L'invitation du Mage de Sang

Allongé sur le fossile d'un immense dragon, Alucard se reposait, perdu dans ses pensées. Quelques jours plus tôt, une jeune femme au passé mystérieux lui avait fait part de sa quête du Mage de Sang et, n'ayant plus d'étrangère à envoyer en sacrifice à la reine Angélique, le vampire songeait à présent à accepter l'entretien que la demoiselle avait réclamé. Sa demande l'intriguait et, s'il n'avait pas été à ce moment accompagné d'un renard à qui il avait préféré cacher son statut d'Esper Magister, il se serait présenté à elle pour s'enquérir des raisons qui la motivaient à vouloir le rencontrer.

Un sourire en coin, il fit appel à son don d'hémarcation pour brouiller la vision d'Arwen de gouttelettes de sang, avant d'inscrire sur l'allié de fer de la jeune femme un message ensanglanté, qu'il reforma plusieurs fois :

Je me sens d'humeur joueuse, aujourd'hui. Que dirais-tu d'un petit duel ? Si tu en as le cran, rendez-vous dans la plaine des duels au crépuscule. Le mercenaire pourra t'y mener, réitère simplement de ma part la revanche que je lui avais déjà proposée et qu'il n'a toujours pas eu le courage d'accepter. Tu trouveras son agence dans le domaine neutre, parmi les autres habitations.

Dans l'impatience de redécouvrir les faiblesses d'une adversaire humaine, et blonde de surcroit,

Alucard

Du peu qu'il avait pu voir de la jeune femme, celle-ci était plus prompte à se laisser guider par sa fierté que par sa raison, il était donc certain que son message ne serait pas ignoré. Les lèvres toujours étirées en un sourire amusé, le vampire s'endormit.

Et tandis qu'Alucard se relevait de son accoudoir fossilisé pour franchir le portail ensanglanté, un couple de cavaliers pénétrait dans la plaine ...

Arwen adressa au mercenaire un sourire ravi, toute hargne dissipée. Elle était soulagée de ne pas avoir semé le changelin, dont elle appréciait la compagnie au delà de ses services de guide. La jeune femme n'attendit pas qu'il la rejoigne pour faire avancer vers lui son cheval et poursuivit tranquillement la route à ses côtés. Elle prit un petit air espiègle et s'exclama :

- Ne vous ai-je pas plus d'une fois demandé de presser l'allure, Ryu ? Maintenant que nous sommes à cheval, vous n'avez plus d'excuse à vous incommoder de mon emportement !

Prise d'une soudaine allégresse, elle affecta un air hautain, par jeu cette fois, et déclara :

- Ha, bien aisé à vous de me semer sous forme animale, mais en tant qu'homme, vous manquez d'entrain mon ami ! Voila bien les limites d'un changelin qui, à trop faire évoluer sa nature, perd les facultés moyennes des races les plus banales ! Allons, Ryu, chez un homme, l'endurance et la vigueur sont deux qualités essentielles !

Elle lui adressa un sourire malicieux qui ne laissa aucun doute quant au sous-entendu salace de ses dernières paroles et se pencha lentement vers lui... pour soudain s'emparer de ses rênes et les faire claquer en même temps que les siennes, faisant s'élancer leurs deux montures au galop. Elle relâcha ensuite les rênes qu'elles avait empruntées au changelin pour le distancer, encourageant son destrier de pressions fermes des talons sur ses flancs.

Le plaisir de sa course équestre la fit s'épandre en éclats de rires joyeux tandis qu'elle s'amusait à faire accélérer son destrier pour ne pas risquer d'être dépassée par Ryu, dont elle ne savait même pas s'il s'était également pris au jeu, trop peu adroite à cheval pour oser un regard en arrière. Cela faisait plusieurs semaines qu'elle n'avait pu profiter d'un temps sombre pour se séparer du chevalier noir, dont les ombres la protégeaient du soleil, et son indépendance retrouvée l'enthousiasmait.


Les terres mortes de la plaine laissèrent bientôt place à une végétation plus fréquente, les arbres se dessinant dans des contours flous devant Arwen, dont le cheval galopait trop vite pour lui permettre une vision précise du paysage. Une étrange forme noire se distingua au devant, et elle plissa les yeux pour tenter de mieux la percevoir. Lorsque la distance qui l'en séparait se raccourcit suffisamment pour qu'elle devine la silhouette qui lui faisait face, elle tira brusquement les rênes de son cheval et descendit d'un bond, approchant lentement vers le loup ailé qui l'observait de ses yeux rouge sang.

Éblouie par la beauté de la créature, Arwen avançait prudemment, les mains tendues dans une position qui se voulait rassurante. Le loup noir ne bougeait pas, se contentant de la fixer, imperturbable. Arrivée en face de l'animal, la jeune femme tendit une main hésitante, attendit avec appréhension une réaction du loup et, se fiant à son calme, posa finalement la main sur sa tête pour caresser doucement le pelage ténébreux puis remonter jusqu'aux ailes de plumes.

Spoiler:

Au bout d'un moment, le loup recula d'un petit bond pour abaisser à terre les deux pattes avant, la queue relevée en une position joueuse. Arwen le regarda la provoquer gentiment, étonnée de cette réaction... jusqu'à ce qu'elle se retourne pour découvrir la dizaine de loups qui l'encerclait et dont semblait s'amuser l'animal.
A l'inverse du loup noir, les membres de la meute arboraient tous un pelage blanc sali aux extrémités par une étrange masse liquide noire. Leurs yeux rouges semblaient dénués de l'intelligence qui brillait dans les pupilles du loup sombre, et leurs ailes étaient dépliées en une attitude menaçante tandis qu'ils approchaient lentement de la jeune femme.

Sortie de sa transe, Arwen brandit devant elle le sabre serpent, menaçant les loups blancs les plus proches qui grondaient à son encontre. Elle s'inquiéta alors pour sa monture, mais celle-ci était restée au loin, la meute ne lui ayant pas prêté la moindre attention, comme si elle avait instinctivement été dirigée vers la jeune femme. Un premier loup bondit alors sur elle, et Gekido répliqua aussitôt, tranchant sans hésitation la poitrine de l'animal qui retomba lourdement sur sa proie.

Le souffle coupé, la kendoka plongea son katana dans le flanc du loup pour l'achever et se débattit sous le cadavre pour se relever. Les prédateurs blancs avaient profité de sa chute pour se rassembler au plus près, et l'attaquaient de toute part, Arwen étant désormais encerclée par une masse trop rapprochée pour lui permettre de grands mouvements. Le sabre serpent s'abattait furieusement sur ses attaquants, tachant d'une pluie écarlate la jeune femme déjà blessée de profondes morsures aux mollets et aux bras.

Voulant éviter un loup qui bondissait vers elle, la disciple du chevalier noir fit un pas en arrière et vacilla sous la douleur de l'entaille qui ensanglantait sa cheville. Elle tomba alors en arrière et sa tête heurta violemment le sol, l'immobilisant à terre au milieu des prédateurs blancs. Son regard chercha instinctivement le mercenaire, mais ne trouva que le loup au pelage noir, qui l'observait à distance, suffisamment loin pour ne craindre l'assaut d'aucun des deux cavaliers, mais assez près pour se repaître du spectacle. Il ne semblait pas en vouloir à la vie de la jeune femme et de son compagnon, mais la vision de l'affrontement paraissait le distraire agréablement. Il ne les attaquerait pas, il voulait simplement suivre les aventures de leur périple, qui se terminerait peut-être bientôt pour Arwen, qui gisait au sol, toujours étourdie par sa chute.

Pardonnez mon retard, répondit-il amusé.
Il m’a fallut expliquer à trois de vos amis que nous n’avions point besoin d’eux !

Riant au sous-entendu de la jeune femme, il ajouta, prenant un faux air indigné.

Ah ! Voila bien là langage féminin !
Impatientes à conclure, et confondant l’essentielle avec l’escambille !

Il n’eu pas le temps d’en dire d’avange que la demoiselle attrapa ses rênes et lança leurs deux chevaux au galop. Se prenant au jeu, Ryu talonna son alezan, poursuivant Arwen, puis chevaucha bientôt cote à cote avec elle. Mais la jeune femme, trop concentrée à rester sur sa selle, ne s’en rendit pas compte. Accélérant toujours, les deux cavaliers arrivèrent bientôt dans une partie plus verte de la plaine. Le changelin aperçut le loup en même temps qu’Arwen, mais n’y accorda que peu d’importance, les loups ailés n’étaient pas nouveaux pour lui, ces créatures étaient plus intelligentes que les loups classiques mais attaquaient rarement les humains.. ou les semi-humains. Voulant indiquer la direction à prendre, Ryu s’efforça de prendre la tête, mais alors même qu’il commença à doubler Arwen, celle-ci freina brusquement et sauta à terre, subjuguée par la beauté sombre de la créature ailée ! Le changelin fit cabrer sa monture, descendant à son tour.

La jeune femme s’approcha à pas de loup et, d’une main hésitante, caressa l’animal qui se montra peu farouche. Ryu resta en retrait, tenant les chevaux par la bride, lorsqu’il aperçu la meute.. Le reste alla très très vite !

Ryu courut rejoindre Arwen, qu’un premier loup attaqua déjà. La kendoka se battit avec désespoir contre les fauves qui la harcelait, l’assaillant de tous cotés. Qui l’un qui l’autre attaquant et se retirant vivement pour esquiver les coups d’épée. Rapidement submergée, la jeune femme vacilla et heurta le sol avec l’arrière de son crâne.. La silhouette de Ryu passa alors au dessus d’elle, armé d’un glaive romain dans chaque main.. Le mercenaire ne pouvait pas se permettre de perdre son employeuse avant de l’avoir conduite a destination, et, frappant les bêtes les plus hardies, il enjamba Arwen et tint la meute en respect tout autour de lui. Sa technique d’épée était très différente de celle que Néo enseignait, et ses réflexes, incroyablement précis, fauchaient sans faute tout ce qui approchait, distinguant les attaques véritables des attaques feintes.


Dame Arwen ? S’enquit-il en pointant soudain l’une de ses épées en direction du loup noir, et la lame s’allongea d’un seul coup, aussi vive qu’un serpent !

Sous sa forme de loup noir, Alucard observa avec amusement la jeune femme se faire assaillir par la meute qu'il avait attiré jusqu'à elle. Bien qu'il ait intentionnellement donné rendez-vous au couple en plein coeur de la plaine afin de le confronter aux créatures qui la peuplaient, il n'avait d'abord pas prévu de l'accompagner jusqu'au cimetière. Mais il s'était reposé trop longtemps à son goût, et avait ressenti une envie soudaine de regarder par lui-même la façon dont ils affronteraient les obstacles en chemin...

Il avait donc patienté à un passage obligé aux abords de la plaine d'où il avait eu l'intention d'observer passivement l'attaque de la meute, mais contre toute attente, la demoiselle s'était avancée jusqu'à lui, émerveillée. Il n'avait donc pas même eu besoin de lancer la meute à leur poursuite, la jeune femme s'étant naturellement jetée dans la gueule du loup...

Le mercenaire vint à la rescousse de la demoiselle en détresse, et celle-ci se releva péniblement tandis qu'il décimait les loups blancs. C'est alors qu'il dirigea la pointe de son épée vers Alucard, qui le regarda d'un air amusé, et fit soudain s'allonger la lame vers lui, s'apprêtant à l'empaler. Le loup ténébreux commença à déployer ses ailes pour éviter l'arme, mais il n'eut pas besoin de s'envoler.

A sa grande surprise, Arwen intervint et se jeta sur le mercenaire avant de tomber maladroitement sur lui, vacillant de nouveau sous les blessures que l'urgence de la situation semblait lui avoir fait oublier... Grimaçant de douleur, la jeune femme se redressa au dessus de Ryu, puis lui adressa un sourire enjoué, apparemment plus amusée par ce qu'elle allait dire qu'endolorie par ses entailles :

- Ah, voila bien là comportement masculin ! Déterminé à satisfaire demoiselle d'une épée dressée et ce même quand l'heure n'est plus à l'effort physique !

Alucard écarquilla les yeux, surpris de la comparaison osée de la jeune femme, qui offrait une vision connotée bien étrange de l'épée brandie... Une fois son étonnement passé, il rit intérieurement, tentant de ne rien trahir de son hilarité devant les deux humains dont il n'était pas supposé comprendre l'humour lubrique. Il avait reconnu dans le ton de la femme la façon de parler du mercenaire, et comprit qu'elle répondait à une plaisanterie antérieure. Amusé par leur petit jeu de répliques sexistes, il décida d'attribuer au perdant qui accuserait plus de quatre plaisanteries discriminatoires avant leur arrivée le gage du priapisme, appréciant l'ironie qui découlait du sort luxurieux... Le score était donc de 1 à 0 en faveur d'Arwen.

La jeune femme roula sur le côté, libérant Ryu de son entrave, et reprit, plus sérieuse :

- Ce loup n'a montré aucune agressivité à notre encontre, il est inutile de vous en prendre à lui.

Alucard avança jusqu'à la kendoka et s'abaissa auprès d'elle, lui offrant une épaule sur laquelle s'appuyer pour se relever, ce qu'elle accepta aussitôt. La confiance déraisonnable d'Arwen l'amusa, et il en profita pour lécher avec application son poignet ensanglanté, geste qu'elle prit à tort pour un témoignage d'affection animal et qu'elle n'interrompit donc pas.

Arwen s'aida du loup noir pour avancer jusqu'à son destrier mais hésita un instant pour le monter. N'osant pas appuyer son pied à la cheville blessée sur l'étrier, elle aurait apprécié un coup de main de la part du mercenaire. Elle n'osa toutefois pas le lui demander, trop fière pour avouer avoir besoin d'aide, et s'empressa donc de remonter à cheval par ses propres moyens, étouffant un gémissement de douleur lorsqu'elle prit appui sur l'étrier.

Elle suivit ensuite calmement son guide, son enthousiasme réfréné par les blessures qui meurtrissaient son bras et ses jambes alors même qu'elle n'était pas encore parvenue jusqu'au vampire. Derrière, le loup noir les suivait, apparemment décidé à les accompagner jusqu'au bout de leur périple. Rapprochant sa monture du cheval de Ryu, la jeune femme commença à interroger le mercenaire, profitant de leur intimité pour lui faire part de sujets qu'elle n'avait pas pu aborder dans les catacombes en présence du vampire et de l'elfe.

- Je me demandais... Ryu, Mythril est-il réellement un homme ? J'ai beau y avoir songé maintes fois, sa silhouette et sa voix me paraissent plus féminines que masculines...

Lorsque le changelin lui répondit, elle poursuivit :

- Un autre détail me trouble. Dans les catacombes, votre ami vampire s'est dit soulagé de la fidélité de Mythril à son égard, et l'a aussi appelé "poney à plumes"... Est-ce qu'ils sont en couple ?

Une fois sa curiosité satisfaite, elle changea de sujet, un sourire espiègle au coin des lèvres :

- Nous nous rendons tous deux combattre un adversaire par simple lubie, je me rends compte que nous aurions tout aussi bien pu nous affronter l'un l'autre, puisque vous semblez comme moi apprécier le duel comme un jeu. Une fois que j'en aurais fini avec Alucard, pourquoi ne pas prévoir de nous retrouver un de ces jours pour tester vos compétences de bretteur ? Je souhaiterais vous affronter sous votre forme humaine.... et masculine si possible, puisque cela me donnera l'avantage féminin de l'intelligence, dont les hommes manquent cruellement... entre autre.

2 à 0 !

Son sourire s'allongea, trahissant une humeur taquine qui contrastait avec le ton hautain qu'elle s'était efforcée de prendre. Mais celui-ci se figea tout à coup à la vue des trois silhouettes encapuchonnées qui étaient apparues à quelques mètres seulement, flottant au dessus du sol. Elle arrêta son cheval et lança un regard paniqué à Ryu :

- Des détraqueurs...

Elle connaissait les créatures des fictions qu'elle avait lue dans son monde natif, et leur habilité à voler d'un baiser l'âme de leur victime la terrifiait. Elle voulut talonner son cheval pour fuir les trois démons qui les survolaient désormais, mais elle fut soudain prise d'un profond sentiment de lassitude et de résignation. A quoi bon se débattre pour sauver une vie qui n'avait encore pris aucun sens, dans ce nouveau monde ? Qu'avait-elle à perdre, qui avait-elle à regretter ? De sombres pensées envahirent son esprit, et elle resta paralysée sur place, le regard perdu dans le vide tandis qu'un des détraqueurs aspirait sans effort son âme délaissée.

Quelle fin pitoyable... elle n'aurait même pas eu le temps de faire mordre au chevalier noir la poussière. Néo ! Un petit rire amusé s'échappa de ses lèvres, réveillant petit à petit son esprit engourdi. Elle se demandait quelle tête ferait le chevalier lorsqu'il apprendrait la fin minable de son apprentie rebelle, qui avait abandonné sa dernière leçon pour partir en quête d'un vampire hystérique.

Lorsque ses rires s'épanouirent en éclats joyeux, la jeune femme retrouva enfin la force de se libérer de l'emprise psychique de la créature qui n'arrivait déjà plus à aspirer son âme, et le sabre serpent jaillit soudain de son fourreau. Arwen trancha furieusement le visage cadavérique du détraqueur, et se retourna vers le mercenaire.
Sa frappe n'avait pas vaincu la créature, mais celle-ci ne parvenait plus à atteindre l'humeur joviale de la jeune femme, et elle restait impuissante devant sa victime libérée, ne sachant plus comment la désarçonner.

Comme Arwen s'y était attendu, Ryu n'avait apparemment aucunement souffert de l'influence des créatures. Le loup, quant à lui, semblait naturellement éloigner les détraqueurs, qui maintenaient une certaine distance vis à vis de l'animal insensible à leur pouvoir. La jeune femme sourit au mercenaire et l'encouragea à fuir les créatures, auxquelles sa joie ne résisterait pas éternellement :

- Et si on reprenait notre course, Ryu ? Le dernier à dépasser la colline devra un verre au premier arrivé !

Et sur ces mots, la jeune femme fit claquer ses rênes pour foncer droit devant elle, le loup ailé à ses côtés.

Se jetant soudain sur lui, Arwen fit rater sa cible à Ryu.

Adonc, Madame, vous êtes bien femme ! Répondit le changelin avec bonne humeur.
Hé quoi ? Vous vous jetez ainsi pour mettre lame au fourreau, sans tenir compte de
l’heure, au rebours de vos propres mots ! Très Chère, je comprend votre émoi, mais
ne suis point homme si facile !

La jeune femme se dégagea alors, laissant le mercenaire se relever, et lui demanda d’épargner le loup noir. Ryu plaisanta sur la "sensiblerie du gentil sesso" puis remonta agilement en selle, prenant la tête du cortège qui comptait a présent un loup noir a plumes dans ses rangs. Après un cour instant, Arwen vint chevaucher en tête, cote à cote avec Ryu. Sa première question arracha un rire au changelin, qui répondit néanmoins avec honnêteté et.. autant de sérieux qu'il put.

Mythril n’est pas un "homme" à proprement parlé, mais il est tout ce qu’il y a de plus
masculin, quoi qu’ont en dise !

La deuxième question le fit hésiter..

J’ignore si les penchants d’Alucard incluent ou non les garçons. Certaines rumeurs, du
coté des vampires, prétendent en effet qu’il est bougre.. Je suis cependant sûr que
Mythril ne l’est pas, ils ne sont donc pas en couple.. Quant à ce surnom, Poney à
Plumes, je ne sais absolument pas d’où il lui vient !

Sur ces mots, le changelin fit pousser sur son bras quelques feuilles d’une plante aux vertus cicatrisantes dont il avait connaissance, et les cueillit pour les donner a Arwen. Bien que la jeune femme soit trop fière pour demander de l’aide, ses grimaces trahissaient clairement sa douleur, et Ryu voulait qu’elle reste en état de voyager.

Tennez, dit-il, mâchez-les et appliquez-les sur vos plaies, cela les refermera et
atténuera la douleur. Il serait dommage d’arriver blessée pour votre rencontre
avec Alucard !

Retrouvant le sourire, la jeune femme proposa à Ryu de comparer, un de ces jours, leurs talents respectifs à l’épée. Le changelin répondit avec enthousiasme.

Voilà les femmes.. ! Elles n’ont jamais rien à dire, mais le disent d’une façon si
charmante ! Cela dit, je serais ravi d'avoir un échange avec vous !

L’air fut pris d’une froideur soudaine, et le mercenaire aperçu les trois spectres que nomma la cavalière : Des détraqueurs ! Mais comment Arwen les connaissait-elle ? La dernière fois que Ryu en avait vu remontait à des années, bien avant Calypta, dans un monde où le changelin fut appelé Vacuum, se faisant passer pour une baguette en bois de palétuvier. Son propriétaire d'alors, qui ignorait tout de la nature changeline de sa baguette, avait combattu nombre de ces spectres au sein d'un groupe appelé "Ordre du Phénix".

Rapidement, l’aura maléfique des détraqueurs enleva toutes joie dans le cœur de Ryu qui, en tant qu’humain, n’était pas protégé contre leur malédiction. Mais le talion réagit, et les détraqueurs furent a leur tour déroutés par des sensations qu’ils n’étaient pas sensés ressentir. Le changelin lutta contre le désespoir que provoquait la simple présence de ces spectres, et se força à se transformer, se changeant en patronus corporel (sorte d’être de lumière argentée, essentiellement composée d’espoir et de sentiments positif) Sous cette forme, le changelin n’avait plus rien à craindre des voleurs d’âmes qui, évitant également le loup, se concentrèrent sur Arwen. Le Ryu-patronus, qui reprit forme humaine, sourit a la jeune femme, impressionné par sa force d'âme, et tendis qu'elle reprenait ses esprits, il lui répondit d’un ton narquois..

Fort bien, mais lorsque vous payerez mon verre, vous devrez boire aussi !

Score actuel : [2 - 3]

Et le gagnant de la course est...

1,3,5 : Ryu
2,4,6 : Arwen

Arwen a effectué 1 lancé(s) d'un (dé du destin.) :

HJ : pff, c'pas juste, les dés m'ont toujours détestée u_u

DJ :

Arwen talonna sa monture jusqu'à ce que celle-ci galope aussi vite que ce que la jeune femme pouvait endurer sans perdre l'équilibre. Mais malgré ses efforts, le mercenaire parvint avant elle derrière la colline, aussi fit-elle ralentir son cheval d'un coup sec sur la bride, agacée. Elle lança un regard noir à son compagnon, à qui elle déclara d'un ton hautain :

- Très bien, je vous paierai un verre à la taverne à notre retour, mercenaire. Enfin, ne vous félicitez pas trop de votre petite victoire : je reprendrai bien vite le dessus au prochain pari. Comme les hommes ont une compétence innée à chevaucher, les femmes ont une habilité naturelle à brider...

A ces mots, elle détourna le regard du changelin et repartit au trot, noyant petit à petit sa mauvaise humeur dans ses fulminations intérieures. La cavalière blanche eut besoin d'un long moment de chevauchée calme et silencieuse pour retrouver son entrain, qui lui revint en même temps que son sourire espiègle. De nouveau, elle se rapprocha de Ryu pour lui parler.

- Puisque ce sera sur mon compte, j'ose espérer que vous commanderez plus qu'une simple tasse de thé, Ryu. Surtout si je dois vous faire l'honneur de boire également en votre compagnie... Enfin, après tout, il faut bien aux hommes les avantages d'une bouteille bien remplie à partager pour rendre leur compagnie divertissante aux demoiselles. La race humaine aurait bien vite disparue sans les atouts que donne l'ivresse des femmes à l'insignifiance des hommes.

Elle adressa au mercenaire un sourire radieux, l'assurant d'un simple regard enjoué de l'intérêt sobre qu'elle trouvait à sa compagnie, contrairement à ce qu'elle avait prétendu pour le taquiner. Ses yeux se désintéressèrent alors du polymorphe, distraits par une clarté déclinant à l'horizon. Par delà les petites collines de la plaine, au loin, le soleil se couchait, teintant les nuages d'une nuance orangée qui semblait fasciner la jeune femme.

Ce n'est qu'une fois sortie de sa transe que la cavalière blanche réalisa le sens que le crépuscule donnait à leur position dans la plaine : ils étaient en retard.

- Ryu, repartez au galop, je vous suivrai de mon mieux, nous ne pouvons pas perdre plus de temps en promenade de santé.

Et sans attendre de réponse, elle fit claquer ses rênes, faisant s'élancer le cheval blanc devant le mercenaire.

Le loup noir bondit derrière les deux cavaliers, les rejoignant dans leur course soudaine pour retrouver le vampire... qui les suivait de près. Malgré sa mauvaise humeur, qui l'avait étrangement pris dès lors que le mercenaire avait évoqué sa réputation, il avait continué à prêter une oreille attentive aux joutes verbales du couple sexiste et il se remémora mentalement le score, actuellement de 3 à 4 en faveur de la jeune femme. Une réplique de plus et il se ferait une joie de réveiller les ardeurs du changelin, qu'il espérait désormais voir perdre, malgré son rôle de représentant masculin dans la guerre des sexes...

Alucard reconnut aux terres mortes qu'ils parcouraient un environnement proche du cimetière des dragons et décida qu'il était temps d'éprouver à nouveau le couple : rencontrer le mage du sang se méritait. Il se concentra alors pour faire appel à l'un des sorts que son statut d'Esper Magister lui conférait, et réveilla sous terre la centaine de cadavres humains qu'une guerre passée avait délaissés, utilisant le sort du sang-noir pour les diriger vers son couple de victimes...

Le mage de sang s'arrêta brusquement, interrompant sa course pour éviter le cheval blanc qui s'était cabré devant lui. Un homme aux chairs trop ouvertes pour que son état paraisse naturel avait surgi de terre à deux mètres de la cavalière soulevant son épée rouillée d'un bras à moitié déchiqueté. Et avant même que le couple ait le temps de réagir à cette rencontre, le reste de l'armée des morts-vivants s'extirpa du sol, se relevant maladroitement pour rejoindre d'une démarche traînante le premier soldat dans son assaut. La jeune femme poussa un cri retentissant, que le loup accueillit avec plaisir... jusqu'à ce que sa victime ne le prenne de court d'une exclamation enjouée :

- HAAAAAAAAAAA ! DES ZOMBIES ! Moi qui n'aie toujours pu me défouler qu'en jeu de fiction... C'est vraiment une soirée prometteuse !

Arwen sauta alors de son cheval sous le regard étonné du mage pour courir vers l'un des soldats, sortant de son fourreau en peau de serpent le sabre encore taché du sang des loups. Le sourire aux lèvres, la kendoka tranchait sans effort les corps mutilés qui obstruaient son chemin, tournoyant gaiement au milieu de la pluie de sang qu'elle semblait prendre plaisir à faire jaillir de son katana. Elle cessa un instant de démembrer les soldats non-morts pour lancer un rapide coup d'oeil à l'ensemble de l'armée puis se tourner vers le changelin.

- Je constate qu'il n'y a parmi ses cadavres dépourvus d'intelligence que des représentants du sexe masculin... Je ne m'étonne guère de ce fait : si la guerre oppose autant les femmes que les hommes, seuls les hommes sont assez écervelés pour servir de pantins même après la mort !

Partant dans un grand éclat de rire, la demoiselle reprit alors sa tuerie insatiable, sous le regard amusé du loup. Lorsque le couple aurait déserté le champ de bataille de l'armée des morts, il devrait s'empresser de lancer le sort de priapisme et s'éloigner aussitôt: le cimetière des dragons n'était plus très loin, et il ne devait pas y arriver sous cette forme s'il ne voulait pas trahir ses pouvoirs de mage avant son affrontement.

- ET DE ONZE ! RYU, VOUS EN ÊTES A COMBIEN, VOUS ? NE TRICHEZ PAS ET CONSERVEZ VOTRE FORME HUMAINE, JE VAIS VOUS PROUVER LA SUPÉRIORITÉ FÉMININE SUR LES APTITUDES MASCULINES EN COMBAT ! OU TOUT DU MOINS MA SUPÉRIORITÉ ! LE CAVALIER QUI COMPTERA LE MOINS DE MORTS-VIVANTS PARMI SES VICTIMES PAIERA AUTANT DE VERRES QUE LE NOMBRE DE ZOMBIES TUES DE SON COMPAGNON !

Tandis qu'il réfléchissait à son départ, le loup observait le mercenaire et sa compagne, étrangement épargné par les non-morts qui ne l'approchaient pas. La jeune femme semblait ne plus se soucier de son retard, trop enthousiasmée par son affrontement, dans lequel elle démontrait une endurance surprenante. Les morts-vivants étaient en soit assez simples à tuer, leurs mouvements lents et leurs attaques faibles se révélant souvent prévisibles et simples à parer.

Mais Alucard avait réveillé une centaine de cadavres, et s'était donc attendu à ce que ce soulèvement fatigue rapidement la kendoka. Il semblait toutefois que celle-ci ait déjà été accoutumée aux exercices d'endurance, ses frappes ne faiblissant pas malgré le prolongement du combat inégal. Quant à Ryu, le loup ne s'était pas un seul instant inquiété de sa survie, le sachant bien trop habile pour avoir quoi que ce soit à redouter de cet obstacle. Éventuellement, il n'avait à craindre que la victoire d'Arwen sur son nouveau pari...

1 ) Ryu tue 20 zombis
2 ) Ryu tue 30 zombis
3 ) Ryu tue 50 zombis
4 ) Arwen tue 20 zombis
5 ) Arwen tue 30 zombis
6 ) Arwen tue 50 zombis

Destinée a effectué 1 lancé(s) d'un (dé du destin.) :

Cavalier accomplit, le mercenaire n’eu aucun mal à rattraper Arwen et à gagner leur petite course. Cette défaite assombrit l'humeur de la cavalière blanche, mais l'agacement de la jeune femme, loin d’affecter Ryu, ne fit que le faire rire d’avantage. Les deux jeunes gens chevauchèrent un long moment en silence et Arwen regagna petit a petit sa bonne humeur. Un sourire taquin aux lèvres, elle revint se poster aux cotés du changelin, le titillant ..et ce dernier répondit d'un ton joyeux :

Chère amie, je ne vous forcerais mi a boire la même chose que moi. N’étant point
rustaud ni rustre rustantissant, mais, comme vous le savez, homme de culture et de
sens, je ne suis pas sans savoir que votre nature féminine, trop délicate, ne saurait
tenir l’alcool aussi bien qu’un homme.

Ponctuant sa provocation d'un sourire malicieux (Qu’il contre-adressa a celui, radieux, de sa voisine) Le mercenaire posa lui aussi son regard vers l’horizon et comprit qu’ils n’avaient plus beaucoup de temps. Sans se faire prier, il fit claquer ses rênes mais tâcha de garder une allure que son employeuse pouvait suivre.. bien qu’il la distança rapidement. Ils furent bientôt à moins d’une lieu de la zone de rendez-vous, lorsque les chevaux se cabrèrent, affolés par l'émergence soudaine d’une centaine de cadavres s’extirpant de terre tout autour d’eux. Le mercenaire tint en selle et réussi à empêcher sa monture de s’emballer, mais pas à la calmer totalement. L’odeur de la mort, plus présente que jamais, terrifiait les chevaux et les rendait agités.

Intéressant ! Sourit-il à par lui.. Lorsque Arwen se mit a crier de joie, ce qui le fit rire aux éclats ! S’amusant du plaisir enfantin de la jeune femme, le changelin se contenta d’observer, esquivant les quelques asseaux maladroits dont il était l’objet. Il ne lui échappa pas, également, que le loup était complètement ignoré des zombis, comme avec les détraqueurs. Était-il pour quelque chose dans ces attaques ? Intrigué par le comportement détaché de l'animal, le jeune homme fut soudain tiré de ses pensées par un commentaire de la kendoka.

Pensez-vous ? Sourit-il flegmatique.
Celui avec la corne bleue me semblait être une femme !

La jeune femme, complètement prise par son jeu, annonça fièrement son score, provoquant le changelin pour un nouveau défit. –ZÉRO !– Répondit-il fièrement, sa réponse faisant écho à un hennissement d’agonie. Le cheval d’Arwen venait de se faire tailler en pièces.. Faisant pousser une longue lame elfique dans sa main, le changelin se mit à tailler avec une facilité déconcertante la poignée de zombis regroupés autour de lui, les décapitant en un tournemain. Ses frappes, bien qu’humaines, avaient la vitesse et la précision d’un prestidigitateur, et sa lame, de facture elfique, tranchait sans peine les armures usées par l’age.

15 ! Cria-t-il à l’attention d’Arwen. 17 ! 18 ! 19 ! 20 !

Il arriva bientôt à soixante-neuf, et ne trouva plus que deux zombis en prise avec Arwen. Se reposant, il se laissa tomber assit par terre, soupirant d’aise. Son effort ne s’était pas fait sentir jusqu’ici, mais à présent, il sentait ses muscles endoloris et son souffle exhalé. Posant un regard a l’ouest, il vit que le soleil était presque couché.
Le cheval blanc était mort et l’alezan estropié, s’ils voulaient arriver à temps, il ne leur restait plus un instant a perdre. Le Mercenaire se leva et marcha vers Arwen, lorsque quelque chose s’accrocha à sa jambe : Un demi mort-vivant dont le corps, coupé en deux au niveau du bassin, était dépourvu de jambes ! Se trainant au sol, le mort venait de saisir sa cheville et, tout en se redressant, levait à présent une grosse masse à clous. D’un geste désinvolte, Ryu lui passa l’épée d’une oreille à l’autre, coupant le crâne en deux. Puis réabsorbant son arme dans sa main il cria d’un ton enjoué : 70 !~ ♪

Alucard rit silencieusement de l'expression outrée de la jeune femme, qui semblait prête à se jeter sur le changelin pour l'empaler de son katana, qu'elle serrait d'une main tremblante.

- QUOI ??? !! 70 ???!!! AH FAIT ***** !!! C'EST PAS VRAI !! 70 VERRES A PAYER ???!! Nan... 71 VERRES A PAYER ??!! ****** DE ***** !

Foudroyant le parieur victorieux du regard, la cavalière blanche s'avança jusqu'au cheval du mercenaire, attendit que celui-ci ne le soigne, puis le bouscula pour monter avant lui sur le destrier.

- Hors de question que je continue à pied, et encore moins que je laisse un homme prendre les rênes pour moi !

A ces mots, la jeune femme talonna le cheval alezan, parcourant au galop la plaine que la tombée de la nuit rendait difficile à distinguer. Le loup noir courut, comme plus tôt, derrière les deux cavaliers, et s'apprêta à lancer le sortilège de priapisme sur le calyptien quand le destrier s'arrêta tout à coup, le faisant ralentir pour éviter de justesse une violente collision. Étonné, il regarda Arwen dont les yeux s'étaient écarquillés et le visage figé en une étrange expression. Alucard entendit alors ce qui semblait perturber la jeune femme, le chant d'une comptine enjouée dont l'air lui était familier... tout comme pour Arwen, apparemment, qui se mit à en murmurer les paroles incompréhensibles pour elle-même.

Fleur-pageons... les rhododendroves
Gyrait et vomblait... dans les vabes.
On frimait ... vers les pétunias
Et les momerates... embradent

Le loup noir se mit à grogner, tentant d'avertir les deux cavaliers de l'appel de la créature qu'il n'avait pas eu l'intention de leur faire rencontrer et qu'il leur fallait éviter. Maudit chat ! Ses provocations incessantes à son encontre, et sur son propre domaine de surcroit, l'avaient jusque là amusé, les illusions fantasques de l'animal ne constituant pour lui aucun danger. Mais vouloir attirer à lui les deux proies que le mage s'était réservé alors même que celui-ci se trouvait en leur présence et dans l'incapacité de trahir sa véritable forme pour les prévenir, c'était un affront digne d'une véritable déclaration de guerre ! Evidemment, il avait fallu qu'à quelques mètres du point de rendez-vous, cette idiote d'humaine nécrophile parvienne à croiser le chemin du seul habitant de la plaine assez fou et puissant pour défier l'Esper Magister sur son domaine.

Furieux, le loup devança de quelques pas le cheval alezan et se tourna vers le couple, l'encourageant d'un regard insistant à ignorer l'air du chat pour le suivre.

Arwen ne fit pas attention au loup grondant devant elle et plissa les yeux pour tenter d'apercevoir l'être à l'origine de ce chant qu'elle était sûre d'avoir déjà entendu dans son enfance... A son grand étonnement, la plaine qu'elle avait crue dénuée de végétation à partir de la terre des morts-vivants arborait en fait une immense forêt éclairée par d'étranges lueurs bleutées. A ses abords, un petit lapin noir en armure la fixait, dressé sur ses pattes arrières... Un lapin en armure ???!!!

Ignorant le loup et oubliant le mercenaire, elle bondit de cheval pour courir vers le lapin, qui partit s'enfoncer dans la forêt à son approche. Obstinée, la jeune femme se mit à sa poursuite et se perdit sans un regard en arrière dans la végétation illusoire d'arbres et de champignons démesurés. Devant elle, le pompon noir s'agitait inlassablement, le lapin s'éloignant toujours de quelques mètres chaque fois qu'elle réduisait suffisamment la distance pour être en mesure de le toucher.

Au bout d'un moment, essoufflée, Arwen s'appuya dos à un arbre et tourna distraitement la tête, s'intéressant à l'état de fatigue du changelin. Elle découvrit alors avec stupeur l'absence du mercenaire et du loup, qu'elle avait dû semer dès son entrée dans la forêt. Soudain inquiète de sa situation, elle fit un tour sur elle-même, observant d'un air craintif les ombres qui l'entouraient et prêtant une oreille attentive au silence anormal qui régnait.

Elle fit un premier pas en avant, décidée à retrouver le calyptien, et s'arrêta aussitôt. Elle eut beau examiner les détails de son environnement, elle ne reconnut pas un seul coin familier par lequel elle aurait pu passer pour arriver jusqu'ici. Elle était perdue.

Soudain, un craquement sonore la fit se retourner en sursaut. Libérant instinctivement Gekido du fourreau reptilien, elle brandit le katana vers la source du bruit, qui se révéla n'être que le petit lapin qui avait bondi un peu plus loin. Étrangement rassurée par sa présence, elle rangea le sabre serpent, soulagée, et s'approcha lentement de l'animal. La jeune femme sourit triomphalement devant la longue paire d'oreilles noires qu'elle était parvenue à rejoindre, puis tendit la main pour caresser son beau pelage sombre. Mais au moment où elle allait toucher le lapin, celui-ci disparut tout à coup, la laissant figée devant l'espace vide où il s'était trouvé l'instant d'avant.

Sa main tremblante restait tendue en avant tandis que la peur s'emparait d'elle. Un gloussement la sortit de sa transe, et elle se releva, Gekido à nouveau libéré dans sa main.

- Vous avez perdu quelque chose ?

Arwen écarquilla les yeux, ahurie devant le fameux chat de ses fictions d'enfance, perché sur une branche d'arbre.

- Le chat de Chester !

L'animal au pelage rayé de coloris violets lui sourit, puis se remit à chantonner sa comptine favorite. Arwen fut un instant tentée de joindre sa voix à la sienne, mais se rappela l'urgence de la situation et décida pour cette fois de remettre son envie musicale à plus tard.

- Cheshire, pourriez-vous m'indiquer le chemin le plus court pour sortir de cette forêt ?

Les oreilles du chat se dressèrent, et son sourire s'élargit.

- Je le peux !

Arwen attendit que l'animal s'explique et, celui-ci se contentant de lui sourire silencieusement, elle insista, d'un ton un peu plus abrupte :

- Oui, alors quel est-il ?

- Hm, quoi donc ?

- Le chemin le plus court pour sortir d'ici...

- Ah, je vois ! Si vous tenez vraiment à le savoir, c'est par là que vous la trouverez...

Le chat pointa sa patte violette vers sa droite, mais Arwen fronça les sourcils, déstabilisée par le choix de ses mots.

- Qui ça, "la" ?

- Une certaine sangsue à manteau rouge...

- Ha ! Vous l'avez croisé ?

- Hm, qui ça ?

- Alucard...

- Qui est Alucard ?

- La sangsue à manteau rouge dont vous parliez ...

- Quelle sangsue ?

Irritée, Arwen serra la mâchoire. De toute évidence, parler à cet animal fou ne la mènerait nulle part.

- Si vous cherchez une sangsue, pourquoi ne pas employer le mercenaire qui vous accompagnait pour la retrouver ?

La jeune femme ressentit l'irrésistible envie de lâcher le sabre serpent sur le félin, mais s'efforça de n'en rien faire, serrant furieusement la poignée reptilienne, hésitante.

- Ou bien alors essayez peut-être d'interroger la créature qui vient de vous rejoindre...

Un grognement rauque retentit alors derrière la jeune femme, qui se retourna lentement pour faire face à la créature que désignait le chat. Elle resta un instant immobile, paralysée d'effroi devant l'animal qu'elle connaissait des fictions de son monde, et déglutit bruyamment.

Spoiler:

Le Bandersnatch se jeta alors sur elle, la gueule grande ouverte, et Arwen se réveilla enfin, l'évitant juste à temps d'une roulade sur le coté pour se relever aussitôt, Gekido brandi. Alors que la créature se retournait péniblement vers elle, le sabre serpent trancha d'une frappe vive la patte avant de son adversaire, qui répondit aussi tôt d'un violent coup de sa patte blessée, balafrant la jeune femme à la joue de ses griffes empoisonnées.

Arwen recula, se passant une main sur sa joue ensanglantée tandis que le Bandersnatch grognait furieusement, la menaçant sans oser l'attaquer à nouveau de front, le regard rivé sur le katana. Elle leva les yeux vers la branche d'arbre sur laquelle reposait un peu plus tôt le chat de Cheshire, mais celui-ci avait disparu.

Avançant d'un pas hésitant, elle affronta le regard vitreux de son adversaire, qui gronda de plus belle avant de lancer une patte vers elle, qu'elle évita maladroitement. Voulant profité du déséquilibre de la jeune femme, le Bandersnatch se précipita de nouveau sur elle, l'attaquant à coups de crocs. Pendant quelques instants, les deux opposants s'affrontèrent sans qu'aucun des deux ne parvint à prendre l'avantage sur l'autre, l'animal tentant des morsures que le sabre serpent permettait à la jeune femme de parer, entaillant de petites coupures le museau du monstre.

Mais le poison commençait déjà à affaiblir la kendoka, qui tenait désormais Gekido d'une main tremblante. Conscient de sa fatigue, le Bandersnatch poursuivit ses assauts de plus en plus violents et rapides, et parvint après quelques minutes d'acharnement à renverser la jeune femme, qui tomba en arrière. Aussitôt, l'animal se précipita sur elle et abattit ses pattes avant sur ses épaules, entravant ses mouvements. Arwen lâcha un cri étouffé, des larmes se mêlant au sang de ses joues sous la douleur de l'une de ses épaules, que la créature venait de fracturer.

L'animal avança alors sa gueule vers elle, s'apprêtant à l'achever. Autant par réflexe que par désespoir, la jeune femme rassembla ses forces pour lever le sabre serpent, décollant légèrement du sol son épaule maintenue pour plonger la lame reptilienne dans l'abdomen de l'agresseur. Durant quelques secondes qui parurent à la kendoka interminables, le Bandersnatch resta immobile, la gueule ouverte près de son visage ensanglanté. Puis, il s'effondra sur elle, terrassé par Gekido, toujours planté dans son ventre.

Une nouvelle exclamation de douleur s'échappa des lèvres d'Arwen, que le poids de la bête meurtrissait et empêchait de respirer. Elle n'essaya même pas de le repousser, devinant la masse bien trop lourde pour espérer la bouger ne serait-ce que de quelques centimètres. Elle voulut toutefois tenter de se retourner contre terre pour ramper hors du cadavre qui l'entravait, mais fut incapable du moindre mouvement.

Le souffle commençait à lui manquer, et elle se sentait sombrer petit à petit dans un état proche de l'inconscience, quand des bruits de pas la sortirent de sa torpeur. Inquiète, elle leva les yeux, priant intérieurement pour ne pas découvrir un nouvel ennemi sur le point de l'attaquer.

Le bruit de pas se fit de plus en plus proche, le bruit lourd d’une créature imposante. Puis vint la voix, la plus sombre et la plus malveillante qu’Arwen ai jamais entendu, le genre de voix à vous glacer d’effroi, et que vous regrettez d’avoir entendu parce que vous savez, dès l’instant qu’elle parvient a vous, que vous êtes en très grand péril.

« Prend garde au Jabberwock, mon fils ! A sa gueule qui mord, à ses griffes qui happent ! Gare l'oiseau Jubjube, et laisse en paix le frumieux Bandersnatch ! »

Mais l’avertissement de la comptine arrivait trop tard, Arwen avait déjà provoquée le Bandersnatch, et découvrait à présent la terrifiante créature à qui appartenait la voix : Le Jabberwock lui-même !

Spoiler:

L’œil flamboyant, la créature approcha en barigoulant, et poussa un son horrible : Un ruginiflement ! …Mais laissons là un instant la jeune femme en détresse, et revenons quelque peu en arrière pour nous intéresser au sort du mercenaire qui, voyant Arwen sauter de cheval, lança un regard au loup en haussant les bras d’un air résigné. Cela risquait certes de les retarder, mais la curiosité était plus forte et, souriant, Ryu fit avancer l’azelan sur la piste de l’impétueuse demoiselle.. Seulement.. À son tour le mercenaire se retrouva vite perdu !

Ces bois ne sont pas naturels.. Commenta-t-il pour son cheval.

Mais s’y perdre est très naturel ! Ajouta une voix que connaissait très bien le jeune homme.

Cheshire ?

Et levant la tête, il vit le chat.. ou plutôt son sourire, flottant seul au dessus d’une branche. [!!!] Le Chat de Cheshire était une vieille conaissance de Ryu, qui s'était égaré un jour au pays des merveilles. Mais cette histoire est bien trop longue, et là n'est pas le sujet !

Auriez vous vu une jeune femme passer par ici ? Demanda le mercenaire.

Le chat apparut alors complètement.

Blonde ? Habillée tout en blanc ? Avec une épée-serpent ?

Oui, c’est bien elle !

Non, je ne l’ai jamais vue !

C’est fort dommage, mais je suis hélas pressé par le temps..
Quel chemin me conseilleriez-vous ? Par ici ou par là ?

Les chemins n’ont pas vraiment d’importance ! Dit le chat.
Mais faites vite ! La jeune dame est déjà en grand danger !

Sur ses mots, le chat disparut, laissant flotter derrière lui les échos de sa petite comptine..

« ♫♪ Fleurpageons les rhododendroves
Gyrait et vomblait dans les vabes.
On frimait vers les pétunias
Et les momerates embradent...♪♫ »

Descendant de sa monture, le changelin reprit, récitant comme un poème..


Tout en récitant, Ryu s’en alla vers la droite et se métamorphosa, devenant de plus en plus gros. Une longue queue lui poussa, et deux larges ailes. Et bientôt, il devint le Jabberwocky !


« Prend garde au Jabberwock, mon fils ! A sa gueule qui mord, à ses griffes qui happent ! Gare l'oiseau Jubjube, et laisse en paix le frumieux Bandersnatch ! »

C’est alors qu’il trouva Arwen, coincée sous le corps du frumieux Bandersnatch. (A présent plus du tout frumieux.) Et s’approchant à pas lourds, le mercenaire tendit son long cou vers la kendoka, présentant le redoutable râtelier de ses mâchoires. Mais au lieu de refermer ses crocs sur Arwen, le Jabberwock les planta sur le Bander dont il souleva la dépouille, et l’avala tout rond, libérant la jeune femme. Poussant à nouveau son horrible cri, le Jabberwock se dressa alors de toute sa hauteur devant Arwen, et se mit à rapetisser, redevenant le mercenaire qu’elle connaissait bien.

Nous sommes en retard ! Sourit-il. Autrement dit pile à l’heure !
Mais ne faisons pas languir d’avantage votre dame rouge !

Le changelin se fit alors pousser deux grandes ailes d’ange, et, soulevant la jeune femme dans ses bras, s’envola ! Ils s’extirpèrent de la forêt d’illusions en moins de deux battements d’ailes, et furent presque aussitôt en vue du cimeterre de dragons qui se trouvait au centre de la pleine des duels..

Alucard fusilla le changelin du regard, qui perdait bêtement son temps à lui exprimer sa résignation d'un haussement de bras au lieu de s'élancer aussitôt pour rattraper la jeune femme avant qu'elle ne se perde dans les bois de Cheshire. Heureusement, un rare sursaut de bon sens dû traverser l'esprit dérangé de Ryu, car il se décida finalement à se lancer à la poursuite de la nécrophile suicidaire.

Le loup ailé le suivait de près, parcourant l'illusoire forêt de champignons et d'arbres derrière le cheval alezan au galop encore trop lent à son goût, qu'il menaçait régulièrement de claquements de mâchoire. A son grand agacement, le mercenaire finit par croiser le chemin de son sujet rebelle, le chat de Chester, qui les prévînt du nouveau danger dans lequel s'était précipitée Arwen. Alucard laissa le polymorphe reprendre seul les recherches, certain de pouvoir compter sur lui pour retrouver et sauver la demoiselle.

Le corps du loup noir devint petit à petit intangible, les ténèbres dessinant sa silhouette en contours irréguliers et mouvants qui finirent par former une ombre humaine. Celle-ci retrouva alors sa consistance de chair, et le vampire au visage assombri par une expression menaçante apparut complètement.

- CHESHIRE !

Et tout à coup, réapparu de nulle part, le chat au pelage violet sourit au chapeau du vampire, sur lequel il était paisiblement allongé, sa queue rayée en dépassant négligemment pour chatouiller le visage blafard.

- J'ai toujours admiré ce chapeau...

Alucard écarta d'un coup de main la queue du chat et retira son chapeau pour faire face au félin souriant.

- Pas assez pour t'évertuer à survivre suffisamment longtemps afin de continuer à l'admirer, apparemment. L'idiote blonde est mon invitée, Chester, et je n'ai que modérément apprécié ton manque de courtoisie à son égard...

Levant les yeux vers le vampire, le chat inclina la tête sur le coté pour lui adresser un sourire charmeur, ses pattes aux griffes sorties tapotant alternativement le chapeau.

- Ce chapeau me tient vraiment à coeur...

- ASSEZ !

Agacé par l'indifférence du chat à ses remontrances, le mage de sang liquéfia ce dernier en une épaisse masse de sang qui coula au travers du chapeau, pour s'écouler en grosses gouttes à terre. Alucard remit sur sa tête le chapeau dégoulinant de sang et abaissa les yeux vers la flaque rouge à ses pieds qui se reformait par elle-même en un grand chat rayé au sourire interminable.

- Je m'occuperai de ton cas plus tard, chat toqué, je n'ai pas de temps à perdre avec toi cette nuit. Mais tu es averti, n'approche plus mes proies sur mon domaine ou la prochaine fois que tu disparaitras, ce sera pour de bon.

Le vampire avança d'un pas sûr devant lui et passa une jambe au travers du chat, qui fit disparaitre son corps pour n'en laisser que des rayures violettes, dessinant autour du pantalon sombre d'Alucard des croissants colorés. Tandis que le No Life King s'éloignait, le chat gloussant s'éleva dans les airs et tendit les pattes avant vers le chapeau rouge, l'air désolé :

- Au revoir, cher... chapeau !

Alucard ignora son insolent sujet, se promettant intérieurement de lui faire payer ses affronts au plus tôt, et s'aventura dans la forêt pour parvenir à un coin d'où le ciel n'était pas caché par les arbres gigantesques. Il avait prévu de se changer à nouveau en loup pour survoler les parages afin de retrouver le couple de blonds, mais il aperçut celui-ci volant plus loin au dessus de la végétation et approcher du cimetière.

Le vampire sourit, amusé de l'aspect angélique du mercenaire, à qui il lança alors le sort luxurieux du priapisme... Derrière lui, le portail sanglant ouvrait ses portes sur le cimetière des dragons.

Le coeur d'Arwen s'arrêta de battre un instant à la vue du Jabberwocky.

- Non... du Lièvre de Mars au Chapelier toqué, il fallait que je tombe sur le Jabberwocky.

Terrifiée par la créature dont elle ne pouvait pas même tenter de se protéger, elle la regarda, impuissante, s'approcher d'elle et avancer sa machoire devant son visage... puis engloutir le Bandersnatch qui la retenait. Sitôt libérée, la kendoka se releva et brandit maladroitement Gekido, tenant à peine debout. La tête lui tournait, le poison la brulait et son épaule fracturée la faisait souffrir. La bête se redressa de toute sa hauteur et Arwen attendit avec angoisse l'attaque mortelle. Mais celle-ci ne vint pas, l'imposant Jabberwocky rapetissant pour prendre petit à petit l'apparence habituelle du mercenaire.

Ahurie, la jeune femme regarda le polymorphe sans rien écouter de ses exclamations enjouées, n'osant croire en sa chance. Et tout à coup, elle éclata de rire, autant par soulagement que par amusement. Sur sa joue, les marques de griffes laissèrent échapper de nouveaux filets de sang.

- Ryu, je ne sais si je dois vous remercier de votre aide ou vous punir de votre humour déplacé... Mais je crois que je suis pour l'instant trop fatiguée pour vous faire payer cette plaisanterie douteuse, aussi attendrai-je au moins d'être arrivée au cimetière pour cela. En attendant... Merci.

Elle fit un pas en direction du changelin et l'enlaça, reconnaissante. Elle sentit sous ses mains pressées contre le dos du mercenaire des plumes lui caresser la peau, et ouvrit les yeux pour découvrir deux ailes angéliques qui venaient de pousser au changelin. Elle fut alors soulevée dans les bras du Calyptien, qui s'envola avec elle en direction du cimetière des dragons. Soudain apaisée par son nouveau moyen de transport, elle reposa sa tête sur l'épaule de Ryu et admira la forêt depuis les airs, accueillant d'un sourire la brise qui engourdissait la douleur de ses blessures.

Alors qu’il survolait le cimetière, le changelin fut soudain frappé par un violent désir lubrique, et regarda la jeune femme qui reposait dans ses bras d'un oeil concupiscant.

Totalement à sa merci, Arwen ne pouvait ni le lâcher à cette hauteur, ni de toutes façons résister à la force du changelin ! Forcer la jeune femme ou la subjuguer pour qu’elle se livre elle-même n’aurait pas déranger Ryu, qui était du genre a suivre ses pulsions, mais si le mercenaire savait apprécier les plaisirs de la chair, il n’éprouvait normalement pas le désir de reproduction inhérent aux races qu’il copiait.. Un éclair de lucidité remonta brièvement du fin fond de son être conscient : La soudaineté de cette envie n’était pas normale !

Sans s’en rendre compte, le changelin avait ralenti son vol et serrait à présent Arwen un peu plus fort contre lui. Mais comprenant qu’il était sous l’emprise d’un sortilège il refusa de céder et, faisant à présent du sur-place dans les airs, il l’embrassa.. Sa volonté ne suffisait pas ! Comprenant que le sort jouait sur ses instincts animaux, l’ange se transforma subitement en nuage de vapeur, se libérant enfin du maléfice ! Sous cette forme, Ryu pouvait toujours maintenir Arwen dans les airs pour l’empêcher de tomber..

Quelque chose tente de me faire abuser de vous..
Dit-il en redescendant lentement au sol.


Je ne sais qui ni quoi, mais bien que vous soyez plaisante femme,
je ne saurais accepter que l'ont me force la main ainsi.
Son ton, calme, ne semblait emprunt d'aucun embaras ni remord.

Une fois au sol, Ryu tenta de se changer en fée, et fut satisfait de voir que le sortilège n'agissait plus. Mais qui l'avait lancé ? Le seul esprit en ce lieu, à sa connaissance, assez perver pour imaginer ce genre de farce n'était pas sencé avoir ce genre de pouvoir.. Pensive, la petite fée approcha d'Arwen pour soigner ses blessures. La jeune femme n'allait pas tarder a rencontrer Alucard.

Alucard était de nouveau allongé sur le squelette d'un dragon, la tête reposée sur ses bras croisés et les yeux levés au ciel, observant avec amusement l'ange et sa compagne. Lorsque le changelin embrassa la jeune femme, le vampire se prépara à intervenir, se redressant déjà dans l'intention de se présenter en sauveur à sa victime, quand Ryu parvint à se soustraire au sortilège de priapisme. Impressionné par la retenue du mercenaire mais également un peu déçu de ne pouvoir s'amuser de la situation comme il l'aurait voulu, il descendit de son lit de fortune et rejoint d'un pas tranquille le petit couple.

Le polymorphe s'était affublé d'une apparence féérique pour soigner la nécrophile, qui semblait pensive. Prenant un air agacé, il lança un regard noir aux deux nouveaux arrivés pour déclarer d'un ton sec :

- Vous êtes en retard.

Il tenta de conserver son attitude froide, mais le changelin prit alors l'aspect d'une jeune femme blonde, attribuant à la kendoka une rivale de taille... ou plutôt de formes. Incapable de réprimer un sourire espiègle, il retrouva son habituel ton sarcastique :

- Cela ne m'étonne guère de la nécrophile, mais venant de toi, mercenaire, c'est un peu plus décevant, quoi que je ne te porte déjà pas grande estime... L'as-tu accompagnée sous une apparence à la chevelure aussi blonde que la sienne ?

Impatient de donner sa leçon au mercenaire et d'apprendre enfin les raisons pour lesquelles Arwen tenait à s'entretenir avec le mage de sang, Alucard décida de tempérer sa nature bavarde pour inviter Rya à combattre. Ôtant d'un geste rapide de la main son chapeau, il lui sourit d'un air amusé et s'inclina devant la mercenaire avant de tendre une main gantée vers elle, l'incitant aussi "galamment" que lors de leur première rencontre à engager le combat.

Frappée par la fatigue du voyage et de l'entrainement intensif de Néo, Arwen somnolait paisiblement contre Ryu, dont elle sentit l'étreinte se resserrer. Le geste la réveilla et elle commençait seulement à replonger lentement dans ses rêveries quand le contact inattendu des lèvres du changelin sur les siennes la sortit complétement de son repos, la faisant rouvrir les yeux dans un sursaut. Surprise, elle resta un court instant passive... avant de refermer les yeux pour répondre au baiser de l'ange.

Se méprenant sur les intentions du mercenaire, qu'elle interpréta naïvement comme une étrange façon de la taquiner, elle fit durer leur échange, refusant de lui donner la satisfaction d'une réaction outrée dont il aurait pu tirer de nouvelles plaisanteries machistes. Mais Ryu mit lui même un terme à son petit jeu, disparaissant soudain pour la soulever sous la forme d'un nuage de vapeur. Fière d'avoir si facilement intimidé son guide, elle voulut s'en moquer d'une plaisanterie dans le même ton que les précédentes, mais fut devancée par le changelin, qui lui expliqua le danger dont il les protégeait.

L'enthousiasme d'Arwen s'évanouit aussitôt, balayé par l'effroi et la méfiance que les déclarations sereines de Ryu avaient fait naître. Inquiète et embarrassée, elle abaissa les yeux vers le sol, pressée d'arriver au cimetière et de retrouver une plus grande liberté de mouvements. Soulevée dans les airs par le changelin dont elle ne comprenait qu'alors la dangerosité éventuelle, elle sauta précipitamment du nuage dès que la plaine lui parut suffisamment rapprochée, et s'éloigna de quelques pas en arrière de son guide.

Elle avait brandi le sabre serpent dans sa direction, son regard azuré défiant le polymorphe d'oser un geste vers elle, mais se rassura à la vue de la forme inoffensive que celui-ci s'était choisie pour la soigner, et abaissa lentement Gekido pour accepter son aide.

Le vampire les rejoint alors, leur reprochant leur retard pour ensuite provoquer Ryu, qui prit alors une forme féminine. Arwen lança un regard mauvais au mercenaire, dont l'apparence lui déplut particulièrement. La jeune femme était associable de nature, mais l'était d'autant plus avec les femmes, qu'elle se représentait généralement en rivales à la nature péniblement fragile et sensible, contrairement à ce que ses plaisanteries féministes auraient pu laisser supposer.

Faisant fi de l'apparence du mercenaire, elle s'avança vers lui pour le retenir d'une poigne ferme autour de son bras, interrompant sans la moindre gêne le combat qu'avait voulu commencer le Nosferatu. Elle obligea la demoiselle à se tourner vers elle et leva soudain la main pour ensuite frapper violemment la joue de sa rivale, goutant ainsi pour la première fois au talion du polymorphe. Les deux jeunes femmes arboraient désormais la même plaque rouge au visage, parfaite empreinte de la main de la furie blonde. Surprise et sonnée par l'impact brutal de son propre coup, elle reprit enfin ses esprits pour s'énerver contre Rya :

- Aaaaaah ne pourriez-vous annuler les effets de votre pouvoir cinq minutes, que je puisse au moins m'énerver tranquillement sur vous sans avoir à craindre mes propres caprices ?

De nouveau, une étrange sensation de déjà vu la troubla, et elle vit Alucard froncer les sourcils d'un air soupçonneux à son encontre. Elle laissa s'écouler quelques secondes, le temps que la douleur de sa gifle ne la quitte, et expliqua :

- Comme je vous en avais prévenu, voila le coup que je vous devais pour votre très mauvais choix de transformation dans la forêt. Et cela, c'est pour ne pas avoir profité de la situation tout à l'heure...

Arwen s'approcha au plus près de la mercenaire, et posa doucement sa main sur la joue qu'elle avait frappée l'instant d'avant, tournant le visage de Rya vers le sien... avant de l'embrasser, sous le regard effaré du vampire. Un sourire fier aux lèvres, elle s'éloigna lentement du polymorphe, puis marcha d'un pas assuré vers son prochain adversaire.

- Votre paresse m'a poussée à accepter un contrat avec Ryu, à qui vous devez 130 pièces d'or, puisqu'il vous a fallu tant manquer de courtoisie à mon égard pour m'envoyer un tiers guider mes pas à votre place.

La jeune femme avait décidé d'élever un peu le montant réclamé par son employé, devinant qu'un simple baiser ne le récompenserait pas autant que des intérêts à son contrat. Elle s'attendit à un refus agacé de la part du vampire, mais à sa grande surprise, celui-ci éclata de rire, pour une raison qu'elle ne comprit pas. Toutefois, il lança au changelin une bourse dont le bruit de pièces s'entrechoquant lui confirma un paiement conforme à ses réclamations.

- Voila, mesdemoiselles, êtes-vous satisfaites ? Et maintenant, nécrophile saphique, si tu permets...

Alucard écarta Arwen d'un geste doux mais ferme, qui l'éloigna malgré elle du combat que le vampire engagea contre la mercenaire.

« Vous êtes en retard. »

La voix agacée du non-mort fit sourire la petite fée, qui se retourna et se transforma aussitôt en Rya.. Mais contrairement à la première Rya qu’Alucard avait déjà vu au cour de ses deux combats contre le changelin, celle-ci n’était pas humaine, mais vampire !

Spoiler:

La remarque d’Alucard l’amusa et, rieuse, elle répondit à la révérence du monarque déchut et s’inclinant a son tour devant lui, offrant avec négligance une vue imprenable sur son décolleté. Négligence toute calculée, bien sur, et destinée à déstabiliser l’adversaire. Mais le bras de Rya fut saisit juste avant qu’elle ne passe à l’attaque, attrapé par Arwen qui obligea la vampire à se retourner pour lui faire face. –SBAF !!– Rya ne chercha même pas a éviter la baffe et posa une main sur sa joue endolorie. Contrairement à Alucard, sa nature vampirique n’atténuait pas la douleur –Certainement parce que Rya était une vampire caïnite, et non draculienne– La première remarque d’Arwen, sur son talion, fut, comme trop souvent pour être une coïncidence, extrêmement proche de propos déjà dis par Alucard dans le passé, des propos que la jeune femme n’était pas sensé connaître et qui avaient le don d’intriguer la mercenaire. Arwen était-elle liée d’une façon quelconque au No Life King depuis que ce dernier l’avait tuée en tant que gardienne ? Et pourquoi les deux autres gardiennes ne s’étaient-elles pas réincarnées également ? Si Arwen devenait une vampire, la changeline se ferait une joie de lire dans son sang pour connaître les réponses.. Le second geste de la jeune femme tira Rya de ses pensées et lui fit écarquiller les yeux de surprise.. puis sourire d’amusement ! Arwen était bien la dernière personne par qui la vampire aurait crue être embrassée sous cette forme !

Mais la changeline n’était pas au bout de ses surprises, d’abord ravie par l’espièglerie de sa cliente, qui demanda au vampire de payer pour elle (en gonflant la somme) le prix de Ryu pour ses services, la mercenaire fut d’autant plus étonnée le voir le caïnite (qui n’en était pas un rappelons-le) accepter ! Éclatant de rire, la changeline pris la bourse et compta rapidement le contenu, avant de la dissimuler dans un de ces endroits secrets que seules ont les femmes et qui leur permet de cacher toutes sortes d’objets sur elles sans en avoir l’air. Le vampire rouge écarta alors gentiment la kendoka pour entamer le combat, et rieuse, la non-morte se jeta dans ses bras pour soudain glisser sous lui, changeant ses deux bras en lames pour lui couper les jambes au passage !

Si son coup réussissait, elle se relèverait aussitôt dans son dos pour lui assener un coup d'épée sur le crâne.

Alucard se mit en position d'attaque, prêt à se jeter sur la mercenaire au premier geste offensif, mais celle-ci n'eut pas le temps du moindre mouvement, sa camarade blonde la retournant de force pour lui faire face. Il s'étonna de la réaction passive de Rya, qui n'essaya pas même d'éviter la gifle, et gloussa à la vision comique de la jeune femme frappée par le talion en même temps que la victime de sa colère.

La remarque d'Arwen quant au pouvoir de la changeline interrompit ses ricanements, et il la regarda d'un air soupçonneux. Ce n'était pas la première fois que la jeune femme répétait presque mot pour mot des propos qu'il avait lui même déjà tenus, et dans des conditions très similaires. En tant que gardienne, elle avait laissé entendre savoir tout de lui et de son acolyte et avait donc pu garder les connaissances qui l'avaient tant déstabilisé dans les catacombes... Et pourtant, elle s'était faite berner avec une telle aisance sur son domaine, par lui comme par cet imbécile de chat rosâtre !

Plongé dans ses réflexions, il n'en sortit qu'au baiser langoureux qu'échangea la kendoka avec la vampirette, lui arrachant une expression de profonde incrédulité. Pendant les quelques secondes que prit à Arwen l'expression stimulante de sa reconnaissance, le vampire eut la désagréable impression d'une vengeance personnelle pour le sortilège de priapisme... Tandis qu'il commençait à penser à la véracité de son accusation quant aux penchants nécrophiles de la demoiselle, celle-ci le sortit une nouvelle fois de ses pensées déplacées pour lui réclamer l'argent qu'elle devait à son guide.

L'espace d'un instant, il crut revoir la dirigeante Hellsing, plus jeune, demander avec un culot similaire l'obtention d'une nouvelle arme de guerre hors de prix auprès du lieutenant Penwood. A la seule différence que la demoiselle ne lui avait pas fait l'affront de l'habituel "et que ça saute" d'Integra... bien que son regard plus que parlant le lui ait fait comprendre silencieusement. Hilare, il éclata de rire, amusé par l'audace éhontée de l'humaine.

Une fois calmé, il releva les yeux vers elle et lui sourit, avant de lancer à la mercenaire la somme que son amie blonde avait réclamée pour elle. Alucard n'avait que peu faire de l'argent, qu'il gagnait facilement sur le cadavre de ses victimes et ne nécessitait qu'en de rares occasions, la monnaie la plus précieuse à ses yeux étant le sang.

- Voila, mesdemoiselles, êtes-vous satisfaites ? Et maintenant, nécrophile saphique, si tu permets...

Il écarta de son chemin la jeune femme, et sourit à Rya en signe d'invitation. Celle-ci ne se fit pas prier et se jeta aussitôt dans ses bras, glissant sous ses jambes pour les lui trancher de ses bras changés en lames. Gloussant de son amputation magistrale, il eut à peine le temps de tomber à terre que ses deux jambes s'étaient déja reformées, lui permettant de se relever aussi aisément que s'il n'avait pas été blessé. Derrière lui, il devina la présence de la changeline, sur le point de l'attaquer, et décida d'abattre l'une de ses cartes maîtresses.

Alors que l'arme de sa belle adversaire allait s'abaisser sur son crâne, le vampire se changea en nuage de sang et passa au travers d'elle, pour réapparaître dans son dos, le canon du Casull contre son omoplate, juste au niveau du cœur.

Arwen voulut retenir Alucard, considérant mériter la priorité d'un duel sur la mercenaire, qui avait été "invitée" avant tout pour la guider, mais les deux vampires engagèrent le combat à une telle vitesse qu'elle n'en eut pas le temps. Furieuse, elle libéra Gekido de son fourreau reptilien, écarquilla les yeux de stupeur devant le nuage de sang en lequel s'était changé le No Life King et... s'élança malgré tout vers lui, abaissant d'un mouvement vif la lame vers la gorge du vampire qui venait de réapparaitre derrière la mercenaire.

Apparemment pris de court par l'arrivée en force de la kendoka, Alucard dût reculer d'un bond pour éviter de justesse le sabre serpent, manquant l'occasion de tirer sur sa cible vampirique. Arwen resta sur place, se contentant de brandir Gekido dans sa direction, l'air menaçant.

- Je n'ai certainement pas marché toute l'après-midi pour me faire devancer par une blonde hermaphrodite aux ruses vulgaires ! J'ai été la première à accepter votre invitation, je serai la première à vous humilier, vampire dépravé ! Et je le ferai sans décolleté obscène, moi !

Stupéfait, il dévisagea la jeune femme d'un air hébété avant de rompre soudain le silence de ses rires hilares. Sans cesser de ricaner, il articula :

- Je vois ! Parfait ! Très bien ! Je n'avais pas l'intention de t'affronter, nécrophile incapable, ce n'était qu'une excuse pour t'amener jusqu'ici... Mais puisque tu sembles y tenir, pourquoi ne pas te joindre à nous ? Si tu en as le courage, relève-toi et affronte-nous, demoiselle suicidaire...

Spoiler:

Arwen fronça les sourcils, ne comprenant pas pourquoi le vampire l'incitait à se relever alors qu'elle était déja debout. C'est alors qu'une violente douleur au niveau de la poitrine la fit se replier sur elle-même, les mains plaquées contre son coeur. Haletante, elle posa un genoux à terre et leva les yeux vers les deux combattants. Alors qu'elle sentait son coeur peiner à un rythme beaucoup trop lent pour espérer pouvoir participer à l'affrontement, le mercenaire avait recouvert, apparemment malgré lui, sa forme humaine et masculine, devant le vampire hilare qui se jetait sur lui, s'apprêtant à le transpercer de sa main gantée.

Les yeux écarquillés, la jeune femme lâcha un hoquet de surprise. Mais alors qu'elle réalisait la nature du vampire maître du sang, son coeur s'arrêta de battre, et son corps sans vie tomba à terre.

Tandis que le cadavre d'Arwen gisait au sol, la voix menaçante du No Life King s'éleva :

- Je sais ce que tu es tenté de faire et je te l'interdis. Si tu oses approcher tes crocs de ses veines sous une forme vampirique, je lui ôterai immédiatement la malédiction que je lui ai accordée...

Se redressant dans un sursaut, la jeune femme rouvrit les yeux, paniquée. Autour d'elle, les moindres détails du paysage lui apparaissaient avec une précision que sa vision humaine n'aurait jamais pu égaler en cette heure nocturne. Ignorant les bruits du combat qui se poursuivait à quelques mètres d'elle, la kendoka posa une main sur son coeur dont les battements n'avaient pas repris et se calma petit à petit. Un étrange sourire sadique se dessina sur ses lèvres, et d'un bond, elle se releva, s'élançant avec grâce et rapidité vers son assassin.

Les nouvelles forces vampiriques de la jeune femme la rendirent euphorique, et elle intervint entre les deux duellistes, abattant d'une main Gekido vers le mercenaire, et de l'autre le fourreau reptilien vers Alucard afin de les séparer et de s'insérer dans leur affrontement. Elle avait parcouru la plaine dans l'intention de combattre le Nosferatu en duel singulier, mais l'occasion de se mesurer au mercenaire dans un même temps était trop tentante, et elle en profita sans la moindre hésitation.

Les jambes d’Alucard furent bien tranchées, mais hélas, de nouvelles jambes repoussèrent trop vite pour que leur propriétaire s’affale. Rya porta tout de même son coup d’épée, un large glaive qui poussa d’un seul coup dans ses mains. Mais au lieu de rencontrer le crâne du vampire, l’arme frappa dans une étrange bruine rouge qui, non contente de traverser la changeline, la laissa poisseuse de sang ! Surprise, la caïnite n’eu pas le temps de se retourner qu’elle sentit le dur canon d’une armes a feu collé contre son omoplate. Un sourire espiègle se dessina sur les lèvres de la jeune vampire blonde, qui s’écria joyeuse :

Vous m’aviez caché ce tour là, maître quenottes !
Je suis curieuse de découvrir quelles autres surprises vous cachez !

Attendant le coup de feu qui, même pour elle, serait extrêmement difficile à esquiver, la vampirette avait déjà déplacé son cœur afin de survivre à l’impacte de la balle bénite. Bien sur, la changeline aurait tout aussi bien put rendre sa peau plus dure pour ricocher la balle, mais Alucard alors n’aurait pas eu la même frayeur ! Car le talion exploserait sa poitrine sans toucher à son cœur.. Mais le vampire n'eu pas le temps de tirer. À peine posa-t-il son arme contre Rya que Arwen intervint et, portant un coup direct avec son katana, la kendoka visa la gorge d’Alucard qui recula aussitôt, libérant Rya de l’arme à feu !

A la remarque d’Arwen, Rya éclata de rire ! Amusé autant par l’impatience de l’humaine que par la description que cette dernière faisait d’elle. Mais la jeune femme avait été bien naïve, et la changeline tout autant, cependent, avant même la réponse d’Alucard, il sembla soudain limpide à la mercenaire que le nosfératu n’avait jamais eu l’intention d’affronter Arwen ! Le reste alla alors assez vite : Arwen fut soudain prise de problèmes cardiaques et Rya redevint malgré elle à la fois Ryu et humain..
Esper Magister.. Furent les deux mots qui échappèrent au changelin surprit tandis qu’Alucard fondait sur lui. Transpercé par le vampire, Ryu réagit d’instinct et fit pousser de grosses dents pointues tout autour de sa blessure, changeant sa plaie en gueule géante et croquant le bras qui essayait de s’en extraire ! Puis, sans même prendre le temps de mastiquer, enchaîna sa riposte en se transformant en tornade de lames : Sorte de tourbillon d’air hérissé de lames et d’épées en tous genres.

M'accorderiez-vous cette danse, Maître Magister ?

Spoiler:

L’interdiction, que Ryu prit comme un défit, fit glousser le tourbillon qui redevint une Rya vampire. D’un ton matois, la métamorphe répondit au défit du Mage..

Saurez-vous m’en empêcher ?

C’est alors qu’Arwen revint dans la partie, et, forte de ses nouveaux pouvoirs, entrepris de prendre les deux adversaires à la fois. Riant de plus bel, Rya tendis le bras vers la kendoka et, tout à coup, 12 mains tentaculaires, toutes armées de crocs de vampire, fondirent sur l'ex-gardienne comme autant de serpents furieux !

Pris de court par la bêtise de la polymorphe, Alucard dût réagir dans l'immédiat. Le sortilège de lévitation propulsa brutalement la changeline en arrière, tandis qu'il amena au contraire Arwen dans ses bras, ce dont il profita pour lever la malédiction d'immortalité. Agacé par le manque de fair-play de la mercenaire, à cause de laquelle il ne pouvait donner à la jeune femme l'occasion de combattre qu'il lui avait promis, il posa rapidement cette dernière au sol pour s'élancer de nouveau vers son adversaire. Cette fois, la kendoka blanche parvint à l'interrompre....

- POURQUOI ? JE N'AVAIS PAS BESOIN DE VOTRE AIDE, POURQUOI M'AVOIR ÉCARTÉE A LA PREMIÈRE ATTAQUE ??! EH BIEN, PRINCE DÉCHU, DES MILLIERS D'HOMMES PEUVENT PÉRIR SOUS VOS PALS, MAIS L'IDÉE D'AFFRONTER DEUX FEMMES A LA FOIS VOUS TERRIFIE AU POINT QU'IL VOUS FAILLE ME DIMINUER ?

Pétrifié par les propos d'Arwen, qui n'auraient pas dû, qui ne pouvaient pas avoir réellement été proférés, Alucard s'arrêta brusquement, les yeux écarquillés. Peu lui importait le combat, il lui fallait l'interrompre désormais.

- ASSEZ !

Il leva la main pour signifier à la mercenaire l'arrêt du duel, prêt à la soumettre au sort du sang-noir au moindre geste menaçant, et se tourna lentement vers la jeune femme, les traits tirés par un air grave que son visage n'exprimait que rarement. Il approcha ensuite d'Arwen, qui affichait une expression d'étonnement plus évidente encore que l'incrédulité qu'avait lui même laissé paraitre le vampire l'instant d'avant.

Alucard fit face à l'ancienne gardienne et la dévisagea d'un air menaçant, essayant d'interpréter l'apparente stupeur de la jeune femme. Mais avant qu'il n'ait pu l'interroger sur les connaissances qu'elle n'aurait pas dû trahir, Arwen ouvrit la bouche et commença à murmurer un nom qu'il devina avant même que ses lèvres n'aient eu le temps d'en former les premières syllabes :

- Vl...

Les réflexes du No Life King lui permirent d'interrompre à temps l'humaine, qui fut prise d'une violente toux avant de pouvoir articuler le nom de l'empaleur, qui ne pouvait en accepter la divulgation en présence de Ryu. La main contre sa bouche, Arwen essuya le sang dont ses poumons s'étaient gorgés et leva un regard ébahi vers le mage de sang. Alucard put y lire ce qu'il avait redouté : elle savait. Bien qu'il ne comprit pas comment, ni pourquoi cela se révélait en cet instant, elle connaissait son véritable nom et savait son passé de voïvode.

Le mage et l'humaine se dévisagèrent l'un l'autre, chacun ébranlé par la soudaineté du savoir acquis par la jeune femme et le passé ressurgi du prince de Valachie. Tandis que son regard pourpre s'attardait dans les yeux azurés de la gardienne, le vampire hésitait à la vider une fois encore de son sang pour voir disparaitre la seule trace vivante de son identité passée. Se souvenant de la raison pour laquelle il l'avait amenée à lui, il décida de s'enquérir d'abord de la requête de sa victime ressuscitée.

- Pourquoi me cherchais-tu ?

Sa question sembla surprendre Arwen, qui finit par répondre, hésitante :

- Je voulais... vous demander votre enseignement en magie du sang.

Les lèvres d'Alucard s'étirèrent lentement en un sourire carnassier. Aucun des pauvres inconscients qui étaient venus lui présenter cette requête n'était repartis de la plaine. La demoiselle devait être instinctivement attirée par le danger, ses pas semblaient inlassablement la guider vers la mort... de laquelle elle était pourtant déjà revenue, à la grande incompréhension d'Alucard.

Le vampire soupira. Tuer la jeune femme serait bien trop facile, et il se rendit compte qu'il n'en avait aucune envie. De plus, il répugnait à la trahir après qu'elle ait parcouru la plaine pour le retrouver sous sa propre invitation. Elle avait beau s'être montré d'une témérité absurde et d'une insolence suicidaire, la gardienne méritait tout de même plus de considération... Alors qu'il s'apprêtait à poser l'habituelle question après laquelle beaucoup des fous qui l'avaient trouvé avaient péris, ses yeux s'illuminèrent d'un éclat d'avidité sadique.

- Qu'as-tu à offrir en échange de ma considération ?

Arwen hésita un court instant avant de lui répondre, son regard déterminé fixant farouchement les pupilles écarlates du vampire.

- Mon sang...

Incapable de réprimer la joie perverse qui l'envahit, Alucard laissa échapper un rire démentiel. Cela avait presque été trop simple... Un reflet argenté attira soudain l'attention du vampire, qui abaissa les yeux vers la petite croix celtique qu'arborait la jeune femme.

- Arwen... Le temple du sang va te plaire.

A ses côtés, le portail de sang apparut, ouvert sur le temple de la plaine des duels.

Oubliant le talion, Arwen leva au dessus d'elle le sabre serpent, prête à trancher les mains tentaculaires dont l'ajout de crocs la surprit. Mais avant qu'elle n'ai put abaisser son arme, elle fut soulevée dans les airs par une force invisible et envoyée dans les bras du vampire, où elle se débattit aussitôt. Soudain, un violent coup au niveau de la poitrine lui arracha une exclamation de douleur, et tandis que la vie faisait de nouveau battre son coeur, son protecteur importun la posa négligemment à terre, l'éloignant sans explication du combat où il l'avait invitée.

Furieuse, elle se mit à hurler les premières provocations qui lui vinrent à l'esprit :

- POURQUOI ? JE N'AVAIS PAS BESOIN DE VOTRE AIDE, POURQUOI M'AVOIR ÉCARTÉE A LA PREMIÈRE ATTAQUE ??! EH BIEN, PRINCE DÉCHU, DES MILLIERS D'HOMMES PEUVENT PÉRIR SOUS VOS PALS, MAIS L'IDÉE D'AFFRONTER DEUX FEMMES A LA FOIS VOUS TERRIFIE AU POINT QU'IL VOUS FAILLE ME DIMINUER ?

Immédiatement, sa colère s'évanouit, renversée par la stupeur. Paralysée sur place par ses propres paroles, elle ne comprenait pas le sens des mots qui semblaient avoir heurté Alucard et réfléchissait à l'appellation qu'elle avait inconsciemment employée ainsi qu'à ses accusations. "Prince déchu"... "vos pals"... Arwen eut l'impression soudaine que son coeur s'était de nouveau arrêté. Elle fixa Alucard dont l'anagramme venait de lui apparaitre, bouleversée par la découverte de la personnalité historique du voïvode et romancée du vampire qui se confrontaient en un seul et même être, réel et présent... et l'approchant d'un air menaçant.

Lorsqu'il s'arrêta à quelques centimètres d'elle pour la dévisager d'un air grave, elle attendit avec appréhension une réaction du vampire, mais il resta silencieux, aussi voulut-elle tenter de le sortir de sa passivité inquiétante. Elle commença à murmurer le nom de l'empaleur, mais ne put le prononcer jusqu'au bout, sa respiration se coupant subitement sous un afflux inattendu de sang à cause duquel elle s'étrangla. S'essuyant la bouche du revers de la main, elle lui adressa un regard surpris, ne se souvenant qu'alors de la présence de la mercenaire, à qui elle avait failli trahir le véritable nom du mage.

Dracula finit enfin par lui parler, et elle accueillit sa question avec un étonnement non dissimulé. Elle ne s'était pas du tout attendue à ce qu'il se souvienne en un pareil moment de sa quête de l'Esper Magister.

- Je voulais... vous demander votre enseignement en magie du sang.



Le don que demanda le vampire ensuite ne la surprit pas, mais elle était prise de court : elle ne s'était pas apprêtée à rencontrer le mage de sang et n'avait donc rien préparer pour l'occasion... Inspirée par la nature vampirique de l'Esper, elle hésita avant de lui proposer son sang, qu'il accepta après un éclat de rire particulièrement sadique.

Devant elle, un portail ensanglanté apparut, ses portes ouvertes sur un paysage écarlate apparemment dans la continuité de la plaine. A la vue du temple au loin, Arwen sourit. En effet, il lui plaisait. Elle comprenait mieux maintenant le regard insistant du vampire sur la croix celte... Sans plus attendre, elle traversa le portail et s'élança précipitamment dans l'herbe rouge pour courir vers le mégalithe de pierres de la même couleur sanguine. Lorsqu'elle y parvint, elle apposa la main sur l'une des pierres constituant le temple circulaire, et la retira humide de sang frais.

Spoiler:

Elle s'avança ensuite au milieu du mégalithe et voulut faire un tour sur elle-même pour l'apprécier dans son ensemble, mais en se retournant, elle heurta de plein fouet l'Esper Magister, qui l'avait silencieusement rejoint pour considérer d'un oeil amusé son émerveillement enfantin.

Le mage, qui semblait à peine avoir remarqué l'impact, lui adressa un sourire ravi avant de l'enlacer tendrement, la faisant écarquiller les yeux de surprise.

Sursautant à la morsure brutale et soudaine du vampire, qui avait planté ses crocs dans sa gorge, elle eut pour premier réflexe d'essayer de le repousser puis, se souvenant du don qu'elle lui avait promis, se laissa faire. Dégoutée par l'aspiration de son sang, elle s'agrippa au manteau d'Alucard pour le serrer... et s'évanouit.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle se découvrit à terre, la gorge trempée de sang mais sans aucune morsure ouverte au niveau de la veine à laquelle s'était abreuvé le vampire. Elle se releva, forte d'une énergie qui la surprit, et sourit au mage.

- Quand commencerons-nous mon apprentissage ?

Alucard lui rendit son sourire, mais dans une expression narquoise qui l'inquiéta.

- Quand tu m'auras prouvé que tu le mérites, demoiselle nécrophile. J'ai promis en échange de ton sang de considérer ton enseignement, et non pas de l'accepter...

Et sous le regard terrorisé de la jeune femme, le mage fit léviter devant elle un insecte auquel il fit prendre la nature de sa plus grande phobie.

Spoiler:

Figée de peur, la kendoka observait de ses yeux écarquillés l'immense araignée qui tenait à peine dans le temple. Amusé, le No Life King s'éloigna d'elle, la laissant seule face à sa peur animée, dont les yeux rouges s'étaient teintés de noir sous le sortilège d'emprise.

- Tue-la, et je te prendrai pour disciple.

Mais Arwen n'entendait plus rien, son esprit complètement focalisé sur l'incarnation de sa phobie, son corps paralysé d'effroi. Soudain, les pattes de la créature remuèrent, et celle-ci s'abaissa en position d'attaque, sortant la jeune femme de sa torpeur. La kendoka eut tout juste le temps de libérer le sabre serpent pour le brandir devant elle avant que l'araignée ne se jette sur elle. A quelques mètres d'elle, le mage discutait tranquillement avec le changelin, lévitant en position allongée dans les airs.

- Dis-moi, tu ne t'es vraiment douté de rien pendant tout le long de mon accompagnement, en ce qui concerne ma forme animale ? Pour un polymorphe, je t'aurais cru plus perspicace... D'ailleurs, j'ai trouvé ton attaque vraiment vexante : t'en prendre au seul loup "amical" de la plaine ! Mon amitié pour toi en a pris un coup, tu sais...

Arwen élançait en de vifs mouvements paniqués Gekido vers les pattes de l'arachnide, dans une attitude plus défensive qu'offensive, la jeune femme ne répondant qu'à des réflexes que sa peur lui insufflait.

- Ton entretien avec Cheshire m'a un peu surpris, tu semblais déjà le connaître. L'avais-tu déjà rencontré auparavant ?

Evitant agilement la lame reptilienne, l'araignée recula prudemment pour lancer un épais filet de soie vers sa proie, qui se retrouva enserrée dans la toile collante. Arwen lâcha un cri horrifié, que le mage ignora, poursuivant paisiblement sa conversation tandis que la créature amenait à elle sa victime immobilisée.

- Ryu, je me méfierai quelle que soit ta réponse, mais j'apprécierais ta franchise à ce sujet... si elle survit, ce qui semble peu probable, comptes-tu essayer de satisfaire ta curiosité à ses dépends ?

La jeune femme s'agita, se débattit de toutes ses forces, mais s'épuisa en vain, se rapprochant malgré elle de l'araignée dont les pattes attiraient la toile dans laquelle elle était prise. La voix du mage lui parvint alors :

- ET JE NE SUIS PAS ATTIRÉ PAR LES HOMMES !!! Excuse-moi mon ami, je ne pouvais pas la laisser partir avec cette idée si erronée de mes gouts, que tu lui as traitreusement suggéré... Tu disais ?