre personnage s'en prenne à nous une fois la porte ouverte ?

- Bah... Je le dirai pas mais je le pense très fort... Oups ?

Le visage d'Alucard toujours à quelques centimètres du sien, la jeune femme rousse ouvrit la bouche pour s'énerver sur son amie, mais le vampire l'embrassa avant qu'elle ne puisse articuler le moindre mot. Tandis que la pauvre gardienne levait le poing pour se défendre, celui-ci disparut soudainement pour se retrouver derrière elle, les crocs plantés sa gorge.

La plus jeune des trois femmes cria avant de jeter un regard désespéré vers Marion, dont elle semblait attendre une réaction. Mais cette dernière restait paralysée, les yeux figés devant l'horrible spectacle de son amie mourante. Alucard lâcha le corps sans vie de sa jolie victime, et l'enjamba pour rejoindre la petite gardienne.

- Une dernière réplique de fiction avant de mourir dans d'atroces souffrances ?

- Pour aller où... pouliche, poulet, pot... pourri?

Le vampire lança un nouveau regard interrogateur vers le renard, complètement désorienté par le charabia de la jeune fille. Marion sembla sortir de sa torpeur et traduit, un doigt levé comme pour répondre à une question :

- Pour-parler ?

- Oui voila ! Pour-parler !

Toujours dérouté, Alucard haussa les épaules et se jeta sur la jeune fille, aspirant à grande gorgée le sang chaud de sa veine jugulaire.

- Ah, j'oubliais !

Il releva la tête et déposa un rapide baiser sur la bouche de la gardienne avant de replonger les crocs dans son cou. Lorsqu'il laissa le cadavre de cette dernière tomber à terre, la garçonne s'était de nouveau figée sur place, horrifiée par la tournure qu'avaient pris les évènements.

- Merci de m'avoir rappelé mon pari, demoiselle Marion. Et au revoir...

Le vampire but rapidement le sang de la dernière des gardiennes et très vite, celui-ci tomba à terre, aussi blafard que les deux autres. Alucard s'essuya la bouche du revers de la main et franchit d'un pas joyeux la porte du milieu, accompagné de son ami. La porte se referma derrière eux, mais le vampire ne s'en inquiéta pas et poursuivit son chemin de sa démarche enjouée. De toute façon, il était hors de question qu'ils fassent demi-tour, maintenant qu'ils se savaient dans la bonne direction.

Alucard sifflotait calmement quand ils parvinrent à une grande salle qui ressemblait étrangement à l'intérieur d'un cachot. Un cachot très familier... Mais ce n'est que lorsqu'il aperçut la petite fille blonde en tenue d'écolière que le vampire fit le rapprochement entre cet endroit et le cachot souterrain des Hellsing.

Il s'arrêta net à la vue de son jeune maître, stupéfié et agacé d'avoir, pour la troisième fois en une nuit, à affronter de nouveau son regard. L'air à la fois paniquée et déterminée, la jeune fille pointa sur lui une arme qu'Alucard devina chargée à balles bénies, et tira sur le vampire, sans s'inquiéter du renard.

Incapable de s'en prendre à Integra, Alucard évitait les balles dans un fracas de jurons, sans chercher à désarmer l'enfant, qu'il n'aurait pourtant eu aucun mal à maitriser. Il se refusait obstinément à toucher ou à combattre la descendante Hellsing. De son côté, la petite Integra se refusait à laisser en vie, même à moitié, l'ennemi vampire qui esquivait ses attaques avec facilité, bien qu'il en soit manifestement gêné, et continuait de vider son chargeur sur le mort-vivant.

Ryu. Désarme-là sans lui faire de mal. Et dépêche-toi, au lieu de rester bêtement à regarder !

Poussant la porte, le renard se retrouva de nouveaux dans la salle des gardiennes, et vit qu’Alucard était là aussi. Ils avaient donc tous deux pris la mauvaise porte, ne restait alors plus que celle de la garçonne que ses amies appelait Aluchan. Son énigme, justement, fut de trouver son nom, et pour une fois le vampire fut inspiré. Marion ouvrit sa porte mais Alucard se fit un devoir de tuer toutes les gardiennes avant de partir, refaisant le plein de sang. Dommage, Ryu les trouvait amusantes, mais cette curée allait rendre le sourire au caïnite.

A quel pari faisiez-vous allusion ? Demanda-il tandis qu’ils approchaient d’une grande salle.

Une petite fille se trouvait là, armée d’un pistolet qui faisait penser a ceux d’Alucard, mais en plus petit, bien que trop grand encore pour les mains de la fillette. A coup sûr cette petite venait du monde de son ami, peut-être de ses souvenirs ? Mais les illusionnistes étaient mortes, cette enfant était donc bien réelle. La fillette tira sur Alucard, ignorant complètement le renard qui bailla en observant la scène. Le vampire évitait les balles mais n’attaquait pas, ce qui était en total désaccord avec sa nature, connaissait-il cette fille ? Le changelin la dévisagea et lui trouva un air de déjà-vu.. Le poltergeist ! C’était la même fille que le poltergeist mais en plus jeune ! Refusant toujours d’attaquer, l’immortel demanda au changelin de désarmer sa petite maîtresse, le renard se releva en riant et courût vers la demoiselle, mais au lieu d’attaquer il se transforma en nuage soporifique, la petite fille s’écroula rapidement.

Sortons d’ici. Dit le nuage en flottant vers la sortie, il se réassembla alors pour former un renard devant la porte.

Les deux compères quittèrent la salle et semblèrent bien se trouver dans un cachot, de larges cellules jalonnaient leur chemin de partes et d’autres. Ils arrivèrent bientôt devant un escalier qui pour une fois montait, et débouchèrent dans une sorte d’antichambre voutée, elle-même donnant sur une petite salle qui avait toute l’apparence d’un caveau funéraire. Enveloppé dans ce qui fut jadis une armure d’apparat, maintenant rongée par la rouille et la moisissure, le squelette d’un quelconque seigneur des temps anciens reposait au centre de la chambre funéraire sur un socle de pierre gravé de runes indéchiffrables, une longue épée a son coté. De part et d’autre du socle, deux fortes lances et deux tas d’ossements marquaient les emplacements où furent disposés deux autres corps. Deux tas d’ossements qui, mu par une quelconque force diabolique, se rassemblèrent soudain, reconstituant leurs squelettes et s’avançant hors de la salle en pointant les deux intrus de leurs lances !

Spoiler:

Voyant les deux squelette prendre vie et les menacer de leurs lances, Alucard gloussa. Gavé du sang des gardiennes, il se sentait à nouveau d'humeur à combattre. D'un geste brusque, il poussa le goupil sur le côté, se présentant comme seul adversaire des deux tas d'os mouvants.

- Je suis certain que les mettre en pièces ne suffira pas à les détruire : ils sont déjà on ne peut plus morts... Alors puisque tu te crois si doué pour résoudre les énigmes, je te laisse te charger de trouver un moyen de nous débarrasser définitivement de ces deux moribonds. Moi, je me charge de nous défendre.

Le vampire tourna le visage vers ses adversaires, la mine réjouie.

- Les gars, c'est quand vous voulez.

D'un même mouvement rapide, les squelettes tentèrent d'empaler Alucard, qui s'abaissa juste à temps pour les éviter.

- Je faisais allu-

Il se jeta sur l'un des squelettes et entreprit de tirer les os de sa cage thoraciques, dans une tentative manifeste pour les lui arracher.

-...sion au pari fait avec Mythril.

Deux os cédèrent finalement, et il put reculer d'un bond pour éviter le deuxième mort, qui avait tenté d'abattre sa lance dans son dos, traversant ainsi l'espace désormais béant entre les côtes de son confrère.

- Je dois embrasser dix- hahaha !

En voulant retirer sa lance de la cage thoracique de son allié, le squelette lui avait brisé une autre côte. Libéré, le premier mort envoya son arme dans le torse d'Alucard, interrompant un court instant son rire, qui reprit presque aussi tôt. Le vampire empoigna la lance coincée dans son thorax et la cassa en deux, se délivrant de son ennemi.

- ...dix femmes avant notre prochaine rencontre. Le perdant du pari devra au-

Il disparut tout à coup pour réapparaitre derrière ses deux adversaires et se jeta sur le dos de l'un d'entre eux.

- ...gagnant une journée de servitude. Mais si je-

Il s'agrippa à deux main au bas du crâne du squelette pour le tirer vers lui.

-...me fait embrasser par un homme, comme ce fut le cas avec My- Ah !

Il réussit enfin à arracher le crâne du squelette, qu'il leva d'un air triomphant au dessus de sa tête, avant de tomber tête la première à terre, renversé par le squelette qui se déplaçait en aveugle. Il se releva rapidement.

-... avec Mythril, cela compte comme un baiser en moins.

Esquivant une attaque du squelette non dépourvu de crâne, il s'écarta sur le côté afin de s'adresser plus tranquillement au renard.

- Mais ne te vexe pas : toi, je t'ai embrassé par plaisir, mon ami ! Bon, tu la trouves, la solution ?

Il envoya violemment le crâne du squelette entre les deux orbites vides du deuxième mort, qui partit en arrière avec le projectile, tandis que son allié attaquait au hasard un peu plus loin.

Écoutant Alucard, le renard observait la bagarre avec amusement lorsque quelque chose attira son attention, et, se faufilant entre les combattants, il pénétra dans le caveau funéraire pour saisir la grande épée qui reposait sur le socle de pierre. Mais a peine eu-t-il approché son museau de l’arme que celle-ci se mit a irradier d’une aura maléfique, et une main gantée de fer se referma sur sa garde.. Le troisième squelette se levait a son tour, empoignant son épée, et avança hors du caveau pour prêter main forte a ses gardes.

Oups.. !

Ce seigneur squelette était bien plus fort et agile que les deux lanciers, et son armure, tout a coup flambant neuve, sembla profiter de l’aura maléfique de son porteur. Mais le plus dangereux était son épée, comme n’allait pas tarder a s’en rendre compte le vampire. Car les blessures qu’elle infligeait ne guérissaient pas et semblaient même empoisonner le sang, le rendant impropre a toutes consommation vampiresque !


Venant au secourt de son ami, le changelin couru vers lui et sauta dans ses bras, se changeant en épée en plein vol. Une parfaite réplique de l’épée que portait le seigneur squelette.

Alucard ! À toi !

Alucard observa le troisième squelette se lever, l'air résigné. Son ami se jeta alors dans ses bras, prenant au vol la forme de l'épée de son adversaire.

- Rappelle-moi pourquoi je t'ai demandé de chercher la solution alors que je sais que tu n'es bon qu'à me déclencher des pièges ? Ah oui, parce que je suis un idiot.

Le vampire dût esquiver de justesse le coup d'épée que tenta de lui asséner son adversaire. Il se rappela alors que le polymorphe n'avait pas pris la forme d'une arme dans le seul but de se faire critiquer, et il brandit l'épée juste à temps pour parer un nouveau coup. Leurs armes toujours croisées l'une contre l'autre, le vampire et le squelette avaient entamé une épreuve de force, tentant chacun de faire ployer l'adversaire sous son épée. Alucard commençait seulement à prendre le dessus quand une lance s'enfonça dans son abdomen, le faisant vaciller.

Concentré sur son imposant adversaire, il en avait oublié les deux gardes squelettiques, et l'un d'eux en avait profité pour l'empaler. Ce court instant de déconcentration suffit au seigneur en armure pour envoyer l'arme du vampire à terre d'une frappe puissante vers la poignée adverse. Pris de court, Alucard ne parvint pas à s'écarter à temps et se prit l'épée de plein fouet.

L'arme l'avait profondément entaillé de l'arcade droite à la hanche gauche, faisant gicler le sang du vampire en une pluie rouge vif. Lâchant un cri de douleur, Alucard, à moitié aveugle car touché à l'oeil droit, s'abaissa à terre le temps de se régénérer. Sa blessure à l'abdomen guérît instantanément mais, contre toute attente, celle portée par le squelette à cornes ne se referma pas. Pas du tout.

Paniqué, le vampire resta un instant figé d'effroi et roula sur le côté au dernier moment pour éviter un nouveau coup. Son sang continuait de se déverser, l'affaiblissant plus encore. Il pensa à se défaire des six barrières du sceau, mais abandonna vite cette idée, devinant que ses blessures ne guériraient pas pour autant, et conscient de la présence du mercenaire.
D'ailleurs, où avait bien pu atterrir son ami ? Déstabilisé par sa cécité partielle, un rapide coup d'œil dans la salle ne lui permit pas de retrouver l'arme alliée.

RYU !

L'appel, désespéré, s'était répercuté en échos tonitruants dans l'esprit des deux acolytes.

Le changelin n’entendit pas vraiment l’appel de son ami, n’ayant plus le sang d’Alucard en lui leur lien s’était a nouveau rompu, mais la forte aura maléfique qu’il avait acquit en copiant l’épée lui avait permit de ressentir la détresse et la peur qui accompagnaient l’appel. Se changeant en courant d’air Ryu réapparut juste a temps devant Alucard, sous la forme d’un gros rocher, pour bloquer un nouvel asseau du seigneur squelette. L’épée tailla profondément la roche, mais un rocher ne pouvait pas mourir !

Alucard, cette épée peut les tuer, elle dévore la force de ses victimes !

Les lanciers (qui s’étaient reconstitués) attaquèrent alors Alucard par derrière, mais le changelin se changea en un mur de tempête de sable qui entoura le vampire, disloquant les deux squelettes et dispersant leurs ossements alentour. Ignorant la tempête, le seigneur squelette traversa Ryu et s’apprêta à frapper de nouveau..

Au dessus ! Appela la voix du mercenaire. Saisissez-moi !

Se rematérialisant alors au dessus d’Alucard, Ryu prit la forme d’un grand bouclier et retomba vers son ami.. Dès qu’Alucard aurait paré cette attaque, le changelin redeviendrait l’épée maudite.

Épuisé par sa blessure qui ne cessait de saigner, le vampire restait à terre, n'ayant plus la force de répondre aux attaques ennemies. Le coup porté par son adversaire résonna dans l'anti-chambre contre le rocher soudainement apparu devant lui. Alucard entendit alors son ami, qui le protégea ensuite sous l'aspect d'une tempête, lui indiquer un moyen de se débarrasser de son ennemi. Un vent de courage souffla sur le vampire, non pas dû à la nouvelle forme du changelin, mais à la réponse de ce dernier à son appel à l'aide. Il avait voulu ce combat, il se devait de le finir.


Alors qu'il se relevait, le seigneur squelette se jeta sur lui, prêt à lui porter un nouveau coup. Confiant, Alucard leva le bras, rattrapant au vol son ami changé en bouclier, et para la frappe puissante de l'ennemi avant que le polymorphe ne reprenne la forme de l'arme maudite. Tout en répondant péniblement aux assauts de son adversaire, il réfléchit à un moyen de porter un coup fatal à ce dernier, malgré sa cécité partielle et son affaiblissement.

Il n'était plus en état d'attaquer en frappes suffisamment rapides et successives pour détruire son ennemi. Il devrait se concentrer sur un seul et unique coup, et y concentrer toute la puissante dont il était encore capable pour défaire l'imposant seigneur non-mort. Simple tactique, mais risquée aussi, car s'il ne parvenait pas à fournir assez de puissance dans sa frappe ou s'il ratait sa cible, il était sûr de succomber à la prochaine riposte.

Le vampire disparut tout à coup du champ de vision du squelette pour apparaître dans son dos, l'épée brandit au dessus du crâne du seigneur puis violemment abaissée sur ce dernier, le frappant en son milieu dans un grand fracas. Alucard avait parfaitement visé, et mis autant de force que possible dans son coup, ignorant la douleur de sa blessure décuplée par cet effort. Inquiet, il s'immobilisa un instant, fixant avec méfiance le squelette au crâne explosé dont il redoutait un réveil prompt et vengeur. Mais le silence s'installa, et les muscles du vampire se détendirent tandis que ses lèvres s'étiraient en un sourire victorieux. Tout à coup, un rire hystérique s'échappa de sa bouche, secouant ses épaules et faisant jaillir de plus belle le sang de sa blessure.

Et, interrompant tout aussi subitement son rire démentiel, Alucard s'effondra au sol, dos à terre et bras écartés. L'épée était tombée avec lui, s'échappant de sa paume ouverte à l'impact, libre.
Le vampire ignorait si les deux lanciers, qui n'avaient été frappés que par la tempête et non par l'épée, se réveilleraient de leur dislocation. Mais peu lui importait : la véritable menace avait été écartée, et si son ami le jugeait négligeant, libre à lui de s'emparer de l'épée du seigneur terrassé pour soigner le travail.

Encore à peu près conscient, Alucard restait obstinément allongé, trop éprouvé pour se relever, son sang s'écoulant toujours de son torse. Il leva les yeux-tout du moins l'oeil gauche, l'autre étant mutilé- vers le plafond, se demandant si son ami s'était finalement rechangé en acolyte de chair et de sang. Il faudrait bien qu'il se relève, il ne pouvait pas laisser le mercenaire profiter seul de la sortie que leur avait ouvert leur collaboration mutuelle...

Avant même qu'il n'ait pu trouver son compagnon du regard, il commença :

- Si la sortie est proche, mercenaire, auras-tu l'amabilité de m'indiquer où se situe l'hôpital de Calypta ? Je ne pourrai décemment pas me permettre l'insulte de te vaincre dans cet état, tu ne mérites pas tant d'humiliation...

Le seigneur squelette abattu, Ryu reprit sa forme habituelle de mercenaire blond et, un large sourire flottant sur ses lèvres, alla tranquillement récupérer l’épée maléfique.


Si vous me le permettez je vais garder cette épée comme picorée.

Bien qu’en réalité la permission de son ami ne changerait rien. Cette épée intéressait le mercenaire, et il comptait bien l’emporter de toutes façons afin de mieux l’étudier plus tard.

Comme l’avait pensé Alucard, les deux autres squelettes se rassemblèrent, mais pas de la même façon ! Leurs ossements éparpillés se rejoignirent pour ne plus former qu’un seul corps, les deux lanciers devinrent un squelette de nagariant..

Spoiler:

Voilà qui est intéressant !

Le nagariant fit apparaître six larges sabres a lames courbes dans ses mains et, avisant l’état de son ami, le changelin considéra qu’Alucard acceptait de lui passer la relève. Copiant la forme de la créature, Ryu fonça dans le tas sans se préoccuper d’être blessé –les fractures de ce corps se réparant d’elles-mêmes– et armé de sa seule épée, tailla son adversaire en pièces. Il reprit alors forme humaine et fit entrer la lame dans son corps, modifiant son organisme afin d’accueillir l’arme sans se blesser, il pencha la tête en arrière et l’avala tout rond, comme dans un spectacle d’avaleur de sabre.. Puis souriant, il s’accroupit près de son camarade.

La blessure est maudite. Je ne sais si Dame Liliel saura le soigner, mais je ne
voudrais pas d’une victoire trop facile.. Permettez-moi de tenter quelque chose.

Trempant son doigt dans le sang d’Alucard, le changelin se changea en elfe (seul ses oreilles trahissaient ce changement) et commença a dessiner un cercle autour du vampire. Un cercle de révocation de maléfice. Le caïnite n’allait pas aimer, vraiment pas, mais cela avait une chance de marcher. Son cercle terminé, il alla chercher quelques morceaux parmi les ossements des squelettes et les disposa sur le cercle en six points cardinaux.

J’ai besoin que vous vous concentriez sur votre blessure, cela m’aidera,
commandez-lui simplement de se refermer de toutes vos forces.

Le changelin fit alors pousser une balle bénie du Casull dans sa main, et la posa directement sur la plaie. Mais ce picotement n’était rien comparé a la douleur qui allait venir, Alucard était un vampire, donc une créature maudite par nature, et la fonction principale de ce cercle était de briser les maléfices. Ryu comptait simplement sur le fait que la malédiction de Caïn soit plus puissante que celle qui empêchait son compagnon de guérir. Dans le cas contraire le vampire pouvait mourir, mais Alucard avait déjà prouvé qu’il ne mourait pas facilement !

Se concentrant, le changelin posa ses mains au bord du cercle qui se mit a luire d’une lumière bleutée. La balle bénie devint brillante, et une sorte de pue noir spectral commença a suinter de la blessure. Au bout d’une interminable minute la balle devint terne, corrompue, mais tout le pue spectral s’était évaporé ! Alucard pouvait enfin refermer sa plaie. Épuisé, Ryu se laissa retomber en arrière, ferma les yeux, et restaura son mana. Il se releva alors d’une pirouette et redevint parfaitement humain. Il s’approcha d’un air enjoué.

Comment vous sentez vous ?

Alucard avait perdu beaucoup de sang et, après une courte hésitation, le changelin proposa de donner le sien. Donner son sang n’était pas un problème, le mercenaire pouvait le refaire pousser dans ses veines au fur et a mesure que le vampire buvait. […] De nouveau prêt a partir, le changelin examina le caveau, mais ne trouva pas la moindre trace d’une quelconque issue autre que celle qui lui avait permit d’entrer. Toutefois, un examen approfondi du socle funéraire lui révéla une fente à peine visible entre la base et le sol. A la première poussée, le socle pivota brusquement, révélant une volée de marches taillées dans le roc qui s’enfonçaient dans l’obscurité. Ne retenant aucune leçon du dernier piège, le changelin se retransforma en renard… Par ici ! …et dévala les marches quatre à quatre. Heureusement, l’escalier était, cette fois-ci, parfaitement inoffensif.

Alucard entendit son ami combattre, mais ne s'en soucia pas outre mesure et resta allongé sans un regard vers l'affrontement. Assuré de la victoire du changelin, il ne fut pas étonné de le voir s'accroupir à ses côtés peu de temps après les premiers coups échangés. En revanche, son sourire l'agaça, il avait la très désagréable impression que le polymorphe se moquait de son état...

- Même borgne et vidé de mon sang, je saurais te mettre à genoux, mercenaire. Continue à sourire devant mes blessures et je n'attendrais plus notre retour au cimetière pour m'occuper de toi...

Il lança un regard noir à son ami, bien qu'il se sut incapable de mettre à exécution ses menaces. Puis, le voyant tremper ses doigts dans la mare de sang vampirique dans laquelle il baignait, il émit un grondement rauque, furieux que son comparse ait l'audace de s'approcher du liquide malgré ses interdictions. Mais il se calma vite en comprenant les intentions du changelin, qui traçait un cercle ensanglanté et y rassemblait des ossements. Intrigué, le vampire l'observa avec attention.

Il ne put toutefois réprimer un sursaut de douleur en sentant la balle bénie que son ami posa sur sa blessure, brulant la chair maudite. Puis, le changelin posa ses mains sur le cercle, l'illuminant d'un éclat bleu tandis que le vampire, obéissant, se concentrait sur sa plaie. Cette fois, Alucard ne put s'empêcher de crier, torturé par la magie du cercle qui incendiait son corps entier.

Après un terrible instant pendant lequel ses souffrances le mirent au supplice, le poison quitta son sang et il se redressa pour regarder son acolyte et vérifier que celui-ci ne l'avait pas observé en souriant alors qu'il hurlait. Mais non, le changelin était tombé en arrière, les paupières closes. Alucard commença à s'inquieter quand le mercenaire se releva d'une pirouette.

- Je me sens... péniblement redevable. C'est très désagréable. Je vais devoir payer ma dette et ne pas trop te faire souffrir une fois sortis des catacombes...

Suffisamment embarrassé par l'aide de son ami et l'état dans lequel il l'avait vu, le vampire n'osait pas avouer la sensation de faiblesse que sa perte de sang avait entrainé. Mais celui-ci dût s'en apercevoir malgré tout, puisqu'il proposa son sang au vampire qui, stupéfait, hésita un instant.

Un court instant, toutefois, car sitôt sa décision prise, il empoigna le haut du polymorphe pour le tirer jusqu'à lui et plongea ses crocs dans sa gorge. Tandis que ses forces lui revenaient, la mare de sang au sol se mouvait d'elle même et remontait le long du vampire, traversant la blessure pour revenir alimenter les veines perforées. Une fois le sol nettoyé du sang vampirique et la blessure refermée, Alucard lâcha son ami à regret.

- Hmmm, il t'arrive donc parfois d'être utile, mon ami. Quand tu veux, tu peux te montrer tout à fait délicieux...

Ses forces retrouvées, le No Life King se releva d'un bond avant de suivre son compagnon qui avait de nouveau pris l'apparence d'un renard. Il fixa l'escalier d'un oeil méfiant et le descendit prudemment, les mains plaquées contre la paroi des murs.

Alucard et Ryu parvinrent finalement à un long couloir aux parois ornées de tas d'os et de crânes humains, semblable à celui par lequel ils étaient arrivés. Au bout, le corridor se séparait en deux chemins.
Le vampire leva les yeux au plafond, le regard attiré par la lueur lunaire qui s'échappait d'un énorme trou. La sortie !!!! Exultant, il se précipita vers cette dernière et s'apprêta à bondir pour en atteindre le bord, mais une apparition soudaine se mit en travers de son chemin, le stoppant net.

L'homme, un humain en tenue de chevalier aux cheveux gris et aux yeux bleus, était entièrement transparent, et le vampire comprit qu'il s'agissait du fantôme d'une victime des catacombes. Il ne s'y intéressa néanmoins pas plus que cela et décida de passer au travers, lorsque l'apparition l'interpella :

- Moi, j'serais vous, j'vous écouterais !

Etonné, Alucard se retourna vers le chevalier. Qu'avait-il voulu dire ?

- Non... Moi j'serais nous, je nous ... ! Non...

Complètement désorienté, le vampire haussa un sourcil interrogateur et croisa les bras, attendant patiemment que le chevalier s'explique.

- Si moi j'étais vous, je vous écouterais ! Nan elle me fait ch*** cette phrase. Bon, soit vous sortez d'ici et merci au revoir messieurs dames, soit vous me suivez et vous récupérez le Graal.

Alucard écarquilla les yeux, stupéfié par les dires du chevalier. Était-il possible que la sainte coupe se trouve réellement au beau milieu des catacombes de l'empire Calypta ? L'apparition fantomatique parlait de façon étrange, et lui rappelait le charabia incompréhensible de la petite gardienne. Il se souvint que malgré ses répliques insensées, la jeune fille avait été gardienne d'une porte des catacombes, et devait donc les avoir connu dans les moindres détails. Il n'était peut-être pas si illogique de croire le chevalier aux paroles dérangées... Il se décida :

- Le Graal ? Tu saurais nous mener à lui ? Le calice est-il à proximité raisonnable de la sortie ?

Le chevalier fixa Alucard d'un air ahuri...puis hasarda :

- Euh... Ouais, c'est pas faux.

- Bien, alors presse-toi, je te suis !

Le vampire se savait suffisamment puissant pour ne pas nécessiter l'acquisition de la relique, mais les légendes à son sujet l'avaient tant passionné par le passé, et sa gloire tant attiré qu'il ne put résister à la proposition du fantôme. Et puis, celui-ci prétendait l'objet à distance raisonnable. Il n'aurait donc pas à beaucoup s'aventurer avant de s'en emparer, et pourrait bien vite faire demi-tour. Mais alors qu'il songeait avec impatience à sa sortie triomphante, le plafond se mit à trembler, et bientôt, de nouvelles parcelles de terre vinrent le reboucher, barrant le passage d'un épais plafond terreux semblable à celui qui s'était reformé après leur première chute.

- NON !!!! NON ! POURQUOI ?!!!

Le vampire s'était mis à hurler, fou de colère.

- Ah oui, j'oubliais d'vous dire : c'était soit la sortie, soit le Graal... Mais vous en faites pas, y a d'autres sorties ! Je les connais pas, mais il me semble qu'il y en a...

Furieux, Alucard tenta à plusieurs reprises de frapper le chevalier, mais ses poings traversaient le corps transparent en vain. Tandis qu'il continuait tout de même à s'agiter férocement devant l'apparition, celle-ci compatit d'un air calme :

- Ouais, je sais. Le Graal, c'est une vraie sal******, méfiez-vous. Un jour c'est un vase, une semaine après, c'est une pierre incandescente.

Voyant son interlocuteur continuer à lancer ses poings dans le vide, il expliqua :

- Incandescente c'est "qui peut accaparer des objets sans ressurgir sur autrui".

Sentant sa colère inutile, Alucard finit par cesser son combat solitaire, et dévisagea le chevalier, qui l'avait observé s'agiter d'un air pantois.

Spoiler:

Il reprit d'un ton hargneux, ses yeux lançant des éclairs :

- Bon, et par où devons-nous nous rendre, imbécile de guide écervelé !? A droite ou à gauche ?

- Oh non, commencez pas à faire des phrases pourries... J'aime pas ça moi, ces histoires de gauche et de droite. Selon comment on est tournés, ça change tout !

Lâchant un hurlement de fureur, le vampire recommença à envoyer des coups au travers du corps fantomatique. Le chevalier le regarda tranquillement s'énerver, puis sembla se lasser :

- Oui, bon ça suffit maintenant ! Sur une échelle de 2 à 76, et là je préfère prendre large: vous m'écoutez pas. De 72 à 75, vous m'écoutez toujours pas et en plus à partir de 76 vous criez...

Se laissant tomber à terre d'un air désespéré, Alucard lança au renard un regard horrifié, ne semblant pas se souvenir que la situation était due à une décision qu'il avait prise seul, entrainant de nouveau son ami avec lui.

Levant temporairement son talion pour laisser boire son compère, Ryu voulut offrir son poignet, mais Alucard choisit un tout autre calice. Attrapant le changelin par le haut de son vêtement, le vampire l’entraina à lui et planta généreusement ses crocs dans sa gorge.

Je suis bien aise que vous vous soyez régalé.. Dit-il lorsqu’Alucard eu fini.
Mais n’espérez pas pouvoir vous servir a votre gré !


Arrivés en bas des escaliers, les deux compagnons marchèrent le long d’un corridor qui déboucha sur deux directions. Dont l’une a ciel ouvert ! Le vampire se précipita vers la sortie mais fut arrêté par un fantôme. Le discourt de l’apparition surprit le renard, comment le graal pouvait-il se trouver ici ? Ryu se rappelait pourtant parfaitement de l’avoir caché ailleurs et dans un autre monde ! Bien sur cela remontait a longtemps, mais autant qu’il le sache personne ne l’avait encore retrouvé.. Se pourrait-il que la coupe soit apparu à Calypta ?

Cédant a la tentation, Alucard choisit de suivre le fantôme, et le ciel ouvert disparut. Le goupil mourut de rire devant les remarques de l’esprit, puis, essayant de se calmer, vint au secourt de son ami.

Sir fantôme, si vous voulez bien nous guider, nous vous suivrons jusqu’au Graal.

Le chevalier s'enthousiasma de l'attention plus flatteuse que lui porta le renard, et fit un signe de la main pour inciter les deux comparses à le suivre. Mais avant de faire le premier pas, il se tourna vers le vampire d'un air supérieur :

- Ah, lui il m'écoute au moins, le renard qui parle ! Et toc, remonte ton slibard, Lothard !

Puis, il s'empressa de tourner à droite, d'une démarche rapide et pleine d'assurance devant le No Like King, qui parvenait tant bien que mal à étouffer un hurlement de fureur, la mâchoire refermée sur son propre poing. Le trajet ne dura que quelques minutes, mais ce court instant parut interminable au vampire, dont la main laissait s'écouler d'épais filets de sang le long de son bras tandis que son guide leur faisait la conversation.

- Et dans le Languedoc, ils m'appellent Provencale. Mais c'est moi qui m'suis gourré en disant mon nom. Sinon, en Bretagne, c'est le Gros Faisan au sud, et au nord, c'est juste Du***.

Le gant du vampire fut complètement disloqué sous ses crocs lorsque les trois compagnons arrivèrent au point vers lequel avait voulu les mener Provencale. La pièce était petite, et en son milieu trônait pour seul ameublement une grande table ronde en pierre, faisant face à une énorme porte noire.

Alucard libéra son poing ensanglanté, qui se régénéra naturellement, et vint s'intéresser de plus près à la table, sur laquelle sept trous en forme de clés étaient creusés aux bords. Sous les vides laissés par les places réservées aux clés perdues, il put lire le nom des démons des sept péchés capitaux. Les noms démoniaques se différenciaient de trois styles d'écriture pour le moins étranges :

Satan, Asmodée et Lucifer étaient inscrits en lettres de sang, dans une écriture qu'Alucard reconnut comme la sienne. Mammon, Leviathan et Belzébuth changeaient constamment de style, passant alternativement d'une écriture à une autre sans aucune régularité. Et enfin, Belphégor adoptait des lettres de sang qui disparaissaient pour laisser place à d'autres styles d'écriture, puis ré-apparaissaient.

En se penchant vers le centre éloigné de la table, le vampire s'aperçut d'un message gravé dans la pierre.

Le pénitent seul s'emparera du Graal
Armé de vertus et rejetant le mal
Pécheur, renie et combat tes propres vices
Pour acquérir les sept clés du saint calice

Alucard grimaça en comprenant les péchés qui lui avaient manifestement été attribués, désignés par les noms démoniaques en lettres de sang. Il devait donc s'attendre à surmonter la colère, la luxure et l'orgueil, tandis que son acolyte aurait à faire face à l'avarice, l'envie et la gourmandise.... Il se tourna vers ce dernier.

- On échange ? L'humilité ne me sied guerre...

Le chevalier répondit à la place du renard, étonné :

- De l'humilité ? C'est pas quand il y a des infiltrations ?

Alucard soupira en se couvrant les yeux de la main, dépité.

- Bon, moi, j'vous laisse ici. Prenez la porte en face, retrouvez les clés et la sortie vous ramènera ici, où vous pourrez les échanger contre le Graal... Comme ça !

Provencale tendit fièrement une clé qu'il apposa dans un creux de la table au dessus de Belphégor, la paresse. La clé disparut alors, engloutie par la pierre pour former une surface lisse, faisant disparaitre le nom démoniaque. Puis, le fantôme traversa un mur, laissant les deux acolytes de nouveau entre eux.

Alucard retrouva le sourire, soulagé d'être enfin délivré de la compagnie pesante du chevalier. Puis, sans attendre le renard, il rejoignit la porte pour l'ouvrir d'une violente poussée. Les deux comparses pénétrèrent un nouveau couloir, plus large cette fois-ci. Sentant une odeur familière, Alucard se retourna vers la porte qui s'était refermée derrière eux, et se rendit ainsi compte des deux parchemins cloués l'un à côté de l'autre sur l'entrée.

Le vampire se saisit rapidement du parchemin qui avait éveillé son odorat, écrit en lettres rouges encore humides. Sans se soucier du parchemin adressé au renard, il devança ce dernier pour lire tout en avançant le message qui lui avait été destiné, sans risquer que ce dernier ne soit également lu par son ami.

Surmonte ton orgueil, et la clé au bout te sera délivrée
Accepte sans restriction aucune tout ordre de ton allié
Dévoue-lui une soumission parfaite, fais preuve d'humilité
Car ton plus avilissant passé sans réserve lui sera dévoilé
Si de ton obéissance il n'est entièrement assuré

Dissimulant d'une main tremblante le parchemin à l'intérieur de son manteau, le vampire s'appliqua à ne rien trahir de son effroi. Ainsi, il n'obtiendrait la clé de l'orgueil qu'à la fin de leurs épreuves, et devrait donc en supporter la malédiction jusqu'au bout du chemin. Il frémit à la pensée des souvenirs honteux qui pourraient être transmis au mercenaire. Mais à côté, l'idée d'accepter tous ordres venant du changelin restait aussi désagréable et à choisir, il ne savait quel supplice redouter le plus. Convenant intérieurement qu'il était préférable de supporter un chatiment récompensé du Graal qu'un chatiment auquel il n'avait rien à gagner, il décida de respecter les écrits du parchemins.
D'ailleurs, tant que le polymorphe ignorait la malédiction, celle-ci ne représentait pas une menace si pénible que cela...

A la porte était affiché le parchemin que n'avait pas lu le vampire, maudissant le changelin du vice de Léviathan :

Garde ta forme actuelle, renonce aux autres désormais
Cesse d'envier les races opposées au renard que tu es
Et de la clé de la jalousie à la fin tu seras récompensé
Mais trahis ta présente nature, permets-toi de la modifier
Et à la permanence d'une forme unique te verras condamné
Dans ces catacombes et encore au-delà pour l'éternité

Montant sur la table de pierre, le renard lu les inscriptions et n’eu pas de mal à comprendre le but de cette épreuve.

Pourquoi n’ais-je que trois péchés ? Demanda-t-il boudeur.

Le fantôme apporta alors la clef de la paresse. Sir Provencale ne restait donc mi quester avec eux ? Suivant son ami, le renard se demanda s'il s'agissait bien du même Graal promit au bout de cette quête, que le Saint Graal, dérobé par ses soins sous les traits de Joseph d’Arimathie, puis caché sur les terres lointaines d’Avalon, là où nul n'est censé le trouver. Mais le mot Graal pouvait également désigner quelque chose de tout aussi précieux, le trésor secret des alchimistes, la recherche de toute leur vie, la Pierre Philosophale !.. Se retournant soudain, le vampire décrocha un parchemin accroché a la porte, et Ryu lu le deuxième.. Un poème lui était adressé !

Citation :

« Garde ta forme actuelle, renonce aux autres désormais.
Cesse d'envier les races opposées au renard que tu es
Et de la clé de la jalousie à la fin tu seras récompensé
Mais trahis ta présente nature, permets-toi de la modifier
Et à la permanence d'une forme unique te verras condamner
Dans ces catacombes et encore au-delà pour l'éternité »

Incapable de résister a un défi, le polymorphe se prit au jeu. Trouver la clef sans se transformer ? Ça ne devait pas être bien difficile ! Curieux, il rattrapa Alucard et lui demanda..

Quel gage avez-vous eu ? Je peux voir votre parchemin ?
Puis passant devant le bipède il ajouta mentalement : *S'il vous plais, montrez-le moi !*

Ne pouvant se dérober, le vampire lui montra son parchemin. Le renard jubila.

Vous m’obéirez vraiment en tout quoi que je vous demande ?
Et si je vous demandais de...... Marcher sur les mains !

Cette épreuve allait être vraiment amusante !

En entendant le renard lui demander son parchemin, Alucard se figea sur place.

- Je... Ce n'est pas... Il est... Rien d'intéressant.

Il s'apprêta à devancer son ami afin de clore le sujet, mais celui-ci reformula sa demande en utilisant l'impératif, et le vampire ne put ignorer la requête. Quel imbécile, pourquoi n'avait-il pas détruit le parchemin, tout simplement ? A contrecœur, il tendit le poème maudit au mercenaire.

L'air plus amusé que d'ordinaire, le canidé voulu mettre le vampire à l'épreuve, et lui demanda de marcher sur les mains. Alucard s'insurgea :

- Je te demande pardon ? Tu me demandes de me conduire en chien de cirque ? A moi, le plus ancien et le plus puissant vampire de cet empire ? Tu t'es mis à la chasse au dragon mauve, crétin de quadrupède sans cervelle ?

Offensé et furieux de la demande du renard, le No Life King l'avait attrapé par la peau du cou pour le secouer violemment, leur donnant à tous deux la nausée. Mais alors qu'il continuait d'agiter le pauvre canidé, le paysage autour d'eux se transforma et, pris de tournis, le vampire lâcha son ami avant de tomber à terre.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, il se surprit à quatre pattes au dessus de son tout premier guide, Mythril, au beau milieu du désert d'herbes. Soumis à l'emprise d'un passé immuable, il ne contrôlait plus son corps et revivait contre son gré un évènement qu'il aurait préféré oublier.

Un sourire malsain aux lèvres et le visage à quelques centimètres de celui de l'elfe, il lui parlait d'un ton doucereux :

- Je ne suis pas sûr que ma façon d'apprécier la proximité d'un "ami" soit à tes goûts...

D'abord inexpressif, Mythril rendit finalement son sourire au vampire avant de fermer les yeux et de s'enthousiasmer :

- Génial ! Alors amusons-nous mon bon ami ! J'adore jouer ! A quoi on joue, hein dis dis ?

Horrifié, Alucard tenta de se défaire de l'emprise de laquelle il était victime et voulu se relever, mais ses membres ne lui obéirent pas, et ses traits creusèrent la même expression d'incrédulité sur son visage que lors de ce moment passé, retraçant la scène sans rien trahir de ses tentatives de rébellion intérieure. Et de nouveau, le vampire sentit les lèvres de son guide écraser doucement les siennes, puis s'éloigner pour laisser échapper un grand éclat de rire.

- Bon bon monsieur ! Attendez au moins le second rendez-vous pour espérer cela de moi... Je ne suis pas un elfe facile !

Tandis que Mythril s'amusait de son baiser volé, Alucard envoya un message télépathique au renard, dont il pouvait sentir la présence juste à côté de lui et de l'elfe.

TRÈS BIEN ! JE LE FERAI ! JE LE FERAI !

Et aussi subitement qu'il s'était changé, le décor redevint celui d'origine, et Alucard retrouva enfin la liberté de ses mouvements. Toujours à quatre pattes, il fut soulagé de constater l'absence de l'elfe et leva les yeux avant de se positionner pour se relever. Mais il croisa le regard du mercenaire et sa grimace lui revint lorsqu'il se souvint de sa promesse.

Toutefois, il n'avait qu'une parole, aussi garda-t-il les paumes appuyées au sol et décolla ses genoux de la pierre pour étirer ses jambes, laissant celles-ci se soulever par une force invisible au dessus de lui, dans une figure parfaitement perpendiculaire au sol. Puis, il avança de trois mouvements de bras avant de quitter sa position de poirier d'une roulade avant et de se relever. Le renard lui avait demandé de marcher sur les mains, mais n'avait jamais précisé la durée du trajet
dans cette position, le vampire se considérait donc acquitté de son service malgré sa brièveté.

- Je te ferai payer ça, changelin.

Alucard aurait eu bien plus à dire au renard, mais il savait qu'il aurait été risqué de le menacer plus longuement étant donnée la situation... Il prit donc sur lui pour ne pas laisser sa colère éclater, et accéléra le pas pour dépasser le mercenaire, ne supportant plus de rester à ses côtés. Lorsqu'il fut en état de penser, le deuxième parchemin lui revint à l'esprit, et il se retourna pour interroger le canidé.

- Tu dois donc conserver ta nature animale pendant toute l'épreuve... Ca ne va pas être pratique, en cas de combat.

Le long couloir aboutit enfin, mais les deux acolytes parvinrent à ce qui se révéla n'être qu'un cul de sac. Sur le mur qui leur faisait face se dressait une petite balance d'or, dont un plateau était totalement abaissé tandis que l'autre restait élevé au plus haut, bien que les deux soient vides.

D'abord interpellé par la balance, le vampire se remémora les péchés qu'il leur restait à affronter : colère, luxure, gourmandise et.... Mais oui ! Dès lors qu'il comprit que les deux plateaux déséquilibrés représentaient une inégalité de richesse, il devina que la balance réclamait un don de l'Avare à son allié. En l'occurrence, un don du mercenaire à son mort-vivant préféré.

Alucard sourit, sans toutefois exprimer ses idées. La salle était vide, et il y avait peu de chance qu'ils puissent impunément repasser la porte d'entrée pour aller quérir des objets que le renard lui aurait cédé devant la balance inégale. Mais en tant que vampire, il fit tout de suite un parallèle entre la richesse et... le sang. Le sang, c'était la vie, autrement dit l'une des plus grandes richesses que l'on pouvait espérer conserver... Tout du moins à ses yeux.

Mais il savait son point de vue influencé par sa nature, et décida de laisser au changelin la résolution de l'énigme. D'une part parce que s'il s'avérait que le polymorphe trouvait une autre monnaie à lui offrir, le gain pouvait être plus bénéfique qu'un sang dont il s'était déjà repu plusieurs fois. Et d'autre part, parce que s'il pensait lui aussi que le sang était la richesse dont il se devait de faire don au vampire, alors il aurait à lui demander lui-même l'étreinte vampirique, et Alucard prenait un plaisir pervers à l'imaginer lui réclamer sa propre prise de sang.

Un détail l'inquiéta tout de même. Le poème maudit du renard interdisait à ce dernier toute modification, or, ajouter du sang dans ses veines animales consisterait justement à une modification.... Cela signifiait donc qu'il serait affaibli jusqu'à la fin de l'épreuve, et que le vampire ne pourrait compter que sur lui même pour affronter tous éventuels ennemis.

Il lança un regard interrogateur à son ami, se demandant si celui-ci avait compris l'épreuve de la même façon que lui.

Secoué comme un prunier, le renard glapi plaintivement et voulu demander au vampire d’arrêter, mais le décor changea subitement et Alucard tomba sur.. Mythril ? Spectateur invisible, le changelin observa la scène qui se déroulait sous ses yeux. Le vampire n’était plus dans les catacombes mais dans le désert d’herbes et, assit sur Mythril, se pencha sur ce dernier en plaquant ses mains au sol des deux côtés de son visage. Alucard approcha ses lèvres à quelques centimètres de celles du roi d’or, le fixant droit dans les yeux.. Et répondant au regard intense du vampire, le dragon l’embrassa, collant ses lèvres contre celles d’Alucard !

Lorsque le roi d’or et le désert d’herbes disparurent, le vampire retrouva un renard en train de rire aux larmes !

Wouhif hihi héhé waaahaha !!!

Voici donc comment s’étaient rencontrés le jeune roi et le seigneur des vampires ? Se remettant doucement de son hilarité, le renard regarda le vampire relever la tête, et répondit à sa grimace par une expression radieuse, les oreilles dressées et battant de la queue, une lueur rieuse dans les yeux. Alucard s’exécuta alors, de mauvaise grâce, et fit un magnifique poirier, avançant de quelques pas sur les mains avant de se remettre sur ses pieds.

Pressant le pas, Alucard marcha devant le changelin qui trottait joyeusement derrière lui. Puis se retourna, fixant son compagnon a fourrure rousse. La remarque du vampire n’était pas fausse, le renard pouvait mordre, mais n’avait pas de crocs puissants.. Quoi que s’ils retombaient sur des squelettes, le canidé pourrait leurs ronger les os ! Cette idée le fit sourire.

Alors je compte sur vous pour m’aider en cas de problèmes ! Conclu-t-il.

Arrivant finalement au bout du couloir, ils trouvère une balance d’or dont les plateaux n’étaient pas à niveau. Une nouvelle épreuve ? Le changelin observa l’objet et lança un regard interrogateur au vampire, puis comprit ! L’épreuve de l’avarice, il devait donner quelque chose pour équilibrer la balance, quelque chose de précieux ! Le changelin pensa d’abord à l’épée, mais cela l’obligerait à se transformer, il ne pouvait pas la sortir sous cette forme. Donner son sang ne marcherait pas non plus, le renard avait déjà fait ce don… Son âme ! Un présent précieux, il pouvait sacrifier son âme au vampire ! Fixant son ami dans les yeux il lui envoya un message télépathique.

*Transformez-moi !*

Si Alucard faisait de lui un vampire le changelin perdrait son âme de renard, et n’étant pas lui-même responsable du changement il n’enfreignait pas le commandement de son parchemin. Revenir à la vie ne serait pas un problème une fois l’épreuve terminée, et il lui suffisait de changer de corps pour avoir une nouvelle âme. Attendant l'étreinte, il ota son talion. Le vampire aurait bientôt une âme de plus dans sa collection.

Surpris, Alucard chercha sur le visage animal une expression qui confirmerait l'humour dont il venait sûrement de faire preuve. Il constata alors avec indignation le sérieux du renard, qui attendait l'étreinte vampirique. Comment osait-il lui demander cela ? Mais le mercenaire n'avait rien demandé : il avait ordonné. Le vampire serra les poings et s'accroupit pour plonger ses yeux rouges écrasés sous des sourcils froncés de colère dans ceux de son ami, à quelques centimètres de son museau.

Spoiler:

- Mercenaire, comprends-tu bien ce que tu me demandes ? Je ne propose la transformation vampirique qu'aux rares êtres que je juge dignes de représenter ma race, et dont je peux espérer une loyauté indéfectible. Et plus important encore: pour te transformer, je dois te mordre et te vider de ton sang jusqu'à ce que tu sois à l'article de la mort, puis te faire boire de mon sang...

Il avait insisté sur les derniers mots, espérant que le renard se rappellerait l'accord tacite qu'ils avaient conclut un peu plus tôt, lorsqu'il lui avait interdit de prendre son sang quelle qu'en soit la raison. Mais le mercenaire ne dût pas se soucier outre-mesure de l'importance que son ami attachait à son sang, car il ne modifia pas l'ordre de vampirisation.

Furieux et blessé par un profond sentiment de trahison, Alucard abaissa la tête en signe de consentement, indiquant au renard qu'il s'exécuterait, puisque tel était son souhait. Puis, il releva lentement la tête, fixa un instant le renard d'un air menaçant et se jeta tout à coup sur lui, le plaquant au sol bien que son ami n'en ait aucunement besoin puisqu'il avait réclamé lui-même sa propre mort.

Mais Alucard était fou de colère, et il avait la ferme intention de lui faire regretter son ordre, encouragé par la levée apparente du talion. D'une main, il retînt l'animal au sol, lui cassant une patte sur laquelle il vint ensuite s'appuyer violemment pour plonger ses crocs dans la gorge de sa malheureuse victime, déchirant la chair avec hargne.

A vos ordres, Maitre renard. J'espère que ma soumission est aussi jouissive pour vous qu'elle ne l'est actuellement pour moi.

Aspirant le sang à grandes gorgées, le vampire leva un bras pour prendre de l'élan et plonger sa main dans la poitrine de l'animal, portant à celui-ci un coup mortel. Réfléchissant à la quantité de sang que le canidé pouvait offrir avant de risquer une mort définitive, il estima son temps d'agonie à un peu moins de cinq minutes. Cinq minutes pendant lesquelles le vampire pourrait laisser éclater toute sa rage sur le corps brutalisé de l'animal. Cinq merveilleuses minutes.

Alucard enfonça plus profondément sa main dans la poitrine du goupil et y trouva enfin le coeur, dont le rythme trop lent rendait l'afflux de sang péniblement irrégulier. Il s'empressa d'y enserrer ses doigts et de le presser, pulsant lui-même le sang qui se projeta plus vigoureusement dans sa bouche sous la succion vampirique.

Tandis que le liquide vital était ingéré, le vampire en profita pour interroger le sang du renard. Celui-ci lui transmit une masse de souvenirs qui accaparèrent son esprit, lui parvenant dans un défilement successif aussi rapide qu'illogique.

Mais son plaisir et sa curiosité furent gâchés par la fragilité du corps de son ami, qui supporta mal le traitement que lui infligeait le vampire et dont la vie ne tenait plus qu'à un fil. Ryu allait mourir, Alucard ne pourrait pas faire durer son petit jeu pendant les cinq minutes qu'il avait espérées, il fallait qu'il partage son sang régénérateur maintenant. Il éloigna ses lèvres de la gorge du renard et les avança près de son oreille pour murmurer d'un ton moqueur.

- Oh mon ami, ne me quitte pas tout de suite, je n'en ai pas fini avec toi.

D'une rapide morsure, il s'entailla la paume à travers le gant blanc marqué des runes médiévales et leva la main au dessus de la gueule du renard, y laissant couler le sang en minces filets. Lorsqu'il jugea en avoir suffisamment partagé, il se releva. Il était fier de la vitesse à laquelle il avait enchainé ses attaques, n'ayant laissé au renard aucun répit dont il aurait pu profiter pour lui ordonner moins de brutalité. Puis, les souvenirs qu'il avait fait ressurgir avaient envahi l'esprit des deux acolytes, ce qui avait également empêché le goupil de toutes tentatives d'interdiction.

Un petit sourire satisfait aux lèvres, le vampire se retourna vers la balance d'or. Mais celle-ci avait disparu, laissant place à une porte dont la serrure était bouchée par une clé. Alucard s'en empara et retourna vers son ami, dont le corps commençait à guérir des traumatismes qu'il lui avait infligés. Le renard dans les bras, il ouvrit la porte d'un violent coup de pied et avança dans une salle sombre, qu'un épais brouillard l'empêcha d'inspecter du regard. Intrigué par l'opacité rougeâtre de la brume, il inspira une grande bouffée, comptant sur son odorat pour en déterminer la nature.

L'effet fut immédiat : le vampire lâcha le renard inconscient pour s'effondrer à terre à son tour, endormi.

Spoiler:

Tandis que les deux acolytes reposaient paisiblement au sol, des bruits de pas résonnèrent dans la salle et la brume se dissipa complètement. La créature sourit à la vue de son pécheur luxurieux, avant de l'enfourcher tout en se préparant à le rejoindre dans ses songes.

Alucard se croyait toujours conscient, et rêvait de la continuité de la quête du Graal, se voyant inspecter la salle dans laquelle il était entré, son ami dans ses bras. Aveuglé par le brouillard, il posa le goupil au sol pour chercher la sortie à tâtons, les mains tendues. Des bras vinrent alors l'enlacer par derrière, s'accrochant amoureusement à sa taille.

Surpris, le vampire se retourna et recula d'un bond en découvrant la jeune femme blonde qui lui souriait. Il chercha du regard une partie transparente sur le corps de celle-ci, croyant avoir de nouveau affaire à un poltergeist, mais aucun de ses membres ne laissait paraitre le décor derrière elle. Prenant un air indulgent, elle s'approcha du vampire et posa sa main sur sa joue, réchauffant sa peau froide d'une chaleur bien humaine.

Alucard ne bougea pas, le regard perdu dans le vide, ne sachant plus quoi penser. La jeune femme en profita pour venir se coller contre lui et embrassa ses lèvres inanimées. Devant son manque de réaction, elle sourit d'un air moqueur, puis lui chuchota à l'oreille tout en commençant à lui retirer son manteau.

- Te faut-il une preuve plus tangible de mon retour ? Et si je te réchauffe complètement, tu y croiras ?

Elle entreprit alors de déboutonner la veste du vampire, qui baissa la tête en soupirant d'un air résigné, un petit sourire triste au coin des lèvres. Qu'avaient-ils tous, à prendre l'apparence de son maître ? Il saisit fermement les mains baladeuses de la jeune femme, interrompant son déshabillement. Il ne put toutefois se résoudre à brutaliser l'imposteur, dont le visage familier le retenait de tous gestes violents. Au lieu de cela, il fit appel à son allié Calyptien, qu'il espérait désormais éveillé.

Mercenaire ! Pourquoi n'interviens-tu pas, n'as-tu pas repris conscience depuis le temps ?

Bien que le vampire n'ait toujours pas pris conscience de son assoupissement, il put sans problème transmettre le message au véritable renard, celui qu'il avait non pas posé mais laissé tomber à terre.
Au sol, son manteau gisait à côté de lui, ôté par la succube aussi bien en rêve que dans la réalité. Sa veste était ouverte sur sa chemise, à moitié déboutonnée. Au dessus de lui, la créature, embêtée d'avoir été si tôt découverte, se demandait s'il lui était encore possible de convaincre sa proie ou s'il était trop tard et ferait mieux de le supprimer avant qu'il ne se réveille.

Le renard acquiesça silencieusement aux explications d’Alucard. Bien sur, il connaissait parfaitement le processus. Ayant déjà étreint lui-même, en quelques occasions, au cour des nombreuse fois où il était devenu vampire. L’importance qu’apportait Alucard à cette étreinte lui échappa totalement. Même sans son aide, Ryu pouvait devenir vampire quand il le souhaitait. Mais s’il déplaisait tant à son ami d’avoir le changelin pour infant, ce dernier pourrait redevenir "vivant" à tout instant -une fois l’épreuve terminée- et rompre le lien qui les unirait.. Ce qu’il comptait faire de toutes façons. La promesse tacite ne lui sembla pas de rigueur, puisque le vampire lui donnerait son sang de son plein gré !

Ryu avait retiré son talion pour qu’aucune force invisible ne vienne vider Alucard de son sang au moment de l’étreinte. Mais le caïnite, lorsqu’il s’en rendit compte, en profita pour torturer l’animal qui lâcha un glapissement de douleur lorsque sa patte se brisa. Le vampire lui déchira alors les chairs, plantant ses crocs avec hargne. Le goupil émit un cri étouffé et agonisa bientôt de douleur. Résistant contre l'envie grandissante de se transformer en brouillard ou en spectre malgré la contrainte de Léviathan..

Le vampire interrogea le sang de sa victime, et un afflux rapide des souvenirs de toutes les fois où Ryu avait revêtu cette forme précise de renard se déversa en boucle dans l’esprit du No Life King. Ce qui faisait moins d’une heure d’existence, les souvenirs contenus dans ce sang ne remontant pas plus loin qu’après la défaite du seigneur squelette. En effet, un renard complètement nouveau renaissait à chaque fois que Ryu prenait cette apparence !

Se sentant partir, frôla la mort, mais le fluide vital qui se déversa dans sa gueule réveilla ses sens, se propagea dans tout son corps, et commença à le régénérer. En se réveillant de sa torpeur, le renard trouva son compagnon inconscient, à demi nu, et chevauché par une succube. Décidant d’intervenir, le mercenaire fut encouragé par l’appel de son saigneur qui l’exhorta à agir.

*Je m'en occupe !* Envoya-t-il rieur.

Laissant échapper un grondement sourd, le renard se jeta à la gorge de la succube qui ne s’était pas méfiée, et la vida de son sang démoniaque. Un sang noir et brûlant qui n’arrêta pas le changelin pour autant. La succube tenta bien de se débattre, hurlant et transperçant le canidé de ses griffes, les interstices de ses ailes s’allongeant comme des lances, mais le corps du renard-vampire refusait de mourir. Gagnant en force au fur et à mesure que la démone faiblissait, il resserra encore plus son étreinte et claqua finalement la mâchoire d’un coup sec qui broya le cou de la succube, détachant la tête de son corps. Elle s’écroula alors à bas d’Alucard et s’évapora sous forme de fumée à forts relents sulfureux, laissant une clef à l’endroit où elle venait de disparaître.

La cuisine d'ici et infecte ! Commenta-t-il.
Avez-vous bien dormi ?

Sortant de la salle, ils débouchèrent sous un dôme de grande taille. Si grand qu’ils se seraient presque crus en extérieur, des roches luminescentes au plafond donnant l’impression d’un ciel étoilé. Devant eu, le dôme était rempli de longs pieux sur lesquels étaient empalés des corps humains.. Une forêt de pals. Alucard reconnu alors la femme sur le pal le plus proche : Sa femme ! Du temps où il était encore humain ! Chaque corps sur ces pieux était une connaissance passée, aimé ou aprécié du vampire.

Les chiens traînes avec les chiens ! Dit une voix en Turc.

Une voix resurgit d’un cauchemar ancien, le cauchemar d’un petit garçon mort il y a très longtemps. Un homme apparu alors d’entre les pieux. Un homme chez qui Alucard fut envoyé en otage alors qu’il n’avait que 11 ans. Fouetté, abusé, molesté, puis relâché enfin après 6 années pour retrouver son père assassiné et son frère enterré vivant. Cet homme, le Sultan Murad II, qui se trouvait a présent devant lui, armé d’un cimeterre en argent et d’un fouet, le toisait avec arrogance.

Tu t’es trouvé un parfait compagnon, jeune prince. Mais les chiens insolents doivent êtres dressés !

Pardonnez-moi.. Répondit le changelin. Mais je suis un renard, pas un chien !

Alucard s'éveilla en sursaut, ouvrant de grands yeux effarés devant le changement de scène soudain. A cheval sur lui, la succube essayait désespérément de décrocher le renard de sa gorge, et le vampire les regarda tous deux s'agiter sur lui, croisant les bras d'un air ennuyé. Il était déjà bien assez pénible de ne pas participer à un combat sans en plus constituer un terrain de duel passif... Une moue de lassitude aux lèvres, il soupira bruyamment.

- Vous ne pouviez pas vous démanteler ailleurs que sur moi ?

Le renard réussit assez vite à détruire la tentatrice démoniaque, la faisant disparaître pour provoquer l’apparition d'une clé. Le vampire put se relever, reboutonnant d'abord sa veste défaite pour remettre son manteau. Satisfait, il suivit son compagnon vers la salle opposée, lui adressant un sourire arrogant avant de commenter l'attaque de la succube.

- Qu'est ce que je te disais ? Le charisme, c'est cela qui fait toute la différence.

Les deux amis pénétrèrent un grand dôme dont le plafond donnait l'impression de se retrouver à l'air libre et envahie d'une véritable forêt de pieux, sur lesquels étaient empalés une masse de corps humains. Angoissé par la vision familière d'un sombre et lointain passé, Alucard ralentit sa marche. Parmi les cadavres empilés, il reconnut alors avec effroi celui de sa femme, triste silhouette inanimée au visage inexpressif. Les yeux écarquillés, le vampire s'était arrêté subitement devant sa défunte compagne, figé d'horreur. C'est alors qu'une voix s'éleva dans le dôme, sortant brusquement le vampire de sa torpeur.

Il leva un regard craintif vers son locuteur, qu'il espérait avoir confondu. Non, il ne pouvait, il ne saurait supporter à nouveau la présence de cet homme. Malheureusement, il découvrit avec horreur l'apparition dont il avait reconnu la voix, le sultan Murad II. Une rafale de souvenirs douloureux refirent surface dans son esprit, lui imposant la vision d'expériences avilissantes et atroces surgi d'un passé qu'il avait jusqu'alors refoulé.

Succédant à la peur et la honte, une colère noire s'empara de tout son être, secouant son corps entier de tremblements de rage. Les yeux rouges se teintèrent d'un éclat orange qui se remarqua à peine tant ses paupières s'étaient plissées sous la fureur, et ses lèvres s'étirèrent en une grimace qui découvrit ses dents serrées.

Bien que le vampire ne récita pas l'incantation, les sceaux de ses gants s'illuminèrent pour le libérer de plusieurs barrières, l'enchantement brisé par la puissance de ses émotions. Ses cheveux s'allongèrent en une longue masse ondulée et son manteau disparut sous une imposante armure, lui conférant l'aspect du seigneur qu'il avait été peu avant sa première mort. Alucard ne contrôlait plus rien, et ne se rendit d'ailleurs pas même compte de ses changements incontrôlés.

Empoignant férocement l'épée qui était apparu dans sa main, vieille amie d'un passé commun, le comte brandit l'arme vers son tortionnaire, parlant d'une voix que la haine et la colère rendaient plus rauque, dans un turc qui lui revint naturellement :

- J'ai mis ton fils à genoux avant de lui faire admettre sa pitoyable défaite. ET TOI, COMMENT ABOIERAS-TU SOUS LES FRAPPES DE MON ÉPÉE ?!!

S'élançant à une vitesse surhumaine, il s'éleva d'un bond dans les airs et tendit le bras au dessus de sa tête, s’apprêtant à abaisser son épée sur le visage cauchemardesque qui lui faisait face.